Article La Montagne : ASM Clermont : la renaissance de "Big George" Moala
ASM-Toulon, 26 février dernier. Remplacé à la 67e minute de jeu après un match plein, George Moala tombe dans les bras de son entraîneur Christophe Urios, installé sur le banc clermontois depuis seulement un mois. À l’époque, cette image pouvait paraître anodine, mais avec trois mois de recul supplémentaires, elle veut tout dire de la fraîcheur mentale retrouvée par le trois-quarts centre.
Dans une première partie de saison où le jeu de l’ASM s’est progressivement délité, George Moala traînait son spleen dans les couloirs du centre d’entraînement et de perfectionnement de l’ASM. Tant et si bien qu’au cœur de l’hiver, le Tongien avait apparemment fait part à Jono Gibbes, l’entraîneur de l’époque, de sa volonté de quitter l’Auvergne plus tôt que prévu (il est sous contrat jusqu’en 2024).
Stoppé par deux commotions, le tracteur clermontois n’était que l’ombre de lui-même. Seulement titularisé trois fois sous Jono Gibbes (contre Pau, à Toulon et au Racing), le joueur âgé de 32 ans ne possédait plus le rendement que tout le monde lui connaît. « Je ne sais pas comment ça se passait avant pour lui, je n’étais pas là, mais à travers ce que je voyais de ses matchs, ce n’était pas le vrai George. Je sens qu’il monte en puissance et quand il est comme ça, on n’a pas la même équipe », expliquait Christophe Urios il y a quelques semaines.
Le technicien a parfaitement raison. Avec un George Moala à ce niveau, l’attaque clermontoise possède une tout autre force de frappe. On l’a d’ailleurs vu samedi dernier face au Stade Français. George Moala a résisté au retour de quatre défenseurs parisiens pour inscrire le premier essai de l’ASM et mettre ses coéquipiers sur la voie d’un succès bonifié (32-16). Au total, le centre aura avancé de 49 mètres. Un point fort qui permet à Clermont de mettre la pression sur ses adversaires et de créer des brèches par la suite. Et qu’importe s’il évolue premier ou deuxième centre, George Moala a retrouvé tout simplement le plaisir de jouer. Force et adaptation « Tout dépend de la situation, explique le principal intéressé. Lorsque l’on veut avoir un jeu plus direct, je préfère en attaque évoluer avec le numéro 12. Mais, sur les situations défensives, je préfère être deuxième centre. Mais Irae (Simone) se sent plus à l’aise avec le numéro 13. »
Pour ses partenaires, son positionnement n’a pas d’importance. L’essentiel étant que l’ancien international All Blacks (4 sélections) soit sur le terrain. Anthony Belleau, qui a désormais l’habitude de jouer avec lui, reconnaît ce sens du collectif et son profil adaptable, ce qui constitue forcément un plus. « Il a eu du mal à se trouver en début de saison. Avec ses pépins physiques, il n’arrivait pas trop à enchaîner. Maintenant, cela fait de nombreuses semaines qu’il joue et on sent qu’il monte en puissance (il reste sur onze titularisations consécutives). George est très professionnel, il s’entraîne dur et il est tout le temps au service du collectif. Premier ou deuxième centre ? Franchement, je l’aime comme il est (rires). On se sert de son profil et il sait également faire preuve d’adaptation pendant le match. On l’a vu face au Stade Français, il a fait beaucoup jouer après lui. Il porte fort le ballon. Et forcément, il arrive à avoir une palette complète dans son registre. Et cela aide toute l’équipe. »
En enchaînant les performances de la sorte, George Moala risque de largement dépasser les 100 matchs avec l’ASM. Une barre qu’il a franchie le week-end dernier. Ce n’était pas du tout évident il y a quelques mois de cela mais « Big George » a su remettre les pendules à l’heure.
Arnaud Clergue