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France NZ 2011


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Posté 23 octobre 2021 - 21:47

La finale de la Coupe du monde France-Nouvelle-Zélande 2011 (3/4) - Harinordoquy et Dusautoir : « On savait qu'il ne sifflerait jamais... » Avec leurs tempéraments différents, les deux troisième-ligne revisitent la finale de la Coupe du monde 2011 perdue par la France contre la Nouvelle-Zélande (8-7) il y a dix ans.


Toisés par le phare blanc de la Grande Plage de Biarritz, Thierry Dusautoir et Imanol Harinordoquy sont attablés à la terrasse de l'Hôtel du Palais. Dix ans après la finale de la Coupe du monde face aux All Blacks (défaite 8-7), en Nouvelle-Zélande, les deux amis, partenaires de troisième ligne, ont accepté de revisiter cette nuit moins inoubliable que les semaines qui l'ont précédé.



« Avez-vous revu la finale ?
Imanol Harinordoquy : Seulement la deuxième mi-temps pendant le confinement. Comme c'était en cours, je suis resté (sourire). Quand tu vis les choses tu te dis : "C'était énorme !" et quand tu le revois... Je ne sais pas si c'est le temps ou que l'on a un regard plus critique, mais je ne nous ai pas trouvés fantastiques (rires).
Thierry Dusautoir : Pareil. Pourtant, je me souviens d'un match dur, qui tapait fort, et là... Peut-être aussi que le rugby a évolué et qu'on est habitués à autre chose. Mais comme Imanol, je me suis dit que ça n'était pas un si grand match.



Dix ans plus tard, que provoquent ces deux petits points qui vous séparent de l'éternité ? 
T.D. : Là, en discutant, me remonte la frustration des dix dernières minutes. Quand on a compris qu'on pourrait y aller autant qu'on le voudrait, il (l'arbitre) ne sifflerait pas. Tu tapes, tu tapes, tu tapes, et tu as la rage qui monte.
I.H. : Les All Blacks récupèrent le ballon, tu sais qu'ils vont jouer à cache ballon et que c'est fini. On allait dans les rucks comme des débiles, mais on savait qu'il ne sifflerait jamais. Et ça c'est horrible. À ce moment, je me suis vraiment senti impuissant.



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Pour les supporters, M. Joubert, l'arbitre, est devenu une cible. 
I.H. : Je me souviens d'une mêlée aux trente mètres face aux barres où l'on avance, donc je garde le ballon dans les pieds et il gueule "play on !" pour ne pas mettre de pénalité. Là aussi, j'ai compris. Mais on savait dès le départ qu'il faudrait être beaucoup plus forts.
T.D. : On nous parle souvent de l'arbitrage, mais c'est aussi parce qu'on était au maximum de ce que l'on pouvait faire. On aurait été nettement au-dessus, on n'en aurait pas parlé. Avec la compétition que tu viens de traverser, tout le monde te crache dessus (défaite contre les Tonga en poules, victoire à l'arraché contre Galles en demies, en supériorité numérique), tu sais, en plus, qu'il y a un a priori négatif...



François Trinh-Duc a une pénalité lointaine pour passer devant, mais la rate... 
T.D. : Je ne m'en souviens même pas. La frustration vient du fait qu'on les mettait sous pression, mais ça ne basculait pas. Et je ne voyais pas la solution. Des pénalités plus proches, je sais qu'on en a provoquées, mais on ne les a jamais eues. 
I.H. :
 Les gens disent que Damien (Traille) aurait dû la prendre. Mais elle ne passe pas loin à droite. Il avait la distance. Et puis il faut aussi reconnaître que les All Blacks nous dominent en première mi-temps. (Piri) Weepu en manque trois. Les regrets viennent du fait qu'à un moment, on les a fait douter. On a senti qu'ils avaient peur comme lors du quart de 2007 (20-18, à Cardiff). On a commencé à se dire que c'était peut-être pour nous... 
T.D. :
 On prend un essai à la con en touche (15e) et je me dis que c'est vraiment idiot. Mais l'équipe n'a pas baissé la tête. Elle a basculé : "OK, prochaine action." Mentalement, on était ailleurs.



Quand vous pensez à ce jour-là, qu'est-ce qui vous revient en premier ? 
I.H. :
 L'entrée sur le terrain et le haka. J'ai revu plusieurs fois ce haka et le "V" que nous avions fait, les sentiments restent aussi intenses que ce jour-là.
T.D. : Moi c'est plutôt l'arrivée dans le tunnel et l'entrée dans l'arène. Là, tout était sombre. C'était très hostile aussi. Les gens ne nous encourageaient pas vraiment sur le trajet en bus. 
I.H. :
 C'est vrai. Autant le match était devenu un gros brouillard, autant cette entrée sur la pelouse, la faible lueur au bout du tunnel, et nous, habillés tout en blanc, tout petits, au milieu d'un océan de noir. Seuls contre tous.



