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Parole d'Ex


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#91 RCV06

RCV06

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Posted 13 May 2022 - 20:53 PM

 

 

Un de mes joueurs préférés



#92 el landeno

el landeno

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Posted 20 May 2022 - 20:43 PM

Julien Candelon : « Des mecs étaient capables de trucs complètement stupides » L'ancien ailier international de Narbonne et Perpignan Julien Candelon revient sur les moments marquants de sa carrière, à quinze puis à sept, sur le terrain comme en dehors, et notamment quelques fous rires avec des partenaires un peu fous.

 

« Quel est le joueur le plus doué avec qui vous avez joué ?
Même si le moment où je l'ai côtoyé a été de très courte durée, Dan Carter (cinq matches disputés avec l'USAP en 2009) est ce qui se faisait de mieux à l'époque. Il y a aussi Benoît Baby, le plus doué techniquement avec lequel j'ai joué. Je l'ai connu au Stade Toulousain dans les équipes jeunes, avant de l'affronter. Il aurait eu une autre carrière si les blessures l'avaient épargné.

 
 

Le joueur le plus fort que vous ayez affronté ?
J'étais fan de mecs comme Shane Williams ou Christophe Dominici parce qu'ils avaient un profil qui ressemblait au mien. J'ai eu la chance de les affronter et à chaque fois, ils m'ont impressionné. Il y a aussi Vincent Clerc. Je l'ai vu arriver au Stade Toulousain quand j'y étais encore, en Espoir. Je me suis entraîné face à lui un an ou deux avant de l'affronter par la suite. C'est sûrement celui face auquel j'ai rencontré le plus de difficultés.

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Henry Tuilagi (ballon en main) et Grégory Le Corvec (au centre) font partie des joueurs qu'il ne fallait mieux pas embêter selon Julien Candelon (à droite). (A. Martin/L'Équipe)

Le joueur le plus costaud contre qui vous avez joué ?
Le plus costaud que j'ai croisé, et que j'ai évité, c'était Ali Koko, un ailier samoan qui jouait à Montpellier. Il avait très forte réputation et un gabarit monstrueux. Je faisais tout pour que le ballon n'arrive pas jusqu'à son aile. J'ai eu la chance de jouer à l'aile gauche parce que les plus gros ailiers jouaient en général de ce côté-ci, donc les Napolioni Nalaga ou Rupeni Caucaunibuca, je ne les croisais pas souvent.

Le plus drôle ?
Je n'ai pas joué avec eux, mais j'aurais adoré : Nans Ducuing et Jean-Baptiste Dubié. Ce sont de formidables partenaires, sur l'état d'esprit. J'ai connu pas mal de mecs qui avaient chacun leurs particularités. Damien Chouly, par exemple, qui d'apparence fait très calme, très posé, mais en fait, c'est une véritable boîte à idées. Moi, j'étais plus souvent parmi les exécutants.

Après, il y a des mecs qui me faisaient mourir de rire parce qu'ils étaient capables de faire des trucs complètement stupides, comme Grégory Mahé avec qui je jouais en Espoir à Toulouse. Tous ceux qui ont évolué avec lui sont assez unanimes : on pouvait lui faire relever n'importe quel défi. Lors d'un footing de décrassage au bord d'un canal, une voix s'est élevée dans le groupe en lui lançant : « Tu ne plongeras pas dans le canal ». La phrase n'était pas ponctuée qu'il avait déjà plongé. Évidemment, il a chopé une infection puis est resté cloué au lit pendant deux jours.

Le plus méchant ?
À Perpignan, surtout à l'époque où j'y ai joué, il y avait une espèce de transmission d'agressivité entre les anciens et ceux qui venaient d'arriver. Il y avait deux-trois mecs dans l'équipe avec qui il ne fallait pas jouer. Henry Tuilagi par exemple. Je pense qu'il n'y a pas besoin de donner beaucoup d'explications quand on le croise. Si on veut jouer avec lui, il faut être sûr de soi ou être sûr d'avoir de l'espace pour prendre la fuite (rire). Des gars comme Grégory Le Corvec, Jean-Pierre Pérez ou Rimas Álvarez Kairelis étaient de très bons mecs, hyper attachants. Au moindre coup de fil, ils pouvaient débarquer pour vous sortir de n'importe quelle situation. Mais sur le terrain... On va dire qu'ils protégeaient leurs armées.

« J'avais la tête qui tournait en permanence [...] En remontant dans ma chambre, Julien (Laharrague) explose de rire et m'avoue qu'il a mis un somnifère dans mes pâtes ! »

Julien Candelon

 
 
 

Il y a quelques mois, Julien Laharrague s'était prêté au jeu de la parole d'ex...
Ah c'est vrai que je l'avais oublié lui (rire) ! Parmi les mecs qui ont un degré de connerie élevé, je pense qu'on peut le ranger dans le top (rire). J'ai aussi joué avec son frère Nicolas qui était pas mal non plus, ça doit être dans les gênes.

Il avait raconté une anecdote vous concernant, à base de somnifères, on aimerait avoir votre version...
(rire) C'était pendant une tournée d'été en Afrique du Sud et en Australie avec l'équipe de France où il s'était passé pas mal de choses. La première, c'est quand Julien est descendu du bus pour un entraînement. Il était en claquettes. Bernard Laporte (alors sélectionneur) le voit et lui demande s'il souhaite s'entraîner comme ça. Et Julien lui a répondu : « Oui, comme ça quand je cours, j'ai l'impression qu'on m'applaudit ! » (rire). Évidemment, Bernard a rigolé, parce qu'il ne l'avait pas vu venir.

Plus tard, après les deux tests en Afrique du Sud, on est arrivé en Australie un lundi, cinq jours avant le match à Brisbane. Les docs nous avaient filé des somnifères pour qu'on puisse se régler par rapport au décalage horaire. À une collation, je me lève pour aller chercher un verre et quand je reviens à ma place, je mange mes pâtes, et je ressens une petite acidité. Je trouve ça bizarre mais je ne sens pas les mecs tendus à côté, en train d'attendre que je mette ma fourchette dans la bouche. À ce moment-là, je suis un jeune au milieu de joueurs d'expérience. Du coup, je finis sans rien dire et je vais au massage. Mais j'avais la tête qui tournait en permanence et je me suis endormi sur la table du kiné.

