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Jean Pierre Romeu


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#1 el landeno

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Posté 15 octobre 2021 - 16:55

Paroles d'Ex - Jean-Pierre Romeu : « On a affronté la première équipe multiraciale d'Afrique du Sud » Jean-Pierre Romeu, ouvreur de Clermont et de l'équipe de France dans les années 1970, avec laquelle il a remporté le Grand Chelem 1977, a notamment été marqué par la tournée de l'équipe de France en Afrique du Sud en 1975.
 
 

« Quel est le joueur le plus fort avec lequel vous avez évolué ?
Le joueur qui m'a le plus impressionné, c'est Jack Cantoni. Crochet des deux côtés, vitesse, coup de pied, vista... Cantoni, c'était le top ! Dès les cadets, on s'est rencontrés : il jouait au Stade Toulousain et moi à Carmaux, dont je suis originaire. Mon père, qui entraînait les cadets, connaissait son père, Vincent, un grand joueur de XIII. Avant une demi-finale cadets, à Graulhet, entre le Stade Toulousain et Carmaux, il m'avait dit : ''méfiez-vous de celui-là !'' Et il nous avait battus à lui tout seul... Et après on s'est suivis : on est allés au Bataillon ensemble et on a battu les Blacks en 1973 (13-6), avec l'équipe de France.

 
 

Le joueur le plus fort que vous ayez affronté ?
Il y en a trois. Gareth Edwards, Phil Bennett et JPR Williams. Trois Gallois ! Ils avaient tout compris au rugby, ils avaient le sens du jeu. À mon poste, Bennett, je le connaissais très bien parce que depuis les juniors, on se suivait. C'était un filou, il avait l'oeil. Il crochetait aussi !

Le joueur le plus le drôle ?
Incontournable, c'est le père d'Aurélien, Jacques Rougerie ! Il jouait pilier, on l'appelait « Le Cube ». C'était un boute-en-train pendant 15 ans, c'était terrible avec lui. Quand on finissait les soirées, il nous prenait dans sa 404 et on faisait un ''rallye-poubelles'', on partait de Royat, on allait à Clermont-Ferrand... Il nous faisait rigoler. Et en équipe de France, Jacques Fouroux était pas mal dans son genre. Il piquait les montres aux mecs...

« À 17-18 ans, j'ai travaillé un an à la mine. On descendait à 280 m, il y avait le marteau-piqueur, on travaillait torse nu, avec des protège-tibias en fer et des chaussures de sécurité, un casque et c'est tout ! »

 

 
 
 
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Jean-Pierre Roumeu avec le maillot de Clermont, en 1975. (L'Équipe)

Le plus méchant ?
Méchants quand je jouais contre eux, mais bien quand ils jouaient avec moi ! C'était (Michel) Palmié et (Jean-François) Imbernon. Avec l'ASM, contre Béziers ou l'USAP, ils ne me faisaient aucun cadeau. Si vous tombiez par terre, ils vous passaient par-dessus. C'était des joueurs très rudes.

Le métier que vous avez découvert avant de lancer votre carrière ?
Je suis catalan, de Thuir, mon père travaillait aux caves Byrrh. L'ambiance ne lui plaisait pas, ils étaient obligés de picoler... Il est allé à Carmaux où il a trouvé du boulot à l'usine. J'y ai passé mon enfance et à 17-18 ans, j'ai travaillé un an à la mine. On nous apprenait le métier de mineur, on descendait au fond, puis un mois à l'école, puis un mois au fond...

C'était dur. C'était une mine de charbon, on descendait à 280 m, il y avait le marteau-piqueur, on travaillait torse nu, avec des protège-tibias en fer et des chaussures de sécurité, un casque et c'est tout ! Comme je jouais au rugby et que je n'étais pas trop mauvais, j'étais allé voir le patron de la mine en lui disant que je ne voulais plus. Plus tard, un jour, j'avais fait un match de football avec Kopa et il était venu me voir : ''Alors, tu as travaillé à la mine, toi aussi ?'' ''Moins que vous'', je lui ai répondu ! D'ailleurs, lui, il avait un doigt qui y avait été sectionné.

