"Didier Sanchez m'a appris à aimer la mêlée" : comment Sacha Lotrian est passé de demi de mêlée à pilier
Sacha Lotrian l’a démontré la semaine dernière à La Rochelle, il peut se montrer très solide dans le secteur de la mêlée. Pourtant, le Catalan a commencé le rugby en tant que demi de mêlée.
Sacha Lotrian est déjà rodé au très haut niveau. À tout juste 24 ans, peu de joueurs peuvent se targuer d’afficher autant de matchs professionnels à leur compteur. Le Catalan de naissance a en effet déjà participé à 112 rencontres (dont 70 en Top 14) depuis ses grands débuts en octobre 2019 sous le maillot de l’USAP. Des matchs qu’il a tous disputés au poste de pilier gauche.
Pourtant, Sacha Lotrian n’a pas toujours eu le numéro 1 floqué dans le dos. Lorsqu’il a commencé le rugby dans le club de Millas, petite ville située à une quinzaine de kilomètres de Perpignan, le Néoclermontois n’était pas destiné à pousser en mêlée. Lui se trouvait plutôt derrière.
« C’est vrai que j’ai débuté en tant que demi de mêlée, se souvient Sacha Lotrian. Quand tu es dans les catégories de jeunes, il n’y a pas trop de poste donc je me suis mis là. En plus, je ne possédais pas la carrure que j’ai maintenant. Je faisais partie des plus petits de l’équipe. Ce n’est que plus tard que j’ai pris du poids avec les plats préparés par ma maman. Et j’ai connu la musculation aussi. Cela a d’ailleurs été une histoire d’amour (rires). »
La morphologie du jeune Sacha change donc subitement en Crabos. Il glisse tout d’abord au poste de troisième ligne centre puis au talon et enfin à la gauche de la première ligne.
Avec l’expertise de Didier Sanchez
Pas évident à première vue de se jeter au combat. Mais grâce à l’expertise de Didier Sanchez, connu et reconnu comme l’un des grands spécialistes français de la mêlée et par ailleurs ancien pilier de l’ASM (*), le joueur encore en formation va se prendre au jeu. Aux côtés du coordinateur des premières lignes de l’USAP, Sacha Lotrian va progresser très vite.
« Comme j’ai pris du poids assez rapidement, je ne pouvais plus suivre en demi de mêlée. Les choses se sont donc faites assez naturellement. La mêlée, j’ai accroché direct. Didier Sanchez me l’a enseignée et m’a appris à l’aimer. Aimer c’est facile, mais aimer aussi fort, c’est très différent. Il m’a donné toutes les recettes pour aller encore plus loin. » Et quand on lui demande quels rudiments Didier Sanchez lui a inculqué, le gaucher tape en touche. « C’est secret ça. Les piliers cela fonctionne un peu comme une secte », se marre Sacha Lotrian. En tout cas, les conseils du gourou catalan se sont montrés efficaces. Le gaucher s’est montré notamment très performant à La Rochelle avec pourtant face à lui un axe droit XXL composé de Uini Atonio et de Will Skelton.
Capable d'enchaîner les tâches
« Le point fort de Sacha cela reste la mêlée, concède Christophe Urios. Même s’il doit encore progresser. Il peut être rapidement en difficulté si un joueur lui pose problème. Mais c’est vrai que l’axe gauche a été très bon face à La Rochelle. »
L’entraîneur clermontois apprécie également sa faculté à enchaîner les taches et notamment concernant les soutiens offensifs. Une activité sonnant comme une résurgence de son passé de demi de mêlée?? Sacha Lotrian préfère rester modeste. « Maintenant, un pilier moderne doit jouer comme un troisième ligne. Et en tant que pilier, je ne pense pas être le plus mauvais ni le meilleur au niveau des passes. » Qu’il se rassure, ce n’est pas là qu’il sera avant tout scruté ce samedi soir face à Montpellier.
(*) Il a joué à l’ASM de 1978 à 1980.
Arnaud Clergue (28/12/24)