En remontant dans ma chambre, Julien explose de rire et m'avoue qu'il a mis un somnifère dans mes pâtes ! Ça m'a rassuré de savoir ce qu'il se passait. Puis Julien me dit : « Estime-toi heureux, Rémy Martin voulait t'en mettre trois ou quatre ! » S'il avait fait ça, il m'aurait tué (rire) ! Puis lors du match contre l'Australie, Julien a recommencé ces conneries : il a trouvé le sifflet de l'arbitre au sol, l'a ramassé, et n'arrêtait pas de siffler pendant le match (rire).

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Julien Candelon (au centre) pendant les hymnes lors de sa première sélection contre l'Afrique du Sud, entouré par Yannick Jauzion (à gauche) et Julien Laharrague (à droite). (De Martignac/L'Équipe)

Le joueur perdu de vue que vous souhaiteriez revoir...
Celui avec lequel j'étais très complice et avec qui j'ai connu pas mal de choses, c'est Cédric Rosalen, à Narbonne. On est proches géographiquement mais on n'arrive jamais à trouver le temps de se voir. On a dû se croiser seulement deux ou trois fois en dix ans. C'était un bon camarade, un ami. Si je devais citer quelqu'un, ce serait lui.

« Ça fait toujours culpabiliser de voir qu'on est cette génération qui n'a pas su maintenir Narbonne dans l'élite alors qu'il n'était jamais descendu [...] On a renversé la tasse de café sur le grand livre d'histoire du club »

Julien Candelon

 
 
 

La défaite la plus dure à encaisser ?
La défaite contre Brive qui envoie Narbonne en Pro D2 (21-42, le 12 mai 2007). C'est l'événement le plus marquant parce qu'il est lourd de conséquences. Depuis, le club n'a pas retrouvé son meilleur niveau. Ça fait toujours culpabiliser de voir qu'on est cette génération qui n'a pas su maintenir le club dans l'élite alors qu'il n'était jamais descendu.

Même si tout ne s'est pas joué sur ce match, c'est celui qui a scellé notre sort. C'était le jour du centenaire du club, avec des milliers de personnes venues pour fêter l'histoire du RCN et espérer un maintien. Tous les grands anciens étaient là : Walter Spanghero, François Sangalli, Didier Codorniou, Jo Maso... Ils nous avaient fait une haie d'honneur à notre entrée sur le terrain. Et nous, on avait renversé la tasse de café sur le grand livre d'histoire du club.

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Julien Candelon défend face à l'Espagnol Javier Carrion lors du tournoi olympique de rugby à 7 lors des Jeux de Rio en 2016. (S. Boué/L'Équipe)

L'action dont vous êtes le plus fier ?
Il y a une action dont je me rappelle, c'était à Narbonne en 2004-2005, une très bonne saison avec un bon groupe. On gagne à Montpellier sur un essai que je marque (19-23, le 5 novembre 2004). Cela m'a marqué parce qu'il y avait Ali Koko en face et sur cette action, la peur m'aide beaucoup. Je réussis plusieurs crochets qui mènent à l'essai de la victoire. Il a libéré d'un poids tout le groupe.

Je garde aussi en mémoire la demi-finale à Gerland contre le Stade Français, l'année du titre avec l'USAP (25-21, le 30 mai 2009). Ce jour-là, dans une des meilleures ambiances que j'ai connues, David Marty me glisse un par-dessus dans les bras, dans l'en-but. Cet essai m'a marqué parce qu'il scelle le sort du match et se passe devant la tribune la plus agitée de supporters catalans. C'est un souvenir qui génère chez moi des émotions, aujourd'hui encore.

« Quand il est arrivé à l'entraînement, Jean-Marie Bisaro a ouvert son casier et s'est retrouvé nez à nez avec la tête de cochon. Il a fait un bond en arrière. Je tenais ma vengeance ! »

Julien Candelon

 
 
 

L'anecdote que vous n'aviez jamais osé raconter ?
À Narbonne, je cassais souvent les pieds aux avants. Avec Mathieu Siro ou Cédric Rosalen, on était tout le temps en train de se foutre de leur gueule. Et un jour, ils m'ont attrapé, ils m'ont foutu à poil, et m'ont attaché dans un caddie. Ils m'ont ensuite amené sur le terrain puis m'ont « strappé » aux poteaux. J'étais bloqué, je ne pouvais pas sortir. Pour mettre une petite note sucrée à ce qui était en train de m'arriver, le capitaine de l'équipe, Jean-Marie Bisaro, m'a enduit de résine. Là, j'ai considéré que c'était un acte isolé et que c'était une initiative qui ne relevait pas d'une coalition (rire). Du coup, je me suis dit que si je devais me venger, je le viserai lui.

Le lendemain, je suis allé chez le boucher aux Halles à Narbonne. J'ai demandé une tête de cochon. Après l'avoir embarquée dans un carton, je l'ai planquée dans le casier de Jean-Marie Bisaro. Quand il est arrivé à l'entraînement, j'avais mis tout le monde au courant, on l'a observé ouvrir son casier et tomber nez à nez avec la tête de cochon avec la langue tirée. Il a fait un bond en arrière (rire). Je tenais ma vengeance ! Elle a très bien fonctionné.

Votre meilleur souvenir en équipe de France à 7 ?
Les Jeux Olympiques (à Rio, en 2016). Je mesure la chance d'avoir pu y participer. La plus grosse émotion a été à la cérémonie d'ouverture quand la délégation française est entrée dans le Maracana. On était dans un couloir de barrière et on a croisé des basketteurs américains qu'on a l'habitude de voir à la télé. Et en même temps, on marchait à côté de Tony Parker et Teddy Riner. C'était assez surréaliste d'être avec des gens qu'on admirait. On s'est retrouvé dans le noir, à la lumière des iPhones, et une Marseillaise s'est lancée, elle a été puissante. C'est vraiment le moment où tu rentres dans la famille France Olympique. Derrière, on n'a pas fait de médaille, mais ça reste un moment assez fort. »

Sa vie d'ex
Après sa carrière internationale à sept, Julien Candelon (41 ans) a gardé les deux pieds solidement ancrés dans le rugby. L'ancien ailier est devenu team manager des équipes de France de rugby à 7. « C'est un rôle très administratif et logistique, précise-t-il. Je n'ai aucune intervention sur le plan sportif. Je m'efface complètement, je suis là pour mettre tout le monde dans les meilleures conditions pour réussir. »
En parallèle, Candelon occupe le poste de consultant au micro de beIN Sports, avec lequel il couvre notamment la Coupe d'Europe. « C'est un moyen pour moi de mettre un pied sur le terrain, je prends ça comme du récréatif, explique-t-il. Des fois, je me reproche certains égarements... Mais j'y retrouve une vraie vie de groupe. » Cet été, il fêtera ses 10 ans à la chaîne.
 
