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Argentina


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Posté 29 septembre 2023 - 20:17

Quand le Che jouait au rugby

 

Bien avant sa vie de révolutionnaire, Ernesto Guevara a pratiqué le rugby, en tant que deuxième centre ou ailier, avant de fonder un magazine sur l'ovalie pendant ses études à Buenos Aires.

Si ce n'est la route qui borde le stade, rien n'a changé. Nulle tribune n'est venue toiser le menu terrain du San Isidro Club (SIC) dans la banlieue de Buenos Aires, en Argentine, depuis l'époque où Ernesto Guevara y jouait, deuxième centre ou ailier, avec le maillot bleu marine, ciel et blanc.

 
 

Le club évoluait alors en Deuxième Division, quand le jeune Ernesto était titulaire en équipe première avec, selon les témoins, plus de volonté que de talent. « Mon oncle, qui a joué avec lui, m'a dit que c'était un joueur honnête mais sans plus, » partage Gonzalo Bonadeo, un journaliste de sport réputé du pays. « Oui, c'était un joueur moyen, confirme Emilio « Gringo » Perasso, ancien coach du SIC, et figure du rugby argentin. J'ai joué avec son frère Roberto, qui était lui un bon joueur. Mais le Che reste l'un de nos joueurs du club les plus connus à travers le monde. Enfin, plus qu'en Argentine. » « Je pense que nos joueurs ne sont même pas au courant qu'il a joué ici, avoue l'un des coachs actuels du SIC, rencontré à l'entraînement un soir d'avril dernier.


Le SIC est né le 14 juillet 1935 d'un sublime acte esthétique de rébellion. Ce jour-là, les jeunes joueurs de l'Athletics Club ont disputé un match l'après-midi et profitent de leur 3e mi-temps. L'un d'eux renverse son déjeuner sur son pantalon. Le maladroit l'enlève et poursuit la soirée en slip. Les dirigeants du club, assez conservateurs, outrés de ce comportement, réprimandent le joueur. Ce qui provoque un mouvement de révolte de ses coéquipiers, qui va se poursuivre jusqu'à une scission.

« Nous ne pouvons jouer pour un club dans lequel on ne peut enlever son pantalon ! », s'exclament les séditieux (on a synthétisé la revendication). Et c'est ainsi que 400 membres de l'Athletics Club (qui existe toujours) sont partis pour fonder le SIC. Aujourd'hui encore, le conseil du club compte 400 membres. Et pour y rentrer il faut attendre le décès de l'un d'entre eux...

 
 
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Une photo des joueurs du San Isidro Club (SIC), prise en 1950, affichée dans le salon du club argentin. (Ignacio Colo/L'Équipe)

Peut-il y avoir plus belle cause de création d'un club ? Cet élan libertaire a certainement plu au jeune Ernesto. « C'est plus pour des raisons géographiques, par rapport à l'endroit où habitait sa famille, qu'il est venu jouer là », tempère Perasso. Le SIC a remporté depuis 23 fois le Championnat d'Argentine et a fourni de nombreux internationaux à l'équipe nationale, dont plusieurs capitaines ou entraîneurs, dont Marcelo Loffreda, le bourreau de l'équipe de France à la Coupe du monde 2007.

Aujourd'hui, le SIC est plus bajadita que Che Gevara

Le SIC fut par ailleurs le club laboratoire de la fameuse technique de mêlée, la bajadita, inventée par Francisco Ocampo, le coach du club en 1970, et qui a tant fasciné Jacques Fouroux, capitaine du XV de France dans les années 70. « Pour nous en Argentine, la mêlée est une religion », assure « Gringo ». D'ailleurs à l'heure de l'entraînement en ce mardi d'avril, les avants se livraient à une longue série de mêlées front contre front. Aucun joug à l'horizon. « Ocampo estimait que pousser contre un joug, ce n'était pas la vie réelle », se souvient Perasso.

