Pourquoi le succès de l'ASM Clermont à Montpellier est avant tout une victoire stratégique ?
Pour décrocher sa première victoire de la saison à l’extérieur (7-9), ce samedi, l’ASM Clermont a pris Montpellier à son propre jeu en remportant la bataille de la dépossession. Analyse.
Par Vincent Balmisse (La Montagne)
Publié le 03 novembre 2025 à 06h05
Il y a parfois un décalage entre ce que l’on voit et ce que disent les chiffres. Après ce Montpellier-ASM, on aurait juré que Clermont avait passé la majorité de la partie dans le camp des Héraultais avec le ballon sous le bras. Pourtant, ce n’est pas ce que racontent les statistiques de ce match avec un taux d’occupation à peine à l’avantage des Auvergnats (53 %) et même une possession de balle légèrement en faveur du MHR (51 %).
Mais tout de même ! Cette impression visuelle ne sort pas de nulle part. Et quand on y regarde de plus près, les chiffres daignent finalement nous éclairer. En effet, lorsqu’ils étaient en possession du ballon, les partenaires de Baptiste Jauneau n’ont passé que 26 % du temps dans leur propre moitié de terrain. Une statistique qui grimpe à 49 % pour les Cistes ! Ce samedi, Clermont a tout simplement gagné une bataille : celle de la dépossession. Un domaine où Montpellier excellait depuis le début de la saison à domicile.
Un plan suivi à la lettre
« On avait un plan très, très précis, presque réducteur, avoue Christophe Urios. On savait que c’était une équipe qui s’exposait très peu », avec la volonté de dominer physiquement ses adversaires, en ne jouant à la main qu’en zone de marque à la suite de jeux au pied. « Pour nous, c’était important de rivaliser là-dessus. On avait mis en place une organisation où on voulait les mettre sous pression par notre jeu au pied, poursuit le manager clermontois. Après, défensivement, ce qui était important, c’était de dominer la ligne d’avantage. » Un plan suivi à la lettre par ses hommes.
Car l’ASM a su forcer sa nature pour prendre le MHR à son propre jeu. Comme Montpellier, elle a frappé à 36 reprises dans la balle. Avant cette rencontre, lors des huit premières journées, elle n’avait utilisé que 26 fois le jeu au pied en moyenne par match. Mais encore fallait-il que ce « box kicking » soit bien réalisé et utilisé à bon escient.
Et de ce côté-là, il y a de quoi être satisfait. Tant par la qualité des nombreuses chandelles montées par Harry Plummer et ses partenaires que par la pression mise à la réception. « On a eu des montées défensives, à la suite de nos jeux au pied, qui ont été remarquables, apprécie Christophe Urios. On a gagné le travail sans ballon, chose qu’on n’arrivait pas à faire avant. Pour s'imposer à l’extérieur, il faut être capable de travailler plus que l’adversaire. C’est le minimum. »
Comme souvent, un homme s’est particulièrement distingué dans les airs : Bautista Delguy. L’ailier argentin a été un véritable poison pour ses adversaires qu’il a dominés et harcelés tout au long de la partie. « C’était presque un match taillé pour lui, sourit Christophe Urios. Il a encore été déterminant dans la bataille aérienne. D’ailleurs, à chaque jeu au pied, on le faisait changer d’aile parce que Joris (Jurand) n’a pas cette qualité. On voulait qu’il mette une pression permanente. »
Le chiffre : 7
Face au MHR, l’ASM n’a concédé que sept pénalités (son meilleur bilan avec la réception de Castres). Son extrême discipline - elle n’avait concédé que deux pénalités jusqu’à la 69e minute (les deux en première mi-temps) - a été déterminante pour garder Montpellier loin de son camp.
Dans ces conditions, et alors qu’il a été écrasé dans le défi physique et les collisions, le MHR n’est finalement jamais parvenu à renverser la vapeur, et ce, alors que l’ASM n’arrivait pas à traduire au score sa domination.
« Tu fais mal à la tête d’une équipe quand tu la prends sur ses points forts. Eux, c’était la ligne d’avantage et le jeu au pied. Ce soir (samedi, ndlr), on les a dominés dans ces secteurs. […] Je ne sais pas si on les a étouffés, mais d’habitude, ce sont eux qui étouffent les autres. »
(C. Urios)
Si tout n’a pas été parfait, loin de là - avec un manque de réalisme qui a bien failli donner un vilain mal de têtes aux Clermontois pour leurs vacances - l’ASM est rentrée de Montpellier avec l’idée que voyager, c’est peut-être aussi s’adapter. Elle n’a par exemple presque jamais eu recours au ballon porté, « SON » point fort. « On sait que toutes les équipes veulent nous crever sur les mauls. Donc, on en parle beaucoup… », rigole Christophe Urios qui a clairement remporté la bataille stratégique face à Joan Caudullo, ce samedi.
Le plus dur, maintenant, sera de confirmer. Cela tombe bien, les trois prochains déplacements de l’ASM en championnat (Lyon, Perpignan, Montauban) semblent à sa portée pour ramener des points nécessaires à la bataille pour les phases finales.
NB :
En s’imposant ce samedi à Montpellier (7-9), les joueurs de l’ASM ont pu honorer comme ils le souhaitaient le départ de Folau Fainga’a. Le talonneur, qui s'envolera pour l’Australie ce lundi matin, était du voyage dans l’Hérault pour faire une dernière fois la fête avec ses partenaires qui l’ont porté en héros au moment des célébrations.
Ces derniers partent également en vacances l’esprit léger (sauf Montagne, Jauneau, Kremer, Delguy et Ala’alatoa, convoqués avec leurs équipes nationales) à l’issue de ce premier bloc. Ils ont désormais rendez-vous à l’entraînement le mercredi 12 novembre pour préparer le déplacement au LOU, le samedi 22 novembre à 14 h 30.