C’est la fin d’un épisode. La série, elle, continue. Grégory Patat et l’Aviron Bayonnais ont trouvé un accord pour une prolongation de contrat, comme révélé ce lundi par « Sud Ouest ». Enfin. Depuis pratiquement dix mois, le manager cherchait à étendre un bail qui prenait fin en juin 2026. Désormais, il est rallongé de deux années supplémentaires (2028). Ne reste plus qu’à signer les papiers.
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L’histoire a animé toute la saison dernière. Décembre 2024, juin 2025, avant la phase finale, après la saison : tous les rendez-vous fixés ont été décalés. La première offre du lundi 25 août a même été refusée. En cause, les missions attribuées au technicien. Le contrat stipulait que Laurent Travers prenait la main sur tout. Le nouveau directeur du rugby n’a jamais caché sa volonté de retrouver le terrain après un passage comme président du Racing 92. Grégory Patat a fait modifier sa fiche de poste pour obtenir les pleins pouvoirs sur le groupe professionnel. Laurent Travers, qui se demande parfois où il est tombé, est cantonné à un rôle transversal. L’entente - du moins contractuelle - est intervenue ce lundi peu avant 16 heures.
Laurent Travers se demande parfois où il est tombé.
Laurent Theillet
Soutien populaire
La situation devenait intenable pour toutes les parties. À quelques jours de la reprise du championnat, samedi 6 septembre à Perpignan, Grégory Patat et son staff se sentaient fragilisés. Et circonspects, après avoir répondu au cahier des charges défini par la direction la saison passée. L’ensemble du groupe a même été au-delà des attentes en amenant l’Aviron Bayonnais en demi-finale du Top 14, après un exercice achevé à la 4e place.
Personne n’a souhaité se dédire, entraînant un long feuilleton, beaucoup de dénégations et désormais cette situation hybride, avec deux patrons du sportif pour un seul club
En face, Philippe Tayeb n’avait guère le choix : l’opinion populaire s’est rangée du côté du technicien à mesure qu’il empilait les résultats. La grande majorité des supporters ne comprenaient plus les tergiversations à son sujet. La raison est simple : sa direction doutait de sa capacité à faire franchir un cap au club. Après quatre premiers matches poussifs en septembre 2024, les contacts se sont noués avec Laurent Travers. Arthur Iturria et ses équipiers ont enchaîné les résultats par la suite, mais personne n’a souhaité se dédire, entraînant un long feuilleton, beaucoup de dénégations et désormais cette situation hybride, avec deux patrons du sportif pour un seul club.
Le président Philippe Tayeb, le 21 août lors du derby amical entre l’Aviron Bayonnais et le Biarritz Olympique.
Émilie Drouinaud/SO
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Cohabitation impossible ?
La prolongation de Grégory Patat n’éteint pas toutes les tensions. Invité sur les ondes d’Ici Pays Basque ce lundi soir, Philippe Tayeb, remonté, n’a pas ménagé son manager. Et il a été très clair : « Le patron, c’est Laurent Travers ! » Cette sortie, et plus encore le ton employé, interpelle sur la capacité de tout ce monde à cohabiter. « Entre Grégory et Laurent, cela ne se passe pas comme on l’avait envisagé », a-t-il concédé. Cet été, les premiers accrocs n’ont pas tardé, entre la participation du Sarladais à un banal exercice d’entraînement et le déménagement de son bureau au milieu du staff sportif pour rallier la partie administrative, de l’autre côté du stade Jean-Dauger. « Des joueurs et des membres du staff seraient très contents de s’appuyer sur l’expérience de Laurent Travers, a tonné ce lundi le président. J’espère que d’autres auront l’intelligence de s’en servir… »
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L’Aviron a fait parvenir ce lundi une prolongation de contrat à son manager, dont le bail s’arrête en juin 2026. Si la durée et les conditions salariales ne posent pas problème, la discussion achoppe pour l’instant sur le champ d’action laissé au technicien avec l’arrivée de Laurent Travers
À cinq jours de la reprise, Grégory Patat tient enfin la prolongation promise, mais aussi une tonne de pression supplémentaire sur les épaules. La demi-finale à Lyon semble loin. Elle aurait dû renforcer sa position. Il sait désormais que ses résultats, et particulièrement les plus fades, seront décortiqués au scalpel en interne. C’est la cruelle ironie du sport professionnel, et un peu la vie de l’Aviron Bayonnais.