Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage. Le problème, c’est quand tout le monde voit qu’il est en parfaite santé. Grégory Patat sort d’un exercice sportif extraordinaire avec l’Aviron Bayonnais (4e du Top 14), ponctué par une demi-finale perdue contre le Stade Toulousain, futur champion et prochain adversaire en match amical, ce jeudi à 19 h 30 à Jean-Dauger. La nouvelle saison qui s’ouvre le 6 septembre à Perpignan aurait dû s’annoncer sous les meilleurs auspices. Il n’en est rien. L’interminable attente de la prolongation de contrat du manager occupe toutes les conversations.
Ce devait être réglé avant la fin d’année 2024. Puis en cas de qualification en 8es de finale de Challenge européen, doublée d’une place dans le top 8 du championnat. Le Gersois a coché toutes les cases, se permettant même d’offrir aux bleu et blanc leur première phase finale de l’ère professionnelle. La signature était attendue avant le barrage. Puis après la demi-finale, histoire de ne pas la polluer. Fin août, l’encre n’est toujours pas sur papier. « La situation devient oppressante », glisse une source interne au vestiaire basque.
Préciser la fiche de poste
« Les négociations sont lancées depuis une semaine, une proposition est partie et on attend un retour », livre Philippe Tayeb, joint par « Sud Ouest ». Selon nos informations, cette première offre a été refusée. Elle date de ce lundi. Les conditions salariales et la durée du contrat (2028) ne sont pas le problème, même si Grégory Patat souhaitait initialement trois saisons supplémentaires pour être aligné sur le bail de Laurent Travers, nommé directeur du rugby au 1er juillet après un long feuilleton. Non, le bât blesse sur le périmètre d’action du technicien.
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Selon les informations de « Sud Ouest », le dirigeant francilien a indiqué son départ du Racing à Jacky Lorenzetti. Malgré les récents démentis, il occupera le poste de directeur du rugby du club basque à l’issue de la saison
« On ne va pas resigner sans savoir si on va être charcutier ou boulanger »
Le contrat mentionne un « N + 1 » au-dessus de Grégory Patat à partir de la saison 2026-2027. Avec un droit de regard sur l’équipe première ? Le flou demeure. L’ancien numéro 8 du FC Auch l’a toujours dit : il souhaite garder les pleins pouvoirs sur le groupe professionnel. « Laurent reste dans des missions transversales », assure Philippe Tayeb. Du côté d’un des conseils de Grégory Patat, on attend « une fiche de poste précise » : « On ne va pas resigner sans savoir si on va être charcutier ou boulanger. Si tout le monde accepte son domaine de compétences, alors OK, ils pourront travailler ensemble. »
Philippe Tayeb, le 21 août lors du derby amical perdu par Bayonne face à Biarritz (19-21).
Emilie Drouinaud/SO
Travers déménage son bureau
Pour l’instant, l’association des deux est « cordiale ». De la terrasse du Campus, Laurent Travers observe parfois les séances d’entraînement du groupe pro. L’ancien président du Racing 92 clame depuis longtemps son envie de se rapprocher du terrain. Mi-août, il s’est invité une fois sur la pelouse, bouclier de protection en main, pour s’intégrer dans un atelier et effectuer des percussions avec Manu Tuilagi et Giovanni Habel-Küffner. Le staff n’a pas apprécié. Calmement, Grégory Patat lui a fait savoir qu’il empiétait sur sa mission. Dans la foulée, et toujours sans heurts, Laurent Travers a déménagé ses affaires et son bureau, situé à côté de celui du staff au Campus, pour rejoindre les salariés de l’administratif, de l’autre côté de la plaine de Jean-Dauger. « C’est dommage de ne pas s’appuyer sur mon expérience », a-t-il regretté auprès d’une partie de l’encadrement technique.
Laurent Travers s’est invité une fois sur la pelouse, bouclier de protection en main. Le staff n’a pas apprécié
De leur côté, les joueurs perçoivent ce flottement dans l’air. Ils aimeraient que les choses soient réglées avant la reprise du championnat. Ces diverses couches décisionnelles entraînent également du retard dans certains dossiers. À la reprise, la cellule de recrutement a identifié cinq joueurs en fin de contrat à prolonger rapidement : Cheikh Tiberghien, Facundo Bosch, Mateo Carreras, Alexandre Moon et Tom Spring. Pour l’instant, rien ne bouge. International depuis cet été, le dernier cité est convoité par Montpellier.
Ce bazar ambiant n’est malheureusement pas une surprise. Après le maintien obtenu en 2024 et quatre premiers matches poussifs à la reprise de la dernière saison, Philippe Tayeb et son directeur général Alexandre Aubert doutaient des capacités de Grégory Patat à faire franchir un cap au club. Les contacts se sont noués avec Laurent Travers. Un poste proche du terrain lui a été promis. Sauf qu’entre-temps, Bayonne a réalisé la saison que l’on sait, et Grégory Patat plus que rempli ses objectifs. L’Aviron se retrouve donc avec deux patrons. On fait comment ?
Le groupe pour Toulouse L’Aviron reçoit Toulouse, ce jeudi à 19 h 30 à Jean-Dauger. Pour ce deuxième et dernier match amical après la défaite contre Biarritz (19-21), le staff bayonnais alignera quasiment une équipe différente par mi-temps. Ainsi, on devrait retrouver : Orabé - Hannoun, Maqala, Martocq, Lévèque - (o) Anscombe, (m) Machenaud - Chouzenoux, Habel-Küffner, Bruni - Moon, Iturria - Tatafu, Bosch, Bordelai. Puis : Tiberghien - Megdoud, Erbinartegaray, Tuilagi, Lapègue - (o) Spring, (m) Jantjies - Capilla, Leota, Fischer - Johnson, Heguy - Tumania, Giudicelli, Setiano. Des joueurs comme Germain, Martin et Ariceta sont aussi attendus. Joris Segonds et Federico Mori sont toujours absents.