
JO 2024
#376
Posté 01 août 2024 - 21:14
#377
Posté 01 août 2024 - 21:37
Ah... merci j'avais cru.Je pars juste de la déclaration de Hidalgo que tu cites , je ne t’attribue aucun propos.
T’es nouveau sur ce forum ⁉️
Nouveau, moins que le Beaujolais.
#378
Posté 01 août 2024 - 21:50
Pendant que la France se passionne pour les JO, BFM s'interroge sur la propreté de la Seine et Cnews sur la céne...
...
#379
Posté 01 août 2024 - 21:55
Pour vivre à Paris, je ne crois pas du tout à l'idée que ce serait pérenne du fait du tabou, pourtant bien réel, du comportement d'une partie de la population. On peut faire des plans d'assainissement, de grandes théories ou de beaux investissements, tant qu'on aura des abrutis qui y jetteront mégots, déchets, voire trottinettes ou vélos, l'eau ne sera jamais propre...
CQFD
#380
Posté 01 août 2024 - 22:09
« En 2006, je pèse 120 kg pour 1,83 m, j'ai 40 ans. Teddy fait 2,04 m et à peu près le même poids. J'ai un junior de 17 ans en face de moi, ça se passe bien. À Rio, Teddy est à 126 kg, je pense retrouver le même mec et je prends une rouste. En quinze minutes de baston, il m'a tordu. Je me suis dit que j'étais devenu un vieux croûton, sourit encore aujourd'hui Buonomo. Quand j'ai vu la journée qu'il a faite en les dézinguant tous, j'ai réalisé que j'avais un phénomène devant moi ! Cela m'a un peu consolé .»
Pour succéder au palmarès à David Douillet, dernier Français paré d'or mondial en lourds (+95 kg en 1997), Teddy Riner a en effet livré une journée majuscule à Rio, se payant notamment le scalp du jeune Japonais Kosei Inoue, pas encore l'icône qu'il deviendra au pays du soleil levant. Le Biélorusse Yuri Rybak en demies et le Russe Tamerlan Tmenov en finale ne résisteront pas à sa vitesse d'exécution ni à son explosivité servies par des appuis de ballerine. Tout ceci lui confère un judo de léger dans un corps de géant.
« Il a à la fois la maturité pour éviter de se polluer la vie avant une compétition tout en gardant sa capacité d'analyse pendant »
David Douillet, au sujet de Teddy Riner
Un phénomène naît aux yeux du monde. Adoubé par Douillet, présent à Rio : « C'est comme s'il avait été conçu pour ce sport. Il est ce sport. Il est fort, ne fait aucun complexe vis-à-vis des Japonais ou des autres adversaires. Il a une manière étonnante d'aborder les choses vu son âge, ce n'est pas de l'insouciance. Il a à la fois la maturité pour éviter de se polluer la vie avant une compétition tout en gardant sa capacité d'analyse pendant. Tous ces éléments lui permettent de bien travailler, de conserver une humilité. C'est parfait ».
Spontané comme le gamin qu'il est encore, le Guadeloupéen confie rêver de s'acheter une Porsche pour fêter ça et qu'importe s'il n'a pas encore le permis ! Le protocole achevé, Teddy « Winner » saute dans les bras de Buonomo et lui lance : « Je vais avoir mon cadre à l'INSEP ! » Une tradition initiée par le manager général en 2000 après un stage avec les juniors français à l'université nippone de Tokai où tout champion du monde et olympique a son portrait accroché au mur. Cela lui est venu quand il s'est aperçu que ses ouailles ne reconnaissaient quasiment aucun des cadors japonais.

Ainsi lancée à Rio en 2007, la fusée Riner doit pleinement décoller aux JO à Pékin en 2008, particuliers pour le judo français encore traumatisé par le désastre de 2004 à Athènes où ce traditionnel grand pourvoyeur de médailles n'en a décroché qu'une, en argent, par Frédérique Jossinet (-48 kg). « Teddy a certainement ressenti ça. En plus, il passe le dernier jour et pouvait être le sauveur », rappelle Buonomo. Quand le novice français se présente sur le tatami ce vendredi 15 août 2008, la France n'a toujours pas touché d'or, seulement de l'argent, par Lucie Décosse (-63 kg) et Benjamin Darbelet (-66 kg).
« Teddy est champion du monde, à 18 ans. Mais les Jeux ce n'est pas la même compétition. Teddy découvre. Il est arrivé bridé. Au premier combat, il bat le Tunisien (Anis Chedly) mais sur décision », se souvient Franck Chambily, entraîneur national et qui connaît Riner depuis ses années cadets.
À Pékin, c'est lui qui est sur la chaise de coach. En quarts de finale, le Français affronte Abdullo Tangriev, de huit ans son aîné. « L'Ouzbek avait de l'expérience, Teddy se fait un peu piéger sur l'arbitrage. Ç'a été formateur : il a voulu gérer, en garder sous le pied. C'est frustrant car le combat est à sa main. Il l'a repris un an après et lui a mis deux waza-ari, n'a pas oublié Chambily. Je mets ça sur le compte de l'inexpérience. C'était ses premiers Jeux... »
Le jeune homme a un tempérament de champion. Après avoir accusé le coup, il se ressaisit pour s'infuser deux tours de repêchages (victoire face à l'Allemand Andreas Tölzer et le Brésilien Joao Schlittler) avant le combat pour le bronze, remporté devant le Géorgien Lasha Gujejiani, double médaillé mondial. « Teddy avait pris un coup au moral, on l'avait laissé un peu tranquille et après c'était reparti. Le Géorgien est un sacré morceau. C'était la finale des Europe (2007), Teddy le chope au sol et voilà ! », déroule encore Chambily. Avec sa spontanéité d'alors, Riner imagera son état d'esprit avant ce combat pour le bronze : « Je me suis dit : ''pose les couilles sur le tapis !'' »
Devant sa télé, Alain Perriot apprécie : « Teddy était un minot dans la cour des grands, il n'avait rien à perdre. Il n'a pas lâché pour aller chercher la médaille de bronze. En tant que petit prof de quartier c'était une étape supplémentaire d'un de mes élèves ». Ce passionné a été le premier professeur de Riner, au club de Bolivar dans le XIXe arrondissement de Paris où le futur géant a déboulé à six ans à peine. « Teddy n'avait pas les deux pieds dans le même sabot, il bougeait bien », se souvient Perriot qui l'a eu jusqu'à ses 15 ans. Âge où Riner a vraiment opté pour le judo.