« En Argentine, le Che, ça reste juste un dessin sur un t-shirt... »

Gonzalo Bonadeo, un journaliste de sport réputé en Argentine

 
 
 

Dans le merveilleux club house du SIC, avec ses sièges en cuir et ses magnifiques boiseries, on ne discerne aucune trace du Che... Comme en Argentine, serait-on tenté de dire. « Les partis de gauche n'ont jamais recueilli beaucoup de suffrages, explique Bonadeo. Et surtout, ils se sont beaucoup divisés avec le temps, c'est pourquoi en Argentine, le Che, ça reste juste un dessin sur un t-shirt... » Le SIC ne renie pas le Che mais ne le revendique pas non plus. Dans son livre qui célèbre les 75 années du club, il n'y a pas une ligne sur lui.

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Le salon du San Isidro Club (SIC), en avril dernier, où le Che a été joueur de rugby. (Ignacio Colo/L'Équipe)

Pourtant, c'était un vrai passionné de rugby. Il a commencé à jouer près de chez lui, au club d'Estudiantes de Cordoba, en 1942, puis il a intégré le SIC lorsqu'il est venu faire ses études de médecine à Buenos Aires, en 1948. Il jouait malgré un asthme prononcé. « Mon père, qui avait alors une dizaine d'années, courrait au bord du terrain, et quand le Che en avait besoin, il lui donnait un bronchodilatateur pour respirer », raconte Gonzalo Bonadeo.

Du rugby... en cachette

Mais forcément, Guevara se mettait en danger à jouer avec cet asthme. À tel point que son père, Ernesto Guevara Lynch, inquiet pour sa santé, lui a interdit de jouer. Aussi, Ernesto a quitté le SIC, club surveillé par son père, pour rejoindre, sans le lui dire, le club d'Atalya pour continuer à jouer.

Aujourd'hui, il ne reste plus de terrain de rugby à Atalya. Le club se situe dans l'une des banlieues chics de Buenos Aires, les promoteurs immobiliers ont fini par racheter les terrains de rugby. Il ne reste plus qu'un joli terrain de foot et quelques courts de tennis...

Guevara aurait joué plusieurs mois à Antalya dans le dos de son père. Ce dernier n'était toutefois pas complètement hostile à ce jeu. Il a accepté de financer la passion de son fils mais sans avoir à le mettre en danger. C'est ainsi qu'Ernesto Guevara a fondé un magazine de rugby. L'équivalent du Midi Olympique argentin. Avec une équipe de copains, et donc financé par l'architecte paternel, Tackle connaitra 13 numéros, avant de fermer boutique. Les amateurs de rugby en Argentine demeuraient à l'époque une très petite niche.

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La Une d'un numéro de , le magazine de rugby créé par Che Guevara. (Ignacio Colo/L'Équipe)

Il en reste dix numéros sur les treize à la bibliothèque nationale. Ce sont les services de Jose Luis Borges qui ont conservé ces exemplaires, puisque l'écrivain argentin fut le directeur de la bibliothèque nationale.

Des comptes-rendus signés le « Cochon »

Ainsi, aujourd'hui, il est possible de lire un compte-rendu de match d'Ernesto Guevara. Il faut pour cela se rendre dans le quartier de Recoleta, faire une demande et au bout d'un certain temps, un employé de bibliothèque apporte un carton avec les magazines. Dans le premier numéro, du 5 mars 1951, un article intitulé « El Casi impose ses trois-quarts » est signé par le pseudonyme Chang-Cho. Soit le cochon en espagnol, le surnom alors d'Ernesto Guevara.

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Un extrait d'un article signé Chang-Cho, le pseudo d'Ernesto Guevara, . (Ignacio Colo/L'Équipe)

Chang-Cho a signé des articles dans presque tous les numéros de la revue, comme cet autre papier, « Pucara facile »« Son truc, c'était plus la révolution que les titres », sourit Ignacio Colo, notre photographe... Il est vrai qu'après cette expérience rugbystico-éditoriale, le Che a quitté l'Argentine pour accomplir son destin et a mis le cap sur une vieille Norton 500 cm3 vers le nord et le... Chili, qu'affrontera ce samedi l'équipe d'Argentine (15 heures). Jusqu'à la victoire sans doute.

 
 
 

 


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Posté 30 septembre 2023 - 06:12

Comment le rugby argentin a inspiré les autres nations sud-américaines La qualification de trois équipes sud-américaines à la Coupe du monde, pour la première fois, n'est pas un hasard. Avant d'affronter le Chili ce samedi dans un duel inédit à ce niveau, l'Argentine lui a beaucoup tendu la main.

