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#30751 Alex chocolatines

Alex chocolatines

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Posted 22 September 2025 - 11:05 AM

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#30752 el landeno

el landeno

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Posted 23 September 2025 - 06:00 AM

« Je fais davantage confiance » : Pierre Mignoni, le coach du RC Toulon, tente d'allier efficacité et sérénité sur le banc
L'exigeant entraîneur du RCT s'est confié sur l'évolution de son management, toujours viscéralement impliqué mais plus confiant et conscient de la nécessité d'un certain recul.

Quelque temps avant l'annulation du match face à La Rochelle ce dimanche, pour cause d'intempéries, on avait pu échanger avec le Directeur du rugby du RC Toulon. L'idée était de tenter de comprendre l'évolution de ce coach bouillonnant que le grand public peut observer, chaque week-end. Tellurique et ultra-concentré sur le bord de la touche, serrant contre lui son paperboard et son inévitable stylo Bic 4 couleurs.

 
 

« Vous avez plutôt bien entamé le Championnat avec deux victoires en deux matches, qu'est-ce que vous allez raconter à vos joueurs pour les embarquer durant 8 mois ?
L'idée, c'est d'essayer de créer une petite histoire sur chaque match, de les embarquer un peu, comme vous-dites, parce que le Top 14, c'est très long.

 

C'est vous le storyteller ?
Oui, mais c'est surtout eux qui décident. J'impulse, j'essaie de les intéresser pour qu'ils soient focus. Après, sur onze mois, c'est compliqué. Il faut jouer sur toutes les cordes, ne pas être que sur l'émotion ou l'agressivité. Créer chaque semaine une petite histoire pour éviter la routine. Parfois, avant même d'avoir disputé le match du samedi, dans ta tête, tu es déjà sur le scénario de la semaine suivante. C'est l'effet machine à laver. Tu affines après le match avec les faiblesses entrevues, les axes à améliorer et l'inspiration qui surgit. Ce n'est pas simple de garder de la fraîcheur pour se réinventer, de chercher ailleurs sans perdre un fil conducteur. Cette saison, on a un thème pour générer l'attention des joueurs, donner du sens. Je ne peux pas le dévoiler car c'est un truc entre nous, mais disons que c'est un thème qui amène à des histoires qui peuvent évoquer l'histoire de Toulon, sur la ville, sur notre propre histoire...

En quoi avez-vous progressé en tant que meneur d'hommes ?
Je veux m'appuyer encore plus sur les joueurs pour la construction de la saison. Avant qu'elle ne débute je leur ai donné le calendrier, découpé entre le Top 14, la Coupe d'Europe, les vacances, les temps de repos et de régénération qui sont fondamentaux. Et les phases finales. Dans ce découpage, on a essayé de comprendre pourquoi on était bien dans cette période et moins bien à d'autres. Lors de notre dernier tiers de saison, le plus important, on a un peu plongé.

 
 
 

Pourquoi ?
En perdant un quart de finale de Coupe d'Europe (21-18, face au Stade Toulousain), tu ne peux pas non plus t'effondrer, tu vois ? Aujourd'hui, avec le recul, les joueurs ont plus de facilité à le comprendre et à l'expliquer qu'à chaud. Pour certains, ça a été un cataclysme. Mais des matches de cette dimension, j'espère qu'on va encore en vivre ! Pour connaître la victoire, il faut aussi passer par des défaites. La capacité d'une grande équipe, c'est de vite se relever. Tout ça on le sait en théorie, sauf que quand tu es frappé en réel, la déception et la frustration peuvent engendrer de la tristesse et faire verser dans le négatif.

« Toulon, ce n'est pas la Côte d'Azur. Ni les paillettes. Contrairement à ce qu'on peut croire, c'est dur la vie chez nous »

 
 
 

Si cette saison était le parcours du Tour de France, à quel moment situeriez-vous la difficulté des Pyrénées ?
Le Top 14, c'est les Pyrénées chaque semaine. Il n'y a pas de période plus facile. En revanche, il y a des séquences où tu sais que tu vas morfler. L'après Tournoi, par exemple, quand tes internationaux reviennent et qu'aucun n'est sur le même rythme. L'effectif n'est plus du tout à l'équilibre. Il te faut le retrouver le plus vite possible ! On anticipe ça dans le recrutement mais c'est toujours l'adaptation qui prime. Le pire ennemi, c'est l'imprévu des blessures. Quand Charles (Ollivon) s'est blessé la saison passée, sur le coup, j'étais dévasté. Pour lui avant tout. J'ai été joueur, je sais ce que c'est que de se faire un croisé. Le chemin est si long derrière... Sur le coup de la tristesse pour ton joueur, tu ne mesures pas tout de suite l'impact sur l'équipe. Il faut tenir bon, lui montrer qu'on est là pour lui. Qu'on va l'accompagner avec un plan précis. C'est rassurant pour un joueur. Aujourd'hui, Charles est proche de revenir, c'est une excellente nouvelle pour lui et pour l'équipe.