« Avec son frère Moïse Jr, ils avaient passé des tests de foot et de basket à Levallois. Les mecs ont vu arriver ces deux avions. Avant une séance, j'ai pris Teddy entre quatre yeux. Je lui ai dit : ''Quoi que tu choisisses, tu vas pouvoir faire quelque chose en sport'', confie Alain Perriot. Après la séance, il m'a dit : ''C'est le judo''. Il ne voulait pas dépendre d'une équipe pour gagner. Le côté collectif lui est venu bien plus tard. Car si lui se donne à 150 % et le reste de l'équipe à 20 % ça va le gonfler. »
Dans les tribunes à Pékin, Moïse Riner, son père, est partagé entre deux sentiments : « C'était ses premiers Jeux, il a débarqué, on n'était pas préparés. Il était tout seul, on ne savait pas s'il fallait crier pour l'encourager, comment le supporter. Jamais il n'aurait dû perdre. Quand votre enfant fait les Jeux vous êtes déjà très contents, vous vous laissez envahir par ça. Après, on a compris le Graal des JO, le besoin d'être soutenu. »
Monsieur Riner a suivi son fils cadet depuis ses débuts et n'a raté aucune compétition majeure. Protecteur mais pas envahissant. « Pékin, c'était nouveau pour Teddy, on savait qu'il allait devenir un monument mais il avait 19 ans, découvrait tout. Il fallait digérer un premier titre mondial quelques mois plus tôt. Il est arrivé à Pékin avec une forme de pression qu'il ne connaissait pas. Quand tu es jeune insouciant, tu es fort. Teddy l'était. Donc, il a appris à ses dépens », estime Buonomo.
« Je me souviens lui avoir dit : ''Félicitations, tu es débarrassé de la médaille olympique, la prochaine fois concentre-toi sur l'or'' »
Stéphane Traineau, ancien patron du judo français, après la médaille de bronze de Riner à Pékin en 2008
Les lourds évoluant le dernier jour des JO, la délégation française s'offre une virée en ville. Teddy Riner en est mais dans l'établissement nocturne, certains se souviennent l'avoir vu, un soda à la main, limite boudeur, à ruminer de ne pas avoir poursuivi son ascension dorée, entamée un an plus tôt. Seize ans plus tard, le tamis du temps ayant fait son oeuvre, le palmarès devenu unique, l'intéressé en garde un souvenir heureux : « J'étais à la fête, comme un enfant. J'avais 19 ans, j'étais encore junior, j'étais content. Surtout que sur trois médailles possibles chez les seniors, j'en ai gagné deux en or. Hyper content, on a fait la fête, tous les soirs on sortait ».
Même s'il admet s'être vu plus haut sur le podium : « Forcément, mais quand on est junior et que dans la saison on gagne Championnats d'Europe, Championnats du monde et qu'on fait troisièmes aux JO, forcément on est content. Alors j'étais content. »
Ancien patron du judo français, qui avait fait entrer le futur cador à l'INSEP en 2004, Stéphane Traineau se souvient : « À Pékin, je l'avais croisé au club France. Il était un peu déçu mais après content car il a vite réalisé que le meilleur allait suivre. Il n'était pas encore complètement prêt dans l'approche avec l'étiquette de favori. Teddy venait d'être champion du monde, avec un switch de génération chez les lourds. Il arrivait comme une bombe en surprenant tout le monde. Il ne s'attendait pas à être champion du monde à 17 ans. À 18 ans, être favori ne l'a pas servi même si vu ce qu'il a fait derrière... » Et l'actuel boss du judo kazakh d'ajouter : « Son judo n'était pas encore totalement construit, un peu fouillis mais un podium pour ses premiers Jeux, c'était déjà fantastique. Je me souviens lui avoir dit : ''Félicitations, tu es débarrassé de la médaille olympique, la prochaine fois concentre-toi sur l'or''. »
Traineau mesure d'autant plus le poids de ses mots qu'il s'était raté en 1992 à Barcelone (non classé en - 95 kg) pour ses premiers JO (3e en 1996 et 2000) alors qu'il était champion du monde en titre. Barcelone 1992 sont aussi les premiers Jeux de David Douillet (23 ans alors) qui devra se contenter du bronze (en +95 kg), comme Riner seize ans après. En 1996 à Atlanta et en 2000 à Sydney, pour son baisser de rideau, l'aîné a été sacré champion olympique.
À Pékin en 2008, Teddy Riner l'ignore encore mais il suivra les traces de son illustre prédécesseur. Dès les JO suivants, à Londres en 2012, où il s'adjugera son premier or en +100 kg devant Alexandre Mikhaïline. Le Russe a eu un avant-goût de la tornade Riner, dans la foulée de Pékin : le Français l'a dominé en décembre 2008 à Levallois, en finale des Mondiaux toutes catégories.
« Après 2008, Teddy a monté son niveau, synthétise Franck Chambily, entraîneur historique de Riner, depuis ses années juniors. En 2012, il est au taquet, ses adversaires un ton en dessous. Il avait de la marge, à part sur (Alexander) Mikhaïline mais en finale des Jeux, on n'est pas là pour faire le spectacle. À Londres, Teddy a de la marge sur tout le monde et on le voit. »
Une marge certes, une vigilance aussi, car Riner n'a pas oublié son revers en finale des Mondiaux toutes catégories le 13 septembre 2010 face au Japonais Daïki Kamikawa (sur une décision arbitrale discutée). Et forcément celle face à l'Ouzbek Abdullo Tangriev, en quarts de finale de ses premiers Jeux, à Pékin en 2008 (3e en + 100 kg). « Ces défaites m'ont en partie construit. Vous savez, je suis une éponge. Je réfléchis, j'analyse énormément. Et je retiens très bien les leçons » rappellera-t-il après son triomphe londonien.