 

À la fin du match, quels que soient le résultat et l'ampleur du score, Argentins et Chiliens feront la fête ensemble ce samedi soir, heureux d'avoir marqué l'histoire, fiers du travail accompli pour en arriver là : qualifier trois pays d'Amérique du Sud, avec l'Uruguay, pour une Coupe du monde. Car si les Pumas, troisièmes de la compétition en 2007, n'ont depuis cessé de se battre pour rester au plus haut niveau, intégrant le Rugby Championship en 2012 aux côtés de l'Australie, de l'Afrique du Sud et de la Nouvelle-Zélande, puis le Super Rugby entre 2016 et 2020 avec la franchise des Jaguares (finaliste de l'épreuve en 2019), ils n'ont jamais oublié leurs voisins, de chaque côté des Andes.

 
 

Après avoir conduit l'Argentine vers une nouvelle demi-finale du Mondial, en 2015, son sélectionneur, Daniel Hourcade, s'est consacré depuis au développement du rugby sud-américain, se basant sur un plan de haute performance appelé Pladar (plan de alto rendimiento) établi en 2009, après sa carrière, par l'ancien capitaine et demi de mêlée des Pumas Agustin Pichot (qui deviendra vice-président de World Rugby, entre 2016 et 2020) et soutenu par Sebastian Piñeyrua à la tête de Sudamerica Rugby, l'instance qui regroupe toutes les fédérations de l'Amérique latine.

« L'Argentine est au centre de tous ces pays, explique Daniel Hourcade, que ce soit géographiquement ou sportivement. Nous avons l'obligation d'aider les autres. La vision à long terme, pour éviter aux autres ce que les Pumas ont vécu - l'exil des joueurs vers l'Europe, les voyages de 184 000 kilomètres par an pour participer au Super Rugby -, était d'élever le niveau de rugby chez nos voisins. Il ne fallait pas être pressé, il a fallu du temps, mais le niveau a progressé partout. »

 
 

Il faut d'abord structurer le rugby argentin jusque-là centré autour de Buenos Aires. Cinq académies voient le jour en 2009, à Rosario, Tucuman, Cordoba et Mendoza en plus de la capitale. Un an plus tard, une équipe de jeunes joueurs professionnels est créée, les Pampas XV, qui vont disputer la Vodacom Cup en Afrique du Sud. Dans les académies, des entraîneurs sont formés, pas seulement argentins mais aussi chiliens, uruguayens, brésiliens...

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Le Chilien Matias Garafulic durant le match perdu par le Chili face aux Samoa (10-43). (S.Ruhaut/Icon Sport)

Pendant ce temps, Pichot et Piñeyrua poussent pour la création de l'America Rugby Championship, sorte de Six Nations du continent américain qui voit le jour en 2016 et regroupe l'Argentine B, le Brésil, le Canada, les États-Unis, le Chili et l'Uruguay. Les Argentins B réussissent le Grand Chelem en 2019, les plus petits pays, eux, progressent doucement. Entre-temps, les Pumas ont tous été rapatriés au pays, ou presque, passant de 0 joueur sous contrat professionnel avec l'UAR en 2009 à 60 en 2016 (*) et instillant dans les esprits de tous les joueurs de la région sud-américaine que oui, dans un futur proche, ce sera peut-être possible de vivre du rugby en restant sur son continent.

* Même si le Covid les a forcés à un nouvel exil depuis 2021.

Les échanges s'accélèrent, trois équipes de clubs uruguayens participent au « Nacional de clubes », le Championnat argentin, et des formations chiliennes devraient bientôt traverser la cordillère pour se joindre à la fête. Surtout, depuis 2020 - même si la première édition a été annulée en raison du Covid -, avec l'aide financière de World Rugby, un autre projet initié par les Sud-Américains voit le jour : la SLAR (Super Liga Americana), appelée aujourd'hui Super Rugby Americas. Elle regroupe sept franchises de joueurs professionnels (même si les salaires n'ont rien à voir avec ceux de l'Europe), dont deux argentines, les Pampas et les Dogos, et une américaine mais surtout quatre autres, au Chili, en Uruguay, au Brésil et au Paraguay qui vont permettre, pour la première fois, à des joueurs jusque-là amateurs de se consacrer au rugby à plein temps.

