À l'hôpital en soins intensifs : « J'avais des fils partout, des rondelles sur le ventre »
« J'ai été contaminé juste après la finale de Coupe d'Europe (perdue contre Exeter, 31-27, à Bristol le 17 octobre). Ma femme l'a attrapé, heureusement sans symptômes. Même chose pour ma fille cadette. Moi, j'ai passé douze jours en soins intensifs, en deux périodes parce que j'étais sorti trop tôt la première fois. J'avais des fils partout, des rondelles sur le ventre, je ne pouvais plus respirer sans apport d'oxygène. Pendant deux ou trois jours, j'ai eu peur. Il faut s'imaginer quelqu'un qui est privé de poumons parce que c'est ça qui se passe. Le coeur est subitement très sollicité quand vous cherchez de l'air. C'est pour ça que les personnes ayant des fragilités cardiaques sont autant exposées. Mes poumons étaient touchés mais j'ai eu la chance de faire partie de la deuxième vague et de bénéficier de l'expertise médicale qui s'était affinée, avec notamment l'utilisation de corticoïdes contre l'infection pulmonaire. J'ai eu des jours plus durs que d'autres, j'ai aperçu la petite lumière au bout du tunnel mais je m'en suis sorti et j'ai révisé mon jugement sur cette épidémie. »
Depuis sa sortie de l'hôpital : « J'ai pu monter au quatrième sans ascenseur, j'étais content »
« C'est dangereux, très dangereux, et ça vous rend humble. Ça m'a fait comprendre qu'il y a quelque chose qui est plus fort que l'économie, c'est la vie. Est-ce que ça va me faire lever le pied ? Je ne vais pas dire oui, ce serait une défaite. Je réponds : peut-être. Au retour à la maison, j'ai ressenti une grosse, très grosse fatigue. La moindre réunion m'épuisait. Je ressassais, comme si mes neurones ne travaillaient pas comme d'habitude. Déjà que je n'en avais pas beaucoup... Depuis une semaine, ça s'améliore. L'autre jour, j'ai pu monter au quatrième étage sans ascenseur, j'étais content. J'ai perdu neuf kilos. Quand je suis sorti de l'hôpital, j'ai téléphoné à ma femme pour lui demander de me préparer des rognons avec des pâtes. J'ai déjà repris quatre kilos. J'aimerais que cette épidémie nous rende meilleurs, qu'on rebascule vers une économie moins sauvage, avec moins de surconsommation. Quitter la présidence du Racing ? Non, je ne suis pas encore parti, j'ai encore faim. Le travail, ça me tient, j'adore ça. C'est Laurent Travers (l'actuel manager) qui me succédera, c'est écrit. Je suis pris entre deux sentiments : d'un côté, l'envie de me réserver plus de plages de repos, de me freiner, et de l'autre, l'envie de bouffer encore plus la vie parce que j'ai entraperçu la fin. »