ASM Clermont : pourquoi Axel Guillaud et Joris Jurand pourraient enchaîner dans les semaines à venir
Au-delà du festival offensif face à Montauban (84-31), le public clermontois a assisté, samedi, aux débuts prometteurs d'Axel Guillaud et au retour à la compétition de Joris Jurand. Deux éléments qui pourraient avoir l’opportunité d’enchaîner.
Le stade n’attendait finalement plus que ça. Le succès étant déjà quasi acté depuis la 5e minute et le bonus offensif en poche depuis la demi-heure de jeu, il ne manquait plus qu’une petite note sucrée pour clore ce festin gargantuesque. Alors quand Axel Guillaud a pointé le 11e des 12 essais auvergnats dans l’en-but montalbanais, le public du Michelin n’a pas vrombi tout à fait de la même manière que lors des autres réalisations, tout heureux qu’il était de voir ce gamin de 19 ans marquer pour son premier match de Top 14.
Mais le jeune arrière ne s’est pas simplement contenté de débloquer son compteur à la 74e minute. Avant cela, il s’était mis en évidence en se montrant souverain dans les airs et déterminé dans ses relances. « Je l’ai trouvé fort sur les bases, notamment sous les ballons hauts où on savait qu’il serait testé. Il a été très autoritaire, mais je ne suis pas tellement surpris », appréciait Christophe Urios en conférence de presse.
Axel Guillaud a également montré beaucoup de justesse en zone de marque où, à deux reprises, il a parfaitement fixé le dernier défenseur pour envoyer sous les poteaux son ailier, et visiblement premier fan, Joris Jurand.
« C’est un gamin pétri de talent, il est incroyable. Il a une façon de se relâcher… Le gars apprend vendredi qu’il va débuter, je ne l’ai pas senti stressé. Quand je me souviens de comment j’étais pour mon premier match à Béziers… Il est facile, il joue, il prend les intervalles, il accélère, il fait deux passes décisives et marque un essai… C’est l’homme du match pour moi ! »
« J’ai changé de vision avec le rugby »
À sa manière, Joris Jurand, aura aussi été l’un des grands bonhommes de cet après-midi record (*). D’abord, parce qu’il a été le seul à inscrire un doublé dans cette partie à 16 essais. Mais surtout parce qu’il effectuait son grand retour à la compétition après 10 mois et 4 jours passés loin des terrains en raison d’une rupture du tendon d’Achille survenue face à Castres en novembre 2024.
(*) Jamais, dans l’histoire du Top 14, un tableau d’affichage avait indiqué un total de 115 points (84+31).
La première de ses réalisations a d’ailleurs été une véritable délivrance. « Mentalement, ça m’a libéré. À ce moment-là, j’ai pensé à tous les moments où ça a été dur, où je n’étais pas bien, où mes proches ont été là pour moi, se livrait, après-coup, l’ailier de bientôt 30 ans. J’ai changé de vision avec le rugby, je ne me prends plus la tête comme je pouvais le faire. Je vais essayer de le faire jusqu’à la fin de ma carrière. Je sais là où je veux aller : j’ai envie de marquer des essais, de bien jouer, de gagner des matchs, de vivre des phases finales de Top 14. Ça passera par des performances. Celle d’aujourd’hui (samedi, ndlr) n’était pas assez aboutie, notamment en défense. »
Il est vrai que Joris Jurand a parfois semblé souffrir de la puissance de son vis-à-vis, Josua Vici. Il n’a d’ailleurs réussi qu’un seul des trois plaquages qu’il a eu à effectuer. Mais après plus de 10 mois loin de la rugosité des contacts d’un match officiel, on peut aisément le pardonner. « Il devenait impatient depuis plusieurs semaines. Mais je ne voulais pas le faire reprendre au Racing, à cause du synthétique, expliquait Christophe Urios. Mais avec Sacha Lotrian (lui aussi de retour à la compétition après plus de 8 mois d’absence, ndlr), ils vont amener de la fraîcheur au groupe. Avec ce qu’ils ont vécu, ils ont faim. »
Surtout, Joris Jurand, comme Axel Guillaud, semble arriver à point nommé. Car la ligne de trois-quarts se décime un peu plus semaine après semaine. La sortie d’Alivereti Raka, touché aux ischios face à Montauban, vient ainsi allonger une liste de blessés déjà composée de George Moala (biceps), Alivereti Loaloa (genou), Lucas Tauzin (adducteurs), Pierre Fouyssac (tendon d’Achille), Yérim Fall (pied) et Kylan Hamdaoui (cuisse). Ce ne serait donc pas étonnant de les voir enchaîner ces prochaines semaines alors que le staff pourra aussi compter sur le retour de sélection de Bautista Delguy.