Après le match de Montpellier (victoire 16-27, 1re journée), vous avez confié avoir dit à Zach Mercer (troisième-ligne centre de Toulon) : ''À Toulon, il faut un 8 qui combat, qui travaille dur et qui par moment ferraille. Et ce soir, il l'a fait. Ça me va...'' Pourquoi ?
Zach est capable d'orienter le jeu, de faire le lien entre les avants et les trois quarts, il a un registre large, mais je lui ai dit qu'à Toulon on se doit d'avoir un paquet d'avants très présent. C'est la culture d'ici. On doit combattre. Il est capable de le faire et tant qu'il reste là-dedans, il fera partie des meilleurs joueurs du Championnat.

Qui entraîne les avants de Toulon, en fait ? Un peu vous, un peu Éric Dasalmartini alias ''Brique'' ?
Par mon côté ancien demi de mêlée, j'ai toujours aimé ces mecs deux-trois fois plus costauds que moi et que j'aime défier ou commander. Mais j'ai trop de respect pour la mêlée pour me permettre de m'en occuper. Brique fait ça très bien. C'est lui qui entraîne les avants avec Sergio (Parisse). Brique c'est un discret. Vous ne le verrez jamais en conférence de presse parce qu'il n'en a pas envie. Il est construit comme ça. Mais il donne son âme au club. Il ne parle pas beaucoup, mais il fait. En ça, pour moi, il représente tout ce que doit être Toulon.

Les gens de Toulon aiment bien parler quand même...
Naaan ! Mais ce n'est pas ce qui caractérise notre ville. Toulon, ce n'est pas la Côte d'Azur. Ni les paillettes. Contrairement à ce qu'on peut croire, c'est dur la vie chez nous. C'est une ville qui a toujours été attaquée historiquement. On ne s'est jamais laissé trop faire ici. Nos arrière-grands-parents l'ont vécu à travers toutes les guerres qui se sont passées : le premier port français attaqué a souvent été Toulon.

Toulon, la ville incomprise qui aime les proscrits, ça ressemble à votre thème de la saison...
Non, ce n'est pas ça. Mais bien tenté...

« J'aime avoir la relation avec mes 9 mais je ne leur demande absolument pas de me ressembler. Surtout pas »

 
 
 

Ça doit être difficile de jouer 9 quand le coach c'est Pierre Mignoni...
Oh non ! Parce que, joueur, je ne supportais pas qu'on soit sur mon dos à tort et à travers. Si c'était pour mon bien, je l'acceptais avec plaisir, parce que ça me remettait en question et j'aime ça. Aujourd'hui, j'ai à coeur de ne pas dénigrer et d'être constructif avec mes joueurs. C'est vrai, j'aime avoir la relation avec mes 9 mais je ne leur demande absolument pas de me ressembler. Surtout pas.

Où en est votre relation avec Baptiste Serin ?
La même qu'avec Ben White ou avec Clovis Le Bail, je suis exigeant sur l'aspect technique, stratégique. Baptiste, je ne le lâche pas, je veux qu'il soit connecté avec le groupe. Quand il l'est, c'est l'un des meilleurs 9 au monde. Ben White, même chose, tant qu'il ne se disperse pas à s'énerver sur des décisions d'arbitre, etc. Mon objectif, c'est de tirer le maximum de leur potentiel mais pas de leur imposer ma vision d'un 9 parfait.

Serin a pu faire l'ensemble de la préparation alors que l'an passé, il était en tournée...
Il a tout fait, tout frais, il est bien, en pleine forme. Il n'y a pas de débat. Il faut juste qu'il soit connecté avec l'équipe, il le sait. Sur ça, je ne lâche pas d'un centimètre même si je lui laisse une certaine liberté dans ses prises de décision. Baptiste est un joueur intelligent, très intuitif, capable d'innover et d'initier des choses que tu ne vois pas arriver. Bon, ça s'appelle le talent, quoi. Et il en a un ! Mais il faut qu'il reste connecté. Si le 9 et le 10 ne le sont pas on joue à contre-sens.