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Avant-match plein de tension et de défi entre les All Blacks et les Bleus, tout de blanc vêtus, qui ont décidé de répondre au haka par un « V », main dans la main. (A. Mounic/L'Équipe)



Ce "V" face au haka a été l'autre surprise de la finale. 
I.H. : On a décidé de le faire au réveil musculaire. Et contrairement à ce que j'ai pu lire, on ne l'a jamais répété.
T.D. : Si, le matin, dans la salle là... 
I.H. :
 Voilà, au réveil musculaire.
T.D. : On a dit qu'on se mettait comme ça.
I.H. : Donc on ne l'a pas répété, on a dit : "on se met comme ça", et point.
T.D. : (Rires.) La veille du match, Didier Retière (adjoint de Marc Lièvremont) me dit d'aller voir notre officier de liaison. Nick m'avait expliqué cette formation militaire qui signifie à l'adversaire qu'on est prêts au combat. Donc on se réunit et on dit : "Bon, on se tient la main." Et Roro (Rougerie) dit : "Non, non, on met la main sur l'épaule du mec de devant." Mais instinctivement, on s'est tous pris par la main. Sauf Roro qui a sa main sur l'épaule du gars devant lui, mais tient la main de celui derrière (rires). Ce que je veux dire, c'est qu'avec l'intensité du moment, on n'avait même pas besoin de discuter des heures, juste de sentir le copain derrière nous.
I.H. : Le grondement du stade a été énorme. Après, c'est le match qui fait que ce moment-là est magnifique. Si on en prend quarante, on est ridicules.



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On retrouve beaucoup de témoignages sur la virulence du match. 
I.H. : On était prêts à ne rien accepter. Mais il n'y avait pas de plan anti... Même si notre bon Richard (McCaw) en a pris plein la tronche. J'ai en tête une action où il sort d'un regroupement où il a chargé. Il repart en trébuchant, il marche, tu te dis qu'il est cané et puis il commence à trottiner et finit en sprint. C'est McCaw... Tu l'aimes ou pas, mais il ne se sortait jamais.
T.D. : À force, on avait identifié leurs leaders et, comme tu es dans un engagement total, tu tabasses. Mais on n'était pas dans une volonté d'agression. En fait, je réalise que j'ai peu de flashes de l'action. Mes souvenirs de cette Coupe du monde ne me ramènent pas à la finale, mais d'abord à toute la période que l'on a vécue à partir de la défaite contre les Tonga (14-19, trois semaines plus tôt). C'était vraiment génial. Physiquement et mentalement, on se sentait seuls au monde et on s'en est nourri. C'est ce parcours, parfois peu glorieux, qui fait qu'on est arrivés dans de telles extrémités.
I.H. : Avant la finale, on avait travaillé sur le : pour quoi et pour qui on est là ? Et même si on avait ce sentiment de solitude sur place, on était habités par notre histoire.
T.D. : La première phase fut une souffrance, personnelle notamment. Ensuite, ç'a été un bonheur. On allait manger ensemble, on prenait plaisir à partager, à réfléchir au jeu qu'on allait mettre en place. On regardait les mecs à côté de nous et on savait que c'était du haut niveau, et on ne voulait pas rentrer à la maison avec le sentiment de honte ressenti après les Tonga. Pendant l'apéro-tempête (le lendemain midi), on s'est parlé, souvent de choses qui ne faisaient pas plaisir. J'ai pris cher. Mais ce n'était pas grave. Tout ce cheminement a été aussi important que l'engagement qu'on a mis sur la finale. Après, la réalité, c'est qu'on n'est pas champions du monde.
I.H. : Après les Tonga, on a dit qu'on mettait à la poubelle tout ce qu'on avait fait pendant quatre ans. On a formé de petits groupes de travail au sein desquels chaque leader a contribué à son domaine de prédilection. Contre les Anglais (19-12 en quarts de finale), on est partis avec deux lancements en touche et deux en mêlée. Ce qui a été magique, c'est qu'on ne savait jamais qui allait jouer à part "Titi", parce qu'il était capitaine. C'était compliqué à vivre. Là, on s'est dit que titulaire ou porteur de boucliers à l'entraînement, on allait tous s'y filer pour le copain. Les mecs qui ne jouaient pas avaient une énorme responsabilité, même par rapport à ceux qui allaient jouer. Sauf que ça, une semaine avant, ça n'existait pas.