 

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#93 el landeno

el landeno

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Posted 03 June 2022 - 19:22 PM

Paroles d'Ex - Roger Bourgarel : « Nous étions toujours prêts à inventer quelque chose » L'ancien ailier international des années 70, Roger Bourgarel, raconte avec nostalgie ses aventures et ses exploits avec le XV de France et le Stade Toulousain.

« Quel a été le partenaire qui vous a le plus marqué ?
Sur le terrain, c'était « Pierrot » Villepreux (arrière, 34 fois international entre 1967 et 1972). Quand je suis arrivé au rugby, je n'y connaissais pas grand-chose. Et lui était vraiment très compétent. Il m'a tout appris. À commencer par le placement, parce que j'étais un peu fantaisiste. Et plus il m'a expliqué le système de jeu toulousain de façon de très précise. Et je crois que cela m'a amené à devenir international.

 
 

Quel a été l'adversaire le plus méchant ?
Physiquement, aucun ne m'a impressionné. Mais le plus méchant, c'est Frik du Preez (deuxième-ligne international sud-africain, 38 sélections entre 1961 et 1971). Au premier test, en 1971, il se retrouve seul devant moi à trente-cinq mètres de notre en-but. Vu la différence de gabarit, il commençait à sourire car la perspective de me percuter, lui le grand Blanc (1,89 m ; 106 kg) face au petit Noir (1,72 m ; 75 kg), lui plaisait... Mais finalement, je l'ai plaqué, disons plutôt que je me suis accroché à lui et, à deux mètres de l'en-but, alors qu'il allait marquer l'essai, je suis parvenu à le pousser en touche...

Quelle est la troisième mi-temps la plus incroyable que vous avez vécue ?
Celle qui a suivi le France-Angleterre de 1970, à Colombes. Quand on leur a mis 35 points (victoire 35-13). Derrière Jean-Louis Bérot, notre chanteur attitré, et Jo Maso, qui connaissait tout le monde à Paris, on a commencé au Moulin-Rouge et, ensuite, on a visité toutes les boîtes de nuit de Saint-Germain des Prés les unes après les autres, pour finir aux Halles au moment où le jour se levait...

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Roger Bourgarel et Pierre Villepreux avec Toulouse face à Dax. (R. Legros/L'Équipe)

Quel est le match à oublier ?
La finale de Championnat de France en 1969, contre Bègles (défaite 11-9, à Lyon). Celle-là, c'est un coup de poignard que je ressens toujours. Si l'arbitre m'accorde l'essai que je marque, on gagne. Je prends le ballon aux cinquante mètres et quand j'arrive dans l'en-but, M. Austry se met à siffler en-avant de passe entre Michel Billère et moi. Michel est retourné dans notre camp, il ne peut pas y avoir en-avant. Avec la vidéo, aujourd'hui, on est champions de France. C'est une grosse frustration, car j'étais derrière la ligne... C'est plutôt un match que je voudrais rejouer car je suis certain qu'on l'emporterait, cette fois-ci.

Quel est le plus bel essai que vous avez inscrit ?
Contre l'Angleterre à Colombes en 1970. Je suis servi aux cinquante mètres et je me retrouve avec les Anglais qui arrivent de partout ! Je les ai passés par la droite, par la gauche, ils ne comprenaient pas ce qui leur arrivait et, au moment d'aplatir, j'ai effectué un bond de deux mètres cinquante ! On m'a envoyé les images de ce match et, de temps en temps, je le regarde. Avec nostalgie.

Vous avez joué au Stade Toulousain. Y a-t-il un autre club où vous auriez aimé évoluer ?
J'ai toujours été toulousain, je ne pouvais pas jouer ailleurs. J'ai été contacté par Toulon et Agen, mais je n'ai pas donné suite. Les joueurs qui changent de club au lieu de s'investir là où ils sont, ça ne me plaît pas. Ce qui se passe aujourd'hui n'a plus rien à voir avec mon époque.

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Devenu charpentier, Roger Bourgarel ici à l'ouvrage dans la campagne toulousaine. (M. Deschamps/L'Équipe)

Quel est l'entraîneur dont vous gardez le meilleur souvenir ?
C'est celui qui m'a fait débuter au rugby. C'est monsieur Paul Blanc. C'est un homme dur mais psychologue. Il savait sur quel bouton appuyer pour que ça marche. Il avait joué demi de mêlée au Stade Toulousain et, avec lui, on attaquait de partout... Il faut dire qu'il avait quelques internationaux, derrière, pour ça, avec Jean-Marie Bonal et moi à l'aile, Pierre Villepreux à l'arrière et Jean-Louis Bérot à l'ouverture. Nous étions toujours prêts à inventer quelque chose pour surprendre les adversaires.

Quelle est la plus grosse bagarre à laquelle vous avez participé ?
En 1971, lors de ce fameux deuxième test de la tournée en Afrique du Sud (8-8, à Durban). J'étais partie prenante mais je n'ai pas filé un coup de poing, et je n'en ai pas reçu un seul. Au premier match, contre l'Eastern Transvaal, j'avais reçu dix points de suture. Au deuxième test, Claude Dourthe (trois-quarts centre international, 33 sélections entre 1966 et 1975), entré en remplacement de Jo Maso, blessé à l'épaule sur un plaquage à retardement, est venu à mon secours alors que j'étais au sol. Il a voulu dégager le ballon et a shooté dans un Springbok, ce qui a déclenché une terrible bagarre ! L'arbitre siffle la faute mais les Springboks montent un « up an under » et font la chasse dessous. Résultat : nouvelle bagarre ! On aurait pu continuer comme ça toute la partie ! Ils voulaient la bagarre, ils l'ont eue. Il faut dire que nous avions des clients, devant...