On vous connaît bouillonnant sur le bord du terrain. Vous avez fait un pas de retrait dans votre management ?
J'avais toujours un regard sur tout, par besoin de comprendre. Je n'ai pas lâché mais je fais davantage confiance. Elle se gagne à force de travailler avec des gens qui sont capables de faire aussi bien, voire mieux que moi. Aujourd'hui, ce que je veux, c'est parvenir à être au-dessus de l'aspect technique ou tactique pour tenter d'amener un plus à l'équipe. La tête dans le guidon, je ne vais pas y arriver. Tu ne peux pas construire un projet seul. Tu dois l'impulser, être leader, mais impossible d'embarquer les autres si tu ne le ''co-construis'' pas. Et encore plus avec les générations actuelles.

Bernard Lemaître (président du RC Toulon) a 86 ans, le temps tourne...
Bernard est très contradictoire sur son âge. Sa force, c'est qu'il est toujours dans la construction à bientôt 87 ans. C'est rare, je n'ai jamais vu ça. Parfois il dit : ''Je ne sais pas si je serai encore là''. On en rigole, un peu gênés. Lui a cette pudeur et la grande classe de toujours dire : ''On ne va pas construire à six mois mais sur plusieurs années.'' Je passe le voir tous les jours dans son bureau. Si je ne le fais pas il m'appelle chambreur : ''Est-ce que mon coach aurait un peu de temps à m'accorder ?'' Il est passionné, veut comprendre pourquoi j'ai fait ça en tant que coach, pourquoi les joueurs ont fait ça. Il écoute puis me donne son ressenti. C'est un homme dur, oui, mais toujours mesuré. Parfois on parle de la vie et il met la casquette un peu paternelle. Et là, tout ce qu'il dit, je prends. Parce c'est quelqu'un de brillant. Je ne dis pas ça pour lui passer la brosse. Il a une expérience de la vie très forte après un parcours atypique, extraordinaire autant que difficile. Putain il faut qu'on gagne pour lui ! »


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#30753 el landeno

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Posted 03 October 2025 - 20:04 PM

Neuf mois plus tard, Charles Ollivon va enfin sortir du tunnel et retrouver les pelouses du Top 14 avec Toulon
Blessé gravement au genou il y a neuf mois, Charles Ollivon va rejouer. Sa force de résilience fait l'admiration de ses pairs. Ses qualités de joueur et son charisme de leader pourraient faire du bien au RC Toulon.

 

 

Ce samedi, Charles Ollivon, 32 ans, va refouler la pelouse du stade Mayol. Enfin. Neuf mois après sa blessure survenue le 4 janvier dernier face au Racing 92. Après une percée de Baptiste Serin, au terme d'une course de soutien, il était couché au sol. Puis avait pris soin de bien protéger son ballon pour le tendre à un coéquipier, comme si de rien n'était.

 
 

L'action avait abouti à un essai de Setarici Tuicuvu (victoire 36-24) mais Ollivon avait quitté le terrain en claudiquant, appuyé à l'épaule du docteur Didier Demory, la mine sombre. Son regard noir semblait signifier qu'il connaissait déjà le tarif et la punition. Les examens confirmeront l'intuition : rupture du ligament croisé du genou droit.

Charles Ollivon avait déjà connu ça en 2021, au genou gauche cette fois. En quittant le stade Mayol en janvier dernier, le troisième-ligne international (46 sélections) entrevoyait déjà le pénible tunnel de la rééducation.

Neuf mois plus tard, revoilà Charles Ollivon, de nouveau opérationnel, prêt au combat. « Excité et content » résume Pierre Mignoni. « Il apporte un supplément d'âme à Toulon, mais aussi beaucoup d'énergie et confiance, tant aérienne que sur les décisions » analyse Sébastien Piqueronies, le coach de la Section Paloise, adversaire du week-end.

