L'équipe du jour :
JEAN-BAPTISTE GRISOU, MÉDECIN DE L'ÉQUIPE DE FRANCE, LIVRE SA VERSION DES FAITS AU BOUT D'UNE JOURNÉE MARQUÉE PAR LA POLÉMIQUE.
«ALORS QUE LE CHIRURGIEN Bertrand Sonnery-Cottet a décidé hier d'arrêter Camille Lopez pour quatre à six semaines, vous l'aviez autorisé à reprendre l'entraînement. Pourquoi ? - Camille a pris un coup à Rome, il souffrait d'une contusion sans entorse. On l'a vu et revu : cliniquement, son genou est stable. À l'IRM, il y a une image inflammatoire à une insertion d'un ligament. Elle peut correspondre à une image ancienne, ou récente, on ne sait pas. Dans le compte rendu, on l'a étiqueté "image inflammatoire". L'évolution clinique étant satisfaisante en début de semaine, il a été pris la décision qu'il pouvait s'entraîner mercredi. Le joueur n'avait pas de douleur, il n'était même pas strappé. Tout ça après un jour d'anti-inflammatoire. Son chirurgien n'a donc pas eu le même diagnostic... - J'ai échangé avec lui. C'est un genou qui a été opéré. Pour lui, l'image inflammatoire dit : "Ça a tiré sur ce qu'on appelle le greffon, l'implant datant de l'opération." Il pense qu'il faut six semaines pour protéger le genou, c'est de la prévention. Il n'est même pas sûr que l'images'améliorera, mais il ne veut pas tirer dessus. Je lui ai dit : "On se rallie derrière ton avis d'expert." Mais lui m'a dit : "Ta vision est légitime aussi, effectivement, tu peux le faire jouer." En médecine, c'est comme en amour : ni jamais, ni toujours. Il n'y a pas de vérité.
Respectez-vous ce diagnostic ? - Tout à fait. Moi, je veux l'intérêt du joueur. Si le spécialiste pense que c'est six semaines, alors c'est six semaines. Et il faut même aller au bout de ce délai, parce que c'est le temps de cicatrisation d'un ligament.
«ON A TOUJOURS ÉTÉ CLAIRS »
Aviez-vous l'impression de faire prendre un risque à Camille Lopez ? - Ah non non ! Moi, je ne fais pas de médecine sur les images mais sur la clinique. On l'a vu tous les jours, plusieurs fois par jour. Je le redis : "Le genou de Camille est sec et stable, comme on dit, et Camille a de très bonnes sensations."
L'ASM vous a attaqué en disant que vous aviez mis du temps à communiquer toutesles images de l'IRM. - Non, non, non... On est rentrés de Rome lundi après-midi. L'IRM a été passée mardi matin, dès la première heure. J'ai eu le médecin de l'ASM en sortant. Un CD d'IRM, c'est 125 photos à très haute définition, il est impossible de les envoyer par mail. Le mardi après-midi, il y avait entraînement, puis je me suis occupé de la cryothérapie. Le mardi soir, le service informatique de la FFR étant fermé, je ne pouvais pas envoyer toutes les images, donc j'ai sélectionné des photos où il y avait les images de l'inflammation en leur disant que je ferais le nécessaire pour en envoyer plus le lendemain. Mais le mercredi matin, nous avions entraînement. Le CD complet a été envoyé à 13 heures - j'en ai encore la trace.
Avez-vous peur que le nécessaire rapport de confiance entre vous, médecin des Bleus, et Camille Lopez soit entamé ? - Non. J'ai de très bons rapports avec Camille. Je l'ai encore eu au téléphone après, quand il était avec son chirurgien. On a toujours été clairs, on n'a rien caché. »
Le pataquès Lopez
MERCREDI MATIN, Camille Lopez s'est entraîné normalement à Marcoussis. n a joué sans aucune gêne particulière à ce genou droit qui l'avait obligé à quitter ses partenaires, dimanche, à lami-temps d'Italie-France. Il a même buté. Quelques heures plus tard, pourtant, un communiqué de la FFR annonçait le forfait sur blessure de l'ouvreur clermontois. Que s'est-il passé ? Une partie du mystère s'est levé hier matin, quand un Philippe Saint-André passablement contrarié a révélé que le staff médical de Clermont, après visionnage des images de l'IRM passée par le joueur mardi, avait décrété que le joueur nécessitait de quatre à six semaines de repos pour soigner son genou endolori.
QUATRE À SIX SEMAINES D'ARRÊT
Lopez, directement alerté par téléphone par le chirurgien Bertrand Sonnery-Cottet (celui qui l'avait opéré en décembre 2013 d'une rupture du ligament croisé antérieur), aurait alors commencé à gamberger, allant même jusqu'à dire au staff des Bleus qu'il ne voulait surtout pas revivre « lessix mois d'enfer » qui avait suivi sa précédente opération. Puis un diagnostic plus précis est tombé hier en fin d'après-midi, delà bouche du chirurgien à qui Lopez a rendu visite : rupture partielle de la greffe au ligament croisé. Quatre à six semaines d'arrêt. Dansun communiqué paru sur le site de Clermont, Franck Azéma, l'entraîneur des Jaunards, n'a pas mâché ses mots : «Mensonges ou incompétence, je n'en sais rien. Ce que je constate, c'est que le staff médical des Bleus juge apte un joueur alors que le diagnosticparaît évident à tous les autres médecins consultés. » Noyé au coeur de cet imbroglio, Lopez s'inquiète forcément pour son avenir en bleu. Absent samedi, il devrait donc également rater le quart de finale européen contre Northampton (4 avril).