À Londres, en 2012, Chambily ne se trouve pas sur la chaise de coach comme à Pékin. Intronisé responsable du secteur masculin, en 2009, Benoît Campargue s'est accordé ce privilège pour être au plus près d'un athlète qu'il a connu junior. Encore pleinement dans le giron fédéral et ne disposant pas encore d'un staff totalement dédié comme aujourd'hui, Riner ne pèse pas encore du même poids décisionnaire. La délégation française se débrouille pour que Chambily ait une accréditation pour accéder à la salle d'échauffement : « Teddy était très puissant ; à chaque fois qu'il marquait, il mettait des gros pions, avec un gros impact. Londres, c'est la période où il est le plus efficace, techniquement. » Campargue, lui, retient de cette journée : « Teddy était monté en puissance à chaque tour. En finale, Mikhaïline c'était le danger absolu, l'expérience, la tactique. Teddy a fait ce qu'il fallait sans prendre de risque insensé. »
« J'étais dans ma montée, mon apothéose, je m'en souviens comme si c'était hier. C'était cool, une première médaille d'or olympique, ça ne s'oublie pas.
Teddy Riner sur sa médaille d'or à Londres
« Teddy est en contrôle, il savait ce qu'étaient les Jeux, se savait attendu, appuie Stéphane Traineau, présent en tribunes. La finale n'est pas belle, il ne voulait pas faire d'erreur. » Le champion a retenu la leçon du quart de finale chinois, quatre ans plus tôt. Qui plus est, à Londres, il est face à l'expérimenté russe, Mikhaïline, triple champion du monde mais que le Français a dominé pour le titre planétaire en toutes catégories en décembre 2008 à Levallois, à seulement 19 ans.
« J'étais dans ma montée, mon apothéose, je m'en souviens comme si c'était hier, rembobine Riner. On avait beaucoup préparé avec Christian (Chaumont alors son entraîneur de club à Levallois). Même si en finale j'avais voulu marquer ippon, ce n'est pas très grave. Il ne fallait pas prendre plus de risque. C'était cool, une première médaille d'or olympique, ça ne s'oublie pas. »

Comme il n'a pas oublié les chaussures dorées enfilées par Campargue, quelques instants avant sa victoire. Certains y verront un côté mégalo, lui un clin d'oeil. « Je voulais en acheter pour Teddy mais il n'y avait pas de 50, se targue encore aujourd'hui Campargue, parti de l'univers du judo dans la foulée. Après les Jeux, je lui en ai offert, sur mesure. C'est vraiment de l'or ! »
Dans l'euphorie de la victoire, Teddy Riner claque la bise sur un de ces pieds ainsi étonnement chaussés. « Un geste spontané de Teddy, une belle reconnaissance, jauge l'ex-coach. « Je me souviens bien ! Il avait confiance en son poulain ! » confie Riner, aujourd'hui, dans un éclat de rire. « On ne peut pas oublier son premier titre olympique, je me souviens de chaque instant, de la musique que j'écoutais en boucle - Drake, Shot for me -, de comment j'étais dans la tête. Autant il y a des titres dont je me souviens vaguement, autant 2012 je m'en souviens bien. »
Alain Perriot était en tribunes avec le clan Riner. « La finale à couteaux tirés contre le Russe qui court après Teddy dans les dernières secondes, se remémore le premier professeur de Riner au club de Bolivar. Et Teddy exulte. Je suis comme un fou. La soirée au club France après, pour un petit prof de quartier, c'était génial. »
« Dans une bonne séance, je tombe soixante fois, c'est comme si tu te faisais plaquer soixante fois par Chabal
Nico Kanning, ancien sparring-partner de Riner
« Je l'ai mis dans le groupe des plus grands même s'il avait à peine six ans, il était déjà plus balèze que les autres, rappelle avec délice Perriot. Et au taquet, il voulait déjà me faire tomber. » Il aura le phénomène jusqu'à ses quinze ans. Quatre ans plus tard, le Guadeloupéen vivra ses premiers Jeux, décrochera sa première médaille olympique, en bronze. Avant la consécration suprême à Londres en 2012.
Avec ce premier titre olympique, Riner bascule dans une autre dimension, sportive, médiatique, économique. « Il a atteint le Graal, jauge Stéphane Traineau. On se disait ''c'est bon, il va en avoir marre'' mais il continue à gagner ! Une vie incroyable, sollicitations, célébrité, argent, c'est génial mais il faut gérer. C'est la période où il devient mature pas qu'en tant qu'athlète, en tant qu'homme aussi »
Cette consécration ne fait que réhausser l'exigence de Riner, l'idée d'une structure d'entraînement totalement dédiée (coach, kiné, préparateur physique...) grandit encore. Même si depuis la rentrée 2010, il a décidé de ne plus s'entraîner exclusivement à l'INSEP mais de partager son temps avec Christian Chaumont, son coach de club depuis 2009 à Levallois. C'est lui qui a eu l'idée de recruter un sparring-partner exclusif, en la personne de Nico Kanning (1,84m, 120 kg).
« Dans une bonne séance, je tombe soixante fois, c'est comme si tu te faisais plaquer soixante fois par Chabal » image le natif de Berlin, compagnon d'entraînement de Riner pendant dix ans. Ce solide gaillard est évidemment présent le 21 février 2014 pour la première séance technique de Riner, cinq mois après son opération de l'épaule gauche. « Je veux que tu sois majestueux » lâche Chaumont à Riner. « Majestueux, c'est bien, ça me plaît ! » rétorque le champion, rassuré après cette heure de reprise, « C'était vraiment bénéfique. Le goût du judo est en train de revenir, je suis content. » Lui qui, deux mois plus tôt, s'inquiétait de peiner à soulever 15 kilos au développé-couché. « Tu crois que je vais récupérer un jour ? » avait-il demandé à Jean Fashipour, légendaire kiné des Bleus du judo.