 

« Ollivon un extra joueur dans tous les secteurs. C'est dommage pour nous ! » ajoute Piqueronies pour dédramatiser l'enjeu du choc. «  Ollivon va être capital pour Toulon cette saison, analyse Thierry Dusautoir, ancien troisième-ligne et capitaine du XV de France. Il est souvent décisif dans ce qu'il apporte. Soit parce qu'il marque des essais, soit par ses actions. »

Ollivon forgé par les blessures

Dusautoir se dit admiratif du parcours d'Ollivon. « C'est un gars solide dans sa tête, non seulement il a su revenir de grosses blessures, mais il s'est par la suite montré encore plus performant sur le terrain. Il faut être solide mentalement car, quand tu es blessé, le gros défi c'est la cogitation. La rééducation ça va, c'est mécanique. Le truc c'est de réussir un reset cérébral, parvenir à se régénérer pour faire de cette épreuve un moment positif. Malgré les doutes qui t'assaillent. Tu te poses des questions sur ta capacité à revenir, à performer. Si le train n'est pas passé... Cette force de résilience que Charles a en lui est impressionnante. Et puis, à plus long terme, son retour arrive à un moment charnière car la perspective de la Coupe du monde de 2027 se dessine. Et j'imagine qu'il a envie d'en être. »

« Sur un terrain Charles dégage un truc intense, une détermination dans le regard, dans ses attitudes »

Julien Puricelli à propos de Charles Ollivon

 
 
 

Julien Puricelli se souvient d'avoir vu débarquer Charles Ollivon à Bayonne en 2012. Avec plus de dix ans de recul, Puricelli porte un regard admiratif son son ancien frère d'armes au sein de la troisième ligne de l'Aviron. « Tous les problèmes physiques qu'a eu Charles ont forgé le caractère du joueur qu'il est aujourd'hui. On dit que les blessures rendent plus fort. Et c'est vrai que sur un terrain Charles dégage un truc intense, une détermination dans le regard, dans ses attitudes. »

Ollivon pourrait contribuer à la rédaction d'un guide du routard des blocs opératoires : une chirurgie de l'épaule en 2013, une fracture de l'omoplate en 2017, une rechute, et les deux genoux... Voilà ce qu'il en coûte d'être champion. « Je pense qu'il a dû parfois faire fi de certains avis médicaux pessimistes, avance Puricelli désormais entraîneur des avants du LOU. Face à une situation médicale on a parfois des choix difficiles à faire. Et dans ces moments-là ce qui ressort c'est ce que tu es au fond de toi. Charles avait en lui cette force de ne pas renoncer. Et elle est toujours là, continue de l'animer. »



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el landeno

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Posted 19 October 2025 - 18:09 PM

Lewis Ludlam, le troisième-ligne DJ qui veille aux bonnes ondes du RCT : « Avec Jimi Hendrix, je me sentais invincible »
Lewis Ludlam, le rugueux troisième-ligne anglais du RC Toulonnais, s'est employé à rebooster ses coéquipiers toute la semaine de manière subliminale. En choisissant des sons censés effacer la défaite à Clermont et galvaniser ses frères d'armes avant le choc face au Racing 92, ce dimanche (21 h 05), en bouclage de la 7e journée du Top 14.

Pas si simple de se remettre d'une branlée. Samedi dernier, le RC Toulon s'est fait rouler dessus par l'ASM (27-10). Dans le car puis l'avion du retour, l'ambiance était morose. « Comme une chute brutale d'énergie, raconte le troisième-ligne Lewis Ludlam qui a assisté au match depuis les tribunes. Dans le silence du vestiaire, on sentait la tension et beaucoup de déception. Une défaite, tu peux l'accepter quand tu as tout donné. Là, il y avait une ambiance d'enterrement. »

 
 

Chacun a passé le dimanche en famille « avec dans un coin de la tête les images de la défaite, poursuit Ludlam. On est contents d'être à la maison, mais on ressent aussi cette impatience d'être à lundi, de retour au campus, pour secouer cette ombre planant sur l'équipe et tourner la page ». Pour ça, il y a eu le passage obligé du débriefing vidéo, moment de catharsis. « C'est tendu, quand ta performance n'a pas été bonne, tu sais que tu vas te prendre un tir. Certains baissent la tête, d'autres sont en colère contre eux-mêmes. Il faut pouvoir tout se dire, puis enterrer la hache de guerre. Au final c'est salvateur, car après tu peux avancer. »

En plus de sa performance sur le terrain, Ludlam s'est auto-attribué une seconde mission : veiller aux bonnes ondes du vestiaire toulonnais. Plus que simple DJ, le flanker anglais fait office d'architecte sonore veillant à la dynamique de groupe. « C'est important que l'énergie vibratoire de l'équipe remonte immédiatement après ce genre de défaite. Et la musique est un excellent moyen pour ça », explique Ludlam, 29 ans, 25 sélections au sein du quinze d'Angleterre entre 2019 et 2023.

