De retour à Clermont, soulagée et reconnaissante car je crois que nous sommes passés à côté du pire au Stade de France, contrairement à ce qui s'est passé dans Paris au Bataclan qui est terrible et inhumain.
Hier soir nous sommes arrivés par le Métro ligne 13 et nos places étant en Bloc B nous sommes passés devant le Bloc D et nous avons d'ailleurs dînés à proximité avant le match. Ces hommes étaient certainement déjà là, parmis les supporters qui étaient en nombres aux abords du stade comme d'habitude.
Le match a commencé et il y a eu une première explosion très forte. J'ai pris peur mais les gens autour de moi m'ont dit que ce n'était rien, des pétards, des bombes agricoles. Puis, une deuxième et une troisième, mais personne n'a bougé, ni les stadiers, ni les policiers, ni les supporters, aucune annonce à la mi-temps.
A la fin du match, il y a eu une annonce selon laquelle suite à des incidents survenus à l'extérieur du stade des sorties étaient bloquées ainsi que l'entrée aux parkings. Les gens sont alors sortis calmement. Nous étions dans l'angle d'un virage en tribune basse aussi nous avons commencé la montée vers la sortie. Mon amie voulant aller aux toilettes, j'ai attendu devant une buvette où une TV diffusait BFM TV. Il était question de fussillades dans Paris et de plusieurs morts. Des anglais, m'ont demandé de traduire, ils étaient inquiets. Nous avons ensuite repris notre route mais là, il y a eu un mouvement de foule, tout le monde d'un coup a reflué à l'intérieur et nous avons été bousculées. Nous avons trouvés refuge en nous plaquant contre un mur. J'avais peur que nous soyons pris pour cible par ces fusillades dont la TV faisait état. Nous avons alors commencé à entendre les sirènes, l'hélicoptère qui tournait autour de notre tête. Personne ne savait que faire. Il y avait beaucoup de familles avec des enfants.
A un moment, le calme est un peu revenu et les gens ont repris le chemin de la sortie. Arrivées vers les grilles, nous avons croisé des gens de la sécurité civile qui avaient pour ordre de revenir dans le stade alors nous sommes revenus dans le stade.
Toujours avec les sirènes, les hélicoptères, et la menace d'être pris pour cible par des fous qui étaient dans Paris.
Finalement, les policiers ont demandé aux personnes présentes de se diriger vers le RER B. La population était calme. Pas de panique, pas de cri. Nous avons pris place dans la trame qui était très grande et au bout d'un long moment le train est parti. Tout le monde était calme. Arrivés à la Gare du Nord, nous avons entendu une annonce disant que la gare était évacuée. Nous pensions pouvoir continuer notre chemin dans le RER mais il y a eu une nouvelle annonce nous demandant d'évacuer le RER. Là encore, les voyageurs sont sortis calmement. A vrai dire, nous étions très inquiètes avec mon amie car nous nous demandions ce qui se passait vraiment et nous avions peur de prendre une balle tout d'un coup.
Arrivées sur le parvis de la Gare du Nord, que faire ??
Nous pensions prendre un hôtel là et ne plus bouger mais les hôtels étaient complets. Nous nous avons trouvé refuge dans un bar mais au bout de peu de temps ils nous ont demandé de sortir car ils devaient fermer à la demande de la police.
Nous avons alors décidé de trouver un taxi pour nous ramener à notre hôtel dans le 12ème mais les taxis présents devant la gare ne voulaient prendre personne. En définitive nous avons trouvé un taxi qui a accepté de nous prendre en nous annonçant qu'il irait très vite car c'était risqué. Il nous a annoncé son prix, nous l'avons accepté car nous n'avions pas le choix.
Ce chauffeur était sans aucun doute la doublure du conducteur du film Taxi, ça a été chaud, très très chaud !!
Il y avait des policiers, des pompiers, des ambulances, la Croix Rouge, des sirènes, des feux girophares partout...
A un barrage de police, un policier nous a demandé de charger un médecin pour l'amener à la Pitié. Là, ce fut encore plus chaud, à fond tout le temps, comme dans un film poursuite. Nous sommes arrivés à la Pitié-Salpétrière plus vite que ne l'aurait été un avion. Ensuite, le taxi nous a déposé à notre hôtel et arrivées dans le hall nous avons poussé un ouf de soulagement car nous étions vraiment soulagées d'être là.
De tout coeur avec ceux qui sont aujourd'hui dans la peine, qui ont perdu un proche, qui ont été blessés ou qui luttent sur un lit d'hôpital. Nous avons eu de la chance, ces fous étaient là, parmis nous, s'ils avaient actionné leurs bombes peut-être je ne serais pas là aujourd'hui.
Je ne veux juger personne mais là, hier soir c'était la guerre et nous avons été touchés, durement.