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#346 cocotte 63

cocotte 63

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Posted Yesterday, 13:55 PM

Pour le stade ! j'avais compris merci. Allez passons à autre chose.



#347 el landeno

el landeno

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Posted Today, 05:59 AM

« J'ai regardé partout, je ne le voyais plus » : le récit des coéquipiers de Medhi Narjissi face aux enquêteurs
Face aux enquêteurs, les coéquipiers de Medhi Narjissi ont reconstitué les minutes qui ont précédé la mort du jeune joueur de Toulouse, en août 2024. Le récit, glaçant, met en lumière l'improvisation du staff.

Le matin du 7 août 2024, les joueurs de l'équipe de France U18 se réveillent dans un hôtel du centre-ville de Cape Town, en Afrique du sud, au lendemain d'une séance d'opposition face à une équipe universitaire locale. Ce mercredi est considéré comme une journée de repos. Visites, shopping, séance de récupération, l'ambiance est à la détente. En milieu de matinée, une fois le petit-déjeuner pris, les 28 joueurs et les 12 membres du staff prennent un car mis à leur disposition. « On s'est arrêtés à plusieurs endroits, on a vu des otaries, il y avait une ambiance géniale », a raconté Noa Tinnirello (18 ans), le pilier droit du Stade Toulousain, aux services de police.

 
 

« L'ambiance était bonne et joyeuse, sans pression, poursuit Oscar Boutez (17 ans) devant les enquêteurs. Nous avions joué la veille et nous avions gagné contre des espoirs, un bon match. En premier, nous avons vu les otaries, puis une plage des manchots. » À l'issue d'un pique-nique pris sur une plage, le car repart, puis s'arrête, en début d'après-midi, sur un parking situé en aplomb de Dias Beach. La très grande majorité des joueurs et des membres du staff marchent jusqu'au phare du cap de Bonne-Espérance. Il faut compter vingt à vingt-cinq minutes pour effectuer l'aller-retour. Après avoir atteint le phare, le groupe redescend en ordre dispersé vers le parking où se trouve le car. De là, un chemin de randonnée descend à la plage.

Le matin, à 8 h 14, Robin Ladauge, le préparateur physique mis en examen dans cette affaire, avait écrit ceci dans le groupe WhatsApp créé par les encadrants pour communiquer durant la tournée : « Obligation de faire un bain froid aujourd'hui. Deux options s'offrent à vous. 1) Bain froid sur la plage du cap de Bonne Espérance - attention petite descente d'une centaine de marches pour y descendre. Prévoir serviette et maillot de bain. 2) Bain froid en rentrant à l'hôtel vers 17 h. »

Au regard du dossier judiciaire, il apparaît évident que très peu de joueurs avaient pris connaissance de ce message. « Le prépa physique a dit : "On va faire la récup ici." On était un peu surpris parce que nous n'avions pas d'affaires, explique Tinnirello. À ce moment-là, je ne comptais pas me baigner. » Trois joueurs ne descendront d'ailleurs pas sur la plage.

 
 
 

Sur le chemin, Ladauge est notamment accompagné de Léo Michaux (17 ans). Ils empruntent un escalier en bois. Au bas de celui-ci, une bouée est attachée à un poteau. « II m'a dit "je vais prendre la bouée au cas où il arrive quelque chose" », raconte le garçon aux enquêteurs. Dias Beach est considérée comme l'une des plages les plus dangereuses du monde. L'improvisation est totale.

« Au début, je ne voulais pas y aller, mais quand j'ai vu que tout le monde rigolait, j'ai décidé de me poser sur la plage, poursuit Antonio Ratavo (18 ans). Ensuite, je suis allé me baigner. On a pris quelques vagues, c'était bien, on s'amusait. Moi, je n'ai pas le souvenir d'avoir reçu des consignes particulières. » Elles avaient vraisemblablement été passées avant que le talonneur de Clermont ne décide de se baigner. « Quand nous étions dans l'eau, poursuit Michaux, il n'y avait pas d'exercice particulier, c'était complètement ludique. Robin (Ladauge) était à une dizaine de mètres du bord. Il se chargeait, entre guillemets, de faire la police quand nous allions trop loin. »

Après quinze minutes passées dans l'eau et quelques rappels à l'ordre à l'encontre d'au moins un joueur, Ladauge explique au groupe que la séance est terminée. Quelques jeunes réclament une rallonge de cinq minutes. Ils s'amusent. Elles leur sont accordées. « Là, Medhi (Narjissi) m'a sauté dessus et m'a dit "viens, on va voir Baptiste (Veschambre)", qui avait l'eau au-dessous des pectoraux », raconte Tinnirello. Veschambre se situe à trente mètres d'eux environ. « J'ai dit à Medhi "je ne vais pas là-bas" », poursuit Tinnirello.

