
Les esprits taquins diront que tout cela a été fomenté pour que l'Irlande remporte enfin son tout premier match de phase finale en Coupe du monde. Le lobbying et le machiavélisme ont tout de même leur limite. Si le législateur a décidé d'introduire pour la première fois des huitièmes de finale, à compter de l'édition 2027, ce n'est pas pour ajouter une porte de saloon au milieu d'une compétition qui n'en manque pas.
C'est au contraire dans l'idée de rendre le terrain plus accidentogène que World Rugby a voulu un Mondial (1er octobre-13 novembre 2027 en Australie) encore plus mondialisé, avec 24 équipes au lieu du traditionnel cheptel de vingt depuis 1999 (16 équipes lors des éditions 1987, 1991 et 1995), tout en élargissant le nombre de matches à élimination directe, ceux qui, parfois, ont le don de faire dérailler ces trains qui arrivent éternellement à l'heure.

Le 3 décembre, le tirage au sort dévoilera la toute nouvelle arborescence de la Coupe du monde. Avec six poules de quatre au lieu de quatre poules de six, ce qui signifie que les six premières nations au classement mondial publié fin novembre, à l'issue de la tournée d'automne, seront regroupées dans le premier chapeau. Ceci devrait mettre fin à la situation de 2023 (déjà observée auparavant), avec la France et la Nouvelle-Zélande dans une même poule, et l'Irlande et l'Afrique du Sud dans une autre.
Dans cette configuration nouvelle, les deux premiers de chaque poule poursuivront l'aventure, en compagnie des quatre meilleurs troisièmes. Les équipes ayant terminé en tête des poules A, B, C et D croiseront en huitièmes de finale ces quatre meilleurs troisièmes tandis que les « vainqueurs » des poules E et F affronteront les deuxièmes des poules B et D. Enfin, les deuxièmes des poules A et C feront face aux deuxièmes des poules E et F. C'est un peu barbare à lire, mais il faut retenir que certaines premières places de poules seront a priori plus protectrices que d'autres.
Exercice de pure fiction : dès les huitièmes, la France, première de sa poule, pourrait croiser l'Australie ou l'Écosse, deuxièmes de la leur. Conscient de cette inégalité de traitement, World Rugby a prévu une forme de compensation : les premiers de poules devant battre le fer avec des deuxièmes en huitièmes de finale ne pourront pas croiser de premiers en quarts de finale.
Plus d'équipes sur la ligne de départ (52 rencontres au lieu de 48), plus de matches secs, voilà comment World Rugby espère rajouter du craquant et du croustillant aux premières semaines d'un tournoi légèrement longuet. Jusqu'ici, en dix éditions, les secousses sismiques furent rares. On se souvient de l'Angleterre de 2015 éjectée de sa Coupe du monde dès la phase de poules, on se rappelle les Samoans (1991, 1995), les Japonais (2019) ou les Fidjiens (2023) s'incrustant en quarts. Mais par essence, le Mondial de rugby reste un monde qui produit peu d'accidents.
Au moment du tirage au sort, pour la première fois, toutes les équipes qualifiées seront connues. Le Chili vient de subtiliser aux Samoa le 23e ticket, mais les hommes d'Apia auront une dernière chance, en novembre au tournoi de Dubaï, où ils retrouveront notamment la Namibie. Un de ces deux pays sera par conséquent absent de la première Coupe du monde à 24 : la voilà, la première surprise de l'édition 2027.