Quelle est l'anecdote que vous n'avez jamais racontée ?
C'est quelque chose d'un peu triste. C'est le jour où j'ai perdu ma maman, Marie-Louise. Je suis devenu orphelin, car j'avais perdu très jeune mon père, et ça m'a fait un coup. J'ai quitté Toulouse et je suis parti en Provence. Le frère d'un de mes coéquipiers, Paul Garrigues, avait une entreprise de minoterie à Miramas, une usine d'aliments pour le bétail, et c'est comme ça que je suis devenu meunier. »

Sa vie d'Ex
Né à Toulouse le 21 avril 1947, ce trois-quarts aile d'origine antillaise (75 ans) a joué pour le Stade Toulousain de 1965 à 1973, club avec lequel il a été finaliste du Championnat de France en 1969, avant de mettre un terme à sa carrière au début des années 80. Il compte neuf sélections en équipe de France entre 1969 et 1973. Meunier, puis charpentier, il a pris sa retraite professionnelle il y a seize ans et s'est lancé en politique. Conseiller municipal de Caraman (157 habitants), il en est désormais le maire, sans étiquette. Depuis 2019, le stade de la commune porte son nom.
 

 



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Posted 04 June 2022 - 06:59 AM

Roger BOURGAREL : le symbole de toute une époque. Le représentant, malgré lui, de certaines valeurs humaines ! 



#95 el landeno

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Posted 10 June 2022 - 20:39 PM

Paroles d'Ex - Fabrice Landreau : « J'aurais aimé jouer la finale de 1993 » Fabrice Landreau, l'ancien talonneur international de Grenoble et du Stade Français, revient sur les moments marquants de sa carrière, et en particulier le rendez-vous manqué avec les « Mammouths » de Grenoble.

« Quel adversaire vous a le plus impressionné ?
C'est Jonah Lomu (trois-quarts aile des All Blacks, 1,96 m, 120 kg). Avant de l'affronter, je ne l'avais vu qu'à la télévision. Puis j'ai eu la chance de jouer contre lui en 2000. Et là, j'ai pris toute la mesure du danger (sourire). En 1999, lors de la demi-finale (victoire française, 43-31) quand il marque ses deux essais, Abdelatif Benazzi (deuxième-ligne du XV de France, 1,98 m, 115 kg) rebondit sur lui comme une balle de flipper, et Xavier Garbajosa (trois-quarts aile tricolore) lui fait une défense en portes de saloon... Devant mon poste, je me dis : "Ah là, quand même, les gars, vous déconnez..." Et quand je me suis retrouvé à côté des All Blacks dans le tunnel du Stade France, j'ai vu soudain un mec avec de longs pieds, des gros mollets et en remontant, des cuisses surdimensionnées. C'était Jonah Lomu. À côté de lui, je paraissais un nain. Je me suis immédiatement interrogé : je ne vais jamais pouvoir le plaquer car j'ai les bras bien trop courts (rires).

 
 

Quel est le partenaire qui vous a marqué ?
Il y en a deux qui m'ont marqué à jamais : Christophe Dominici (ailier tricolore, 67 sélections entre 1998 et 2007, décédé en 2020 à l'âge de 48 ans) et Diego Dominguez (demi d'ouverture international italien d'origine argentine, 74 sélections, 983 points). Dans son petit gabarit, Christophe avait mis une telle volonté de vaincre qu'avec lui, à dix contre cent, tu pouvais gagner... Quant à Diego, qui était aussi un petit bonhomme, il était convaincu que la victoire ne dépendait que de l'investissement, du travail et de la précision que tu mettais.

Quel est le match que vous aimeriez rejouer ?
La finale 1993 avec les "Mammouths" contre Castres (défaite 14-11). En fait, j'aimerais tout simplement la jouer, cette finale, car j'étais blessé et frustré, en tribunes. À Grenoble, les coaches Jacques Fouroux et Michel Ringeval avaient construit une équipe monstrueuse, avec des morphotypes identiques. Le jeu était simple : le porteur de balle percutait l'adversaire et, ensuite, on donnait à Fred Velo qui devait se débrouiller pour faire deux ou trois biscouettes pour marquer des essais. C'était la première fois que je vivais une finale de Championnat de France et ce fut un rendez-vous manqué (l'essai du Castrais Gary Whetton aurait dû être invalidé).

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Fabrice Landreau et Max Guazzini avant une rencontre entre Grenoble et le Stade Français. (M. Francotte/L'Équipe)

Quel est votre meilleur souvenir ?
Ce mercredi soir, quand mes entraîneurs, Jean-Philippe Carriat et Jean-Jacques Berland, m'ont annoncé que j'étais titulaire en équipe première d'Angoulême. En novembre 1987. J'étais junior, troisième-ligne aile. C'était face à Bagnères-de-Bigorre, au stade Chanzy. C'est mon plus beau souvenir. J'y pense tout le temps. Je me suis dit ce jour-là : "J'ai commencé le rugby à neuf ans, c'est le seul objectif que je me suis fixé, je peux arrêter ma carrière" (sourire).

Quel est le plus bel essai que vous avez marqué ?
Avec Angoulême, en 1990. Je suis parvenu à courir sur cinquante mètres, après avoir effectué un cadrage-débordement sur l'ailier de La Rochelle. C'était à Chanzy, en Challenge de l'Espérance.

Vous avez évolué à Angoulême, à Neath, Bristol, Grenoble et au Stade Français. Malgré tout cela, quel est le club où vous auriez aimé jouer ?
Le Stade Toulousain. En 1986, j'ai été contacté par Christian Gajan pour rejoindre les juniors Reichel de Toulouse, dont il s'occupait. Ça n'a pas pu se faire car mon père s'y est opposé. Il pensait que je n'étais pas assez mûr pour partir. À Angoulême, en juniors, mon entraîneur prônait le jeu à la toulousaine et j'aurais bien aimé découvrir la version originale.

