Les toutes premières fois peuvent être difficiles à appréhender. Surtout quand cela n’a pas été planifié et programmé dans la semaine. Demandez donc, ou souvenez-vous, de la première apparition en pro de Damian Penaud il y a maintenant un peu plus de cinq ans.
Titulaire de dernière minute, à la place de Jonathan Davies blessé, le Briviste connaissait son baptême du jeu contre Agen au Michelin le 12 avril 2016. Avec des images brouillées sur ses premiers pas, marquées par d’incroyables maladresses (des en-avants) sur les premières minutes. Comme quoi...
Hier, on joue à peine depuis trois minutes que deux soigneurs sont nécessaires pour supporter Camille Lopez qui boîte bas. Sans échauffement, ni le moindre étirement, Gabin Michet sait qu’il va devoir tenir un match entier face à la Section Paloise. Pour un grand saut dans le monde pro, puisqu’il n’a passé que deux minutes (les dernières), sur le terrain samedi dernier à Montpellier sans toucher le moindre ballon.
La sortie prématurée de Lopez a forcément déstabilisé l’ASM et Morgan Parra a dû prendre encore plus les clés du camion. Et rassurer d’emblée son jeune partenaire. « Il fallait qu’il se mette dedans, ce n’est jamais facile surtout que l’on n’avançait pas trop devant en première période. Je lui ai dit de jouer comme un numéro 10, en patron de l’attaque, d’organiser et de communiquer ».
Très vite, sur ses premières frappes, tapées il faut le dire sous pression, devant son en-but, Gabin Michet s’est alourdi d’une légitime fébrilité, celle du débutant. Parra l’a soulagé l’essentiel du match tout en lui donnant des consignes claires. « Sur le pied, il fallait qu’il s’appuie sur Jean-Pascal (Barraque). En seconde période, quand on a mis enfin l’agressivité et que les « gros » ont avancé, ça était plus facile pour lui. Il s’est peu à peu libéré », a apprécié le demi de mêlée clermontois.
Après avoir joué petits bras, ou plutôt petit pied, Gabin Michet a été un bon animateur, en limitant les prises d’initiatives dans l’attaque de la ligne, mais en assurant d’excellentes transmissions.
Sans doute aussi, à l’instar de ses équipiers, le jeune ouvreur a réagi au gros « coup de klaxon » poussé par Jono Gibbes à la mi-temps dans les vestiaires. Là, même Lucas Dessaigne, à peine plus expérimenté (22 ans, 3 titularisations et 9 feuilles de match), a encouragé le novice.
« A la mi-temps, personne ne l’a accablé. Tout le monde a eu un mot sympa pour lui, une petite tape sur les fesses et sur l’épaule. On a vu après qu’il a su prendre le jeu à son compte », expliquait après match le jeune troisième ligne de Riom, auteur d’une très belle prestation sur les 32 minutes passées sur le terrain.
Quant à Gabin Michet, très probablement soulagé d’avoir évacué son baptême du feu, le plus dur va peut-être commencer ; se donner les moyens et travailler pour confirmer et surtout progresser.
Christophe Buron (La Montagne 24/10/2021)