Pour Fabien Galthié, la Ligue des nations n’est pour l’heure qu’un horizon. Si elle apparaît sur le spectre du sélectionneur, il est bien plus concentré à l’heure actuelle sur les prochains tests de novembre (1), marqués par la réception des doubles champions du monde sud-africains que le XV de France n’a plus affrontés depuis le quart de finale malheureux (et douloureux) lors de la Coupe du monde 2023, que sur une compétition censée remplacer les tournées d’été et d’automne tous les deux ans. Pour autant, cette innovation pensée par World Rugby attise déjà des discussions dans les couloirs de la Ligue et de la Fédération.
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En juillet 2026, la France affrontera la Nouvelle-Zélande, le Japon et l’Australie dans le cadre de la Ligue des nations. La perspective est aussi excitante qu’intimidante pour ceux qui se rappellent l’enchaînement des trois défaites concédées par des Bleus profondément remaniés en Nouvelle-Zélande en juillet dernier (31-27, 43-17, 29-19). Mais, surtout, elle pourrait imposer à Fabien Galthié de revoir la manière dont il planifiait la saison de ses internationaux depuis 2020.
La mécanique était d’une simplicité redoutable. Les principaux cadres disputaient les tournées de novembre, en France, et les matchs du Six-Nations. Ils étaient ensuite laissés au repos durant l’été afin de bénéficier d’une véritable fenêtre de régénération et laissaient la place à une équipe de France « développement ».
Révision de la convention ?
Un système périmé ? Dans les bureaux de Marcoussis, on estime que ce qui était adapté à un programme de matchs amicaux ne l’est plus pour une compétition officielle telle que la Ligue des nations. En d’autres termes, suite à ce changement de paradigme, les dirigeants fédéraux ambitionnent de trouver un accord moins contraignant que celui qui a obligé Fabien Galthié à ne s’envoler en Nouvelle-Zélande qu’avec cinq finalistes du Top 14 l’été dernier. Ce qui supposerait de réviser une nouvelle fois la convention FFR-LNR, le texte régissant la mise à disposition des internationaux, qui court jusqu’en juin 2026.
« De nouvelles données viennent impacter le calendrier de l’équipe de France »
Des échanges ont déjà eu lieu entre Florian Grill et Yann Roubert, respectivement président de la FFR et de la LNR. La discussion est en cours indique la Ligue. Les représentants du rugby pro assurent poursuivre trois objectifs : le soutien à l’équipe de France, mais aussi la protection de la santé des joueurs et le refus de déstabiliser les clubs dans leur saison. Une feuille de route qui dessine en creux des lignes rouges.
Tractations
Du côté de la Fédération, on s’attache scrupuleusement pour l’heure à ne pas évoquer exclusivement la Ligue des nations. « Tout cela s’inscrit dans une discussion globale », élude Jean-Marc Lhermet, vice président en charge du haut niveau : « Il n’y a pas que la Nations Cup, d’autres choses qui rentrent dans le spectre de la future convention qui ira jusqu’en 2031 : des nouvelles compétitions, des tournées, des Coupes du monde. »
Le dirigeant fédéral fait référence aux coupes du monde 2027 et 2031, qui auront lieu en Australie et aux États-Unis, mais aussi au match que le XV de France pourrait disputer face aux Lions Britanniques et Irlandais en 2029, avant que ceux-ci ne s’envolent pour leur tournée en Nouvelle-Zélande, ou encore à la Coupe du monde des clubs programmée en 2028. « Ce sont des nouvelles données qui viennent impacter le calendrier de l’équipe de France », prolonge Jean-Marc Lhermet.
Il n’est pas interdit de voir dans cette manière de lier les sujets un moyen de peser dans les tractations à venir. Elle rappelle que si la Fédération a des demandes, elle a aussi un poids dans les projets de la Ligue. Du côté de la LNR, on indique qu’une « décision sera prise dans les prochaines semaines ». Si la Ligue des nations est un horizon, il est peut-être plus proche qu’il n’y paraît.
(1) Afrique du Sud, Fidji, Australie.
La Ligue des nations
Mode d’emploi. Pensée par World Rugby pour donner de redonner de l’intérêt aux tournées traditionnelles, la Ligue des Nations réunira 12 équipes : celles disputant le Six-Nations et le Rugby Championship (Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande, Australie, Argentine) ainsi que le Japon et les Fidji. Pour sa première édition en 2026, cette compétition organisée tous les deux ans demandera à la France de se déplacer dans l’hémisphère Sud en juillet, où elle affrontera la Nouvelle-Zélande, l’Australie et le Japon, avant de recevoir l’Afrique du Sud, l’Argentine et les Fidji. Si elle se classe parmi les deux meilleures nations de l’hémisphère Nord, elle disputera les finales prévues à Londres.