Le moment où vous vous êtes senti le plus fort ?
Pendant l'année 1974, où on fait match nul l'Angleterre (12-12). J'avais marqué tous les points, un essai, un drop, une pénalité... Un match où Walter Spanghero m'avait fait une magnifique passe pour un essai de 100 mètres. Après, j'ai commencé à avoir de petites blessures, au dos, etc, mais là, j'étais épanoui, je dominais tout.

Le drop le plus important de votre carrière ?
À Cardiff, en 1974. On était menés de 3 points, 13-16. Sur une touche, Claude Spanghero a piqué le ballon, et j'ai foutu un drop à la dernière minute. On a fait match nul et à l'époque, contre la grande équipe galloise, c'était quelque chose.

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Jean-Pierre Romeu (Clermont), à gauche, face à Walter Spanghero (Narbonne), le 10 juillet 1973. (D. Bardou/L'Équipe)

Votre plus long passage à vide face aux perches ?
J'avais un entraîneur, Robert Poulain, qui était du Racing Club de France, qui nous avait rejoints à l'ASM comme manager sportif. Quand j'avais des loupés, il me faisait faire des séances à 20 m de face et je tapais 50 coups de pied pour me remettre en confiance ! Mais à notre époque, on ne s'échauffait pas, avant un match !

Là, les buteurs arrivent une demi-heure avant le coup d'envoi, ils tapent, etc. Nous, on rentrait et si on avait un but à taper de 50 m en début de match... C'était ton premier ballon ! Je prenais toujours trois ou cinq pas d'élan, jamais un compte rond. Il fallait faire un trou dans la pelouse, avec le talon, c'était affreux. Albert Ferrasse ne voulait pas qu'on mette un tas de sable, il avait décrété ça... Je tapais du pointu comme tous les buteurs à l'époque, même si les Gallois, comme Phil Bennett, commençaient à taper du coup de pied.

L'entraîneur qui vous a le plus marqué ?
Michel Ringeval. Il m'a entraîné pratiquement toute ma carrière à Clermont. Il était demi de mêlée et au début j'ai joué avec lui, en 1971-1972. Il m'a entraîné jusqu'en 1981. Il potassait le rugby, il était en avance. Un peu comme Jacques Fouroux, il s'était aperçu qu'il fallait des mecs costauds au milieu du terrain...

« On se faisait envoyer les convocations un peu plus tôt, pour le mercredi. Et on faisait un de ces gueuletons... Armagnac, champagne, rouge à volonté, etc. Avec l'assentiment de la Fédé, qui payait le repas. Tous les matches ! »

 

 
 
 

La tournée avec l'équipe de France qui vous a le plus marqué ?
En Afrique du Sud, en 1975. Ça a été le début de notre équipe de 1977, même si on avait perdu les deux tests. L'élan du Grand Chelem est né là, avec un entraîneur, Toto Desclaux, qui commençait à nous façonner. On avait disputé un premier match contre une équipe composée de joueurs noirs. Ça s'était mal passé, à la fin... Ils nous avaient accueillis en chantant la Marseillaise et dix minutes avant la fin, ils nous balançaient des oranges dans la gueule ! Ça s'était battu...

Pendant cette tournée, Albert Ferrasse avait exigé à Danie Craven, le dirigeant sud-africain, qu'on affronte une équipe multiraciale et ça avait été la première de l'histoire du rugby sud-africain. On l'avait affrontée au Cap... Et ils nous avaient foutu une branlée ! Mais au-delà de ça, c'était l'événement : la première fois que joueurs blancs et noirs se déshabillaient ensemble dans un vestiaire... Quand je raconte ça à mes petits-enfants, ils me disent : ''mais papy... tu déconnes !''

