....."Je donne toutes ces précisions à dessein car pour moi, malgré tout ce que j'ai évoqué à son sujet, il s'agit clairement d'un décès lié au Covid"......dixit Binôme.
Je me pose la question de savoir si ce n'est pas un peu le problème des chiffres qui nous sont donnés. Des morts qu'on aurait qualifié de naturelles avant, on les estampille covid aujourd'hui.
En remontant le fil pour chercher les explications de Silhouette sur les 95% d'efficacité du vaccin je viens de prendre connaissance de ce message.
Là où je travaille c'est notre médecin coordinateur qui établit les certificats de décès en indiquant donc le lieu et la date mais aussi les circonstances et la cause. Je peux le qualifier de compétent et en tout cas très au fait des questions liées au Covid qu'il suit attentivement depuis son apparition.
Pour revenir à ce monsieur décédé chez nous, parce qu'il était Covid+, parce que ses symptômes étaient très prononcés et l'affaiblissait profondément (forte toux, fièvre, essoufflement et même détresse respiratoire), parce qu'il est parti en une semaine, oui on doit attribuer sa mort au Covid, malgré ses comorbidités et, je le disais, malgré sa volanté de ne pas tenter de soigner son cancer, malgré sa volonté de plus vivre et de rejoindre sa femme décédée.
D'une manière quasi systématique d'ailleurs (enfin tout du moins c'est ce que j'observe) les personnes âgées qui se laissent mourir (syndrome de glissement) ne s'expriment jamais sur leur volonté de partir (souvent aussi parce qu'elles ne sont plus en capacité de communiquer). Ceux ou celles qui vont te répéter tous les quatre matins qu'ils veulent en finir s'accrochent en réalité à la vie, s'alimentent et prennent leur ttt (surtout leur ttt !) normalement. Et d'ailleurs, le fait que beaucoup nous réclament une petite pilule pour pouvoir partir doucement démontre bien qu'il y a en réalité une peur de la mort et des souffrances physiques qu'elle implique.
Je fais aussi un petit point sur la situation dans notre Ehpad où la situation s'est nettement améliorée mais reste bien évidemment fragile. Nous n'avons plus de Covid+ (en même temps on ne teste pas, c'est une vrai problème, mais disons en tout cas qu'il n y a plus de suspicions). Les visites ont repris, très encadrées vous l'imaginez, c'est pas la foire aux asperges. Elles se passent sur rdv, sans contact, deux personnes et un quart d'heure maxi, dans des espaces cloisonnés que nous avons spécialement aménagés, sous surveillance d'un agent hospitalier et bien sûr avec toutes les protections en vigueur. C'est un peu comme si vous veniez déposer de l'argent dans votre coffre-fort à la banque.
J'en profite aussi pour revenir sur un truc récurrent que j'ai pu lire au fil du sujet, en particulier sur le fait qu'en gros on en fait beaucoup trop pour protéger une minorité à risques et très âgée. J'ai toujours du mal avec ça, sans doute aussi parce que je me projette et que je pense toujours beaucoup à mes propres parents. Mais quand même, c'est qui cette minorité très âgée, où est ce que l'on place le curseur ? Là où je travaille, les plus touchés en proportion ont finalement été mes collègues, toutes âgées de moins de trente ans. J'en ai même une qui n'a toujours pas repris le boulot depuis le 22 octobre. Dés qu'elle monte son escalier elle tachycarde à 120 et désature en O². Donc pour moi, la question des individus à risques qu'li faudrait isoler pour le bénéfice du groupe, de la société, des autres, est hors-sujet, ce n'est pas souhaitable.