Les Uruguayens de Penarol ont remporté les deux dernières éditions, les Chiliens de Selknam ont atteint la finale, et chaque confrontation, chaque match joué contre les franchises argentines leur permet d'élever leur niveau. « L'Argentine a toujours été là pour aider tous ces pays, constate Piñeyrua. Jusqu'à maintenant, l'Uruguay et le Chili ont progressé en rencontrant régulièrement leur équipe B (Argentina XV) parce que c'est ce dont ils avaient besoin pour progresser. Mais quand il faudra accélérer, quand ils seront capables de bien figurer à un niveau plus élevé et plus régulièrement, les Pumas seront là comme ils l'ont toujours été. » Ce samedi soir à Nantes, le hasard du tirage au sort a voulu que les Chiliens, qui n'ont jamais remporté une confrontation internationale face à l'Argentine, se retrouvent face aux Pumas plus tôt que ce qu'ils imaginaient. Leur dernière rencontre date de neuf ans, l'occasion de mesurer le chemin parcouru.

 
 


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Posté 30 septembre 2023 - 17:17

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Posté 30 septembre 2023 - 22:13

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Posté 08 octobre 2023 - 07:56

Depuis le Covid, le rugby argentin avance à reculons La crise du Covid a éparpillé les joueurs et oblige le rugby argentin à renouer avec un fonctionnement dont il pensait s'être émancipé.

Le 15 mars 2020, quand l'équipe des Highlanders, venue à Buenos Aires disputer une rencontre de Super Rugby contre les Jaguares, demande l'annulation du match pour rentrer en Nouvelle-Zélande avant la fermeture des frontières, les joueurs de la franchise argentine ne se doutent pas que c'est la fin d'une aventure commencée quatre ans auparavant. « Le Covid a tout fait disparaître », lâche le deuxième-ligne Guido Petti, 28 ans. En quelques semaines, le fonctionnement qu'ils avaient patiemment mis en place est balayé. Le coach de l'équipe, Gonzalo Quesada, est prévenu, puis les joueurs : le Super Rugby ne reprendra pas en 2020, ni en 2021 alors que la fédération argentine (UAR) s'apprêtait à signer un contrat de participation à l'épreuve jusqu'en 2030. « Sans cet argent, explique Quesada, il n'était plus possible de payer la cinquantaine de joueurs professionnels du pays. » « Ils ont conseillé à tous ceux qui avaient des offres de l'étranger de partir, se souvient le capitaine des Jaguares, Jeronimo de la Fuente. Ils étaient incapables de prévoir ce que serait le futur du rugby argentin. »

 
 

Pourtant, en 2016, les dirigeants avaient réussi à rapatrier leurs meilleurs joueurs, à trouver de quoi les payer, Jaguares et Pumas (équipe nationale) ne formant qu'un seul groupe qui vivait et se préparait en Argentine. Les années d'exil semblaient loin, plus besoin de faire comme les anciens, les Pichot, Roncero, Contepomi, Quesada ou Hernandez qui, dans les années 1990, avaient dû partir en Europe pour être compétitifs, le rugby argentin étant complètement amateur. « Mais vers 2007, raconte Agustin Pichot, emblématique capitaine des Pumas à l'époque puis vice-président de World Rugby entre 2016 et 2020, les clubs ont plutôt recruté des Fidjiens, des Géorgiens et des Sud-Africains, moins chers que nous. Ils ont commencé à nous fermer la porte. On avait besoin d'un autre système. »

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Entre 2016 et 2020, les meilleurs joueurs argentins étaient réunis dans l'équipe des Jaguares, présente dans le Super Rugby. (Steve Haag/Steve haag gallo images)

