En dépit de mes sept sauts en parachute dans le civil, sauter dans le vide me fout une trouille noire. C'est peut-être pour ça que, après les épreuves éliminatoires de ma PM Para et la le jour d'aller sauter je me suis pas réveillé. Ejecté dans le matériel, je suis devenu le plusse mauvais soldat de l'armée française. En temps de guerre on me livre comme otage.
Mais pour mon Papounet, décédé l'année dernière c'était une autre musique. Ca commence mal : orphelin à 6 piges, recueilli par les curés sa famille sicilienne étant un brin hostile à un enfant adultérin. Mais les curés sont des éducateurs remarquables et à l'indépendance de la Tunisie il mène une vie de baton de chaise à Paname.
Bouge pas de là bonhomme, l'Algérie t'attend. On se rend moinsse compte aujourd'hui mais pour un fils d'immigré servir dans l'armée française sans autre diplôme que le certif, c'était prestigieux. Bidasse à Tours (? pas sûr) Qui veut devenir officier. Le rêve d'un non-diplômé. Sorti en milieu de classement, train aéroporté.
Direction Pau, la BETAP donc.
Dans sa piaule un camarade, ancien des commandos Vandenberghe lui tend un papier. J'ai été blessé à Dien Bien Phu, les Américains m'ont opéré, ils m'ont donné ça. Mon père chope le papier et un dictionnaire d'anglais. Kidney. Le mec avait un rein en moinsse et il l'ignorait.
Ce type avait compris que pour être breveté il fallait sauter. Il sautait avec les autres puis roulait son parachute sur son bras, allait se placer dans la queue en bord de piste et demandait à monter dans le Dakota. Au sergent-chef largueur qui lui refusait l'accès il jetait un regard, parfois même mettait une baffe et montait dans le zinc son pépin toujours roulé autour du bras, fort du respect qu'on avait pour un sous-off décoré. Puis au "vert" il balançait la toile dans le vent et sautait.
Les épreuves étaient assez coton. Mais j'en ai trop dit des souvenirs paternels. Aux paras du forum de s'exprimer.