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Fabrice Landreau à l'assaut des All Blacks à Marseille en 2000. (J. Prévost/L'Équipe)

Quel a été le pire moment de votre carrière ?
En août 1999, lorsque je rejoins le Stade Français, on dispute le premier match de Championnat à La Rochelle. Nous étions privés de nos internationaux mais n'avions pas d'inquiétude particulière. Sauf qu'on perd 45-17. Le dimanche matin, Bernard Laporte, qui nous entraînait, nous convoque à six heures du matin pour débriefer le match à la vidéo. C'était une VHS et donc ça a duré deux heures (sourire). Puis on est partis s'entraîner sur la plaine des jeux, onze contre onze. On a fini à neuf... Il y a eu deux K.-O., une acromio-claviculaire, des arcades sourcilières ouvertes. Quand les éducateurs de l'école de rugby du Stade Rochelais nous ont croisés, ce matin-là, nous étions en lambeaux... On a pris le train et, arrivés à Paris en début d'après-midi, Bernard, qui était très énervé, nous a donné rendez-vous à 16 heures à Jean-Bouin pour une séance de mêlée. Je n'ai jamais raconté cette anecdote tellement elle me paraissait hors du temps. Pour la petite histoire, on a perdu le match suivant, à domicile, contre Colomiers. Et on a pris de nouveau quarante points (rires).

Du coup, y a-t-il une autre anecdote que vous n'avez jamais racontée ?
Oui. Après cette lourde défaite à domicile contre Colomiers, on devait jouer à Grenoble, qui alignait une très grosse équipe. On pensait que Bernard (Laporte) allait nous défoncer. Le lundi, on débriefe ce match catastrophique à la vidéo. Le lendemain, un bus nous attend. Personne ne sait où on va et on se retrouve en forêt à jouer au paint-ball. Max Guazzini arrive dans sa jolie Mercedes et tous les joueurs se mettent à mitrailler sa voiture. En un rien de temps, elle est maculée de peinture, massacrée. Max n'osait pas sortir (rires). Résultat, on est allé décrocher le match nul (19-19) à Grenoble.

Quelle est la plus mémorable des troisièmes mi-temps ?
Avec le Stade Français après une défaite à Aurillac en 2000, quand nous étions en autogestion. On a encaissé trente points et, dans le sillage de Christophe Dominici, Sylvain Marconnet et Christophe Juillet, on a vidé entièrement le bar de l'hôtel. On est partis au petit matin en oubliant nos sacs, des blazers, et même un joueur...»

Sa vie d'Ex
Ancien talonneur international (4 sélections en 2000 et 2001), Fabrice Landreau (53 ans) a été sacré champion de France avec le Stade Français en 2000. Il a débuté sa carrière d'entraîneur en 2004 au Stade Français, avant de rejoindre Grenoble (2009-2016), puis Toulon en 2017 en compagnie de Fabien Galthié. Il entraîna ensuite les cadets de La Tremblade (Charente-Maritime). En 2019, il fut nommé directeur sportif délégué au Stade Français, avant de rejoindre Cognac - Saint-Jean-d'Angély en 2020, en Nationale 1. Marié, père de deux filles, il vit à Cognac et a été élu conseiller municipal à La Tremblade. Il est aussi ambassadeur d'une marque de whisky charentais exportée aux États-Unis.
 

 


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Posted 17 June 2022 - 20:41 PM

Paroles d'ex - Gérard Cholley : « J'ai donné deux coups de poing et le plafond du vestiaire est tombé » L'ancien pilier international castrais, victorieux du Grand Chelem 1977, assume sa mauvaise réputation et revient sur quelques épisodes savoureux de sa carrière.

« Quel adversaire vous a le plus marqué ?
Je pensais plutôt être celui qui marquait les adversaires (rires) ! Pour ma deuxième sélection, j'affronte l'Écosse dans le Tournoi. Je suis face à Ian McLauchlan (surnommé Mighty Mouse, la souris puissante, compte tenu de son petit gabarit, 1,75 m), qu'on annonçait comme le meilleur pilier du monde. Et il m'a testé (Gérard Cholley mesurait 1,93 m). Et comment teste-t-on un pilier ? Au courage... Je jouais pilier droit et lui à gauche. Alors je l'ai attaqué bille en tête. Au bout de deux mêlées, c'est lui qui a gardé la tête en restant à l'extérieur.

 
 

Quel est le partenaire avec lequel vous vous êtes le mieux entendu ?
Mon pote, c'était Jean-Pierre Bastiat (troisième-ligne centre de Dax, 32 sélections entre 1969 et 1978). Sans évoquer les troisièmes mi-temps où on se marrait toujours bien, nous partagions les mêmes points de vue, sur le terroir, par exemple. Et puis on jouait souvent au golf ensemble. Nous avions tellement plaisir à nous retrouver... Il ne se passait pas une semaine sans qu'on s'appelle. Son départ laisse un vide (Jean-Pierre Bastiat est décédé le 3 février 2021, à l'âge de 71 ans).

Quel est le match qui garde, chez vous, une place à part ?
C'est difficile, comme question : il y en a tellement. Mais celui qui me revient en tête, c'est une rencontre avec le XV Mondial en Afrique du Sud (le 27 aout 1977, à Pretoria) face aux Springboks. J'ai joué avec toute la clique, Gareth Edwards, Phil Bennett, JPR Williams... Le talonneur était le All Black Tane Norton et son coéquipier, Andy Haden, qui avait joué à Tarbes, m'a demandé si je pouvais jouer pilier droit, alors que je jouais à gauche en équipe de France. Je lui ai répondu : "No problem". En face, il y avait un jeune talonneur springbok plein de fougue (Robert Cockrel) qui nous prend le ballon sur notre introduction. Et qui recommence à la deuxième mêlée. Alors j'ai dit à Norton : "Finish". Chaque fois que Gareth Edwards a introduit le ballon en mêlée, j'ai glissé mon bras pour placer la paume de main sur les yeux du talonneur bok. Et on a plus perdu un ballon (rires). C'est comme ça que j'ai sauvé la réputation de Tane Norton (rires)...