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Imanol Harinordoquy lance Thierry Dusautoir (6) à l'assaut des All Blacks avec, au soutien, Damien Traille (22). Au fond, de g. à dr., Jean-Baptiste Poux , Dimitri Yachvili et Lionel Nallet. (A.Mounic/L'Équipe)



La rupture avec le staff a-t-elle aussi été un moteur ? 
T.D. : Elle venait de plus loin. De la défaite contre l'Australie (59-10, novembre 2010). On était en rupture, mais je ne voulais pas le montrer au groupe. Du coup, cela m'a un peu isolé. Puis ç'a fini par se voir, en conférence de presse, parce que je ne cautionnais plus certaines choses. Mais on a collectivement réussi à faire "reset". Malgré nos difficultés, notre force était aussi d'avoir réalisé un Grand Chelem (2010). On n'était pas des caves. 
I.H
. : On mettait en place des options et si quelqu'un n'était pas à l'aise avec un truc, on ne le faisait pas. On a simplifié au maximum. On croyait en nous. Après, en rugby, quand tu avances devant, tout devient plus simple. Et ce qu'on a fait contre les Anglais après avoir joué comme des chèvres la phase de poules...
T.D. : La construction de nos trois matches était basique, mais c'était un besoin. À sa prise de fonction, le staff avait voulu un jeu volumineux. Lors du premier Tournoi, on avait interdiction de taper depuis nos 22 mètres. C'était très long. Et fatigant. Selon moi, ta forme de jeu est un outil qui doit t'amener à la victoire. À partir du moment où ça ne marche pas...
I.H. : On a ce désaccord, parfois, avec Titi. Lui me dit : "Tu imagines si on avait travaillé sur un projet de jeu cohérent et continu pendant quatre ans ? On aurait pu être champions." Je lui réponds que non. Je ne crois pas à la préméditation, le "j'ai fait exprès que le groupe se rebelle contre moi". Mais je maintiens que si ça ne s'était pas passé comme ça, on n'aurait pas été
à deux points d'être champions. Cette rébellion nous a permis d'aller si loin. On était peut-être des sales gosses finalement (sourire).
T.D. : Sur l'instant, je n'ai pas apprécié l'épisode des "sales gosses". Tu as une équipe de caractère. Il en faut à un moment pour faire de belles choses. Elle n'était pas simple à gérer et je sais de quoi je parle. Quand Marc (Lièvremont) parle des sales gosses, il pointe des mecs qui sont sortis alors qu'ils ne jouaient jamais. Forcément, ils étaient tendus et leur seule soupape c'était ça. Le reste de l'équipe est resté à l'hôtel. 
I.H. :
 Et ils avaient largement notre aval d'autant que leur investissement était énorme.
T.D. : Cette phrase a foutu les boules à tout le monde. C'était injuste. Et là où je n'étais pas content, c'est qu'on avait besoin de tout à ce moment-là sauf de ça.



Le contexte local était très dur aussi... 
I.H. : Il y a un truc qu'on n'a jamais dit et qui m'a bien gonflé, c'est qu'à la cérémonie officielle il n'y a pas eu un mot pour les Français.
T.D. : Ah oui ?
I.H. : Tu ne t'en souviens pas ? On s'est barrés.
T.D. : On était bien fatigués aussi (rires)...
I.H. : Pas un mot pour nous. Si, Titi a eu son titre (de meilleur joueur du monde). Il ne nous a jamais remerciés d'ailleurs.
T.D. : J'aurais partagé la prime s'il y en avait eu une.
I.H. : OK, on était éméchés, mais ça reste un scandale.



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Vous êtes la génération qui a été la plus proche d'être championne du monde. Quel héritage a laissé cette finale ? 
I.H. : Ce point blanc au milieu de la marée noire dont je parlais plus tôt. Cela résume bien cette aventure incroyable et ses trois dernières semaines. On était minables
et on a vécu un truc magnifique en se nourrissant les uns des autres.
T.D. : On s'est servi de tout. Parce que ce n'est pas l'organisation du rugby français qui a mené à ça. C'est un groupe de mecs qui a fait le constat qu'il valait mieux que ce qu'il était en train de montrer. Ce match est une allégorie du rugby français. Je vais extraire la génération actuelle et ce qui est mis en place autour. À l'époque, tu avais les joueurs, le talent, mais tu n'avais pas l'organisation pour exprimer collectivement leur potentiel. Avec ces qualités-là et de l'envie, tu fais des choses, mais tu n'es pas champion du monde, parce que cela demande autre chose en termes de préparation et d'anticipation. C'est là que je ne suis plus d'accord avec mon copain (sourire). Mais aujourd'hui, les planètes semblent s'aligner.
I.H. : Ces deux petits points qui nous manquent sont représentatifs de tout ce qui n'avait pas été fait avant. Jusqu'en 2019, tu préparais une Coupe du monde deux mois avant. Aujourd'hui, il y a des volontés sportives et politiques que je n'ai jamais connues en tant que joueur pour que l'équipe de France soit championne du monde. Après, pendant dix ans, on a quand même gagné un Tournoi sur deux. Je tiens à le rappeler (il se marre). Et c'est vrai que quand tu as ces résultats, tu te dis que c'est dommage de ne pas être champion du monde. »

 

merci
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Posté 26 octobre 2021 - 06:17

C est oublier qu'on a volé la demi finale 

 

Et que F.T.D manque une pénalité qui aurait pu............... :rolleyes:






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