"J'ai envie d'apporter au rugby féminin" : Fabrice Ribeyrolles, entraîneur de l'ASM, candidat au poste de sélectionneur
La Fédération Française de Rugby a lancé en début de semaine un appel à candidature pour le poste de sélectionneur de l'équipe de France féminine de rugby. Entraîneur de l'ASM depuis 10 ans, Fabrice Ribeyrolles va postuler. Porté par sa grande expérience et son envie de faire bouger les lignes.
Par Arnaud Clergue
Publié le 24 octobre 2025 à 11h48
Quelles ont été les motivations qui vous ont poussé à candidater pour le poste de sélectionneur du XV de France féminin ?
J'ai envie d'apporter encore plus au rugby féminin. J'ai déjà fait beaucoup ici avec Clermont depuis 10 ans déjà. Je suis dans l'écosystème du rugby féminin depuis longtemps. On a construit le club de Romagnat et l'évolution est impressionnante. Tous les week-ends, je vois le potentiel qu'il y a chez les jeunes. J'ai envie d'apporter ma pierre à l'édifice au niveau international comme j'ai pu le faire au niveau local. J'ai eu beaucoup d'échanges avec plusieurs personnes, il y a énormément de choses à faire. Et puis représenter la France serait une immense fierté. Après voilà, il y a une sélection qui doit être faite, la prise de poste étant le 5 janvier. Il faut que ça corresponde à toutes mes attentes sur le plan professionnel et aussi au niveau du club de l'ASM Rugby féminin.
La réflexion fut-elle murie ou soudaine ?
Cela fait quelque temps que je savais qu'il allait y avoir un appel à candidature. Mais cela a mis du temps à germer dans ma tête. Au début, j'avais trop de contraintes familiales et professionnelles. C'est en discutant avec les gens que la réflexion a grandi. Beaucoup de personnes m'ont signifié que j'étais légitime de par la vision que je peux avoir. "Ce que tu as construit à Romagnat, il faut que tu l'emmènes au niveau national". En échangeant avec ma famille, je me suis dit que cela pouvait être un super challenge. J'ai entamé ma 11e saison avec Romagnat (ASM Rugby féminin), c'est peut-être aussi le bon moment. Même si cela a été difficile à l'annoncer à mes joueuses. Quoiqu'il se passe je ne serai pas déçu. Il y a un projet magnifique avec le club. Il y a un projet magnifique avec l'équipe de France.
"J'ai envie de finir la saison avec mes joueuses"
Imaginons que vous êtes retenu pour le poste, allez-vous terminer la saison avec l'ASM ?
C'est une discussion que je dois avoir. Ce sont toutes les contraintes qui vont avec le poste, mais rien n'est défini aujourd'hui. Mais une chose est certaine, c'est que je ne veux pas laisser les filles comme cela. C'est d'ailleurs ce que je leur ai dit mardi. On a recruté des joueuses. Je suis d'ailleurs un peu mal à l'aise vis-à-vis de mon club et des filles. Elles sont contentes pour moi mais elles sont aussi inquiètes pour la suite. Beaucoup n'ont connu qu'un coach. Au départ, c'est ce qui m'a aussi un peu retenu dans le fait d'y aller, cette confiance mutuelle que l'on a. On étudiera la situation mais personnellement j'ai envie de finir la saison avec mes joueuses, c'est certain. Peut-être de manière différente. Tout cela a été discuté avec le club avant de l'annoncer officiellement.
Quels sont les axes forts de votre candidature ?
L'idée m'intéresse vraiment et j'ai d'ailleurs commencé à dessiner un plan d'action. Il y a deux piliers forts dans la candidature que je souhaite porter. Le premier ce sont les liens avec les clubs. Il y a un travail fort à faire. Il faut impliquer les managers dans le projet France. Quand, lors d'un stage de préparation on invite des entraîneurs de Top 14 ou de Pro D2, ça me rend fou. Il y a des compétences chez les entraîneurs en Elite 1. Et je trouve cela désolant qu'il n'y ait pas de techniciens impliqués pour créer une dynamique.
Le deuxième point concerne le potentiel qu'il existe en France. Il faut mieux travailler avec les gens de la Fédération pour vraiment développer ce potentiel en créant de la concurrence saine. Il faut pouvoir entraîner les filles de manière beaucoup plus régulière et avoir des oppositions plus fortes. On peut nettement améliorer les choses. Je vois la réussite du Canada (finaliste de la Coupe du monde 2025) par le travail. J'ai envie que les joueuses de l'équipe de France bénéficient aussi de ce travail.