Une mêlée pénalisée 5 fois
Cette histoire avait mal commencé et elle n'a fait qu'empirer. Sanctionnée d'entrée d'un coup franc, la mêlée du Racing fut ensuite verbalisée d'une pénalité lors des quatre « rassemblements » qui suivirent. Sacré rythme.
Pour l'ensemble de cette oeuvre, à la cinquième et dernière faute, Cedate Gomes Sa reçut un carton jaune (60e) auquel aurait pu prétendre son compère Ben Tameifuna, en sérieuse difficulté face au Tongien Loni Uhila. « Clermont a mis en place quelques trucs nouveaux, a cru repérer le deuxième-ligne Donnacha Ryan. Ils ont bien étudié le quart de finale de Coupe d'Europe où on les avait embêtés (victoire francilienne 28-17 au stade Michelin, en avril dernier). C'est bien joué de leur part, mais à nous d'être techniquement plus futés pour savoir mieux s'adapter. »
Avec cette mêlée avachie et une touche pas toujours fiable, le Racing n'a quasiment jamais pu lancer son jeu. « On avait une certaine sécurité en mêlée et ils avaient ciblé ce secteur, constatait le coach Laurent Travers, pas alarmiste pour autant. La semaine dernière, même en gagnant avec le bonus à Toulon, on n'était pas des champions du monde. Et ce soir, même en perdant aussi lourdement à la maison, on n'est pas des moins que rien. »
10 ballons perdus au sol
Le Racing avait déjà perdu pas mal de munitions à Toulon (20). Mais hier, ils ont fait déborder la jauge : 31 turnovers dont 10 égarés dans la bataille du sol, au ras du synthétique. Pourtant, les ouvriers spécialisés, comme Lauret, Ryan, Palu ou Ben Arous étaient là. « On a été pris dans l'engagement, avouait Travers. Quand une équipe a plus faim que l'autre... » La férocité clermontoise expliquerait-elle tout de cette faillite ? « Une bonne partie, oui, poursuivait Travers. Après, quand on ne gagne pas les duels, quand on va trop vite au sol, on ne facilite pas le travail des soutiens. On s'est aussi trop entêtés dans le jeu au près où ils étaient prêts et nous attendaient. »
Entre les pénalités obtenues par les grattouilleurs de l'ASM, les ballons chapardés et tous les rucks ralentis, le Racing ne pouvait pas enchaîner. « On voulait mettre de la vitesse, assurait Henry Chavancy, les jouer sur les extérieurs mais on n'a pas pu. »
Pour tenir le ballon, mieux et plus longtemps, il aurait fallu éviter tout un tas de fautes, du plaquage dangereux du duo Le Roux-Imhoff sur Fofana (53e), qui valut au premier nommé un carton jaune, à l'obstruction de Chauveau sous une chandelle (30e) en passant par l'en-avant d'Iribaren sur une pénalité vite jouée (58e).
Un deuxième rideau qui coûte 17 points
La qualité d'oeil et de pied gauche de Camille Lopez a dû plaire au sélectionneur Jacques Brunel, présent dans les tribunes hier. Si l'ouvreur clermontois a beaucoup utilisé cette arme, c'est qu'il a perçu une faiblesse dans la couverture défensive du Racing. « Sur le premier petit jeu aux pieds de Camille, explique le centre clermontois Wesley Fofana. Je suis vraiment tout près de récupérer le ballon (cette action leur donnera une pénalité et trois points pour un en-avant repris hors-jeu), explique le centre. On a vu que le neuf (Xavier Chauveau) était un peu en retard sur les couvertures, un peu limite. Après, avec Camille, on se l'annonce et il me le donne à merveille. »
Cette passe rebondissante aboutira au premier essai auvergnat. Le staff du Racing a senti le danger. « À la mi-temps, on l'a dit dans le vestiaire pour corriger les choses », expliqua Travers. Ce qui n'empêcha pas les Clermontois d'exploiter encore cette fragilité notamment par « Ice » Toeava qui prolongea au pied une attaque petit côté amenant l'essai de Damian Penaud.