Quand Ladauge annonce que les cinq minutes sont écoulées, « tout le monde a dit : il est où Medhi ? », raconte un joueur. Entre-temps, Veschambre, qui mesure 2,02 m, est revenu sur la plage. Le demi de mêlée Narjissi et son 1,78 m ont été pris par les flots. Interrogé pour l'enquête interne effectuée par la Fédération, Oscar Boutez explique la suite : « Je pense que plusieurs joueurs croyaient que c'était une blague. Moi, j'ai tout de suite vu qu'il n'était pas bien. » Face aux services de police, Ratavo confirme : « J'ai vu Medhi partir. On pensait qu'il faisait une petite blague pour qu'il puisse prendre une dernière vague. Connaissant Medhi, il aimait bien faire des choses drôles. Quand on a vu qu'il galérait à revenir, on s'est dit que ce n'était pas une blague. Les adultes ne savaient pas quoi faire. »

 J'étais figé, je ne savais pas comment réagir », indiquera Axel Dupont, préparateur physique et analyste performance, à la mission d'inspection générale diligentée par le ministère des Sports. Boutez a alors 16 ans, mais lui ne se pose aucune question. Excellent nageur, il part immédiatement secourir Narjissi. Il raconte : « Entre le début de la baignade et ce moment-là, la mer s'était intensifiée, les vagues étaient devenues plus grosses et plus fréquentes. J'arrive à sa hauteur. Medhi est en train de crier "au secours". II demande de l'aide. J'arrive à le récupérer, je le mets sur mon dos et je nage vers le bord. »

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L'escalier en bois menant à Dias Beach, la plage où Medhi Narjissi a disparu. (M. Nkateko/L'Équipe)

Pour l'enquête interne de la Fédération, le jeune homme poursuit son récit : « Entre deux vagues, j'avais très peu pied et Medhi n'avait pas pied du tout. » De son côté, Tinnirello, que Medhi considère comme un membre de sa famille, tente de rejoindre ses deux coéquipiers par un autre chemin : « J'ai regardé vers la mer et Oscar partait à la nage vers Medhi, qui se trouvait après un rocher vers la droite. Je suis allé vers Medhi en marchant vers le caillou, le courant était très fort puisqu'il arrivait presque à me faire tomber, j'avais l'eau jusqu'aux genoux. Plus je me rapprochais d'Oscar et Medhi, plus ils s'éloignaient. J'ai pris une vague sur l'épaule qui m'a obligé à m'accrocher au caillou. Ce rocher glissait, l'eau passait par-dessus. J'ai dû nager pour regagner la plage. L'eau était plus forte que moi. Je paniquais. Seuls Oscar et Medhi étaient à l'eau et Robin (le préparateur physique) tentait d'envoyer sa bouée qui revenait forcément avec les vagues. »

« Il m'a semblé être resté sous l'eau une vingtaine de secondes avant que je réussisse à remonter à la surface. Je me suis retourné, j'ai regardé partout, je ne voyais plus Medhi »

Oscar Boutez, coéquipier de Medhi Narjissi

 
 
 

« Au début, j'arrivais à nager, poursuit Boutez. J'ai pris une première vague, ça allait. Nous sommes remontés à la surface et je lui ai dit de respirer. Trois, quatre secondes après la deuxième vague, je me suis retourné un petit peu et j'ai vu un mur d'eau, de cinq-six mètres. Nous avons pris la vague de plein fouet. Medhi m'a lâché. J'ai été emporté un peu n'importe comment. Il m'a semblé être resté sous l'eau une vingtaine de secondes avant que je réussisse à remonter à la surface. Je me suis retourné, j'ai regardé partout, je ne voyais plus Medhi. J'ai repris des vagues et me suis fait retourner plusieurs fois. Je me suis ensuite bagarré pour rejoindre la rive. »

« Nous étions tous en caleçons. Les coachs courraient partout, c'était la panique », poursuit Tinnirello. Sur l'ensemble des joueurs et encadrants interrogés au cours des différentes investigations, un seul a reconnu avoir vu un panneau indiquant qu'il était dangereux de se baigner sur Dias Beach. Un kiné, qui n'est pas descendu sur la plage et qui a affirmé aux enquêteurs ne pas savoir que les enfants allaient se baigner.

