C’est donc à la fin des années 80 qu’Alain Gaillard repère Christophe Urios, lors d’un match de poule de Groupe B (ancienne Pro D2) entre Castres qu’il entraîne et Carcassonne où évoluait celui qui vient d’être nommé coach de l’ASM. "Par son engagement et sa rudesse, il nous avait bien cassé les c… À l’époque, au CO, on voulait durcir l’équipe, progresser à travers le combat et j’avais trouvé avec Urios un gros leader. J’ai fini par le faire venir en 1990 à Castres, l’année où Didier Bès, qui était mon talonneur, part à Montpellier.""Il a été mon leader de combat toutes les saisons que je l’ai entraîné. En première ligne, on avait de très bons joueurs mais c’était de gros nounours. C’est Urios qui les secouait. J’ai aussi apprécié l’homme, il a toujours adhéré à ce que je mettais en place. En tout cas, il n’a jamais manifesté son désaccord. Il a toujours été loyal et honnête avec moi. Pour ça, je lui dois beaucoup, comme à d’autres joueurs.
Et quel talonneur était Christophe Urios ? "A l'époque, et c'était un autre rugby que celui d'aujourd'hui, il y avait deux types de talonneur. Celui qui ressemblait à un pilier, très fort en mélée, et le type troisième ligne, plus léger, dur au combat. Lui, était dans cette seconde catégorie. Il était mince, très bon lanceur et il avait un gros volume de déplacement."
"Christophe Urios, toujours selon Alain Gaillard, possédait surtout le profil idéal qui collait à l’ADN du Castres Olympique. "Un guerrier, très agressif, très engagé et dont l’une des autres qualités était le sens du collectif. Il n’aimait pas les stars. Pour reprendre l’expression de Daniel Herrero, Urios était le ''rude et le doux''. Un rude au combat, qui correspondait au territoire du Tarn sud, des mecs besogneux et déterminés ; et un doux par sa générosité et sa solidarité. Il était très respectueux de ses partenaires alors qu’il en était le meneur."
Joueur de combat, Christophe Urios avait également une approche déjà professionnelle du rugby. Alain Gaillard se souvient.
"Il s’entraînait beaucoup seul, en plus des séances tous les soirs que l’on avait à l’époque. Il sortait du boulot, entre midi et deux, il mangeait un sandwich et filait à la muscu ou bien il allait courir. Pour moi, il s’entraînait même trop. Il n’y avait pas à l’époque tous les moyens pour mesurer l’impact de l’intensité des entraînements. Lui, c’était un gros bosseur, mais ça l’a peut-être aussi un peu freiné… Même s’il a souvent dit qu’il n’avait pas eu les bons coachs pour être international…"
Cela est une autre histoire, passée, place désormais à celle qu’Urios doit écrire comme coach de l’ASM.
"Coach de l’ASM, je suis un peu étonné"
"Je ne connais pas le club de Clermont aujourd’hui. Il a sans doute évolué depuis l’époque où j’y étais (1995-1998). Vu de l’extérieur, je vois un club qui cherche à créer une autre histoire, une nouvelle page, très différente. Après, quand tu prends Christophe Urios, tu donnes forcément le pouvoir de la communication à l’entraîneur. En cela, je suis un peu étonné, car en 1995, l’ASM, c’était assez discret.
Dans l’équipe, il y avait des têtes de gondole et les joueurs avaient le pouvoir. Ils faisaient ce qu’ils voulaient, ce qui n’était d’ailleurs pas simple à gérer pour moi.
Avec Urios, Clermont veut clairement prendre un autre chemin. Partout où il est passé, quand il est arrivé, il a amené quelque chose. Là, c’est en cours de saison, avec un effectif où il y a pas mal de blessés, ça va sans doute être plus difficile."
Voilà M'sieur.