Mais Riner est une bête de compétition. Rarement rassasié, encore moins quand il en a été privé d'août 2013 à avril 2014, où il signe son retour par un quatrième sacre continental, avant d'en claquer un septième planétaire en août 2014 en Russie. Il a alors retrouvé l'agilité et la mobilité un temps perdus à cause de son épaule et autres pépins. « J'entame les deux ans qui me séparent des prochains JO avec un corps d'athlète, prévient-il depuis la Russie, en septuple roi du monde à seulement 25 ans. L'or de Rio, je ne veux pas le laisser aux autres. »
Cet ogre affamé se présente ainsi aux JO de 2016 riche de trois titres mondiaux supplémentaires depuis Londres 2012 (2013, 2014, 2015). Rio, la ville de son premier grand succès mondial (en 2007 à 18 ans), où il revient en patron, et non plus en jeune prometteur, lui qui est désormais père d'un garçon, Eden, d'alors presque deux ans et demi. Fort de 124 combats sans défaite, il est bien décidé à asseoir sa suprématie. Et ne s'en cache pas. « Teddy disait ''je vais aux JO pour gagner'', livre son paternel, Moïse, un tantinet inquiet. Il fallait calmer les choses. Je disais à son attachée de presse de ne pas le laisser dire ça. Si ça ne passe pas, on dira qu'il n'a que de la gueule. » En papa protecteur toujours, chez qui le souvenir de Pékin 2008 (défaite en quarts de finale) demeure bien présent. « Teddy l'a fait, salue aujourd'hui Moïse Riner, comme encore bluffé. C'est encore plus fort pour un parent. Ça signifie qu'il est sûr du travail effectué. C'est très fort. »
À Rio, Teddy Riner est porte-drapeau de la délégation française. Une fierté, une pression aussi qui plus est pour le tenant du titre des + 100 kg. Mais, comme David Douillet en 2000 à Sydney, il n'est pas victime de la malédiction du porte-drapeau et glane un second sacre d'affilée, comme son aîné seize ans plus tôt. En dominant, lui aussi, un Japonais, Hisayoshi Harasawa.
Ce 12 août 2016, le Guadeloupéen égale Douillet, double champion olympique des lourds, en 1996 et 2000. « Teddy a été extrêmement stratège, intelligent et donc brillant, salue alors Douillet. Le grand public ne s'est peut-être pas régalé, mais il faut se rendre compte qu'il a empêché le Japonais de construire. C'est sublime pour un spécialiste. C'était les JO, il fallait gagner avec la tête, il l'a fait. »
Avec ce sacre, Riner devient le poids lourd le plus titré devant son compatriote, mais aussi devant l'icône japonaise Yasuhiro Yamashita (quadruple champion du monde des lourds, champion olympique en 1984 en toutes catégories, invaincu entre 1977 et 1985).
« Je suis très fier, confie alors le colosse. C'est énormément d'attente, cette olympiade n'a pas été facile. C'est un superbe couronnement, mais je ne me compare pas à mes prédécesseurs. C'est mon accomplissement, mon bonheur personnel. » Son invincibilité s'étirera près de dix ans et 154 combats sans défaite, entre septembre 2010 et février 2020 (revers à Paris-Bercy face au Japonais Kokoro Kageura).
« Etre porte-drapeau, co-président du comité de candidature Paris 2024 et défendre mon titre : il y avait beaucoup de pression et beaucoup de fatigue pendant ces Jeux
Teddy Riner, sur les JO de Rio en 2016.
« En 2016, Teddy a encore de la marge mais elle s'est réduite, ses adversaires sont un peu plus forts, analyse Chambilly, avec huit ans de recul. Il gagne à l'expérience, avec son intelligence dans la manière de mener ses combats. » L'intéressé ressent le besoin de faire « un gros break » comme il le rappelle aujourd'hui. « Etre porte-drapeau, co-président du comité de candidature Paris 2024 et défendre mon titre : il y avait beaucoup de pression et beaucoup de fatigue pendant ces Jeux. Finalement, on a réussi à faire quelque chose de top mais ce n'était pas évident. »
Il s'écoulera près d'un an entre son second sacre olympique, le 12 août 2016 à Rio, et sa reprise en compétition à Budapest, le 2 septembre 2017, où ce phénomène raflera un neuvième titre mondial. Sur l'élan, il porte à dix son total astronomique, avec un sacre en toutes catégories, le 12 novembre 2017 à Marrakech. À 28 ans, le Français a tout gagné, plusieurs fois. Il ressent le besoin de souffler. Sa pause durera un an avant de retrouver l'énergie d'écrire encore davantage sa légende.
La veille, lors d'un point presse au club France, on l'avait questionné sur cette possibilité. « Je n'ai pas encore reçu le coup de fil fatidique », avait-il répondu avec ce petit sourire malicieux, le signe chez lui qu'il va bien. « L'excitation est là, j'ai hâte d'y être. Je me sens bien. J'ai envie. Ça commence à démanger », confiait-il d'ailleurs, mi-juillet, au CREPS de Montpellier. Il y affichait alors une bonne humeur non feinte, une impatience aussi à moins d'un mois de ses cinquièmes JO d'affilée.
Et Paris 2024 ne sera pas forcément son terminus olympique. « J'ai pris du plaisir durant cette olympiade, tellement que je ne l'ai pas vue passer. Aujourd'hui, je me vois faire les Jeux de 2028 », dit-il encore. Ce n'est pas la première fois que le Guadeloupéen (35 ans) le dit. Mais, cette fois, il semble vraiment convaincu d'étirer une carrière déjà XXL, entamée en 2007 par un doublé doré continental et planétaire en + 100 kg, à 18 ans à peine alors qu'il était encore junior.
Le Riner de cet après-midi de juillet héraultais n'a rien à voir avec celui du Grand Chelem à Antalya, le 29 mars. Bien que victorieux, en dominant en finale le Japonais Tatsuru Saito, qu'il pourrait retrouver en finale à l'Arena du Champ-de-Mars aujourd'hui, le Français lâche : « L'envie n'y était pas du tout. » Avant d'ajouter : « Voilà, j'espère qu'ils sont contents... »
Un tacle envers son staff qui l'a fortement incité à faire le voyage en Turquie alors que son credo sur cette olympiade est « menu à la carte, au feeling ». L'idée pour le staff est d'engranger de précieux points afin d'être tête de série aux JO. Intégrer le top 8 épargne un tirage au sort trop conséquent jusqu'en quarts de finale. Riner ne l'était pas à Tokyo en 2021 : il avait pris pleine poire Tamerlan Bashaev et s'était incliné à ce stade face au Russe, numéro 1 mondial.