Lors de l'enquête diligentée par le ministère des Sports, Cédric Laborde, le manager des équipes de France jeunes, qui ne participait pas au voyage, dira : « J'ai un témoignage direct d'un joueur évoquant un non-respect des consignes et des challenges entre joueurs d'aller affronter les vagues. » Personne n'avait prévenu les enfants de l'ampleur du danger. Aucun encadrant n'est parti au secours de Narjissi, dont le corps n'a jamais été retrouvé.

 


« Dès le début, nous avons voulu faire au mieux » : le secrétaire général Sylvain Deroeux détaille ce que la FFR a changé depuis le drame de Medhi Narjissi
Secrétaire général de la FFR, Sylvain Deroeux revient sur les actions mises en place depuis un an pour soutenir la famille de Medhi Narjissi et aussi améliorer les processus concernant les sélections nationales jeunes.

Troisième-ligne aile du PUC et de Perpignan, président de Provale (syndicat des joueurs professionnels français) de 2006 à 2010, directeur général de l'USAP (2012-2017), Sylvain Deroeux est une des chevilles ouvrières de la FFR au titre de secrétaire général depuis juin 2023. Joint au téléphone mardi, il a accepté de revenir sur le drame qui a entouré la disparition de Medhi Narjissi, le 7 août 2024, dans le cadre de la tournée de l'équipe de France U18 en Afrique du Sud.

 
 

« La FFR sera-t-elle présente ce vendredi à Dias Beach, en Afrique du Sud, pour la pose d'une stèle en hommage à Medhi ?
L'hommage que la FFR a prévu en Afrique du Sud est en deux temps. Le premier, c'est l'hommage familial, que l'on respectera. La Fédération a proposé à la famille Narjissi de financer l'intégralité de ce voyage, ce qui a été refusé. Dans un second temps, elle organisera de son côté plusieurs hommages. Le premier se tiendra avant les matches de l'équipe des U18 (qui dispute l'International Series depuis mercredi jusqu'au 20 août en Afrique du Sud, face à l'Angleterre et les Baby Boks), avec une minute d'applaudissements, en présence du président Florian Grill. Le maillot de l'équipe de France U18 sera floqué « A Medhi » pour chacun des joueurs, comme ça a été fait la saison dernière. Le 8 août, une remise symbolique du maillot à la famille a été proposée. Elle n'est pas encore confirmée. Le 9 août, la FFR, en présence de Florian, des membres du staff, des joueurs et du président de la Fédération sud-africaine, se rendra sur la plage (Dias Beach) pour un hommage intime, discret et respectueux. Il ne sera pas médiatisé.

Depuis un an, quels sont les accompagnements, juridiques, psychologiques et financiers enclenchés par la FFR pour la famille Narjissi ?
Dès le début, nous avons voulu faire au mieux. Il y a un an, on a organisé le voyage de la famille en Afrique du Sud juste après la disparition. Tout a été pris sur les frais de la Fédération. Pour coordonner le drame, il fallait rester en action sur Paris et pas forcément avec treize heures d'avion. Le président Florian Grill a rencontré deux fois la famille Narjissi : à Agen, puis à Paris. J'ai moi-même rencontré la famille. Nous échangeons régulièrement. En parallèle de l'accompagnement humain, l'aspect financier a été enclenché rapidement. Des provisions d'assurances ont été versées. Notre assureur, AXA, a diligenté une expertise pour évaluer les préjudices psychologiques. Un hommage a été organisé au Stade de France en lien avec la famille Narjissi lors du dernier France-Galles (43-0, le 31 janvier), et nous aimerions qu'il y ait pour chaque match d'ouverture du Tournoi un moment de recueillement à la mémoire de Medhi. Là aussi en accord avec la famille, on a créé un trophée Medhi Narjissi qui récompense le vainqueur de la catégorie Reichel-Espoirs. Il a été remis cette saison à l'UBB. Nous réfléchissons, aussi, à la façon d'ancrer la mémoire de Medhi dans les murs de la Fédération, de manière à ce que l'on n'oublie jamais.

