Alors c'est un peu le bordel, mais pour comprendre la theorie du "Neandertal", il faut comprendre l'analyse qui est faite.
En gros tu prends des patients atteints par le SARS-CoV-2, plus ou moins gravement, et tu essayes de comprendre s'il y a des predispositions genetiques aux formes graves vs benines de l'infection. En gros le genome humain c'est comme un livre, et tu essayes de voir si certains mots sont lies a une caracteristique (ici, la caracteristique c'est "risque plus eleve de faire une infection grave au COVID"). Par exemple, disons que le 15eme mot de la page 136 c'est "choucroute" pour 80% de la population generale, et "tartiflette" pour les 20% autres. Si tu observes une difference chez les personnes qui font des infections graves, par exemple > 50% de ces patients a forme grave ont "tartiflette" a cet endroit, alors tu en conclus que ce mot ou la phrase / la ligne / la page dans laquelle il se trouve a quelque chose a voir avec la maladie, et pourrait participer a un predisposition genetique.
Idealement, tu testerais tous les mots du genomes, mais ce n'est pas (encore) ce qui est fait couramment, pour des raisons techniques. Au lieu de ca, tu regardes une partie de ces mots, par exemple tu regarde le premier mot de chaque page, ou le premier mot de chaque ligne. C'est ce qui a ete fait dans plusieurs etudes, par ex https://www.nejm.org...6/NEJMoa2020283. Les conclusions de ces etudes c'est quelque chose comme: "les formes graves du coronavirus sont associees a des changements autour des pages 130-132, 506-509, et 1367-1370": on a pas vraiment d'explication (pour l'instant), et on a pas une vision tres precise des choses, mais on commence a identifier les zones du genome ou pourraient etre les determinants genetiques des predispositions aux formes graves.
Maintenant d'ou vient le Neanderthal ? La technique qui est employee ici (GWAS en anglais, "étude d'association pangénomique" en Francais - https://fr.wikipedia..._pangénomique)peut-etre appliquee a tout et n'importe quoi. Dans les cas les plus problematiques, des GWAS faites n'importe comment (donc sans aucun support statistique) ont pretendus avoir trouves des predispositions genetiques a l'intelligence ou la beaute par exemple (je te laisse deviner la couleur de peau, l'ethnie d'origine, et le sexe des sujets dont il etait conclu qu'ils etaient genetiquement plus intelligent ou beau que les autres...). Ce sont aussi les memes techniques qui sont utilisees par les sites qui proposent de decrire ton "origine genetique" (23andme, ancestry, etc). Et comme on a le genome de Neanderthal plus ou moins bien compris non, on sait aussi quelles sont les parties de notre genome actuel qui contient des bouts de Neanderthal. Or il s'avere qu'un des endroits du genome qui semble associe a des variations en terme de gravite du COVID est dans une zone qui est connue pour avoir des bouts de Neanderthal. Sur quoi, les specialistes de ces genomes anciens/Neanderthal on immediatement saute sur l'occasion de se faire un peu de pub a peu de frais puisque tout le monde parle du COVID en ce moment.
En conclusion: le fait que certains variants genomiques impliques dans la reaction au COVID soit lies, voire ont une origine, dans le genome de Neanderthal est au mieux un "fun fact", mais en vrai n'a que peu d'interet pragmatique. Les GWAS faites avec les patients COVID, en revanche, ont le potentiel de reveler certaines predisposition rares aux formes graves, ce qui pourrait aider a mieux detecter et gerer ces patients. Mais faire ce travail prend beaucoup de temps, et j'ai bien peur pour ces chercheurs que le probleme soit regle avant via un vaccin.