Franchement, l’échange entre Fritz Lee et Christophe Urios met surtout en lumière une chose : le malaise profond qui entoure aujourd’hui le projet de l’ASM, bien au-delà d’une victoire ponctuelle contre l’UBB.
Ce que dit Fritz Lee dérange parce que ça touche juste. Ce n’est pas un ancien joueur frustré ni un donneur de leçons extérieur : c’est quelqu’un qui a incarné l’ASM pendant plus de dix ans, qui sait ce que ce club a été, ce qu’il a exigé de ses joueurs, et ce que porter ce maillot impliquait en termes d’engagement et de valeurs. Quand un joueur de ce calibre dit que le projet n’a pas fait progresser l’identité du club après presque trois saisons, on peut ne pas aimer le message, mais on ne peut pas faire comme s’il ne disait rien.
La réaction d’Urios est, à ce titre, très révélatrice. En expliquant que la victoire sert à “faire fermer la gueule à certains”, il montre surtout qu’il prend cette critique de manière personnelle. Et c’est compréhensible : Fritz Lee parle précisément des valeurs et de l’ADN que le coach prétend vouloir restaurer. Mais répondre à une critique structurelle par une punchline émotionnelle, ce n’est pas une réponse de projet, c’est une réaction de défense.
Oui, Urios a hérité d’un club en difficulté. Oui, le chantier était réel. Mais après presque trois ans, cet argument ne peut plus servir de bouclier permanent. À un moment donné, le projet n’est plus une promesse, il devient un bilan. Et ce bilan reste aujourd’hui flou : pas d’identité de jeu clairement assumée, pas de progression linéaire, pas de dynamique durable. Clermont peut battre un gros sur un match, puis retomber dans ses travers la semaine suivante. Ce n’est pas de la reconstruction maîtrisée, c’est de l’irrégularité chronique.
Ce qui pose problème, ce n’est pas qu’Urios soit touché, ça montre un coach habité, impliqué, qui ne s’en fout pas. C’est qu’il donne l’impression de confondre critique du projet et attaque personnelle. En faisant cela, il ferme le débat au lieu de l’élever. Or, un entraîneur sûr de son cap n’a pas besoin de “faire taire” qui que ce soit : il laisse parler le terrain sur la durée.
La vérité, c’est que Fritz Lee ne dit pas que Clermont est nul, ni qu’Urios est incapable. Il dit que le club n’a pas retrouvé ce qui faisait sa force, ni dans le jeu, ni dans l’identité, ni dans la continuité. Et tant que la réponse à ce constat sera une victoire isolée ou une sortie médiatique musclée, le doute restera.
La victoire contre l’UBB est positive, évidemment. Mais elle ne règle rien sur le fond. Elle ne définit pas une identité, elle ne valide pas un projet, elle ne referme pas le débat. Ce débat ne disparaîtra que lorsque l’ASM montrera, sur plusieurs mois, qu’elle sait où elle va, comment elle joue, et sur quelles bases elle veut durer.
Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Et ce n’est pas Fritz Lee qui crée le malaise en le disant. Il ne fait que mettre des mots sur une réalité que beaucoup refusent encore de regarder en face.
"critique structurelle par une punchline émotionnelle" : Avant la critique structurelle, il y a également une punchline de Lee, à un moment qui n'était pas opportun à mon sens, savoir avant un match décisif pour la suite de la saison, qui plus est, sur les RS et qui pouvait être déstabilisatrice pour le groupe (j'ignore si tous les joueurs pensent comme Lee) ...
Je titille un peu car Lee n'a pas été vraiment exemplaire la saison passé, ce dernier n'ayant rien compris au jeu des chaises musicales.
Pour le reste je suis d'accord avec toi.
Que faut-il faire maintenant ? C'est une vraie question.


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