La plus grosse fiesta de votre carrière ?
On en a fait... Mais en 1977, après le Grand Chelem, on n'est rentrés chez nous que le jeudi... Le dernier match avait lieu le samedi, en Irlande. À Paris, on était reçus partout ! Ça avait été la folie. À Orly, le président Ferrasse nous avait fait préparer un gueuleton terrible, et après... Comme il n'y avait pas de téléphone à l'époque, les femmes ne pouvaient pas nous demander de rentrer... Avec cette équipe de 1977, on a beaucoup fait la fête.

Avant tous les matches, on allait à l'enclos de Ninon. C'était un Ardéchois qui tenait ça. Avec le président, le patron de la sélection, les joueurs... On se faisait envoyer les convocations un peu plus tôt, pour le mercredi. Et on faisait un de ces gueuletons... Armagnac, champagne, rouge à volonté, etc. Avec l'assentiment de la Fédé, qui payait le repas. Tous les matches ! C'était peut-être une connerie ! Si on dit ça aux jeunes, ils vont dire qu'on était cinglés ! On a fait beaucoup la java... Enfin, on a bien vécu.

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Jean-Pierre Romeu, lors de la victoire (4-3) de la France contre l'Angleterre à Twickenham lors du Tournoi des Cinq Nations en 1977. (L'Équipe)

Un regret ?
Pas trop. On n'a pas gagné de titre avec Clermont, mais on était tombés sur la grande équipe de Béziers, c'était difficile. Ils avaient plus de matériel que nous en finale, en 1978. Quand je revois le match, devant, ils étaient plus costauds. On a tenu les trois quarts du match, mais après ce n'était plus possible. Ils étaient méthodiques, ils s'en foutaient de ce qu'on pouvait dire d'eux.

En équipe de France, quand j'ai arrêté en 1978, Jacques Fouroux avait donné sa démission et comme j'étais très copain avec lui, j'avais dit que je ne jouerais plus non plus. Bernard Vivies a fait le premier match, ça n'avait pas très bien marché. Ils m'ont rappelé après, mais j'ai fait la forte tête, j'ai dit non. C'était une connerie, j'aurais pu jouer un ou deux ans de plus !

« Il a commencé à pleuvoir. Et il y a eu un éclair sur le pauvre Jean-François. Il a été foudroyé sur le coup. On est allé le voir, 20 minutes après, son corps était noir comme ça... Il avait tout pris. Il était jeune (25 ans). Mourir comme ça »

 

 
 
 

Le moment le plus dur sur un terrain ?
En 1976, quand Jean-François Phliponeau s'est fait foudroyer sur le terrain. On préparait la finale du Manoir, contre Grauhlet. Comme la saison était finie, on avait fait une sélection de joueurs de Vichy, d'Aurillac, pour un match amical. Là, temps menaçant. Il a commencé à pleuvoir. Et il y a eu un éclair sur le pauvre Jean-François. Il a été foudroyé sur le coup. On est allé le voir, 20 minutes après, son corps était noir comme ça... Il avait tout pris. Il était jeune (25 ans). Mourir comme ça. Il était international, il commençait une belle carrière. Les trois ou quatre gars à côté ont aussi pris une décharge, ils ont fait un de ces sauts... Bon ils n'ont rien eu, mais lui... Incroyable.

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Jean-Pierre Romeu, le 6 mars 1976, lors de la défaite (19-13) de la France contre le pays de Galles lors du Tournoi des Cinq Nations. (L'Équipe)

La consigne d'entraîneur que vous ne compreniez pas ?
Comme j'avais un grand coup de pied, j'aimais faire des coups de pied en diagonale, de 22 à 22. Toto Desclaux est venu me voir et m'a dit : ''Jean-Pierre, tes avants, ils sont pas là pour faire un marathon ! Alors quand tu reçois le ballon ici, tu le renvoies dans la même zone !'' Alors après, je suis allé voir les avants et effectivement, ils en avaient parlé à Desclaux ! ''Jean Pierre, il nous fait chier, il envoie le ballon à l'opposé !'' ça me plaisait beaucoup, ces transversales, mais des garçons comme Imbernon, Palmié ou Cholley, ils en avaient plein le cul. Après, quand je remettais du bon côté, ils me regardaient et me disaient : ''bien, petit !''