Échec d'autant plus marquant qu'il a privé le Français d'un triplé doré en individuel dont il rêvait pour ainsi rejoindre le Japonais Tadahiro Nomura (1er en -60 kg en 1996, 2000, 2004), toujours le seul à y être parvenu. « C'est dur de perdre comme ça, bien sûr, rembobine Riner, trois ans après. Il fallait comprendre pourquoi mais tu as très peu de temps pour te remobiliser et aller chercher cette médaille de bronze. »
Décalés d'un an pour cause de pandémie, les JO à Tokyo ont étiré une olympiade déjà longue pour le Français, qui, après son second titre olympique consécutif en + 100 kg à Rio en 2016, avait ressenti le besoin de faire une pause. Près d'un an s'était écoulé avant sa reprise en compétition, le 2 septembre 2017 à Budapest, où ce phénomène a raflé un neuvième titre mondial en lourds.
Dans son élan, il porte à dix son total astronomique, avec un sacre en toutes catégories, le 12 novembre 2017 à Marrakech. Et ensuite rideau ! « Ce n'était pas du tout calculé, c'est juste qu'à un certain moment quand on a tout gagné, on se pose et on se dit : qu'est-ce que je vais faire ? Je me suis dit : je vais prendre un break, histoire de retrouver mes idées, de me dire "est-ce que j'ai encore envie ? Qu'est-ce que j'ai envie de réaliser ?" Ça m'a démangé, donc j'ai enquillé sur Tokyo. »

Tokyo 2021, où il se présente sans aucun titre majeur depuis 2017, disette unique depuis son premier sacre, continental dix ans plus tôt alors qu'il est encore junior. Avant Tokyo, sa préparation a été perturbée par une blessure au genou gauche (déchirure du ligament croisé) qu'il a cachée. La bête blessée est allée chercher du réconfort auprès de son père Moïse, revenu vivre en Guadeloupe, leur île d'origine. « Avec la blessure qu'il avait, il n'aurait jamais dû faire les JO, pense encore aujourd'hui Monsieur Riner. C'est une preuve de courage, de force de caractère. Ça ne mérite pas ça, ta santé, ta personne vaut plus que tous ces sacrifices. Lui était déterminé à aller aux Jeux. Mais la somme d'énergie mentale pour y aller... »
« Ça fait du bien de se sentir chez soi, de pouvoir se transcender, de se servir de cette pression, car celui qui dit qu'il n'y en a pas est un menteur ou alors il ne sait pas ce que c'est, les Jeux »
Teddy Riner
Franck Chambily, entraîneur du champion depuis ses années juniors, sur la chaise de coach à Tokyo, appuie : « Peut-être que cela a joué, manque de repères, de compétition. Contre Bashaev, il tente un truc, il peut le tenter mais à la fin, quand le Russe est détruit. » L'ancien poids léger assure « avoir revu 150 fois ce combat et même encore aujourd'hui, ça me fait mal car Teddy l'a en main ». Il mime l'action : « Teddy fait son espèce de sutemi (mouvement de sacrifice) inversé qu'il n'a pas besoin de faire. Malheureusement sa main grippe dans le dos, lâche, il perd un peu l'équilibre et l'autre s'engouffre à fond dans le déséquilibre. Il va juste dans l'action mais pas dans le contrôle, c'est sévère. »
Mais ça prive Riner d'un triplé. Ce champion hors norme se remobilisera pour décrocher un nouveau bronze (après l'initial de 2008) avant de finir le lendemain sur une note dorée lors de l'épreuve par équipes mixtes face au Japon, pays inventeur du judo. « On repart avec deux médailles, c'est ce qui fait que ces Jeux à Tokyo sont aussi gravés dans la tête », confie Riner, trois ans après.

Des JO de Tokyo sous Covid, à huis clos, sans public, sans les proches, contraints de suivre les Jeux à la télé. Un paramètre essentiel. « Physiquement, psychologiquement, c'est épuisant, confie Luthna, la compagne de Riner, le 30 juillet 2021, dans un bistrot parisien où la famille s'est réunie pour vivre la fin de journée du colosse. Tous les athlètes ne sont pas bien. Le quotidien était angoissant. Les JO sans public, sans famille, les athlètes sont isolés... »
Le début, et la défaite contre Bashaev, Luthna l'a vécu dans l'intimité du foyer : « On criait devant la télé mais Teddy ne pouvait pas nous entendre. J'ai ressenti plus que jamais l'importance qu'on soit avec lui. » Elle explique à Eden, leur fils alors âgé de 7 ans : « Papa n'aura pas une troisième médaille d'or (individuelle) mais il en a une quatrième olympique et ce n'est pas facile... » Ysis, pas encore trois ans, vient se coller à sa maman qui, elle, reçoit l'accolade de Moïse Riner. « Oh la douleur », lâche-t-elle. « Il ne rentre pas les mains vides », tente d'adoucir le paternel. À ce bronze en individuel s'ajoutera donc l'or par équipes mixtes. Cela porte le décompte personnel de Riner à cinq breloques en quatre Jeux. « Champagne ! À la vie, à l'amour, à Teddy », lance Luthna à l'assistance. L'esprit déjà tourné vers Paris 2024.
Aujourd'hui, ce champion hors norme sera soutenu par les siens mais aussi un public déjà conquis. L'ambiance promet d'être plus folle encore qu'à Londres en 2012. L'intéressé s'en souvient avec délice : « C'était n'importe quoi dans le stade, le public n'était que pour moi, j'avais limite honte vis-à-vis des adversaires. Mais ça fait du bien de se sentir chez soi, de pouvoir se transcender, de se servir de cette pression, car celui qui dit qu'il n'y en a pas est un menteur ou alors il ne sait pas ce que c'est, les Jeux. Parce que de la pression il y en a mais il faut s'en servir pour aller chercher son meilleur judo et le meilleur de soi ! »
Cet ogre n'aspire qu'à l'or. Tout autre résultat serait-il décevant ? « Bien sûr, je serais déçu, ne pas briller, ne pas réussir, à la maison, aux Jeux, à Paris », assure-t-il. « Mais la chance que j'ai, c'est que j'ai connu ça, j'ai les bagages pleins d'or », souligne le propriétaire de onze titres mondiaux en lourds, « ça voudrait dire qu'il est temps pour moi de raccrocher mais l'envie d'aller chercher encore une médaille d'or, c'est ce qui m'anime. C'est pour ça que je vis ».
