Fabien Brau-Boirie a de qui tenir, lui dont le potentiel s’inscrit dans la droite lignée de celui de ses jeunes aînés Émilien Gailleton et Théo Attissogbe. Et il se pourrait bien que la courbe de progression du joueur de 19 ans continue d’épouser celle des deux néo-internationaux palois. À ceci près que l’on prédit un avenir encore plus radieux à celui que son coéquipier Eliott Roudil considère déjà « comme une évidence en équipe de France, au poste de n°12, avec Moefana, dans un avenir très proche. » Le futur vannetais n’est pas le seul à le penser. « Le plan de succession au centre du terrain en équipe de France commence à être fourni de garçons extrêmement talentueux, estimait déjà le manager Sébastien Piqueronies en janvier. Mais pour moi, Fabien fait partie de ces joueurs d’avenir au centre. »
Ce que la suite de l’histoire, faite d’une première convocation au sein du groupe élargi du XV de France (avant le match face à l’Écosse), dans le sillage d’une victoire capitale en Irlande pour le gain des Six-Nations U20, tend à confirmer.
Des aînés inspirants
Pour le Tarbais d’origine, tout va très vite, mais pas trop vite. « Le mix entre le talent de Théo et le professionnalisme d’Émilien l’a sans doute bien inspiré, devine l’entraîneur des lignes arrières paloises Geoffrey Lanne-Petit. Ça lui donne envie de croquer à fond, de ne pas perdre de temps. Et puis ça l’aide à se dire qu’il peut y arriver rapidement, qu’il a le potentiel. Il y a quelques années, on te disait que tu avais le temps quand tu étais jeune. Aujourd’hui, la donne a changé. »
« Pendant longtemps, on s’est dit « ok, oui, il y a un potentiel », mais cela ne dépassait pas ces termes-là. »
Même si la nouvelle exposition du joueur aux quatre feuilles de match en Top 14 depuis sa première apparition en novembre 2024 (à Montpellier, NDLR) dissimule une période d’adaptation un peu moins fulgurante. « Pendant plusieurs mois, ça a été compliqué pour Fabien. On voyait bien son aisance technique, sa maturité physique, qui était incroyable, retrace « GLP ». Mais en termes d’exigences tactiques, techniques, de repères collectifs, évidemment, il était très loin au cours de sa première année. Je n’étais pas plus dur avec lui qu’avec les autres, mais lui avait plus de mal à s’intégrer. Pendant longtemps, on s’est dit « ok, oui, il y a un potentiel », mais cela ne dépassait pas ces termes-là. »
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Puis tout s’est accéléré, dès la rentrée, pour l’ex-centre du Stado Tarbais formé aux Coteaux de l’Arrêt (65). « Après le Mondial U20 (perdu en finale face à l’Angleterre, NDLR) et sa première saison passée avec nous, j’ai retrouvé un autre joueur, prolonge le technicien béarnais. C’est comme s’il avait intégré tout ce sur quoi il tâtonnait l’an passé. Il avait acquis les repères et répondait à mes attentes vis-à-vis de son rôle dans la ligne de trois-quarts. J’ai dit, bon ok, ça y est, maintenant, on va pouvoir s’amuser. »
« Il peut tout casser »
Cela valait le coup d’attendre, même si une blessure survenue lors de l’échauffement du match face à Lyon, le 30 novembre dernier, a retardé son éclosion. Depuis, le centre a enchaîné trois titularisations en quatre journées et sera encore du nombre, ce samedi (16 h 30), au Hameau, face à Montpellier.
« Je ne suis pas surpris de ce qu’il réalise, mais ce qui m’impressionne, c’est la façon dont il le fait, louange Lanne-Petit. Il a une marge tellement énorme… Je pense qu’il peut tout casser. » Dans un style très caractéristique, qui rappelle à l’entraîneur béarnais « celui de Yannick Jauzion ». « Il est très intelligent et dispose d’une aisance qui lui permet de tout faire : passer les bras, jouer devant la défense, jouer au pied… Il est très fort. »
À cette palette technique se greffe « un mental qui fait que tout lui coule dessus, il ne s’énerve jamais, ne montre que très peu d’émotions, qu’elles soient positives ou négatives. On a parfois l’impression qu’il est presque suffisant. C’est lié à son attitude vraiment détachée. Il respire la confiance, la sérénité. Il est bluffant. » Et absorbe ce qu’on lui enseigne comme une éponge. « Avec le recul, je suis tellement content d’avoir été aussi dur et exigeant avec lui…, relate son coach. C’est le genre de type qui peut dire de moi qu’il m’a détesté, que je suis le plus grand c… qu’il ait rencontré. Mais finalement cela valait bien la peine. »