Concernant le drame de Dias Beach et la disparition de Medhi, l'encadrement est accusé d'avoir été négligent. Y a-t-il un sentiment de culpabilité partagé au sein de la FFR ?
Oui, c'est évident. Tout le monde a souffert et souffre. La FFR est attaquée, la position de Florian (Grill) est attaquée. Mais aujourd'hui, beaucoup d'actions concrètes ont été mises en oeuvre dans l'encadrement des jeunes. Ça aussi, on le doit à Medhi et à sa famille.

 
 
 

« Nous reconnaissons qu'il y a eu des défaillances organisationnelles et administratives, et parfois certaines maladresses dans la communication »

 
 
 

Quelles actions concrètes ?
Une systématisation de la déclaration d'accueil est placée sur la plateforme du ministère des sports. On a un livret type de déplacement pour les familles et pour les joueurs, afin qu'ils puissent disposer de l'ensemble des éléments qui traitent du voyage, de l'hébergement, du déroulé, de l'aspect sportif mais aussi de l'extra-sportif. On a mis en place un dossier partagé avec toutes les informations et les contacts essentiels aux familles. En visioconférence avant chaque rassemblement sont présentés aux familles l'ensemble du déplacement et les responsables de l'encadrement. Toutes les 48 heures est envoyé un mail pour informer les familles de ce qui se passe pendant le séjour et, deux jours avant le retour du groupe, une communication sera transmise afin que les familles puissent s'organiser pour récupérer leurs enfants. Encore une fois, nous devons ça à Medhi.

On a du mal à croire que ces processus d'accompagnement des mineurs et de leurs familles n'existaient donc pas avant le drame de Dias Beach et la disparition de Medhi...
Nous reconnaissons qu'il y a eu des défaillances organisationnelles et administratives, et parfois certaines maladresses dans la communication. Mais nous avons récupéré une Fédération en déshérence financière, organisationnelle et même morale. Le chantier de redressement que nous avons entamé est immense. La Fédération d'aujourd'hui assume ces défaillances, mais certains manquements évoqués n'expliquent pas la totalité du drame, et je dis cela avec un profond respect pour la famille Narjissi.

« Ce qu'on souhaite dire, c'est que Florian Grill n'est pas responsable de ce drame. La Fédération l'est et l'assume »

 
 
 

L'image de la FFR et du rugby français a été écornée par ce drame et ses implications. Quels retours avez-vous des instances ministérielles et des autres Fédérations ?
La famille de Medhi vit un calvaire, un drame. Parler aujourd'hui de l'image de la FFR peut paraître déplacé. Il n'est pas besoin de vous rappeler dans quelle situation se trouvait la Fédération, il y a deux ans... Je vous cite, en vrac, le déficit de la Coupe du monde 2023 et les dossiers qui sont sortis concernant l'ancienne gouvernance... Nous sommes en train de redresser cette Fédération, ses finances, ses infrastructures, sa place à l'international. Mais ce qu'on souhaite dire, c'est que Florian Grill n'est pas responsable de ce drame. La Fédération l'est et l'assume. Son président est toujours resté debout, il ne s'est jamais détourné, il a toujours cherché à être présent pour la famille. Certaines défaillances étaient là, nous les découvrons, et aujourd'hui, nous les assumons et nous les assumerons. Il faut que la justice passe et rien que la justice, pour la mémoire de Medhi. »

« La FFR ne souhaite pas alimenter un procès médiatique »
Concernant le face-à-face entre le manager de l'équipe de France U18 et le préparateur physique, dont les versions des faits liés à l'organisation d'une séance de récupération à base de bains froids sur la plage de Dias Beach divergent, « la FFR ne souhaite pas alimenter un procès médiatique et commenter les positions de M. (Stéphane) Cambos et de M. (Robin) Ladauge, précise Me Mathias Chichportich, l'avocat de la Fédération en charge de ce dossier, joint au téléphone mercredi. En revanche, elle n'accepte pas que des contrevérités circulent, leur seul objectif étant de nuire à la réputation de son président et de ses équipes. »
S'agissant du médecin membre de l'encadrement de cette tournée et présent sur place, « son handicap n'était pas connu de la Fédération et n'était pas visible, note Me Chichportich. Il souffre d'une légère gêne à une cheville qui ne contraint en rien ces déplacements. Il ne relevait en aucun cas de ses prérogatives d'être présent sur la plage, cette baignade n'ayant par ailleurs jamais été prévue au programme. »
R.E.