Cette soif de victoire viscérale l'a incité à suivre son instinct de champion, quitte à prendre des décisions radicales. Ce n'est pas dans les habitudes de Riner d'exprimer sa lassitude ouvertement comme il l'a fait fin mars à Antalya. Dans la foulée, il a appelé Christian Chaumont (56 ans), son entraîneur à Levallois, à partir de 2009 et jusqu'à ce que le secteur haut niveau du club francilien ne périclite dans la foulée des JO 2016. Le géant avait rebondi au PSG, qui avait recréé une section judo afin de le recruter, en septembre 2017. « Christian est la personne qui depuis 2009 a mis en place mon schéma technico-tactique, rappelle Riner. On a retrouvé une façon de travailler, heureusement que j'ai eu cette petite folie qui fait partie de l'expérience quand on sait ce qui nous manque et quelle personne peut nous apporter. »

Outre une variété à chaque séance, saupoudrée d'une dimension ludique indispensable pour le compétiteur que demeure Riner, Chaumont est aussi réputé pour sa science du kumi-kata (prise de garde). De 2016 à 2020, il a été DTN de la Fédération marocaine. Il s'était ensuite éloigné du judo et gère depuis un riad de luxe à Marrakech, la ville où Riner a établi sa famille pendant la pandémie. En avril, les deux hommes se sont retrouvés dans cet établissement. « Teddy ne m'a pas donné de précision sur quoi travailler, raconte Christian Chaumont. Après, il sait que je vais faire le boulot. Il m'a dit : "Amène-moi là." Là, c'est aux JO. Chez Teddy, ça explique tout, tu n'as pas besoin d'aller dans le détail. »
« Christian apporte de la variété, du judo, de la fraîcheur. Un peu de renouveau, ça ne fait pas de mal. J'avais besoin d'un peu de fraîcheur dans le staff, en concertation avec Franck (Chambily), c'était le bon moment », explique Riner, le 9 juin à Madrid, après sa victoire à cet Open du circuit secondaire, qui relève davantage de l'entraînement grandeur nature.
L'idée est de prendre des repères sportifs mais aussi avec Chaumont désormais sur la chaise de coach à la place de l'historique Chambily. Lequel met son ego de côté, alors que ce choix peut sonner comme un désaveu, après vingt ans de collaboration : « L'expérience me faire dire que peut-être, il faut ça, pour aller chercher le petit truc en plus. Ça matche avec Christian, je ne veux pas qu'il y ait de regrets. Peut-être que dans le message, on était un peu à bout de souffle. Teddy me l'a exprimé aussi. »
Aujourd'hui, Chambily sera dans les tribunes. Il a déjà vécu ça aux JO en 2012. Benoît Campargue, alors patron de l'équipe de France masculine, s'était accordé le privilège de coacher la star qu'il avait connue junior. Il avait pris toute la lumière au soir du premier sacre olympique. « Très honnêtement la lumière, ce n'est pas quelque chose qui m'attire, confie Chambily. À Paris, ma lumière sera intérieure. Je pourrai dire : "Teddy, je l'ai eu pendant vingt ans, voilà le parcours..." » Il s'était interrogé après Tokyo : « Je voulais arrêter, puis j'ai réfléchi : "Les JO à Paris avec Teddy, la boucle est bouclée." Et puis, on avait un concept un peu différent, je savais que Teddy s'entraînerait moins en France, un nouveau challenge. »
Aller chercher à l'étranger une adversité supérieure et plus dense n'est pas nouveau. Mais enchaîner les stages au Brésil, Japon, Kazakhstan et Mongolie l'a été sur cette olympiade. « Avant, on ne partait que deux, trois fois maximum, jauge Riner. Là, ça n'a été que des stages, on est allés chercher la diversité technique et l'opposition physique. Ça a changé beaucoup de choses, le fait peut-être d'avoir réinventé ma façon de m'entraîner. »
S'il n'est plus l'entraîneur numéro 1, Chambily est toujours dans le staff dédié au champion. Outre sa connaissance des adversaires, il continue de trouver des partenaires d'entraînement, notamment lors des stages à Marrakech, le camp de base de Riner désormais. « J'ai tout fait pour ne rien laisser de côté. Quoi qu'il arrive je n'aurai aucun regret », estime le colosse. Cette journée peut l'installer plus haut encore dans sa légende.
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#381
Posté 01 août 2024 - 22:51
Pendant que la France se passionne pour les JO, BFM s'interroge sur la propreté de la Seine et Cnews sur la céne...
...
La scène principale n'est pas la même pour tous... Est-ce que ces chaînes d'informations sont saines ?
#382
Posté 02 août 2024 - 05:21
Qu'est ce qu'on a eu comme médaille aujourd'hui?
1 argent avec Ttitouan Castryck (Kayak) !
#383
Posté 02 août 2024 - 06:04
Depuis mercredi, le bénévole perché sur sa chaise de surveillant de baignade, au milieu de la foule qui afflue au sein de l'Arena Paris Sud, n'indique plus « le tennis de table » dans son mégaphone. Il lui suffit de dire « Félix, c'est par là ». Et la foule de scander le prénom de l'ado de 17 ans qui a fait sortir le ping de l'ombre en France, et même au-delà. On est une heure avant son quart de finale face au Taïwanais Lin Yun-ju...
« Pour le moment je joue mon meilleur ping à chaque fois que c'est serré »
Félix Lebrun
À l'intérieur, le public n'a pas eu besoin d'échauffement pour lui réserver un accueil de rock star, alors qu'il ne reste plus qu'une table sur le plateau de jeu. Ni de temps mort pour l'encourager, alors que la rencontre a duré plus d'une heure (56 minutes de jeu effectif). Comme la veille, en huitièmes face à l'Allemand Dimitrij Ovtcharov, Félix Lebrun s'est montré généreux en rebondissements, un peu moins avec les nerfs des 7 000 spectateurs présents, et certainement de millions d'autres à travers un écran. « J'étais plutôt à l'arrache et lui était dominant dans les échanges, aller chercher cette victoire est énorme pour moi », résume-t-il.
