Le manager de Pau Sébastien Piqueronies annonce la couleur pour la saison de Top 14 : « Il faut que nous soyons plus endurants »
En attaquant la préparation physique dès le 6 juillet, la Section paloise, qui disputera aussi la Coupe des champions cette saison, s'est fixée comme objectif une place dans le top 6, synonyme de phase finale.
Pour la première fois, la Section paloise a lancé sa pré-saison dès le 6 juillet à l'initiative de son manager, Sébastien Piqueronies. Champion de France en 1928, 1946 et 1964, le club béarnais n'a plus jamais tutoyé les sommets, si ce n'est remporté la Coupe de France en 1997 et le Challenge européen en 2000 avec la génération Nicolas Brusque, Damien Traille, David Aucagne, Frédéric Torossian, Thierry Cléda, Joël Rey et Pierre Triep-Capdeville.
Depuis sa remontée dans l'élite en 2015, Pau oscille entre la 8e (comme lors de la dernière saison) et la 12e place. Joint par téléphone, Piqueronies nous a éclairés sur ses choix et ses objectifs pour le prochain exercice de Top 14.
« Pourquoi avoir repris si tôt ?
Nous échouons depuis des siècles devant la porte de la qualification. Cela fait deux saisons qu'il nous manque trois points au classement. Alors j'essaye de trouver tous les petits gains marginaux possibles. Débuter tôt, c'est-à-dire une semaine avant la date habituelle, en est un.
En quoi cette préparation consiste-t-elle ?
En deux blocs distincts. Le premier nous a permis de prendre soin du corps de nos joueurs, compte tenu du nombre important de blessés que nous avons eu à déplorer la saison dernière. C'est un bloc de travail physique avec des parcours individualisés et moins de rugby, sauf en troisième semaine. Puis, nous avons eu une coupure de sept jours, sur le pic de la quatrième semaine de préparation que tout le monde redoute. Nous attaquons depuis dimanche dernier le deuxième bloc, axé jusqu'à fin août sur la préparation collective.
« Avancer, c'est stabiliser les fondations en pérennisant l'apport de cadres qui sont au top de leur forme, dans la force de l'âge »
Le contenu de cette préparation est-il différent des années précédentes ?
Nous sommes à effectif constant et stable. Seul parmi les recrues, Thomas Laclayat (ex-Racing 92) était présent. Les autres (Julian Montoya, ex-Leicester, et Facundo Isa, ex-Toulon) ne sont pas encore avec nous. En fait, je prépare cette intersaison depuis le mois de janvier dernier. Il faut la considérer comme la continuation de la saison dernière.
Pourquoi avoir choisi Montpellier et La Rochelle comme adversaires pour les matches amicaux ?
Nous entrons dans la quatrième année de notre projet et je veux densifier notre jeu d'avants, je veux qu'on progresse sur nos conquêtes directes. Montpellier et La Rochelle sont deux belles équipes de Top 14, avec des paquets d'avants denses, idéales pour évaluer les progrès que nous aurons effectué à l'intersaison.
« J'admire toutes les idées novatrices mais je ne prends pas tout, car il y a peu de choses transposables »
Avec les internationaux Laclayat, Montoya et Isa, votre recrutement est pour le moins restreint et ciblé devant...
Oui, il est très ciblé. Nous avons aussi renouvelé Beka Gorgadze, Joe Simmonds et Jack Maddocks. C'est un vrai signal. Avancer, c'est stabiliser les fondations en pérennisant l'apport de cadres qui sont au top de leur forme, dans la force de l'âge. Mais nous voulions d'abord, il y a deux ans, voir éclore nos jeunes joueurs de talent, ne pas louper nos pépites, comme Théo (Attissogbe), Hugo (Auradou), Émilien (Gailleton)...
Puis nous avons recruté pour densifier la profondeur de notre effectif. Le Top 14 est un marathon, et sans profondeur d'effectif tu n'existes pas. La saison dernière a donc été quantitative. Pour moi, le recrutement est un trépied. Et notre recrutement actuel n'a de valeur que parce que les deux années précédentes ont été validées.
Regardez-vous ce que font les autres clubs durant l'intersaison ?
Ça m'arrive, considérant que je suis d'un naturel curieux. Mais chaque préparation ne peut qu'être unique. J'admire toutes les idées novatrices mais je ne prends pas tout, car il y a peu de choses transposables.
Théo Attissogbe, une pépite de la Section Paloise. (J.-B. Autissier./ L'Équipe)
Quid du budget de la Section paloise, qui était le huitième du Top 14, avec 28,4 M€, la saison passée ?
Lors de la période post-Covid, nous étions à 20 millions d'euros (22,5 lors de la saison 2020-2021). Là, nous flirtons avec les 30 millions. C'est une dynamique positive et je crois beaucoup à ça.
La saison va débuter par un bloc de neuf journées. Comment votre préparation a-t-elle pris cela en compte ?
Par le passé, nous avons parfois été à la peine sur ces blocs longs, quand il faut puiser dans nos ressources. Alors cette saison, il faut que nous soyons plus endurants, plus robustes.
Comment prépare-t-on une équipe à être plus robuste ?
Nous avons travaillé sur l'endurance des courses, et poussé le curseur du volume en proposant des exercices de luttes aériennes et au sol afin que chacun puise plus profondément dans ses qualités et ses ressources énergétiques.
« Avec la profondeur de l'effectif que nous avons, nous n'avons pas peur de nous évaluer »
Grâce à votre huitième place la saison passée, vous voilà qualifié pour la Coupe des champions. Est-ce bénéfique ou handicapant ?
C'est bénéfique, indiscutablement. Car nous voulons grandir. Avec la profondeur de l'effectif que nous avons, nous n'avons pas peur de nous évaluer. En ajoutant la Champions Cup, nous aurons donc trente journées de poules régulières au lieu de vingt-six.
Vous allez affronter Castres, le Stade Français, Clermont et Lyon, quatre clubs qui, comme le vôtre, ont lutté la saison dernière pour ne pas tomber en bas du classement. Ces quatre premières rencontres vont-elles vous donner des indications fortes sur la direction que prendra votre saison ?
Non. Nous sommes treize équipes à vouloir nous qualifier. C'est un Championnat impitoyable. Le moindre moment de faiblesse est payé cher. La clé, c'est de durer, de faire preuve de résistance durant toute la compétition. Mieux vaut être stable, gainé et endurant sur vingt-six journées pour être bien placé au final qu'avoir des sautes de performance. »