À première vue, Uini Atonio est très loin du morphotype du marathonien. Et pourtant, du haut de ses presque deux mètres (1,97 m) et 147 kg, si l'on en croit la balance de Marcoussis, le pilier rochelais (33 ans) va jouer samedi à Murrayfield son dix-neuvième match de la saison. Déjà.
Si l'on exclut le premier amical de l'été des Bleus, en Écosse début août, la rencontre de Coupe du monde face à l'Uruguay, où les cadres de Fabien Galthié avaient été ménagés six jours après le succès inaugural contre la Nouvelle-Zélande et ses trois semaines de coupure après l'élimination du Mondial, Atonio n'a manqué cette saison qu'un seul rendez-vous auquel il aurait pu postuler : un déplacement des Rochelais sur la pelouse du Stade Français, le 23 décembre.
Sauf blessure, le voilà reparti pour une saison à environ 30 matches, de la fin août aux phases finales de Top 14 et de Coupe des champions auxquelles son club s'est habitué, en passant par les échéances internationales dans lesquelles il a décidé de replonger après avoir pensé arrêter sa carrière en bleu après la Coupe du monde à domicile.
Depuis son arrivée en France en 2011, Atonio tourne autour des 30 matches par saison - il a un record de 35 en 2016-2017 - avec une exception qui confirme la règle, en 2019-2020, la seule saison où il a été confronté à une longue absence (trois mois en fin d'année 2019 en raison d'une blessure aux cervicales) avant que le Covid n'arrête toutes les compétitions en mars.
« Si on m'avait dit, quand j'étais en Nouvelle-Zélande, que j'enchaînerais les saisons à 30 matches et plus, je n'y aurais jamais cru, se marre Atonio quand on évoque avec lui cette rare longévité-régularité dans les cadences infernales. Je me suis aussi endurci pour tenir le coup. À La Rochelle, on bosse bien et ça me permet de tenir. C'est vrai que je ne suis pas un spécialiste des régimes de nutritionnistes mais après les vacances d'été, quand j'ai bien coupé et profité, je bosse très dur pour arriver à un certain niveau physique et essayer de le garder toute la saison. Après, les mecs me chambrent en me disant que je ne joue que 50 minutes par match, donc que ça ne compte pas (rires). » C'est effectivement sa moyenne de temps passé sur le terrain depuis 10 ans.
Reste qu'on ne trouve pas beaucoup d'équivalents de temps de jeu au niveau international parmi les trentenaires à son exigeant poste de pilier droit. Depuis la saison 2013-2014, selon les chiffres du site AllRugby, on n'a retrouvé que l'Anglais Dan Cole (36 ans) avec un temps de jeu supérieur en minutes toutes compétitions confondues (16 103 contre 15 873 pour Atonio) mais moins de matches au compteur (276 à 306). L'Irlandais Tadhg Furlong (31 ans) ? 10 716 minutes et 220 matches. Le double champion du monde en titre Frans Malherbe (32 ans) ? 8 807 minutes et 171 matches.

« Je ne me suis quasiment jamais blessé aussi. Je touche du bois, continue d'en rigoler Atonio. Avec l'âge, je ressens de plus en plus la fatigue, j'ai parfois des courbatures jusqu'au mercredi mais le corps s'est habitué. » Un corps qu'il connaît très bien pour savoir qu'il vaut mieux qu'il enchaîne les matches : « Ça me rend plus performant, ça me permet de prendre du rythme. Car si tu me laisses au repos et que je vais au restau, ça peut faire mal. Ça va très vite avec moi la prise du poids. Trois mois de coupure comme Greg (Alldritt, son coéquipier à La Rochelle) (Rires.) ? Je reviens à 160 kg ! Donc, il vaut mieux que je joue plutôt que de rester assis dans mon canapé. »