Trois fois, il a mené, et trois fois, son adversaire l'a rejoint. Jusqu'à cette belle magistrale, menée en mode rouleau compresseur (7-0, 10-3), comme la veille. « Le stress monte, ça me permet aussi d'être à plus de 100 % de ma concentration, et pour le moment je joue mon meilleur ping à chaque fois que c'est serré. Le bon départ dans cette belle m'aide à prendre le dessus mentalement, parce qu'il dominait depuis deux-trois sets. »

Sur le banc, Nathanaël Molin a sorti « le jeu de poker face ». Concentré. « Pour ne pas manquer les moments clés, j'essaie de mettre de côté mes émotions », explique le coach, banane retrouvée au moment de raconter la victoire de son plus jeune poulain. Et ses moments de tension. « Je lui ai mis une petite soufflante, je ne sais plus à quel moment, je trouvais qu'il avait un peu trop râlé. "Râler", c'est juste avoir une attitude un peu... (il baisse la tête, bras ballants) quand il loupe un coup, à souffler. Une fois je veux bien, quatre fois non. Il a dit "OK d'accord", et il est reparti. »
« Félix a retourné le match d'une manière fantastique. En tant que spectateur, j'ai pris énormément de plaisir »
Alexis Lebrun, frère aîné de Félix
Dans les tribunes, son frère Alexis chante et danse. « Je me suis pris au jeu, se marre l'aîné, larmes de la veille, après son élimination au tour précédent, séchées. J'ai senti Félix dominé plusieurs fois, il était dans le dur, et c'est là qu'il m'a impressionné. Il a retourné le match d'une manière fantastique. En tant que spectateur, j'ai pris énormément de plaisir. » Une fois, ils ont échangé un regard. « À un moment où j'ai loupé une balle facile, confirme Félix. C'est incroyable de jouer ici en général, je me sens soutenu, ça me permet, sur ces deux derniers matches, d'aller chercher le supplément d'âme. »
Et de compléter l'histoire. Jamais, depuis Jean-Philippe Gatien, argenté à Barcelone en 1992, un pongiste français n'avait dépassé le stade des huitièmes de finale. Et la France du ping, sevrée de médaille olympique depuis Sydney, en 2000, et le bronze de Gatien et Patrick Chila en double, se prend à rêver plus fort. « J'avais dit, avant les Jeux, que j'espérais qu'ils nous effacent des tablettes », assure Chila, aujourd'hui coach du double mixte. « On vit un grand moment de l'histoire de notre sport, estime Gatien. Chaque période, chaque champion a ses spécificités, et je ne veux pas polluer Félix avec du Gatien, mais je prends la référence de manière factuelle, parce que c'est vrai, ça fait longtemps que ça n'est pas arrivé, et je m'en réjouis. On aura des choses à se raconter dans quelques semaines. »

Mesure-t-on le poids de l'histoire, quand on a 17 ans ? « Honnêtement, pas trop, reconnaît le jeune blond à lunettes. Mais je sais que ça fait longtemps qu'on n'a pas eu de gros résultats aux JO, et si je ne suis pas encore à la médaille, c'est déjà une grande fierté d'être en demies. » Félix Lebrun a désormais deux occasions (avec la finale ou le match pour le bronze) de décrocher la médaille qui ornait son cou sur un dessin qu'il avait réalisé, à 6 ans. Pour viser l'or, le métal dont il rêvait déjà, il faudra passer, vendredi, la muraille Fan Zhendong, qui a montré quelques fissures mercredi.
#384
Posté 02 août 2024 - 06:48
Excellent article sur le florilège des excuses fournies par les athlètes convaincus de dopage...
EPO, hormones de croissance, testostérone, anabolisants, corticoïdes, il y en a pour tous les goûts. Pris la main dans le sac, les athlètes se sont souvent cherché des excuses. Vraies ou fausses, qu'importe : voici un florilège des plus ébouriffantes.
Le nombre de substances permettant le dopage sont légions… et les athlètes doivent fournir des explications quand des anomalies dans les prélèvements faits lors des contrôles antidopage apparaissent, s'ils espèrent pouvoir s'en tirer. Certains des argumentaires avancés peuvent alors avoir quelque chose de surprenant. Ainsi de la raison alléguée par les autorités chinoises au moment de blanchir deux de leurs nageurs – dont l'un est présent aux Jeux olympiques – contrôlés positifs aux stéroïdes en 2022 : ils auraient consommé des hamburgers contaminés.
Que les arguments utilisés par les mis en cause soient valides ou pas, ils permettent en tout cas de découvrir l'autre vie des athlètes - ou leur imagination débordante… Sexe, famille, bouffe, tout est bon : c'est sûr, non non, ce n'est pas du dopage !
C’est hot !C'est chaud dans les chambres des dieux du stade. Épouses, rencontres d'un jour, les ébats dopent apparemment les sportifs. Si du moins on les croit.
La palme de la justification indélicate revient en 1996 au coureur de fond espagnol Daniel Plaza. Médaillé d'argent lors des 20 km d'Atlanta et contrôlé positif à la nandrolone, un stéroïde que l'homme ne sécrète pas mais que l'on retrouve chez les femmes pendant leur grossesse, il explique qu'il a été contaminé en faisant des cunnilingus à sa femme enceinte… La justification sera reprise en 2007 par le footballeur Marco Boriello qui expliquera que, si des traces de cortisone ont été trouvées les prélèvements, c'est que sa sa femme, victime d'une infection vaginale, a utilisé une crème qui en contient.
Le sprinteur américain Dennis Mitchell avoue, lui, en 1998 que le taux de testostérone trop élevé présent dans son sang est le fruit d'une nuit torride passée avec sa femme. Il aurait remis quatre fois le couvert la nuit avant le contrôle antidopage. « C'était son anniversaire, elle méritait bien de telles faveurs », s'est-il justifié. Choupinou…
Les justifications en 2009 du tennisman Richard Gasquet n'atteignent pas de telles sommets de romantisme. Contrôle positif à la cocaïne, il affirme ne pas avoir touché à la poudre. S'il est positif, c'est à la suite des baisers langoureux échangés avec une inconnue rencontrée dans une boîte de nuit : c'est elle qui avait pris des substances. Et un grand pharmacologue commandité par l'équipe Lagardère l'affirme : c'est possible !
