Laurent Brach, son entraîneur à Metz chez les - 15 et les - 17 ans, se souvient du joueur en herbe et ex-élève du pôle Espoirs de Dijon : « Il me faisait un peu penser à Nicolas Brusque (ancien arrière ou ailier palois puis biarrot aux 27 sélections). Même faux lent, même style, même foulée, identique déhanchement. Et puis beaucoup d'imagination, d'improvisation. À l'époque, il jouait ouvreur et avait de la vista et une superbe lecture du jeu. » Pour ce qui est de la personnalité de l'ado que Buttin était alors, le coach poursuit : « C'était quelqu'un de réservé, pas volubile, studieux et toujours en quête de progresser. » Jean-Pierre, son père, directeur de silo et ex-troisième-ligne de Fédérale 3, ajoute : « Il était déjà passionné de rugby et, côté études, c'était plutôt les doigts dans le nez. Tranquille. Il n'y a pas eu besoin de le pousser pour qu'il décroche, sans surprise, son bac S avec mention. » Un diplôme qu'il obtint un mois environ après avoir signé à l'ASM. Laurent Brach, encore : « Le Racing tournait autour de Jean-Marcellin depuis près d'un an et demi, mais Morgan Parra (Messin d'origine et demi de mêlée international de Clermont) a fait ce qu'il fallait pour qu'il atterrisse en Auvergne. »
Deux sélections en équipe de France suivront, aux côtés de David Attoub (actuel responsable de la mêlée au LOU). En mars 2012, contre le pays de Galles, lors du Tournoi des Six Nations, et en juin de la même année, face à l'Argentine, à l'occasion d'un test-match.
«Jean-Marcellin n'a rien à envier à personne. Il a le profil et tous les atouts pour réintégrer l'équipe de France. Il est propre, adroit, régulier, très intelligent et possède une super lecture des situations», Émile Ntamack, ancien international
« Ces rencontres avec les Bleus sont arrivées très, très vite, se remémore le longiligne numéro 15 au jeu au pied qui, longtemps, ne fut pas son fort. Peut-être trop. Surtout la deuxième, où ç'avait été compliqué pour moi en termes de confiance. » Deux prestations sans lendemains internationaux. Peut-être en raison de la qualité pastel de sa double prestation. Peut-être aussi à cause de son statut à l'ASM, fragilisé par le rendement très probant de son concurrent gallois, Lee Byrne (47 sélections).
Mais pas sans espoirs de retour, à écouter Émile Ntamack, ex-trois-quarts aux 46 sélections, devenu manager général de la formation du Stade Toulousain après avoir entraîné à l'UBB de 2015 à 2017 (période où Buttin y évoluait) : « Jean-Marcellin n'a rien à envier à personne. Il a le profil et tous les atouts pour réintégrer l'équipe de France. Il est propre, adroit, régulier, très intelligent et possède une super lecture des situations, des zones de danger. Par moments, il s'avère même être un excellent complément de son ouvreur. » Protéiforme et multitâche, et disposant d'« une grosse compréhension du rugby », dixit Pierre Mignoni, le manager du LOU, que l'arrière a rejoint il y a un an. « À tel point que Jean-Marcellin pourrait jouer à l'ouverture, au centre ou à l'aile », applaudit le boss rhodanien. Avant de conclure : « Non seulement il est très bon, mais il aime faire jouer les autres. C'est quelqu'un de bien, de solidaire et dans le partage. »
«JM est un 'ambianceur', comme le sont souvent les piliers et les talonneurs, les mecs de devant. C'est important pour une équipe d'avoir des joueurs comme ça» ,Félix Lambey
Fiancé avec une chargée de communication dans une société spécialisée dans l'efficience énergétique et en passe, avec ses trois chats et sa chienne, de quitter un appartement pour une maison et son jardin, Buttin, toujours nostalgique de la truffade clermontoise, fait office, auprès de ses partenaires, de conseiller avisé pour ce qui est des séries télévisées. L'une des dernières qu'il a louée ? Making a Murderer. Un thriller documentaire sur un citoyen américain qui passa dix-huit ans en prison pour meurtre avant d'être innocenté. Un sacré bail. Infiniment plus long que celui du divorce de quelques jours entre Jean-Marcellin Buttin et le rugby. Une séparation sur laquelle revient aujourd'hui Laurent Brach en souriant : « L'un des entraîneurs chez les - 17 ans lui avait dit qu'il était une quiche et qu'il ne ferait jamais rien dans ce sport. Du coup, lui qui se remet tout le temps en cause, qui se pose fréquemment des questions, il a fallu que j'aille le rechercher à son domicile. Quant au coach, j'avoue que je l'ai un peu bousculé. »
L'évocation de l'anecdote amuse un Buttin devenu le dernier rempart numéro un à Lyon (6 titularisations), depuis la grave blessure au genou gauche de l'international anglais Delon Armitage, en août. « Il est incontournable et apporte beaucoup au groupe, à sa vie, affine le deuxième-ligne tricolore Félix Lambey. JM est un "ambianceur", comme le sont souvent les piliers et les talonneurs, les mecs de devant. C'est important pour une équipe d'avoir des joueurs comme ça, capables de tout donner sur le terrain et qui te changent les idées, te font oublier le rugby une fois le stade quitté. C'est presque essentiel pour l'équilibre général d'une équipe. Sa déconne nous fait vraiment du bien. »