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Gérard Cholley, entre Jean-Pierre Bastiat et Jean-Pierre Rives (L'Équipe)

Quel est le joueur, adversaire ou partenaire, que vous avez perdu de vue et que vous aimeriez retrouver ?
Tane Norton, justement. Je sais qu'en 2007, lors de la Coupe du monde qui se déroulait en France, il avait cherché à me contacter. Mais on s'est manqué et je l'ai regretté. Mon anglais n'est pas terrible, mais quand on parle rugby, on parvient à se faire comprendre. On se verra peut-être en 2023.

Quel est le pire souvenir de votre carrière ?
C'était en 1972 avec Castres en seizièmes de finale du Championnat de France. On affrontait Bègles. La veille de ce seizième de finale, notre entraîneur nous avait imposé des exercices physiques. Le lendemain matin, personne ne pouvait plus marcher. Bègles tournait bien, à cette époque, et on était partis pour prendre quarante points. Alors j'ai décidé d'arrêter tout ça ! Et c'est là où j'ai commencé à "distribuer". Poum, à chaque fois, le deuxième-ligne d'en face reculait de trois mètres. Mais, honnêtement, j'ai eu honte de mon comportement. Mais qu'est-ce que vous vouliez faire ? On n'allait quand même pas prendre quarante points (sourire)... (Castres s'inclinera 17-4)

Vous êtes resté fidèle à Castres durant toute votre carrière. Mais si vous en aviez eu l'envie, dans quel autre club auriez-vous aimé évoluer ?
Agen, Béziers et Toulouse m'avaient contacté. Mais pourquoi aller ailleurs ? (silence) Disons que Béziers dominait le rugby français dans les années 70, et mon ami Armand Vaquerin (pilier international biterrois, 26 sélections entre 1971 et 1980, 10 fois champion de France) voulait que je le rejoigne. C'est vrai que j'aimais bien Béziers et son approche du jeu d'avants.

Quelle est la troisième mi-temps la plus mémorable ?
En général, on n'en parle pas trop, hein ? (sourire). J'en ai connu de belles. Il y a celle de 1977 à Dublin pour fêter le Grand Chelem. Je crois bien que j'ai pris l'avion en smoking. Je n'avais pas eu le temps de me changer (rires). Sans parler du retour à Paris. Remarquable. Mais je n'en dirai rien et les connaisseurs apprécieront (sourire)...

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Avec une sélection française, Gérard Cholley ceinture le capitaine des All Blacks, Graham Mourie. (L'Équipe)

Avez-vous un regret ?
Mieux vaut avoir des remords (sourire)... Disons que j'aurais aimé débuté plus tôt ma carrière internationale. J'ai eu ma première sélection en 1975, à 29 ans. J'avais une mauvaise réputation et, pour me tester, on m'a aligné dans une sélection régionale, en novembre 1974, face aux Springboks à Lyon. Durant ce match, Michel Palmié (deuxième-ligne de Béziers, 23 sélections entre 1975 et 1978) a eu la mâchoire fracturée. Alors là, j'ai donné, hein ! On n'allait quand même pas se faire marcher dessus... Mais j'aurais aimé connaître l'équipe de France deux ou trois ans plus tôt, ce qui aurait été possible puisque j'étais régulièrement pris en France A ou B.

Quelle est la pire bagarre à laquelle vous avez participé ?
Je n'ai pas de souvenir particulier. J'avais une telle réputation que les gars, en face, y regardaient à trois fois avant de tenter quelque chose.

Quelle est la consigne de jeu que vous n'avez jamais suivie ?
Oh là là, ce n'était pas comme aujourd'hui. Il n'y avait rien de stéréotypé. Les consignes de jeu étaient simples : il fallait se faire respecter. En revanche, la seule consigne que j'ai suivie scrupuleusement, c'est d'éviter de marcher sur les chaussettes de mes partenaires dans les regroupements (rires).

Quelle est l'anecdote que vous n'avez jamais racontée ?
C'est en 1976 à Cardiff. La veille d'affronter les Gallois, j'avais 39,5 de fièvre mais je voulais absolument jouer. Le toubib m'a filé deux tubes de vitamines. Dans le vestiaire, j'étais surexcité. À l'époque, on ne sortait pas du vestiaire pour s'échauffer et moi, je filais des coups de poing partout. Je donne deux grands coups de poing dans le plafond et voilà qu'une partie du plafond tombe sur Jeff Imbernon (sourire). Je ne me suis rien fracturé. C'est le plafond qui s'est cassé (rires) ! »

Sa vie d'Ex
Natif de la Haute-Saône, cet ancien parachutiste, boxeur amateur poids lourd, a découvert le rugby alors qu'il était caserné à Castres. Pilier capable de jouer à droite et comme à gauche, victorieux du Grand Chelem dans le Tournoi des Cinq Nations 1977, il compte 31 sélections entre 1975 et 1979. À l'issue de son jubilé, il a reversé l'intégralité de la recette (50 000 euros) à la fondation Perce-Neige.

Après vingt ans passés dans la production au sein des Laboratoires Fabre, puis autant dans la communication et l'événementiel comme conseiller spécial du président Pierre Fabre, Gérard Cholley est parti à la retraite en 2009. Vice-président du Castres Olympique, fait chevalier de la Légion d'Honneur en 2017, ce père de cinq enfants a fêté en famille ses 77 ans le 6 juin dernier, et continue, dans son fumoir, de se consacrer à la dégustation de cigares. « Quatre, parfois cinq par jour », avoue-t-il entre deux bouffées.


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Posted 23 June 2022 - 21:32 PM

Paroles d'Ex - Léon Loppy : « Le patron d'un bar nous a ramené le bouclier de Brennus » À l'occasion des trente ans du titre de 1992, l'ancien troisième-ligne international toulonnais, Léon Loppy, est revenu sur des souvenirs marquants de sa carrière, de ses débuts à La Seyne-sur-Mer à un quart de finale épique à Tarbes, en passant par son rendez-vous manqué avec les Barbarians français.

