Top 14 : "Il est de la race des Parra et des Dupont", Baptiste Jauneau (ASM Clermont), ce jeune capitaine devenu grand
Baptiste Jauneau va découvrir ce vendredi soir (21h05) à Bayonne les phases finales du Top 14. Une première qu’il abordera dans le rôle de capitaine de l'ASM. Ces derniers mois, le demi de mêlée a beaucoup progressé, tant sur le plan sportif qu’humain, apprenant notamment à prendre du recul pour garder la tête froide.
Après son récital face au Stade Français, Baptiste Jauneau était attendu à Montpellier. Pour arracher une qualification en phases finales dans l’Hérault, c’est lui qui devait déclencher l’étincelle. Ce soir-là, l’ASM n’a pas eu besoin d’un héros : l’expression collective a suffi pour renverser le MHR, battu 23-10.
De son propre aveu, le capitaine a eu tendance à surjouer en première période. Son coup de pied vers l’aile aurait d’ailleurs pu coûter cher, avec le contre éclair de l’ailier Maël Moustin. « Il était comme un fou quand il est rentré au vestiaire, décrit Christophe Urios. C’est quelque chose qui l’a marqué. Il était tout rouge. Il est tellement exigeant qu’il veut être impeccable. »
Mais cela fait aussi partie du développement et de la maturation du capitaine : savoir garder les idées claires, même quand tout ne se déroule pas comme on le souhaiterait. Ce n’est pas toujours simple à 21 ans, surtout quand on est perfectionniste. S’appuyer sur les autres pour redescendre en pression est sans conteste le signe d’une maturité grandissante.
« Jouer ce genre de match fait énormément progresser dans l’approche du capitanat, fait remarquer Baptiste Jauneau. À Montpellier, j’étais un peu dans le rouge à la mi-temps. Je n’avais plus trop les idées claires et je sentais que je pouvais vite décrocher. Parler avec des gars comme Benjamin Urdapilleta ou Sébastien Bézy m’a permis de me calmer. Cela m’a fait comprendre qu’il faut vraiment rester froid dans ces moments-là. J’apprends. Je suis content que cela soit arrivé contre Montpellier. »
La communication, ce n’est pas seulement émettre, c’est aussi savoir recevoir. Lors des saisons précédentes, Baptiste Jauneau avait encore du mal à partager avec ses coéquipiers. Cette saison en cours a marqué un tournant au sein du groupe. Le demi de mêlée a véritablement gagné en assurance, bien plus que ne l’envisageait son manager.
"Quand il parle, il est écouté"
« Tout le monde connaît ses qualités rugbystiques. Ce qui m’impressionne le plus, c’est le bonhomme. Tu ne peux pas être un bon capitaine si tu es une mauvaise personne. Par rapport à la saison dernière, où Baptiste avait déjà quelques responsabilités, il est désormais capable de prendre le recul nécessaire. Il ne s’agit pas d’avoir la tête dans le guidon en permanence. À 21 ans, ce n’est pas toujours évident. Avec le groupe, il est en train de passer un cap. L’équipe a besoin de lui. Quand il parle, il est écouté. Quand il est absent, on sent qu’il manque quelqu’un », explique Christophe Urios.
Depuis plus de vingt ans qu’il manage des équipes de rugby, le technicien a vu passer des dizaines de joueurs. Et il est catégorique : Baptiste Jauneau est de la trempe des plus grands. « J’en ai déjà parlé avec lui. J’ai eu la chance d’entraîner, au même âge, des garçons comme Morgan Parra ou Antoine Dupont (à Bourgoin et Castres, ndlr). Je trouve que Baptiste est de cette race-là. »
"Il ne faut pas que je me pose trop de questions. Sinon, ça va me prendre trop de place. De toute façon, tous les leaders m’épaulent très bien. Ils m’aident énormément".
Baptiste Jauneau (capitaine de l'ASM Clermont)
Pour atteindre de telles sphères, Baptiste Jauneau doit encore engranger de l’expérience. L’apprentissage continue ce vendredi avec la découverte des phases finales du Top 14, dans le contexte brûlant de Jean-Dauger. Comme beaucoup de Clermontois, il n’a jamais connu ce type de rendez-vous. Le capitaine en est conscient : il s’agira de garder la tête froide pour ne pas se disperser. Et une fois encore, il sait qu’il pourra s’appuyer sur ceux qui ont déjà vécu ces grands soirs.
« Il ne faut pas que je me pose trop de questions. Sinon, ça va me prendre trop de place. De toute façon, tous les leaders m’épaulent très bien. Ils m’aident énormément. Dès qu’ils sentent que je ne sais plus trop quoi dire ou que je suis dans le dur, ils prennent le relais. Et puis, c’est bien d’alterner. Il ne faut pas que ce soit toujours le même qui prenne la parole. Au bout d’un moment, tout le monde en a marre et tu ne deviens plus audible. »