C'est une prolongation Covid dont les Clermontois se seraient sans doute bien passés et ils s'y plongent jusqu'à jeudi sans trop y croire : l'effectif auvergnat, éliminé samedi du Top 14, doit rester en alerte au cas où un demi-finaliste serait empêché d'aller à Lille à cause du virus. « Ça aura ce mérite, au moins, on va profiter des gars et de ce moment ! », en a souri Franck Azéma, dans une salle surchauffée de Chaban-Delmas, la défaite contre l'UBB à peine actée. La parenthèse va permettre de clore officiellement un long chapitre de l'histoire de l'ASM, celui du coach catalan, arrivé au club en 2010 comme adjoint, pour en repartir en entraîneur principal.
Derrière ces adieux étirés, le club auvergnat garde de longs dossiers à régler. Il lui faut solder le départ de Franck Azéma, voulu par l'entraîneur lui-même, deux ans avant la fin de son contrat. Longtemps pressenti à Montpellier, il a fait les frais de la mésentente entre les deux clubs pour se retrouver finalement sans point de chute pour la saison prochaine. Il est toujours en pourparlers avec son président, Jean-Michel Guillon, pour clarifier les conditions de son départ, dans une ambiance pas toujours sereine.
S'il a déjà trouvé le remplaçant, en la personne de Jono Gibbes, le nouveau dirigeant clermontois doit aussi régler le sort des adjoints d'Azéma. Et là encore, tout n'est pas réglé. Une proposition a été transmise à Bernard Goutta, le responsable des avants, pour rester dans l'environnement du club. Didier Bès, spécialiste mêlée, devrait, lui, partir. Et selon La Montagne, un autre historique chez les Jaune et Bleu devrait quitter la maison : Sébastien Bourdin, le préparateur physique.
Quand il en aura fini avec La Rochelle, Gibbes devrait donc officialiser son futur staff. Le Néo-Zélandais, ancien de la maison, où il a secondé Franck Azéma de 2014 à 2017, y retrouvera avec plaisir Xavier Sadourny, qui gardera la charge de l'attaque jaune et bleu. Benson Stanley devrait conserver ses prérogatives sur la défense. Et l'ex-centre de l'ASM accueillera un ancien partenaire, Davit Zirakachvili : le pilier droit, retraité en 2020 après 15 ans à caler la mêlée auvergnate, avait mis un pied dans le coaching dès cette saison, grâce à... Jono Gibbes, qui le rapatriera de La Rochelle. Enfin, toujours en provenance de Charente-Maritime, où il est responsable de la performance, Johny Claxton fera le voyage et chapeautera la préparation physique.
Cela fait presque plus de mouvements que dans l'effectif des joueurs ! Car Clermont, qui laisse partir trois membres importants de son squad, Sitaleki Timani, Tim Nanai-Williams et Peter Behtam, a procédé à un recrutement prudent. Deux nouveaux visages seulement devraient faire leur apparition au Marcel-Michelin à la reprise, en juillet. Le deuxième-ligne international argentin Tomas Lavanini (28 ans), en provenance de Leicester. Et le demi d'ouverture irlandais JJ Hanrahan (28 ans), valeur sûre du Munster. Contrainte dans son budget, l'ASM doit continuer de miser sur les jeunes qui ont obtenu plus de temps de jeu cette saison, comme les piliers Daniel Bibi Biziwu (19 ans) ou Sipili Falatea (24 ans), ou, derrière, le centre Tani Vili (20 ans) et l'arrière Cheikh Tiberghien (21 ans).
C'est plutôt dans l'effectif Espoirs qu'on décèle plus nettement l'amorce d'un nouveau cycle. Clermont a par exemple tenté un de ses paris hors de ses frontières, en attirant un trois-quarts du Zimbabwe, passé par le système sud-africain, TJ Maguranyanga (18 ans). Mais c'est surtout dans le vivier français que l'ASM est allée puiser, avec deux jeunes de 17 ans déjà identifiés qu'elle a su attirer, le demi de mêlée de Biarritz Baptiste Jauneau et le centre de Mont-de-Marsan, Léon Darricarrère, fils de David. Ils incarnent le futur de Clermont, ceux à travers lesquels les Auvergnats, en les faisant arriver à maturité encadrés par des joueurs plus expérimentés, pourront réintégrer un cercle dont ils ont paru s'éloigner depuis 2019, celui des prétendants au Brennus.