 

« Quel est le partenaire qui vous a le plus marqué ?
Il y en a eu plusieurs à Toulon, mais tout au long de ma carrière, il y a eu Michel Périé (pilier gauche du RC Toulon, 3 sélections en 1996) et Marc de Rougemont (talonneur international toulonnais, 13 sélections entre 1995 et 1997). J'ai joué pratiquement toute ma carrière professionnelle avec Marc. Mes enfants l'appellent "Tonton Marco" et ses filles m'appellent "Tonton Léon". On n'habitait pas loin, on a vécu de grosses choses ensemble. J'ai un lien particulier avec lui. À Toulon, on est tous très proches mais j'ai joué la plus grande partie de ma carrière avec Marc.

 
 

Quel match garderez-vous toujours en mémoire ?
Le quart de finale contre Tarbes en 1992, à Narbonne. Il y avait 27-27 à la fin du temps réglementaire, puis 30-30 à la fin des prolongations, et on gagne au bénéfice des essais (deux à un). On a remonté douze points de retard alors qu'il ne restait que huit minutes à jouer. Les supporters toulonnais partaient même du stade et, avec douze points d'avance, l'entraîneur de Tarbes, Philippe Dintrans, a voulu faire tourner son effectif. Michel Périé avait du mal avec un pilier adverse (Alain Teulé) et quand il est sorti (remplacé par Philippe Capdevielle à la 55e), ça a renversé la vapeur, on a repris le dessus et on a marqué deux essais (par David Jaubert, 72 et 77e).

Vous avez évolué à Toulon, à Bègles, à Castres. Dans quel autre club auriez-vous aimé jouer ?
Au Stade Toulousain, par rapport à mon jeu. Je n'avais pas un jeu "à la Toulonnaise" : même si j'avais la mentalité, j'étais plutôt joueur. J'ai failli partir à Toulouse, d'ailleurs, quand j'étais jeune, avant d'aller à Toulon, mais c'était trop loin. J'avais déjà du mal à venir à Toulon parce que c'était loin par rapport à La Seyne-sur-Mer, alors Toulouse... J'ai mis trois ans pour venir à Toulon. La première année j'ai refusé, la deuxième année j'ai signé puis je me suis rétracté, et je suis venu la troisième année.

Quel est votre plus gros regret ?
Avec l'âge, je me dis que j'aurais dû être plus sérieux en sélection. J'ai passé six ans en équipe de France, j'ai fait des tournées en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud, mais je manquais d'ambition. Il y avait de grosses pointures devant moi et je jouais surtout pour mon club. Une année, en 1994, j'ai été sélectionné avec les Barbarians français pour l'inauguration du Stade Charléty, mais lors du match juste avant, en déconnant, j'ai traité l'arbitre de touche de "faisan". On m'a retiré ma licence. Serge Blanco et Bernard Lapasset (alors président de la FFR) m'ont prévenu et m'ont dit que je devais faire un choix entre jouer avec les Barbarians et être suspendu avec Toulon, ou l'inverse. J'ai choisi d'être suspendu avec les Barbarians pour jouer avec Toulon. Serge m'en a voulu un peu, mais le club, c'est ce qui me portait le plus.

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Léon Loppy lors de tournée de 1994 en Nouvelle-Zélande avec l'équipe de France. (D. Clément/L'Équipe)

Quel est le plus beau souvenir de votre carrière ?
Celui qui me marque le plus, c'est lorsque David Jaubert inscrit un essai en force contre Tarbes, à Narbonne. Je revois toujours cette image. Il avait marqué le même deux ou trois ans plus tôt, avec deux mecs sur le dos et il les avait défoncés. Sinon, entre nous à Toulon, on parle toujours de bagarres générales, c'est la mentalité toulonnaise. On m'a toujours dit : "Si les Toulonnais ont une porte ouverte et une porte fermée, ils vont choisir la porte fermée". Je crois que j'ai joué avec la plus belle équipe de trois-quarts : David Jaubert, Christophe Dominici, Franck Comba, Gérald Merceron, Yann Delaigue, Aubin Hueber, Jean-Christophe Repon... Tout le monde parle des avants toulonnais, mais les trois-quarts, c'était quelque chose. Ils étaient plus marioles que nous, ils se battaient plus que nous.

Justement, quelle bagarre a été la plus marquante ?
Beaucoup de gens font référence à la bagarre générale contre Bègles en 1991 à Mayol (victoire 18-9), mais c'est à Grenoble la plus grosse (lors de la saison 1990-1991). C'est la première fois que j'ai eu la rage. Les Grenoblois étaient solides, vraiment solides. Sans manquer de respect aux Béglais, ça n'avait rien à voir. C'était plus violent à Grenoble, on perd 9-3, mais ça a été un gros match, le plus violent que j'ai joué (d'un coup de poing, il brisera la mâchoire du deuxième-ligne isérois Stéphane Geraci).

Et votre pire souvenir ?
Je suis resté paralysé pendant cinq minutes à Chalon lors d'un match de la montée avec La Seyne-sur-Mer. J'avais pris un coup de pied dans le dos et je suis resté paralysé sur le terrain. On était sortis escortés par la police. Ça avait été dur à La Seyne, et on avait été reçus comme il se doit là-bas au match retour. Je m'en suis remis mais j'ai toujours une douleur dans le dos aujourd'hui.

Est-ce qu'il y a une consigne que vous n'avez jamais comprise ?
Ce n'est pas une consigne, mais j'ai toujours été attiré par le ballon, comme aspiré. Et, de temps en temps, je le volais à Yann Delaigue (rires). Depuis, tous les trois-quarts de l'époque me chambrent, ils disent que je jouais en numéro dix. C'est vrai que je n'arrivais pas à me retenir. Yann m'engueule encore aujourd'hui...

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Le Toulonnais Léon Loppy bloqué par le flanker perpignanais Marc Liévremont. (A. De Martignac/L'Équipe)

Quel entraîneur vous a le plus marqué ?
Michel Carbonel, le frère d'Alain et l'oncle de Louis (actuel demi d'ouverture de Toulon). C'est mon mentor. Il était mon entraîneur quand j'étais tout gamin à La Seyne-sur-Mer et c'est lui qui m'a le plus canalisé, notamment sur le racisme. C'était dur pour moi, je prenais les insultes pour du racisme, il devait y en avoir un peu, mais la plupart du temps, c'était pour me faire dégoupiller et me faire sortir du match. Mais quand tu es minot et que tu sors des quartiers, tu ne le comprends pas. Michel a pris le temps pour m'aider à comprendre. Ensuite, c'est grâce à lui que je suis parti à Toulon. Sans lui je n'y serai pas allé. Il m'emmenait par la peau du cul à la musculation, cinq heures par jours, tous les jours, pour que je prenne dix kilos en un an car quand je suis arrivé à Toulon, je pesais tout juste 80 kilos. Nous, les jeunes, on l'admirait. Il était contre la violence et il avait une équipe de bagarreurs. Il nous a laissé "carte blanche" une seule fois : c'était la folie, une bagarre énorme.

