Les clubs amateurs lui avaient déjà répondu « non » en avril 2019, quand Bernard Laporte les avait sondés sur l'éventualité de prendre un sélectionneur étranger pour préparer la Coupe du monde 2023. Mais les enjeux politiques n'avaient rien à voir avec le référendum gaulliste organisé cette semaine auprès des clubs, d'autant que l'équipe de France s'en sort magnifiquement bien avec Fabien Galthié ces dernières années.
« Approuvez-vous la proposition de Bernard Laporte de désigner Patrick Buisson en qualité de président délégué de la FFR ? », était-il cette fois demandé aux 1 574 clubs habilités à voter pendant 72 heures. Ce n'était pas la peine de l'écrire noir sur blanc pour que l'électorat saisisse la vraie question qui leur était posée : pour ou contre Bernard Laporte et sa gouvernance ?
Patrick Buisson, président délégué apprécié du monde amateur dont il avait la charge dans l'équipe Laporte, avait pris les commandes de la communication officielle en s'exprimant dans plusieurs interviews. Mais c'est bien Bernard Laporte qui passait de nombreux coups de fil aux clubs en coulisses. La communication fédérale tournait à plein régime dans les boîtes mail et vocales des électeurs, répétant les mêmes arguments : un vote « non » nuirait à la Coupe du monde organisée en France (8 septembre-28 octobre) et pourrait même perturber la sélection.
Le discours martelé n'a pas convaincu. Pour : 48,94 %. Contre : 51,06 %. Communiqué quelques minutes après la clôture des votes électroniques jeudi midi, le résultat est une vraie claque pour Bernard Laporte et son équipe, toujours soutenus majoritairement par les clubs amateurs depuis leur arrivée au pouvoir fédéral fin 2016. Le président de la FFR et sa garde rapprochée projetaient une large victoire du « oui » dans la semaine et sont donc tombés de très haut.
Entre l'écrasant succès à 70 % espéré jusque dans les dernières heures par les plus optimistes des échantillonneurs d'opinion de l'équipe de campagne Laporte et un résultat net en dessous des 50 %, il y a un gouffre que la théorie du complot après la garde à vue de Bernard Laporte dans une autre affaire, fiscale cette fois-ci, mardi, en plein vote des clubs, ne suffirait à combler.
Le comité directeur de la FFR prévu vendredi matin à Marcoussis en présence de la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra permettra d'y voir plus clair sur les intentions de Bernard Laporte et de son équipe fédérale après ce camouflet. Le président en retrait est resté muet depuis l'annonce du résultat, tout comme Patrick Buisson, qui n'a (toujours) pas répondu à nos sollicitations. Ce dernier ne sera pas président délégué de la FFR et cela sonne presque comme un détail devant les enjeux colossaux qui s'annoncent après cette victoire du « non ».