Il y a quatre jours, après son match raté face aux États-Unis, malgré un essai, la question était de savoir si Alivereti Raka (note de 3/10 dans L'Équipe) en avait fini avec sa Coupe du monde. Si l'ailier d'origine fidjienne, sélectionné de dernière minute, n'allait finalement pas vivre la fin du Mondial japonais en tribunes. Quatre jours plus tard donc, Alivereti Raka a encore joué l'intégralité de la partie (le seul Tricolore dans ce cas) et il a été élu homme du match ! «Je suis content pour lui parce qu'il a prouvé qu'il était un très grand joueur, a reconnu le demi de mêlée Baptiste Serin. Il fait partie des mecs qui nous ont mis dans l'avancée et fait gagner ce match.»
Auteur d'un essai après un joli coup de pied à suivre pour lui-même après un coup franc joué rapidement par Baptiste Serin (32e), l'ailier en avait offert un sur un plateau à son compère Virimi Vakatawa après un raid dont il a le secret (6e). Il s'est cette fois montré à son avantage. «C'est un phénomène, s'est enflammé son partenaire Sofiane Guitoune à l'issue de la rencontre. Il a besoin de confiance et, quand c'est le cas, il éclate tout le monde !Sur le terrain, il est capable de tout, de battre trois ou quatre mecs à lui seul sur une action. C'est vraiment un super joueur.»
C'est ce que s'est appliqué à faire dimanche. Pour grossir le trait, contre les États-Unis, chacune de ses prises de balle s'était soldée par un mauvais choix ou un en-avant. Dimanche, au Kumamoto Stadium, c'était tout l'inverse ou presque, avec tout de même quelques scories à souligner. Il a par exemple perdu trois ballons, ce qui est trop à ce niveau. Il a également mal défendu sur le second essai tonguien en se consommant sur le porteur de balle pour libérer le couloir à son vis-à-vis (47e).
Mais offensivement, à chaque prise de balle il a créé du danger. L'ailier d'origine fidjienne a affolé les statistiques. Avec 13 courses, 142 mètres parcourus, 4 franchissements et 3 défenseurs battusi, il a réalisé un match solide. «Dès qu'il a des espaces, Raka fait des éclats, a apprécié Grégory Alldritt. Il ne doutait pas. Ça arrive de faire un mauvais match. Il a surtout fait des en-avant. Ça se règle, c'est dans la tête. La preuve, derrière il sort un match énorme.» «C'est un Fidjien, je pense qu'il ne se prend pas trop la tête avec les critiques, a estimé Damian Penaud, qui le côtoie à Clermont. Mais on a été là pour l'aider, on a fait le nécessaire pour qu'il puisse se sentir bien avant de démarrer le match.» «Il n'a jamais été remis en question», a insisté Aldritt. Vraiment ?
Après sa prestation ratée contre les États-Unis, le staff s'est interrogé sur la pertinence de le faire enchaîner. Mais la blessure de Ramos (dont la présence aurait permis de faire glisser Médard à une aile) et la nécessité de préserver certains cadres comme Yoann Huget et Gaël Fickou, qui peut dépanner à l'aile, ont plaidé en sa faveur. Raka, lui, n'a pas gambergé. Il s'était dit prêt à enchaîner. Il a tenu parole.
«Alivereti, tout le monde l'a enterré après le match contre les États-Unis, l'a défendu Penaud. Vous êtes tellement habitués à le voir traverser le terrain que, quand il ne le traverse pas, vous le critiquez. Dans le groupe, personne ne doute de ses qualités. Il a fait un grand match et a fortement contribué à la victoire.»«C'est bien, ça va lui redonner confiance, a insisté Serin. C'est très bien pour nous !» La question est maintenant de savoir si Raka a remis en cause la hiérarchie au poste d'ailier en vue du match face à l'Angleterre et/ou du quart de finale. Plus solides sous le jeu au pied adverses, Penaud et Huget, préservé dimanche, gardent a priori une tête d'avance. A priori...