Affaires de familleSe défausser de sa faute sur un membre de sa famille est aussi pratique courante. Je vous jure, ce n'est pas moi, c'est mon frère, ma mère, ma belle-mère… Famille, je vous hais, sauf si ça m'arrange !
Le mieux est quand même de faire porter le chapeau… à un mort. C'est ce que choisi de faire en 2004 le coureur cycliste américain Tyler Hamilton, accusé d'avoir eu recours à une transfusion sanguine. Pour justifier la présence dans son sang de deux types de populations de globules rouges, cas rarissime lié à la gémellité, il arguera du fait que ces cellules « étrangères » proviennent… de son frère jumeau mort avant la naissance.
Ah, les belles-mères ! Autant les sacrifier, c'est plus simple ! En 2022, la compagne du cycliste lituanien Raimondas Rumsas est interpellée en voiture près du tunnel du Mont-Blanc en direction de l’Italie où le couple réside : dans le coffre, EPO, hormones de croissance, testostérone, anabolisants, corticoïdes. Le coureur l’affirme à la Gazetta dello Sport : « Ces médicaments étaient pour ma belle-mère ». Elle a dû alors en décrocher, des records, belle-maman !
Testée positive au létrozole, l'Italienne Sara Errani explique, elle, que sa mère, atteinte d'un cancer du sein, prend du Femara, médicament qui en contient. Or, celle-ci en aurait fait tomber une pilule quand elle préparait un plat de tortellini, plat dont la tenniswoman s'est délectée la veille du contrôle antidopage. Si on ne peut plus faire confiance aux plats de la mama (qui va bien actuellement) !
MalbouffeManger de la viande rouge, oui, mais de la viande de qualité ! C'est ce que ne cesse de répéter dans nos colonnes Périco Légasse – mais il faut croire que les athlètes ne lisent pas assez Marianne. Mal leur en prend, car ils ne cessent d'être accusés de dopage alors qu'ils ne font que se bâfrer d'un bon steack, les malheureux !
Première victime, le tennisman tchèque Petr Korda, testé positif à la nandrolone en 1998. Dopé ? Non… Lui, son truc, c'est la barbaque. Il adore les steaks, il pourrait manger un bœuf ! C'est ça, l'explication : trop de viande rouge. Malheureusement pour lui, l'enquête qui sera faite montrera que ce n'est pas un bœuf qu'il lui aurait fallu manger pour atteindre un tel taux de nandrolone, mais plus de quarante, par jour, et pendant vingt ans.
Les deux autres « victimes » ont, elles, le malheur de ne pas manger de la bonne viande de France, élevée au champs, sans anabolisants ou autres substances déconseillées. Ainsi du malheureux cycliste Alberto Cantador dans le sang duquel du clenbutérol a été détecté en 2010. Fidèle à sa patrie, il a mangé la veille du contrôle un steak importé d'Espagne. Et le bœuf dont a été tiré le steak était « dopé » par son éleveur afin d'augmenter sa masse maigre. C'est du moins ce qu'il dit. La même année, c'est le pongiste allemand Dimitrij Ovtcharov qui est testé positif au clenbutérol. Cette fois, ce sont les Chinois qui sont mis sur la sellette : lors d'un tournoi dans l'Empire du milieu, il a lui aussi mangé un steak de bœuf dopé. Pas de chance !
Corps de rêveTout est bon pour se trouver des justifications quand on se fait pincer. Leurs corps vont rêver dans les chaumières, mais eux n'en sont pas satisfaits. Alors comme le font les midinettes, ils prennent petits cachets et pommades, poudres et pilules. Puis, malheur, on les croit dopés...
Pour le rugbyman japonais Ryohei Yamanaka en 2011, la coupable de ses analyses bien étranges? Une pommade qu'il utilisait pour mieux faire pousser sa moustache. Pour le footballeur brésilien Romário de Souza Faria, un traitement utilisé contre la calvitie.
Mais ce n'est pas tant avec leurs poils et cheveux que certains athlètes ont des problèmes à régler, mais avec… leur pénis. C'est qu'on peut avoir les muscles du David de Michel-Ange et son tout petit attribut. C'est du moins ce que l'on peut penser quand on écoute les explications de deux athlètes.
Ainsi, en 2010, le coureur américain LaShawn Merritt est suspendu à titre provisoire après avoir été contrôlé positif à trois reprises en 2009 et 2010 à la DHEA, un stéroïde anabolisant. Il explique alors via son avocat avoir utilisé un produit dans le but d'agrandir la taille de son pénis. « Quelle que soit la sanction qu'on m'inflige, elle ne sera rien en comparaison de l'humiliation et de l'embarras que je ressens aujourd'hui », déclare-t-il alors.
Même explication fournie par le basketteur américain Roburt Sallie qui aurait pris lui aussi des pilules censées agrandir le sexe masculin. Mais lui arguera du fait qu'il voulait booster son potentiel sexuel et que cette médication n'était aucunement liée à un problème de taille de la chose. On a sa dignité !
Vraiment pas de chance…Quoi qu'il en soit, la médaille d'or de la justification la plus abracadabrantesque revient à une Française ! En 2012, l'athlète Fatima Yvelain est contrôlée positive à l'EPO après un semi-marathon à Perpignan.
Que dire ? Que des fortes pluies s'étaient abattues sur la ville, que de l'eau contaminée par les déchets hospitaliers d'un établissement bordant le parcours de la course ruisselait, que des projections d'eau ont alors imbibé les sous-vêtements de la coureuse et atteint ses organes génitaux ? Oui. Et voilà, Madame la Marquise, pourquoi votre fille est positive à l'EPO !
#385
Posté 02 août 2024 - 07:32
- Pottok aime ceci
#386
Posté 02 août 2024 - 10:18
#387
Posté 02 août 2024 - 10:34
#388
Posté 02 août 2024 - 10:35
Dur de se ressaisir pour le bronze après un retour sur terre pareil.
#389
Posté 02 août 2024 - 10:53
Il n'a déjà pas de déception à gérer. Il a reconnu que l'autre était bien plus fort. L'envie est intacte à mon avis.Cette branlée !
Dur de se ressaisir pour le bronze après un retour sur terre pareil.
#390
Posté 02 août 2024 - 11:11
- Jesus Hans Hubert Vorme, Vynce et Silhouette aiment ceci
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