« Je n'ai jamais désobéi aux ordres » : récit de la confrontation tendue entre le préparateur physique et le manager des U18 après la disparition de Medhi Narjissi
Le 24 juin, une confrontation extrêmement tendue a eu lieu devant le juge d'instruction entre Robin Ladauge, le préparateur physique, et Stéphane Cambos, le manager de l'équipe de France U18.

Le premier, Robin Ladauge, est l'homme qui a pris l'initiative de la séance de récupération qui a tourné au drame sur Dias Beach, le 7 août 2024. Le préparateur physique de 47 ans a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour homicide involontaire, le 16 mai dernier, par le juge d'instruction chargé de l'affaire. Le second, Stéphane Cambos, était le manager de l'équipe de France U18 partie en stage en Afrique du Sud. Âgé de 54 ans, il a été mis en examen, sans contrôle judiciaire, le 2 juin dernier, pour les mêmes motifs. Depuis bientôt un an, les deux hommes s'opposent fermement sur les faits qui ont précédé la disparition de Medhi Narjissi, emporté par la mer à l'âge de 17 ans.

 
 

Ladauge affirme que cette séance a été validée collectivement par le staff et notamment par Cambos, le responsable de la délégation française en Afrique du Sud. Celui-ci affirme, au contraire, qu'il s'était opposé à plusieurs reprises à cette idée. Dans ses différentes auditions, Cambos charge Ladauge et insiste sur son insubordination.

Les deux hommes - les seuls, pour l'instant, à avoir été mis en examen dans ce dossier -, se sont retrouvés dans le bureau du juge d'instruction, le 24 juin, à Agen, pour une confrontation. « L'idée est de moi, oui, mais l'initiative a été expliquée en réunion avec le staff trois jours avant mais aussi la veille au soir. Moi, je considère qu'elle a été validée », réaffirme ainsi Ladauge dès le début de la confrontation.

Frédéric Plachesi, l'organisateur du séjour en Afrique du Sud - qui a changé de version au fil des mois devant les enquêteurs - a finalement déclaré sur procès-verbal avoir émis des réserves concernant cette idée eu égard à la dangerosité du site. Selon Ladauge, c'est faux : « Je suis formel. S'il avait émis une réserve, j'aurais abandonné l'idée. » Dans le bureau du juge, Cambos le contredit immédiatement : « Plachesi a déconseillé de donner suite à ce projet. »

 
 
 
Coup d'épaule ou plaquage « amical » ?

Le juge d'instruction bouscule alors un peu Cambos. Dans leurs dépositions, aucun joueur ou membre du staff ne rapporte l'avoir entendu dire qu'il était hors de question que cette séance se tienne. « Pourquoi ? », demande le juge. « Pourtant, ce sont bien les termes que j'ai utilisés. J'ai dit : "il est hors de question de prendre le moindre risque "lorsque Robin (Ladauge) a évoqué ce projet. Pour moi, il s'agissait d'une fin de non-recevoir ferme et définitive. » « Jamais il ne m'a exprimé son désaccord », reprend alors Ladauge.

C'est un dialogue de sourds. L'un des deux hommes ne dit pas la vérité. Ils sont en désaccord sur à peu près tout. « Je n'avais pas d'affaires pour aller me baigner, comme beaucoup, car ce n'était pas prévu. Je pense que la plupart étaient en caleçon. En tout cas, c'était mon cas », dit Cambos. « Moi, j'ai gardé l'image de lui arrivant vers moi avec un short de bain rouge et gris lui arrivant presque jusqu'aux genoux », lui oppose Ladauge. « J'étais en caleçon noir, c'est triste d'entendre ça », s'insurge Cambos.

