Depuis la Coupe du monde, en 2023, où il n'avait disputé qu'un bout du match d'ouverture à cause d'une blessure à une cuisse, Julien Marchand est devenu la doublure de Peato Mauvaka en équipe de France. Durant ce Tournoi des Six Nations, le talonneur du Stade Toulousain a d'ailleurs terminé tous les matches des Bleus en prenant le relais de son coéquipier aux alentours de la 50e, marquant même son 2e essai en 43 sélections face au pays de Galles (43-0), le 31 janvier.
À 29 ans, Marchand préférerait évidemment démarrer les matches. Mais Mauvaka (28 ans), c'est son pote, en même temps que son partenaire de club. Alors, il vit plutôt bien la situation. C'est ce qu'il nous avait confié juste avant le Tournoi, au sortir d'un entraînement du Stade Toulousain.
« Débuter et terminer un match sont deux choses différentes. Dans un cas, tu sors de l'échauffement collectif, t'es à fond, t'es chaud, tu montes en pression, t'arrives dans le vestiaire, tu mets le maillot et tu pars direct sur le terrain pour jouer. Tu n'as pas le temps de te refroidir ou de penser à d'autres trucs. Dans l'autre cas, t'essaies surtout de rester concentré pour ne pas faire de conneries quand tu rentres. Depuis le banc, tu peux aussi observer l'équipe adverse. Dans mon cas, je regarde surtout les touches et les mêlées. Je note les endroits où l'alignement adverse saute, là où il ne saute pas, etc.
On repère des trucs qui pourront nous servir une fois sur le terrain. Parfois ça marche, parfois tu ramasses. Entre premières lignes, à la mi-temps, on se donne rapidement deux ou trois infos sur la mêlée adverse : attention, ce pilier-là est costaud, il fait ci, il ne fait pas ça, etc. Quand t'es finisseur, tu ressens aussi un peu plus la pression parce que tu rentres souvent à un moment décisif. Le fait d'attendre et de regarder ce qui se passe t'augmente aussi l'adrénaline. »
« Je ne sais pas si je serais le même joueur si Peato (Mauvaka) n'était pas là. Ce qui est sûr, c'est que c'est quelqu'un qui met beaucoup de concurrence avec ses qualités. Malgré ça, on s'entend relativement bien en dehors du terrain. C'est ce qui fait la différence. On sait tous les deux dans quel sens on veut aller. Ça fait déjà six ou sept ans qu'on joue ensemble et qu'on se partage ce poste de talonneur, tant au Stade Toulousain qu'en équipe de France.
Ça commence à faire un bail. Aussi, quand le coach annonce la compo de l'équipe, comme on a une très bonne relation, on sait rester à notre place. Bien évidemment qu'on préfère tous les deux démarrer les matches, mais il y a des choix qu'il faut respecter. Comme notre but est d'aider l'équipe à gagner, on met notre ego de côté. Après, sincèrement, quand t'es talonneur remplaçant, tu sais que tu rentres généralement tôt en cours de match et que les temps de jeu seront donc relativement équitables. »
« Là, ça va mieux, même si, à presque 30 ans, on commence à être un peu rouillé (sourire) et à ajouter une ou deux routines à son échauffement. »
Julien Marchand

« Elles m'ont souvent freiné. Ça a commencé par une rupture des ligaments croisés du genou gauche, en février 2019. Une semaine après l'opération, j'ai chopé un staphylocoque doré à l'hôpital qui a provoqué une septicémie. J'ai eu énormément de fièvre à cause de l'infection du sang. Ils m'ont alors redescendu au bloc à trois reprises pour me nettoyer le genou. Je suis resté deux semaines à l'hosto bourré de médocs, en étant obligé de laisser ma jambe raide. Depuis, j'ai souvent eu quelque chose qui cloche à ce genou, notamment au niveau des cartilages. C'est pour ça qu'à mon retour de la dernière Coupe du monde, j'ai profité d'une blessure à l'ischio-jambier pour me le refaire nettoyer.
Derrière, j'ai encore eu des petits soucis comme une entorse ou un arrachement osseux au niveau du pied avant la finale de la Coupe des champions face au Leinster (victoire 22-31), en mai dernier. Des blessures pas très longues mais chiantes parce que tu loupes des matches importants. À une époque, je trouvais que je boitais un peu. Là, ça va mieux, même si, à presque 30 ans, on commence à être un peu rouillé (sourire) et à ajouter une ou deux routines à son échauffement. Depuis le début de la saison, au moins, je ne souffre plus de mon genou. Et s'entraîner sans douleur, en prenant enfin du plaisir, c'est vraiment top. »
« C'est lui (Cyril Baille) qui m'a offert ma première petite valise du club, aux couleurs rouge et noire. »
Julien Marchand
« Je suis toujours heureux de monter à Marcoussis pour m'entraîner avec l'équipe de France. Mais c'est encore plus fort quand j'y vais avec Cyril (Baille) et Dorian (Aldegheri), comme en ce moment, parce qu'on se connaît par coeur. Avec ''Cissou'', on est toujours ensemble en chambre. On se fréquente depuis 2010. Au début, on prenait le même train pour rejoindre le Stade Toulousain. Cyril, qui a deux ans de plus, y allait pour jouer avec les Crabos, et moi pour jouer avec les cadets. Lui montait dans le train à Lannemezan (Hautes-Pyrénées), moi à Montréjeau (Haute-Garonne). On se retrouvait toujours dans un des wagons. C'est lui qui m'a offert ma première petite valise du club, aux couleurs rouge et noire. ''Doudou'', qui a le même âge que Cyril, je l'ai vraiment côtoyé quand on a commencé à jouer ensemble en Espoirs.
Notre premier grand souvenir chez les pros, c'est le match de barrages contre Oyonnax (20-19), en 2015. On était entrés en jeu tous les trois en seconde période, à quelques minutes d'intervalle. D'abord Cissou, puis Doudou, puis moi. On avait la boule au ventre, beaucoup de pression, mais on avait fait mieux que rivaliser en mêlée, et Cissou avait même réussi à marquer l'essai de la victoire en fin de match grâce à sa technique légendaire de la toupie (sourire). Avec les Bleus, je me souviens surtout de la fameuse victoire 53-10 à Twickenham face aux Anglais, en 2023. Ce jour-là, on était titulaire tous les trois. »