extrait sud ouest du jour
J
e ne suis pas surpris. Mais
pour ceux qui ne le con-
naissaient pas, voilà Judi-
caël Cancoriet. » Ainsi parlait
Thierry Paiva, le 26 août dans les
travées du stade Raymond-Kopa
d’Angers. Son équipe venait de
battre Lyon (35-14) et son nou-
veau n° 8 y était pour beaucoup.
Alors que Grégory Alldritt, Paul
Boudehent et Levani Botia dispu-
teront le Mondial et que Yoan
Tanga vient de reprendre après
sa blessure au pectoral, le public
maritime découvre un nouvel
atout de poids au sein de sa troi-
sième ligne.
Face au LOU, l’ancien flanker
clermontois a multiplié les char-
ges impressionnantes. Défensi-
vement, il a aussi abattu un tra-
vail conséquent et rassurant
pour ses coéquipiers, dont pas
mal de jeunes. « Pour l’anecdote,
hier (le 25 août, après la déroute
néo-zélandaise face aux Spring-
boks, NDLR), il me disait « fran-
chement, les Sud-Afs sont in-
croyables, j’aimerais jouer sud-
af, moi », rit Paiva. J’ai l’impres-
sion qu’il les a bien copiés… »
Renaissance
Et le pilier gauche de livrer une
des clés de la forme de Cancoriet
(27 ans, 1,94 m, 116 kg), très affûté
dès la reprise des Jaune et Noir :
« Quand il porte le ballon alors
qu’il est dans une forme physi-
que comme ça, il est incroya-
ble. » Cela ne sera pas une décou-
verte pour le public clermontois
de Marcel-Michelin, ce samedi.
L’ancien Massicois était en effet
rapidement devenu l’un des fers
de lance de l’ASM depuis son arri-
vée en Auvergne en 2015, au point
de devenir international (4 sélec-
tions) en 2017-2018. Or, il parta-
geait les difficultés rencontrées
par les Jaunards ces derniers
mois, entre une rare et longue
blessure au pied, des passages en
2e ligne et une frustration visible.
Alors cet été, il s’est préparé
avant son arrivée en Charente-
Maritime. « On m’a fixé un objec-
tif de poids, admet le 3e ligne. Et
puis on s’entraîne bien et fort.
C’est vrai que je me sens bien
dans mes déplacements. Je ne
sais pas quoi dire d’autre à part
ça. » S’il est peu disert quant à son
cas personnel, les autres Roche-
lais le sont moins. « Venir chez le
champion d’Europe est super
stimulant pour lui, il voulait être
au niveau, il l’est… il va apporter
sa pierre à l’édifice, affirme Ro-
main Carmignani, en charge des
avants. Il est capable de garder
une constance et une intensité
sur 80 minutes. Et l’homme est
quelqu’un de très bien, passion-
né par ce sport et ce métier. Je ne
suis pas étonné, je suis plutôt
très content pour l’équipe et le
club d’avoir encore un joueur de
ce niveau. »
« Pas trop dépaysé »
« Il est heureux d’être ici, ça se
voit sur le terrain, sourit Brice Du-
lin. Il connaissait déjà pas mal de
joueurs, on est très heureux
pour lui », ce que confirme Rémi
Talès, l’entraîneur des trois-
quarts : « Ça fait deux matchs
qu’il gagne tous ses duels, il nous
met systématiquement dans
l’avancée, il tient vraiment son
rôle ». « Son attitude est top, il est
très intelligent, pose les bonnes
questions tout le temps et a en-
vie d’aider les autres, aussi, souli-
gne Donnacha Ryan, l’autre
coach des avants. C’est un bon
mélange entre les jeunes et les
plus expérimentés. »
« Entre tous les mecs avec qui
j’ai joué en équipe de France jeu-
nes, « Titi » (Paiva), Quentin (Les-
piaucq), etc., tous les Parisiens
que j’ai croisés, franchement je
ne me sens pas trop dépaysé,
c’est vraiment plus facile pour
moi », dit Judicaël Cancoriet
avant que l’on ne l’interroge sur
ses retrouvailles à venir avec le
Michelin et les Jaunards. « Per-
sonnellement, ce sera impor-
tant mais la priorité, c’est le
groupe », répond-il, avant de
s’ouvrir un peu plus : « C’est sûr
qu’on s’appelle en se disant
qu’on va se revoir plus vite que
prévu. On sera attendu là-bas et
moi, ça me fera bizarre d’aller
dans l’autre vestiaire. Mais une
fois que l’arbitre aura sifflé, il fau-
dra penser au match. »
Il le disputera pour la 3e fois de
suite avec un n° 8 qu’il n’avait
porté que deux fois avec Cler-
mont, en janvier 2022 face à Tou-
louse puis un an plus tard, au
Cap, face aux Stormers. « J’avais
joué 3e ligne centre en jeunes,
mais c’est complètement diffé-
rent. Là, je réapprends les bases
du poste. Après, je suis bien en-
touré, aussi. Il y a pas mal de
mecs pour m’aider, m’épauler. Je
prends beaucoup de plaisir à ce
poste, analyse-t-il. On touche un
peu plus de ballon qu’en flanker
mais dans l’ensemble, c’est qua-
siment le même boulot, à part
quand on doit décrocher, ce
genre de choses. Mais le système
est fait pour me mettre à l’aise, je
me sens bien. » Et à l’en croire, ce
sera encore plus le cas quand le
club aura récupéré l’intégralité
de ses 3e ligne : « Quand on évo-
lue avec des mecs qui jouent à
haut niveau, ça nous pousse à
nous dépasser. J’en ai besoin et
j’en ai envie. » Ça promet…