Eh bien, merci... 
Attendez, souvent vous demandez s'il n'y a pas quelqu'un qu'on a perdu de vue...

Ah oui ! Et que vous aimeriez revoir ?
Je vous fais le papier, vous voyez ! C'est un mec qui joue la finale de 1970, quand je suis arrivé, qui s'appelle Jean-Claude Jeammes et qui jouait trois-quarts centre. On ne l'a pas revu depuis 50 ans ! Alors, s'il lit ça, qu'il nous fasse signe. »

Sa vie d'ex
Retraité des terrains depuis 1981, Jean-Pierre Romeu ne s'est jamais éloigné de l'ASM. Lui qui a géré notamment une brasserie, à Clermont, et des boutiques de vêtements, est toujours, à 73 ans, vice-président du club auvergnat. Chaque week-end, il suit les Jaune et Bleu, à Marcel-Michelin ou en déplacement. Il préside aussi l'association des anciens joueurs et, ce lecteur quotidien de L'Equipe depuis 50 ans, récemment converti au numérique, adaptation oblige aux rigueurs du Covid, sillonne les terrains de golf pour un parcours tous les deux jours. « C'est un plaisir incroyable, dit-il. J'ai découvert ça après ma carrière. Le seul qui jouait, c'était Jean-Pierre Rives. Et on se foutait de sa gueule : ''Qu'est-ce que tu nous fais chier avec ton sport ?'' Nous, on jouait à la pétanque ou à la belote ! »
 
 

 


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#2 Buckaroo

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Posté 15 octobre 2021 - 17:26

 J'y ai passé mon enfance et à 17-18 ans, j'ai travaillé un an à la mine. On nous apprenait le métier de mineur, on descendait au fond, puis un mois à l'école, puis un mois au fond...

C'était dur. C'était une mine de charbon, on descendait à 280 m, il y avait le marteau-piqueur, on travaillait torse nu, avec des protège-tibias en fer et des chaussures de sécurité, un casque et c'est tout ! Comme je jouais au rugby et que je n'étais pas trop mauvais, j'étais allé voir le patron de la mine en lui disant que je ne voulais plus. Plus tard, un jour, j'avais fait un match de football avec Kopa et il était venu me voir : ''Alors, tu as travaillé à la mine, toi aussi ?'' ''Moins que vous'', je lui ai répondu ! D'ailleurs, lui, il avait un doigt qui y avait été sectionné.

 

RCV, un petit commentaire sur Damian Penaud ?



#3 DOUDOU63

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Posté 15 octobre 2021 - 20:44

Merci tout simplement - L'idole de ma jeunesse - Un monument de l'ASM !!!!


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#4 TH69

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Posté 15 octobre 2021 - 20:51

Merci.

#5 pinky

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Posté 16 octobre 2021 - 12:28

Merci pour ce très bel article plein de souvenirs

bons & mauvais ... ! !

 

(je revois juste ma mère me tricotait un pull jaune avec 4 bandes bleues . . . !)


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#6 ELSAZOAM

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Posté 17 octobre 2021 - 15:55

JPR a toujours été une idole pour moi !
Un grand 10, le plus grand que l'ASM a compté dans ses troupes (désolé Brock)...
Un grand sportif et un homme d'une simplicité extraordinaire, très abordable et toujours sympathique.
Il est toujours resté fidèle au club et à la ville.
C'est un monument de l'ASM !

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#7 Good Shvili

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Posté 17 octobre 2021 - 16:00

D'ailleurs perso j’aurais titré Monsieur Jean-Pierre Romeu


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