"J’avais peur de mal faire"
Rabah Slimani - Pilier de Clermont Avant d’affronter ses anciens partenaires, l’international dresse un bilan sans concession sur son début de saison. Et délivre quelques messages…
Propos recueillis par Arnaud BEURDELEY
arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr
Ça vous fait quoi de retrouver vos anciens partenaires ?
Même si je sais depuis longtemps que ce jour-là va arriver, ça va me faire bizarre. J’ai quand même quelques amis dans cette équipe du Stade français, des mecs avec qui j’ai vécu beaucoup de choses, beaucoup d’émotions. Je vais avoir plaisir à croiser certaines têtes, mais sur le terrain, il faudra faire abstraction de tout ça.
Est-ce facile de faire abstraction de ce contexte pour préparer un match comme celui-là ?
Franchement, ça ne me perturbe pas plus que ça. Pour moi, c’est peut-être aussi l’occasion de montrer que j’ai fait le bon choix. Partir du Stade français, quitter ma famille, n’a pas été simple. Et ma décision n’a pas été bien comprise de tout le monde. Lorsque j’ai annoncé mon choix, j’ai essuyé beaucoup de critiques, même de la part de certains de mes anciens coéquipiers. Je ne leur en veux pas, je peux le comprendre. Mais au fond de moi, si je peux leur montrer samedi que j’ai eu raison de partir, je ne vais pas m’en priver.
Vous semblez avoir été touché par les remous que votre départ a provoqués…
C’est du passé, inutile de revenir là-dessus. En revanche, ce qui m’agace, c’est quand certains font courir le bruit que je ne me sens pas bien à Clermont. Ça, c’est complètement faux. Mon choix, j’en suis très content. J’avais besoin de changement, de voir autre chose, de me remettre en question. Chacun a sa façon de fonctionner. Certains n’aiment pas le changement, moi, c’était une nécessité. On a qu’une seule vie et je n’ai pas envie de passer à côté de mes envies.
Justement, comment jugez-vous vos premiers mois avec l’ASM Clermont-Auvergne ?
(Il souffle longuement). Au début, j’ai eu quelques difficultés. En fait, j’avais peur de mal faire, de ne pas être au niveau de l’équipe, de faire des bêtises. Du coup, je n’arrivais pas à me lâcher et ça se voyait. Franck (Azéma) m’a beaucoup parlé, m’a donné beaucoup de confiance. Il a bien vu que j’avais du mal à m’adapter. Il m’a sans cesse répété : « Je sais que tu sais faire les choses, lâche-toi. Joue sans pression. » Cette confiance, c’est du bonheur pour un joueur. Ici, tout est fait pour te rendre meilleur. Samedi dernier contre Northampton, j’ai le sentiment d’avoir livré mon meilleur match depuis que je suis arrivé. Et j’espère que ça va continuer comme ça.
Quel regard portez-vous sur le début de saison du Stade français ?
On peut penser ce que l’on veut, mais sur le plan comptable, les Parisiens ont même nombre de points que nous en Top 14 (13). Je ne vais donc pas fanfaronner. Ce qui diffère entre les deux clubs, c’est que le Stade français est un club en reconstruction. Il y a eu beaucoup de départs, quelques arrivées. J’ai connu ça, il y a quelques années, tout ne se fait pas en un claquement de doigts. Quand Thomas Savare a repris le club, on n’est pas devenu champion de France du jour au lendemain. Obtenir des résultats, ça prend du temps. Les nouveaux dirigeants n’ont eu que peu de temps pour préparer la saison j’ai l’impression que le projet qu’ils souhaitent mettre en place est solide.
Le Stade français vient de subir deux humiliations en Challenge Cup. Craigniez-vous une réaction d’orgueil ?
Je suis bien placé pour savoir que le Stade français n’est jamais aussi dangereux que lorsqu’il se trouve dans ce genre de situation. Par le passé, à chaque fois qu’on nous annonçait complètement mort, on s’en sortait. Je me doute que les mecs sont vexés par ces deux défaites. Quand j’ai appris la défaite en Russie, je n’y ai pas cru au départ. Et puis, samedi dernier, j’ai regardé le match face au London Irish, ça m’a fait mal au cœur. J’espère que le Stade va redresser la barre mais pas chez nous.
« J’avais peur
de mal faire »
C'est peut-être convenu, mais l'interview confirme les capacités de Francky à redonner confiance aux mecs dans le dur