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Nakarawa le stakhanoviste (R. Martin/L'Equipe)« Il travaille dans les mauls, il pousse en mêlée, saute en touche, court... C'est une machine. »
«Ridicule, riposte son coéquipier Donnacha Ryan. Les gens ne se rendent pas forcément compte du travail qu'il abat. Il travaille dans les mauls, offensifs ou défensifs. Il pousse en mêlée, saute en touche, court... Il peut jouer fréquemment une heure troisième-ligne avec un grand volume de courses et finir deuxième-ligne. C'est une machine. Ses scores GPS à l'entraînement montrent à quel point il est fort. » Louis Dupichot en rajoute une louche : « Comme il tente beaucoup d'offloads en levant les bras, il prend énormément de chocs dans les côtes. »
D'où l'importance d'être gainé. « Il est fort du haut du corps, fort du bas, indique Stuart Yule, son préparateur physique des années Glasgow. Il est très coordonné pour un gars de son gabarit. Il peut changer de direction sans traumatiser ses articulations. Il a des muscles aussi explosifs qu'un joueur d'1,85 m. Je ne pense pas qu'il travaillait énormément avant d'arriver en Europe. Son corps n'est pas saturé. Mais, pour moi, l'explication prioritaire à ces deux mille minutes, c'est la mentalité de Leone. Pour lui, le rugby, c'est fun. »Disons que Nakarawa, c'est de la fantaisie militaire. Il y a ce qu'on voit (du jeu libre) et ce qu'il s'inflige, par éducation ou par croyance. À Tavua, où il est né, le petit Leone n'était jamais certain de se coucher le ventre plein. Son père occupé à débrayer à la mine d'or – la grève la plus longue du monde, vingt-cinq ans ! –, il a dû travailler très jeune comme vendeur de manioc, avant de servir ensuite dans l'armée. De tout ça, il a gardé une rectitude dans le travail. « La fatigue, c'est dans la tête, nous disait-il il y a quatre mois. Les massages ? Jamais de massages. Ça me ramollit. » Il racontait aussi qu'il avait demandé à ses parents de ne pas venir le voir à Paris, ni de l'appeler. Pour ne pas le distraire.
Joueur qui a l'air très bien mais ça m'fait peur...