L'escroc laporte qui fou le bordel partout avec ses méthodes moyenâgeuses
L'Equipe :
RUGBY
LE TOP 14 SOUS TENSION
HAMID IMAKHOUKHENE ET ALEX BARDOT (AVEC A. R. ET P. P.)
Une atmosphère bizarre régnait hier sur le Championnat : le flou entourant la nomination du futur staff de l'équipe de France suscitait incompréhension, agacement ou colère.
De Jacques Brunel à Bordeaux (à gauche) à Fabien Galthié à Toulon (ci-dessus, à gauche), en passant par Sébastien Bruno en déplacement à Montpellier (en haut, à droite), aucun de ces techniciens du Top 14 n'a voulu évoquer hier l'équipe de France.
Ce fut un samedi de rugby bizarre. Où l'on a regardé les matches s'enchaîner pendant quasiment neuf heures non-stop, avec la sensation forte qu'un mystère et une tension planaient sur le Top 14. La cause : l'annonce dans la presse, jeudi dernier, de la future nomination de Jacques Brunel comme sélectionneur de l'équipe de France, et la publication de plusieurs noms d'entraîneurs de club pour l'épauler. Hier, sur tous les terrains, à part ceux d'Agen et Castres, on a scruté les visages et les réactions de ceux dont les noms circulent. Brunel, le plus épié, a coupé l'envie de lui poser des questions sur le sujet des Bleus dès son installation dans la salle de presse du stade Matmut Atlantique, où Bordeaux-Bègles venait de terrasser le leader rochelais (29-19). Après avoir salué l'assistance d'un sobre « bonjour » au micro, il fixa d'entrée la condition de sa présence : « En préambule, je voudrais signaler que je ne parlerai que du match, je ne répondrai à rien d'autre. » Il y eut bien une tentative de relance sur l'équipe de France, sur le contexte des jours précédents, sur sa situation personnelle. Avait-il senti un surplus de motivation chez ses joueurs ? « Absolument pas. L'adversaire lui-même obligeait à se surpasser. » Avait-il été perturbé à titre individuel par les informations le concernant ? « Je ne parle pas de ça, je reste sur le match. Je ne suis pas perturbé, moi. J'étais juste inquiet du comportement de l'équipe dans le secteur défensif, au vu de la qualité de l'adversaire. » Vendredi, la veille du match, Brunel avait quand même pris le soin de parler à ses joueurs. « Il nous a dit que si Bernard Laporte l'appelait, ça serait plutôt une décision positive, il partirait », a raconté hier le jeune ouvreur Matthieu Jalibert (19 ans).
Galthié confirme l'existence de contacts à Boudjellal
En réalité tout est acté, mais Brunel ne peut pas devancer les annonces officielles de l'éviction de Guy Novès et de sa propre nomination, qui seront effectuées par Bernard Laporte mercredi. La situation est bizarre. Ubuesque. Pour la qualifier, Laurent Marti, le président de l'UBB, qui sait « ce qui pourrait se passer » après une discussion avec son manager, a choisi les mots de « très, très floue ». Pas au hasard. Ces mots et la manière du président bordelais de ne pas envisager le départ de Brunel – « j'ai un manager, qui est encore sous contrat l'année prochaine, et on a encore grand besoin de lui » – ressemblent à une pierre dans le jardin de la FFR. En prenant contact avec Brunel pour succéder à Novès, en repoussant à deux reprises l'annonce de sa décision, puis en laissant filtrer des informations dans la presse, la Fédération a eu une communication hasardeuse, créatrice de rumeurs, d'incompréhensions, et parfois d'agacement.
C'est le cas à Bordeaux-Bègles, mais aussi dans les clubs qui ont vu le nom de leur(s) entraîneur(s) circuler pour faire partie du futur staff de Brunel. Le Rochelais Patrice Collazo, qui a fait partie des cités, comme son adjoint Xavier Garbajosa, a froidement exprimé sa colère hier : « Il y a un truc primordial pour moi, c'est le respect des hommes et des institutions. Aujourd'hui, je trouve qu'il n'y a pas le respect des hommes et des institutions. Ça me gonfle un peu, parce qu'on entend des choses, on balance des choses qui ne sont pas fondées. On ne respecte pas les gens qui sont toujours en place (Guy Novès, Yannick Bru et Jeff Dubois qui, selon nos informations, n'avaient pas été officiellement prévenus vendredi). Ça me gonfle profondément, qui plus est parce que je les connais. Mais au-delà de ça, on balance des noms à tort et à travers sans fondement, ça met les personnes en porte-à-faux dans leur club. Et je ne suis pas trop habitué, parce que je suis dans un club où l'on respecte les hommes et les institutions. » Et il a conclu en laissant entendre que, lui, ne serait pas concerné par l'équipe de France. « Je suis bien là où je suis finalement. Voire très bien. » D'autres clubs doivent gérer les informations ou les rumeurs. À Clermont, où Franck Azéma (et dans une moindre mesure Bernard Goutta) a été annoncé comme un adjoint possible de Brunel, le président Éric de Cromières s'est dit « dans l'expectative ». « Je ne suis pas au courant du départ de Franck, a-t-il déclaré à la Montagne. Je n'ai eu aucun contact de la FFR pour évoquer ce sujet. Je me demande qui orchestre ce type de rumeur… Franck m'a aussi dit qu'il n'avait eu, lui non plus, aucun contact. » À Lyon, le manager, Pierre Mignoni, dont le nom a couru comme celui de son adjoint, Sébastien Bruno (bien placé dans la liste de Brunel selon plusieurs sources), a déclaré n'avoir «rien à dire » sur la question, alors que le président Yann Roubert a certifié à Canal + n'avoir eu « aucun contact avec la FFR ». Mourad Boudjellal, lui, est mieux informé que ses collègues. Selon nos informations, après avoir entendu des bruits concernant Fabien Galthié, le boss toulonnais a provoqué une discussion avec son manager. Qui lui a confirmé l'existence de contacts pour intégrer le staff de l'équipe de France. Hier soir, après la victoire du RCT, Galthié a assuré : « J'ai eu Jacques Brunel deux fois cette semaine pour parler de la disparition de notre ami Hervé Couffignal : lundi pour parler de la nouvelle et, jeudi, pour parler de l'enterrement. »