La séance dans l'eau, qui s'est rapidement transformée en jeu pour les enfants, avait débuté en l'absence de Cambos. Lorsque ce dernier est arrivé sur la plage, il affirme avoir marqué sa désapprobation et sa colère. « Je suis arrivé sur la plage avec un sentiment de trahison. J'ai d'abord cherché à obtenir des explications auprès d'Axel Dupont (préparateur physique et analyste performance). Elles ne m'ont pas convaincu. Comme je n'avais pas d'affaires, je me suis mis en caleçon et je suis allé directement vers Robin Ladauge. Je lui ai mis un coup d'épaule dans le dos qui l'a fait chuter dans l'eau. »

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L'hommage à Medhi Narjissi dans les stades. (R. PERROCHEAU /PRESSE SPORTS/Presse Sports)

Ladauge confirme le geste. Pas l'intention : « Je me suis fait mal et ça m'a agacé. Je me suis relevé et il rigolait, j'ai donc pris ça pour un plaquage amical. Mais je tiens à préciser qu'avec Axel, on avait déjà décidé de mettre un terme à la baignade après avoir accordé cinq minutes supplémentaires aux joueurs à leur demande. » Là encore, les deux hommes se contredisent. « À la suite de mon geste, il a mis fin à la session », réplique Cambos.

« Stéphane (Cambos) est arrivé au milieu de la session et non à la fin. Le fait qu'il n'intervienne pas m'a conforté dans l'idée que cette session n'allait pas contre son opinion »

Robin Ladauge, préparateur physique des U18

 
 
 

La confrontation du 24 juin n'aura permis aucun rapprochement sur la version des deux hommes. Bien au contraire. « J'ai vingt-cinq ans de management et jamais un préparateur physique n'est allé à ce point à l'encontre de mes consignes en matière de sécurité », lâchera Cambos pour finir. « Depuis vingt-cinq ans de préparation physique, je n'ai jamais désobéi aux ordres ou aux consignes d'un manager. Je suis un soldat », répondra Ladauge.

Avant de poursuivre : « La session de récupération n'a présenté aucun risque pour tous ceux qui sont restés dans le périmètre que nous avions délimité. Stéphane (Cambos) est arrivé au milieu de la session et non à la fin. Le fait qu'il n'intervienne pas m'a conforté dans l'idée que cette session n'allait pas contre son opinion. » « Quel est le préparateur physique qui décide seul d'autoriser les jeunes à aller dans l'eau ? », lancera Cambos. « Quel manager ayant détecté autant de risques potentiellement dangereux n'intervient pas par écrit sur le groupe Whatsapp du staff ou ne somme pas tous les joueurs de sortir de l'eau quand il arrive sur la plage ? », répliquera Ladauge.

Contactés par SMS, Cambos et Ladauge n'ont pas souhaité s'exprimer. Les deux hommes sont présumés innocents. L'avocat de Cambos a déposé une requête en nullité aux fins d'annulation de la mise en examen de son client. Serge Rey ayant fait valoir ses droits à la retraite, un changement de juge d'instruction aura lieu cet été. L'information judiciaire est toujours en cours.

Le docteur avait un handicap moteur
Lorsque nous avons rencontré Jalil Narjissi, le père de Mehdi, il a exprimé sa colère envers l'attitude de la Fédération française de rugby mais aussi au sujet de la composition du staff qui accompagnait l'équipe de France U18 en Afrique du sud l'année passée. « Le docteur, s'il n'est pas capable de descendre deux escaliers, il reste chez lui, nous a-t-il dit. Il se serait passé quoi si un enfant avait fait un malaise ou s'il avait fallu réanimer notre fils ? C'est incroyable. »
Cela nous a interpellé sur un aspect totalement inconnu du dossier jusqu'alors. Face aux enquêteurs, le docteur, 56 ans, a en effet reconnu, le 28 novembre 2024, qu'il ne s'était pas rendu sur la plage pour des raisons médicales : « Il n'y a que 6 personnes qui ne sont pas descendues, 3 joueurs dont je ne me rappelle plus et 3 membres du staff dont moi-même en raison d'un problème physique lié à un handicap », a-t-il ainsi expliqué. Selon la mission d'enquête menée par l'inspection générale, le médecin est titulaire d'une carte mobilité inclusion en reconnaissance de son handicap moteur, et aucun membre du staff n'en avait connaissance.
Contacté, le docteur Pradier nous a renvoyé vers son avocat, Laurent Sabounji. Selon ce dernier, il n'appartenait pas au docteur de « descendre sur la plage ce jour-là. C'était une journée off, sous la responsabilité des préparateurs physiques. Cela ne rentrait pas dans ses prérogatives. Il a un problème à une cheville à la suite d'un accident de moto mais il est totalement apte à effectuer son travail ».





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