Bernard Lemaître est arrivé la boule au ventre au siège du RCT lundi matin, autour de 8 heures. Depuis la veille au soir, des rumeurs faisaient état d'un possible départ de Pierre Mignoni pour l'équipe de France après la Coupe du monde 2023 (8 septembre - 28 octobre). Lui qui est pourtant sous contrat jusqu'en juin 2026. Lui qui est surtout à la base de ce nouveau projet censé ramener enfin l'équipe varoise vers les sommets.
Avant son entrevue avec Mignoni, le président Lemaître craignait le pire. « C'est comme un nageur qui retient sa respiration durant trente secondes avant de plonger », a-t-il raconté. Les deux hommes, contactés par divers médias, avaient déjà échangé rapidement dimanche dans la soirée mais avaient prévu de se rencontrer, tôt, pour clarifier la situation. La mise au point était nécessaire. Sur les réseaux sociaux, les supporters, déjà agacés par la huitième défaite de la saison des Rouge et Noir, sur la pelouse du CA Brive de Patrice Collazo (26-17) samedi dernier, eux, étaient furibards. L'idée d'un départ de Mignoni (45 ans) ne passait pas du tout. L'intéressé en avait conscience.
Devant son président, l'ancien demi de mêlée international (28 sélections) était visiblement stressé. « Il était extrêmement gêné et vexé par cette annonce prématurée et par le fait de ne pas m'en avoir parlé », a décrit son président. Mignoni lui avouait avoir été approché par Fabien Galthié. Le sélectionneur des Bleus veut travailler avec lui. Ce n'est d'ailleurs pas nouveau. En 2019, il avait déjà sollicité Mignoni, alors manager de Lyon. En vain. L'entraîneur avait décliné pour rester au LOU et honorer son contrat de bâtisseur (il est resté de 2015 à 2022). L'histoire se répète donc quatre ans plus tard.
Lundi matin, le technicien assurait d'abord ne pas avoir pris sa décision. Si les contacts avec la FFR ont effectivement eu lieu ces dernières semaines, le directeur du rugby toulonnais n'avait pas encore donné son accord. Les Bleus, même dans un rôle d'adjoint de luxe, ne le laissent pas insensible. Mais le Toulonnais de naissance garde en tête que cette nouvelle aventure sur la Rade, où il a déjà tout connu gamin, puis sur le terrain et comme adjoint de Bernard Laporte, de 2011 à 2015, n'en est qu'à ses débuts. Lemaître et Mignoni prévoyaient de se revoir, à nouveau, un peu plus tard dans la journée. Chose faite en début d'après-midi.
« On veut entraîner toute une région derrière nous et c'est là que Pierre Mignoni est fondamental. Indépendamment de son rôle au sein de l'équipe première, il est leader de ce projet »
Bernard Lemaître
Le discours de l'entraîneur a été très clair : il resterait à Toulon et ne rejoindrait pas l'équipe de France. La communication du club s'est mise en action et à 15 h 12 le RCT a publié un communiqué sans équivoque dans lequel Mignoni a (ré) affirmé son attachement à Toulon : « Je démens m'être engagé avec le quinze de France. J'ai rencontré ce lundi matin le président Bernard Lemaître pour lui confirmer mon engagement avec le RCT. Je suis revenu dans ce club pour bâtir un projet à long terme avec le président et Franck Azéma. Je compte bien aller au bout de ma mission. » En marge de cette annonce, il a informé la Fédération qu'elle devrait trouver une autre piste pour remplacer Laurent Labit ces prochains mois. Selon nos informations, Mignoni a d'ailleurs prévenu directement Laporte, dont il est proche, et qui rêvait de le voir débarquer à Marcoussis.
Au téléphone, Lemaître, lui, ne cachait pas son soulagement : « Pierre a maturé sa décision tout seul, les choses étaient claires entre lui et moi. » À Toulon, où il est revenu l'été dernier après sept ans à Lyon, le départ de Mignoni aurait fait l'effet d'une bombe.
Encore plus au regard de cette première partie de saison décevante (le RCT est 9e, avec 8 défaites en 15 journées). Car le projet varois repose plus que jamais sur le duo, dont on a tant parlé, qu'il forme avec Franck Azéma. « C'est fondamental, selon Lemaître. Dans notre projet, il est prévu que le club retrouve le plus haut niveau grâce à des résultats. Une économie est basée derrière cela. C'est pour cela que je fais des investissements énormes au club dans tous les domaines. On veut entraîner toute une région derrière nous et c'est là que Pierre Mignoni est fondamental. Indépendamment de son rôle au sein de l'équipe première, il est leader de ce projet. »