Posted 16 June 2015 - 06:23 AM
L'équipe du jour :
JULIEN BONNAIRE, LE TROISIÈME-LIGNE INTERNATIONAL DE L'ASM, NE COMPREND PAS POURQUOI IL A ÉTÉ ÉCARTÉ DU GROUPE LORS DE LA PHASE FINALE.
C'ÉTAIT le 25 mai à Montpellier à l'occasion de la dernière journée de la saison régulière de TopM.Ce jour-là Clermont allait s'imposer (29-17) et s'assurer une place directe en demi-finale. Julien Bonnaire (36 ans, 75 sélections, qui jouera à Lyon la saison prochaine) ne savait pas, en cédant sa place à Alexandre Lapandry, qu'il venait de disputer son dernier match pour les Jaunards, après huit saisons au club. En effet, Franck Azéma, l'entraîneur a décidé de se passer de son troisième-ligne pour la demifinale victorieuse contre Toulouse (18-14) puis lors de la finale perdue contre le Stade Français (12-6) samedi. Bonnaire n'était même pas sur la feuille de match. Il raconte comment il est passé du statut de joueur titulaire à celui de spectateur en tribunes. Une première expérience qu'il a très moyennement appréciée.
« COMMENT AVEZ-VOUS vécu d'être en tribune samedi lors de la finale au Stade de France ?
- C'était la première finale que je suivais en spectateur. C'est forcément difficile à vivre. Quand on n'est pas sur le terrain, c'est toujours compliqué. Mais c'est la vie... C'est comme ça...
Comment expliquez-vous de ne pas avoir été sur la feuille de match pour les deux derniers matches (demifinales et finale)?
- Je n'ai pas trop compris. Avant la demi-finale, Franck (Azéma, l'entraîneur) était venu me l'annoncer en m'expliquant que c'était un choix ta ctique pour affronter Toulouse. Évidemment, ça ne fait pas plaisir quand on vous dit ça. Mais j'ai respecté le choix. Après, je me préparais pour la suite s'il y en avait une. C'est rageant, car on joue toute la saisonpour disputer ces matches-là.
Que vousa-t-on reproché exactement ?
- En fait, pas grand-chose. C'est ça qui m'énerve le plus. À la rigueur, onm'aurait dit que j'étais trop vieux et qu'on préférait faire jouer les jeunes, au moins il y aurait eu une raison. Bien sûr, j'avais un peu mal à un genou, mais c'est un truc que jeme traîne depuis le mois de novembre... Ce qui m'a frustré c'est que j'ai serré les dents lors de la fin de saison régulière pour metaper les matches qu'il fallait se taper. Ça m'a fait rager de finir comme ça.
Franck Azéma vous a-t-il fait part de sa décision en tête à tête?
- Oui. Je lui ai d'ailleurs dit que ça me faisait chier. Je suis un compétiteur, quand même ! Maintenant, s'il pensait que les autres étaient meilleurs que moi, je respecte. Mais il m'a dit que ce n'était pas pour ça. C'est là où j'ai dumal à avaler la pilule.
«ÇAHE FAIT CHIER DE FINIR COMME ÇA »
Quel sentiment dominait chez vous?
- C'était de la colère et de l'incompréhension Je me dis que si j'avais su ça, j'aurais pris le temps de me soigner correctement plutôt que de reprendre plus vite pour enchaîner des matches. Alors que celam'apeut-être desservi sur la fin.
Les derniers jours n'ont pas dûêtre simples à vivre pour vous...
- Disons que je faisais la gueule intérieurement. Came rongeait. Mais je ne pouvais pas le montrer à mes partenaires. Us n'y sont pour rien. J'ai fait le maximum pour les aider et les accompagner.
Vous quittez l'ASM pour Lyon.
Ce transfert a-t-il pu avoir une influence dans le choix d'Azéma?
- Je rien sais rien Mais, là encore, si ça avait un rapport avec mon départ, j'aurais préféré qu'on me le dise. Je voulais juste avoir des explications. C'est pour ça que je suis énervé. Ça me fait chier de finir comme ça.
Comment avez-vous vécu cette nouvelle défaite en finale ?
- On fait une entame plutôt correcte, mais on ne parvient pas à concrétiser. Si on avait mené, même 3-0, dans la tête cela aurait été différent. On avait l'ascendant et on me marque pas. Et puis nous avons été trop pénalisés.
Mais, même en faisant autant de fautes, si on était revenus à 9-9, je suis sûr que le match aurait pu tourner. Car j'avais le sentiment que le Stade Français était sur le point d'exploser physiquement.
Quelle était l'ambiance dans le vestiaire ? - Tout le monde était déçu Mais on ne peut pas reprocher quoi que ce soit aux gars. L'investissement de tous était là. C'est aussi la fin d'une aventure humaine. Après le match, on a partagé une bière ensemble dans notre hôtel pour clôturer l'aventure qu'on aurait aimée meilleure.
«C'EST NOUS LES FAUTIFS»
Dans un document diffusé dimanche sur Canal +, on voit Wesley Fofana, absent lui aussi de la finale en raison d'une blessure, parler au perchiste Renaud Lavillenie (grand supportent de Clermont) après le coup de sifflet final et luiglisser : "J'ai l'impression qu'on n'y arrivera jamais." Est-ce votre sentiment aussi ?
- Faut arrêter de parler de malédiction Tout simplement, on a fait trop de fautes. L'envie, on l'avait. On a juste manqué de précision et de discipline. On échoue toujours d'un rien. Mais les fautes, c'est nous qui les faisons. C'est nous, les fautifs. En finale de Coupe d'Europe (perdue contre Toulon 24-18, le 2 mai), c'était pareil. J'avais plus peur de nous que des autres. Quand on est à 10 0 %, on est capables de battre n'importe qui. Pour cela, il faut avoir plus de maîtrise.
Vous avez passé huit ans à l'ASM, cette fin de saison restera-t-elle comme une tache pour vous ?
- Oui, forcément. Il y a un goût amer.
Que va-t-il se passer maintenant ?
- C'est la fin de huit années d'aventure. Ce matin (hier), j'ai vidé mon casier. Çafaitunpeu bizarre, car c'est une grosse partie de ma carrière qui se termine. C'est aussi un choix de vie que j'ai fait pour la suite. J'aiunpetit peu moins de regrets par rapport à la fin de saison. C'est comme ça. C'est la fin»
141 JULIEN BONNAIRE, QUI A JOUE 20 MATCHES CETTE SAISON EN TOP 14, A DISPUTE 141 RENCONTRES AVEC CLERMONT DEPUIS 2007. Et il a été titulaire à 128 reprises, soit un peu plus de 90 % du temps.