François Rivière était pourtant monté à Paris avec l'espoir de défendre au mieux son club mercredi matin devant la commission de discipline de la LNR. « Nos arguments n'ont pas été entendus », reconnaissait hier au bout du fil le président de Perpignan. L'USAP a en effet écopé d'une sanction très rare dans le rugby français (voir encadré) et salée : deux matches de suspension pour Aimé-Giral, dont un avec sursis, et 50 000 € d'amende, bien amère sur le coup.
5 000 €, dont 2 000 avec sursis, pour l'échauffourée en fin de match contre le Racing 92 à l'origine des incidents du 20 septembre (le club francilien a pris la même sanction), 5 000 € pour l'irruption d'un supporter qui avait sauté la barrière séparant le pesage de la pelouse et surtout 40 000 € pour les jets de projectiles - gobelet, bière voire les deux en même temps - depuis cette même tribune debout toute proche des joueurs, qui se bousculaient et s'agrippaient par le col à ce moment-là. En interne, la sanction est tombée comme un coup de massue mercredi soir. « Ce qu'il s'est passé face au Racing, c'est moche mais du liquide sur la tête n'a jamais tué personne... », a-t-on entendu au sein du club parmi les réactions.
« Il y a de plus en plus de comportements outranciers dans les stades, est-ce que l'USAP doit payer pour l'ensemble du rugby français ? »
François Rivière, président de l'USAP
« La sanction est très sévère, réagit François Rivière, dans la lignée d'un communiqué dégainé quasi immédiatement après celui de la LNR, dénonçant ''une décision disproportionnée''. Le club a réagi immédiatement en portant plainte contre l'individu entré sur le terrain (qui avait passé la nuit suivant les faits en garde à vue) puis contre ceux qui ont jeté des projectiles (pas encore identifiés). Toute une série de mesures ont été mises en place pour le match contre le Stade Français (samedi après-midi) et si on revient sur les faits, que je condamne, il n'y a aucune violence physique. Il y a de plus en plus de comportements outranciers dans les stades, est-ce que l'USAP doit payer pour l'ensemble du rugby français ? C'est injuste et excessif. »
Lundi soir à Aimé-Giral, lors d'une réunion avec des représentants des quinze groupes de supporters de l'USAP, à l'issue de laquelle une nouvelle charte de bonne conduite a été signée, le président de Perpignan pointait notamment dans une liste d'exemples les incidents dénoncés par les supporters de La Rochelle lors de leur venue à Bordeaux le 6 septembre ou encore ceux de Grenoble à l'issue du barrage face à Perpignan, justement, le 14 juin, où une violente bagarre entre supporters des deux camps avait éclaté sur le terrain après l'invasion de la pelouse.
« J'ai rarement été autant injurié qu'à Grenoble, j'ai quitté la pelouse avec la chemise en sang. C'est trop simple de ne s'en prendre qu'à l'USAP... »
François Rivière, président de l'USAP
Le FCG avait écopé d'un match de suspension de terrain et de 25 000 euros d'amende, ramenés en appel à un match de suspension avec sursis et 35 000 euros. L'USAP d'un match de suspension avec sursis et 25 000 euros d'amende, et l'appel du club catalan sera traité la semaine prochaine avec un drôle de sens du timing. « On fait un éclairage sur l'USAP mais l'atmosphère générale dans le rugby va dans le mauvais sens, assurait François Rivière aux supporters. J'ai rarement été autant injurié qu'à Grenoble, j'ai quitté la pelouse avec la chemise en sang. C'est trop simple de ne s'en prendre qu'à l'USAP... »
Une ligne de défense qui n'a donc pas convaincu la commission de discipline, le club n'étant pas aidé non plus par d'autres antécédents (voir par ailleurs). L'USAP va faire appel de cette décision mais doit déjà travailler à une délocalisation. En raison de délais logistiques incompressibles, Perpignan accueillera le Stade Français samedi après-midi puis Bordeaux-Bègles le 18 ou 19 octobre à Aimé-Giral, alors que la jauge d'accès au pesage a été réduite à l'initiative du club à 500 spectateurs, contre 1 500 habituellement, qui seront tous des abonnés. Ils devront décliner leurs identités à l'entrée et ne pourront pas accéder au pesage avec tout objet faisant office de projectile (bouteille, verres, drapeaux, etc.).
« Connaissant les réactions parfois épidermiques des supporters, j'en appelle au calme et à la responsabilité »
François Rivière, président de l'USAP
En attendant d'en savoir plus sur le timing et le jugement de la commission d'appel de la FFR, c'est donc la réception de Montpellier le 22 ou 23 novembre qui doit être délocalisée, au-delà d'un rayon de 75 kilomètres selon le règlement. Trois options sont à l'étude : Béziers, Narbonne et Carcassonne.
Après quatre matches à zéro point et une dernière place peu glorieuse au classement, c'était le genre de nouvelles dont Franck Azéma et son staff se seraient bien passés. L'inquiétude concerne aussi le match de samedi. « Connaissant les réactions parfois épidermiques des supporters, j'en appelle au calme et à la responsabilité », affirme François Rivière. Vu les réactions de certains groupes de supporters à la sanction sur les réseaux sociaux, il y a en effet de quoi être vigilant dans un stade plus que jamais sous surveillance.