Pour changer cela et être admis dans des compétitions majeures, le Four Nations en 2012, le Super Rugby en 2016, Pichot avait passé son temps, après sa carrière, à harceler les instances, manifestant même sous les fenêtres de l'IRB (l'ancien nom de World Rugby) à Dublin, en 2009, pour réclamer l'intégration de l'Argentine, avec la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud et l'Australie, dans la plus grande compétition de l'hémisphère Sud. « Le matin, j'étais allé dans un club irlandais demander à des joueurs de venir avec moi. Ils avaient enfilé le maillot ciel et blanc et, pendant que je parlais, ils criaient : "Pumas ! Pumas !" On m'a reproché d'avoir fait ça avec un sponsor, qui a diffusé les images. Mais cela aurait servi à quoi que j'y aille seul ? »

 
 

Quelques années plus tard, c'est encore Pichot qui oeuvre dans l'ombre pour qu'une formation argentine soit intégrée dans le Super Rugby, le Championnat des franchises de la puissante Sanzar (les fédérations d'Afrique du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande). Cela change tout. « Bien sûr, les salaires des Jaguares étaient moins importants que dans les clubs européens, explique Petti, mais le calendrier était beaucoup mieux adapté à l'équipe nationale, on avait du temps pour les vacances et la préparation, un meilleur accompagnement au quotidien et on était chez nous. Cela compensait. »

« Les cycles de préparation ne sont plus respectés et cela condamne les Pumas aux vieilles recettes : faire des coups, des exploits »

Gonzalo Quesada

 
 
 

Seul inconvénient du système, hormis les voyages à rallonge (150 000 kilomètres par an) : il n'y a qu'un seul effectif pour les Jaguares et les Pumas et c'est parfois compliqué de se renouveler. En 2019, les entraîneurs trouvent la parade et, pour séparer les deux entités autant que possible, deux staffs bien distincts sont composés, un pour l'équipe de Super Rugby, l'autre pour l'équipe nationale. Ils nomment aussi deux capitaines différents, De la Fuente d'un côté, Pablo Matera de l'autre. Dans l'ensemble, c'est une réussite et, en cinq ans, entre fin 2015 et 2020, l'Argentine bat les meilleures nations du monde : Irlande, France, Australie, Afrique du Sud et Nouvelle-Zélande ; Quant aux Jaguares, ils se hissent en finale du Super Rugby en 2019.

Alors, quand la crise du Covid survient, c'est pire qu'un exode pour le rugby argentin : un retour en arrière. D'abord, il faut faire le deuil. « C'était dur mentalement, se souvient Quesada. On commençait un nouveau cycle, après la Coupe du monde au Japon, on avait vécu des émotions magnifiques au sein des Jaguares. Et puis, il y a eu des mois très difficiles pour ceux qui ont passé plusieurs mois avant de trouver un club. »

Les vieilles problématiques ressurgissent. « Trouver un contrat en Europe, c'est toujours difficile quand on est puma, même si on est parmi les meilleurs, estime Petti. Avec toutes les compétitions (Rugby Championship, tests d'automne), on n'est disponibles pour les clubs qu'une grosse moitié de la saison. »

Surtout, la dynamique est brisée, les résultats s'en ressentent, alternant entre exploits et contre-performances. « On est revenus au système que j'ai connu en tant que joueur, analyse Quesada. Être éparpillés dans l'hémisphère Nord, se retrouver quelques jours avant les tests. D'un côté, c'est génial, ces retrouvailles où chacun apporte son expérience. Mais cela met tellement de limites au groupe, ce calendrier sans coupure ! Quand les joueurs devraient se reposer, c'est l'heure des tests de juin, puis la préparation pour le Rugby Championship et le retour en club. Les cycles de préparation ne sont plus respectés et cela condamne les Pumas aux vieilles recettes : faire des coups, des exploits. »

La méthode n'a pas fonctionné contre l'Angleterre, lors de leur premier match de cette Coupe du monde (défaite 27-10), les obligeant à aborder toutes les rencontres suivantes comme une finale. Ce dimanche après-midi, ils pourraient bien trébucher contre une équipe japonaise qui n'a pourtant rien à voir avec celle d'il y a quatre ans, faisant dire à Guido Petti : « La fin des Jaguares n'est pas tellement grave pour les joueurs, car cela nous oblige à découvrir d'autres cultures, d'autres méthodes, mais pour le rugby argentin dans son ensemble, c'est un vrai coup d'arrêt. »

 
 

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