Merci pour vos réponses ! Il me semblait que cet été, c'était soit Giaccobi soit Abed et qu'on s'était rabattus sur Abed faute de pouvoir faire Giacobbi tout de suite. Mais si les deux peuvent cohabiter, c'est mieux pour la cohésion du groupe je pense.
l'article de l'équipe ci-dessous
Oui j'allais répondre exactement ceci à nels
Tout le monde bade Giaccobi qui a un parcours excellent entre Afrique du Sud, Saracens de la grande époque, CO Champion avec rien..., et maxi 4 mecs à la fois à l'infirmerie (c'est lui qui garde les clefs dans sa poche)
Bon c'est verrouillé par l'équipe, mais il a la réputation d'être le meilleur en France
L'information a fuité, discrète, dans le style du personnage. Pierre-Henry Broncan, son manager, a pourtant appuyé l'éloge pour en faire l'annonce : « C'est passé inaperçu, mais nous avons obtenu la prolongation de Vincent Giacobbi. On n'a rien dit parce qu'il ne fallait pas trop l'ébruiter, mais c'est le meilleur préparateur physique de France et il est encore pour trois années, tranquille, chez nous. » Tranquille ascendant taciturne, corrige le cercle des intimes. Ceux qui ont joué avec lui, en revanche, décrivent un centre rugueux, pas marrant le samedi, à 15 h, et pas vraiment plus drôle lors de l'opposition de milieu de semaine.
Giacobbi (43 ans), c'est un genre de Corto Maltese au pays du rugby. Les voyages, entrepris très jeune, ont construit un coach à part. Un genre de beauté rare dans la nouvelle galaxie des directeurs de la perf'. « La qualité de Vincent ? C'est qu'il est allé à l'étranger, notamment aux Saracens, esquisse Broncan sur la carte d'embarquement. Il a une rigueur anglo-saxonne et, avec le reste de son vécu, ici, en France, cela donne un mix très intéressant. »
De 2012 à 2016, le Corse a effectivement appartenu à l'armada londonienne multititrée (champion 2011, 2015, 2016 et une Coupe d'Europe 2016). Tout a pourtant démarré bien plus au Sud, à la pointe de l'Afrique, lors d'un premier séjour commencé à l'été 1997 : « Je suis parti pour y jouer 8 mois via un contact noué avec Nick Mallett à Paris. J'avais 19 ans et il m'a fait rencontrer son frère, Dave, qui avait une école privée au Cap : la Western Prep School. J'étais son assistant chez les moins de13 ans. Déjà à l'époque, les Sud-Africains avaient toute une partie de jeu conditionné, ce travail de développement intégré au rugby que l'on a parfois encore du mal à installer en France. Ils avaient compris que c'était dans l'activité que l'on développait le joueur et pas avec des disciplines croisées, qui peuvent aider à compenser, mais jamais à optimiser le potentiel. »
Entre deux allers et retours au pied du globe, il repasse par la France et le centre de formation de Narbonne avec toujours ce goût prononcé pour la préparation physique : « Je ne me voyais pas faire autre chose. C'était un domaine que je privilégiais déjà en tant que joueur. Peut-être un peu trop d'ailleurs. J'étais mon propre cobaye ce qui m'a valu de faire quelques erreurs (rires). Ce n'est pas une science exacte et c'est ce qui est passionnant. Il y a des programmes différents pour chaque poste, chaque profil. Ce n'est pas que puissance, force et accélération... »
En 2002, il regagne Le Cap et nouera les contacts qui changeront sa vie : « Là, j'ai fait dix ans au cours desquels j'ai rencontré des personnalités exceptionnelles : François Pienaar, Brendan Venter et Dominic Silvester. C'est un pays particulier. Il faut gagner son pain et j'ai eu le privilège de travailler avec des gens de renommée qui m'ont fait confiance. J'ai aussi eu la chance d'entraîner au côté de Steve McIntyre (préparateur des Springboks de 2007). Il a eu une grosse influence pour tout le travail de force. » La bascule s'opère en 2012 avec son retour définitif en Europe : « Ils m'ont permis d'intégrer les Saracens, au départ par un stage. Puis Ben Pollard est parti et j'ai eu la chance de rentrer dans le groupe équipe 1 où j'ai passé quatre ans et demi. »
La machine à gagner anglaise l'enrichit de son approche innovante, constamment tournée vers le monde extérieur et les autres disciplines. Là-bas on pioche, on analyse et on adapte. Les Sarries marchent sur le continent et Giacobbi termine de forger sa méthode et ses convictions. Il pose ses valises à Castres en 2016 avec Christophe Urios. Le boss lui donne carte blanche, dans un club pas préparé à ses codes. « Les joueurs avaient été développés selon d'autres méthodologies, se souvient-il. Il a fallu un temps d'adaptation. » Heureusement, le bonhomme en impose.
« Il n'est pas très souriant de prime abord, un peu bourru », se marre Mourad Abed, ex-adjoint au CO aujourd'hui patron du département athlétique de Montauban : « En arrivant, il n'a pas fait de grands discours. Les joueurs aiment savoir où ils vont et pourquoi ils font les choses et, ça, Vincent l'explique très bien. Avec Christophe, on présentait des bilans étapes tous les 5 ou 6 matches et on se projetait sur le bloc suivant. »
La planification et la quantification de la charge de travail sont les points cardinaux de son projet, avec une obsession : garder un taux de fréquentation de son infirmerie quasi nul. « C'est le meilleur sur ce secteur, reprend Mourad. À chaque fois qu'il a un gars touché à l'entraînement, il se rend malade parce qu'il pense qu'il a loupé quelque chose. Tout ce qu'il fait est organisé pour que les effets soient durables. L'année du titre, au CO (2018), on a tourné avec 5 blessés de moyenne sur la saison. Là, il a attaqué avec 2 joueurs dehors. »
Le mentor explique être dans la prévention et non la prédiction : « Le triptyque joueurs, kinés et prépas physiques est au centre de notre programme avec pour objectif de parfaire et adapter nos contenus pour que le joueur se sente en confiance. Je travaille en lien permanent avec des gens hyper compétents et impliqués. Notre bureau est toujours en ébullition quant aux décisions à prendre, aux lignes de conduite à créer, aux projets à mettre en place. »
Derrière sa barbe grisonnante, il y a ce regard franc et perçant qui dit tout d'un tempérament et peu de chose des sentiments. L'intéressé reçoit les hommages, gêné, et derrière un « merci » poli préfère embrayer sur son domaine. « Tout est un challenge d'une manière ou d'une autre », dit-il posément. Pour un gars comme ça, élever la voix n'est pas une arme : « On est là pour faciliter, trouver des solutions, faire adhérer. C'est le plus dur. Mais je ne me suis jamais senti dans un calvaire, même dans les saisons difficiles. Après, avec mon caractère, quand j'ai un objectif, j'ai du mal à lâcher... » Et on se demande pourquoi c'est si pénible de jouer Castres ?