Gérer la musique d'un collectif peut s'avérer une galère. Dany Priso qui avait pris les commandes de l'enceinte aux infrabasses musclées a fini par passer la main. « Les mecs n'étaient jamais d'accord alors j'ai lâché l'affaire », nous a confié le pilier.

 
Des playlists calibrées pour la semaine

La transmission s'est faite un soir d'orage, lors de l'avant match prévu face à La Rochelle (21 septembre, 3e journée). Une pluie torrentielle s'abattait sur le stade Mayol. Longtemps en suspens la rencontre finira par être reportée. L'attente et l'indécision pesantes avaient chargé le vestiaire d'une énergie électrique. « En espérant que la tempête passe, on m'a confié la musique pour l'ambiance, sourit Ludlam. Depuis, on me fait confiance. »

Avec application il s'est imposé comme un « diététicien des oreilles » qui concocte des menus sonores, baignant l'évolution émotionnelle tout au long de la semaine d'entraînement.

« Pour les séances du début de semaine, l'ambiance se doit d'être dynamique mais aussi relax. Les gars digèrent encore la défaite et les analyses des coaches. Ils discutent entre eux. Mieux vaut ne pas bastonner avec des gros sons, analyse-t-il. C'est essentiel de créer une bonne vibe. Je cherche des BPM (battements par minute) élevés et des sons "feel good" pour que les gars aient envie d'arracher les barres avec détermination. » Puis priorité au relâchement avec une autre playlist : « du reggae polynésien ou parfois caribéen. Je cherche des artistes français, j'aime bien Danakil avec leur mélange de soul-reggae-dub. »

À l'approche du match, dans une forme de management en filigrane, Ludlam propose une musique qui se durcit. « Dimanche on sera de retour à Mayol, notre forteresse. Face au Racing. Place à un tempo qui bastonne, des sons avec de l'émotion, beaucoup de passion et d'intensité. Ils doivent nous porter vers de la confrontation et le sens du sacrifice. Nous galvaniser et nous faire nous sentir chacun plus grands de quelques centimètres. »

Parfois, un peu de Nina Simone comme jadis le faisait Dusautoir

Sa playlist d'avant match s'appelle d'ailleurs « Saints Stadium » en hommage au club de Premiership, Northampton, où il a évolué dix ans durant (2014-2024). Quand il a besoin de se couper du monde extérieur pour souffler sur ses braises intérieures, il met ses écouteurs : « J'aime mettre Little Black Submarines de The Black Keys ou Fire de Kasabian, un groupe des Midlands. Deux morceaux qui démarrent lentement puis montent en intensité. Ils me font sentir que le match approche. »

Parfois, comme un ultime recours, Ludlam se fait monter la fièvre avec Sinnerman de Nina Simone. La même artiste qu'écoutait jadis Thierry Dusautoir avant ses matches avec le quinze de France. « Elle a une tessiture de voix prenante et comme un arrière-goût de sang dans la gorge. »

« On adore la country. Ça parle des petits plaisirs simples de la vie, aide à être dans le moment présent, heureux avec ce qu'on a »

Lewis Ludlam, troisième-ligne de Toulon

 
 
 

Gamin, Ludlam écoutait Voodoo Child avant chaque match. « Avec Jimi Hendrix je me sentais invincible. Quand il chante : "Je me dresse à côté de la montagne et la découpe du tranchant de la main", c'est wow ! J'ai toujours trouvé ces paroles hyper stylées ! »

Arrivé à Toulon la saison passée, Ludlam est depuis devenu papa. À la maison sa bifurcation musicale est radicale : « On adore la country. Ça parle des petits plaisirs simples de la vie, aide à être dans le moment présent, heureux avec ce qu'on a. » Il réfléchit à une playlist pour le resto de ses rêves « un genre de bar à tapas, avec de la musique live, des petites assiettes et du bon vin. Je partirai sur une ambiance jazzy et détendue ». Très loin de l'atmosphère qu'il va insuffler à ses frères d'armes ce dimanche soir, dans son management musical subliminal.






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