« On n'en a rien à foutre de ce que vous dites... » Thomas Ceyte n'a visiblement pas sa langue dans sa poche et on a pu en témoigner dans l'exiguë salle de conférence de presse du Michelin. Quelques minutes après la belle victoire contre Toulon (27-10) samedi soir, le deuxième ligne avait un message à faire passer et il a mis plusieurs couches dans son intervention derrière les micros.
En résumé : « certains journalistes ont dit qu'on avait fait le plus mauvais début de Championnat de l'histoire de l'ASM. On n'est pas sur la même page, vous et nous. Mais ce qu'on va faire, c'est qu'on va vous prouver qu'on travaille bien dans notre coin. (...) Tout le monde dit qu'on gagne contre les petites équipes et ce (samedi) soir, on s'est mis au niveau d'un cador. »
Avant ce match contre Toulon, Clermont avait un peu la pression, après un début de saison plombé par une défaite à domicile contre Toulouse en ouverture (24-34) et des déplacements infructueux à La Rochelle (34-16) et au Racing (43-31). Il y avait bien eu les festivals contre Pau (50-27) et Montauban (84-31), mais il était question d'« un match référence », dixit Ceyte, au moment d'accueillir le RCT. Ce fut notamment le cas en défense, avec seulement dix points encaissés, contre 33,8 en moyenne sur les cinq premiers matches.
Et c'est aussi devant que les Clermontois ont fait la différence sur les cinquante premières minutes très solides, avec un Ceyte en leader de combat. Le soir de sa sixième titularisation de la saison, en autant de rencontres - ce qui dit beaucoup du statut que l'ancien Bayonnais a pris à Clermont - le numéro 5 a sorti un gros match, à l'image de son équipe, jusqu'à ce coup de mou de la 50e, symbolisé dans sa prestation par un carton jaune (55e).
Avant ça, Ceyte s'est démené, comme en témoignent certaines stats de son match : six contacts où il avance, 23 m gagnés, 8 passes, dont 4 offloads, 10 contacts gagnés, 11 soutiens offensifs, 13 plaquages réussis pour un seul manqué, 3 ballons pris et 2 ballons volés en touche. Son franchissement à la demi-heure de jeu est notamment à l'origine du premier essai d'Alex Newsome (30e).
« C'est notre papa du paquet d'avants, saluait son manager Christophe Urios. Il embrasse ce rôle parfaitement, il donne confiance, on a beaucoup de jeunes devant, notamment en première ligne et avec Rob (Simmons, l'autre deuxième ligne), il apporte de l'expérience, avec cette assurance dans le combat. Ce (samedi) soir, il a encore été très très bon sur les jeux autour des rucks. Il est très important dans notre équipe. » Il a aussi ce côté « chauffeur de stade », comme il le dit lui-même, à tenter de créer cette connexion avec le public, qui a adopté le gaillard très rapidement.
Arrivé de Bayonne à l'été 2024, le deuxième-ligne, âgé de 34 ans, a déjà 35 matches à son actif à l'ASM, où il semble avoir trouvé une deuxième jeunesse et chaussure à son (grand) pied. « J'ai eu un peu de mal en début de saison avec la prépa, mais ça va mieux là, en souriait-il. De toute façon, il y a pas mal de blessés en deuxième ligne donc je suis obligé d'enchaîner. Mais j'ai de bonnes sensations et je me sens très bien dans cette équipe. J'ai essayé de faire jouer après contact, et j'étais souvent bien placé au bon moment. En termes de récup, je connais un peu plus mon corps donc je fais un peu plus attention à pleins de petits détails dans la semaine. » Il devrait désormais enchaîner à Bayonne, son ancien club, samedi prochain, avec le même appétit.