Quelle troisième mi-temps a été la plus arrosée ?
Il y en a eu beaucoup avec les Toulonnais. Mais celle après la finale de 1992 (victoire 19-14 face à Biarritz)... On a fait une énorme troisième mi-temps dans Paris. On a même oublié le bouclier de Brennus quelque part, c'est le patron d'un bar qui nous l'a ramené. On est revenus à Toulon par la mer et on a fait trois jours de fête. J'ai atterri dans une fontaine à Méounes et je suis rentré chez mes beaux-parents comme ça, je puais.

Y a-t-il une anecdote que vous n'avez jamais racontée ?
Il y en a une, où j'ai morflé. On faisait un décrassage tous les lendemains de matches et, un jour, je courais avec Manu Diaz. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, quand il est passé devant moi, je lui ai fait un croc-en-jambe. Il est tombé, il s'est étalé et il m'a couru après. S'il me rattrapait, il me tuait. Mais moi, j'avais fini mon tour alors qu'il en avait encore pour une vingtaine de minutes, donc je suis rentré me doucher et j'ai oublié Manu. J'étais en train de m'habiller lorsqu'il est arrivé et il m'a roué de coups jusqu'à m'en casser les côtes. Si Alain Carbonel n'était pas intervenu, il me tuait. Il était fou, ce Manu (rires). Un jour, il avait eu une vraie tête de cochon dans son casier, avec du persil dans les oreilles et dans le nez. Le lendemain, il a pris les affaires de tout le monde et il a tout jeté dans le jacuzzi. Personne n'a parlé, pas un mot. Pourtant, il avait écrit des courriers de menaces sur tous les casiers, mais personne ne s'est dénoncé. On se doute du coupable, Manu a des doutes, mais on n'a jamais su la vérité et on ne sait toujours pas. »

Sa vie d'Ex
Troisième-ligne international (1 sélection en 1993), Léon Loppy (56 ans) a disputé la majeure partie de sa carrière au Rugby Club Toulonnais avant de porter les maillots de Castres, Bègles et Aix-en-Provence. Il a été champion de France avec le RCT en 1992 et finaliste du Bouclier européen avec Castres, cinq ans plus tard, après avoir disputé des tournées face à l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande et l'Australie avec les Bleus et les Barbarians français.

Après plusieurs années comme entraîneur, notamment avec des jeunes, il a fait son retour dans sa ville de naissance et son club formateur, l'US Seynoise, en 2020, pour aider ses petits-cousins Jérémie et Gaël Fickou en tant que directeur sportif : « Ainsi, la boucle est bouclée », sourit-il.
 
 

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#98 Gourine63

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Posted 24 June 2022 - 07:34 AM

Un homme charmant ce Manu Diaz...

#99 Bougnat et Breton

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Ce-dernier a notamment évoqué les joueurs les plus méchants qu’il avait croisé lors de sa carrière sportive.

 

Selon lui, l’homme le plus craint au monde était le pilier du Rugby Club Toulonnais, Manu Diaz. Extrait:

 

« J’ai connu des mecs beaucoup plus méchants et beaucoup plus fous que moi. J’ai malheureusement quelques faits d’armes à mon actif et qui peuvent prouver le contraire mais je n’étais ni bagarreur ni un gros parleur. Pour moi, un mec qui parlait sur un terrain, il perdait son temps. Personnellement, j’avais envie de jouer. Ma plus grande appréhension avant d’entrer sur un terrain, c’était de mal faire. J’ai grandi grâce à deux joueurs qui étaient mes idoles. Il y a d’abord eu Manu Diaz, et ensuite Claude Portolan. Deux joueurs aux registres très différents. Manu Diaz était quand même l’homme le plus craint au monde. Il a fait échapper pas mal de types… »



#100 Guest_Laduree_*

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Posted 26 June 2022 - 08:04 AM

Un homme charmant ce Manu Diaz...


Un sport de voyou joué par des gentlemen qui disent...

Les valeurs sûrement.

#101 Bougnat et Breton

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Posted 26 June 2022 - 08:46 AM

Un sport de voyou joué par des gentlemen qui disent...

Les valeurs sûrement.

Surtout un sport de combat qui n'aurait jamais accepté de voir un joueur se rouler par terre en faisant semblant d'avoir pris un coup (je ne désespère pas de voir un jour un boxeur se rouler par terre en accusant l'adversaire de lui avoir mis un pain)

 

D'autres valeurs oui



#102 Guest_Laduree_*

Guest_Laduree_*
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Posted 26 June 2022 - 09:24 AM

Surtout un sport de combat qui n'aurait jamais accepté de voir un joueur se rouler par terre en faisant semblant d'avoir pris un coup (je ne désespère pas de voir un jour un boxeur se rouler par terre en accusant l'adversaire de lui avoir mis un pain)
 
D'autres valeurs oui


Les valeurs du pognon.

Après entre tuer un coéquipier pour un croc en jambe ou se rouler par terre, je sais pas quoi choisir.

#103 Buckaroo

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Posted 26 June 2022 - 09:58 AM

Surtout un sport de combat qui n'aurait jamais accepté de voir un joueur se rouler par terre en faisant semblant d'avoir pris un coup (je ne désespère pas de voir un jour un boxeur se rouler par terre en accusant l'adversaire de lui avoir mis un pain)

À ton service :


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#104 DOUDOU63

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Posted 26 June 2022 - 10:26 AM

 

Paroles d'Ex - Léon Loppy : « Le patron d'un bar nous a ramené le bouclier de Brennus » À l'occasion des trente ans du titre de 1992, l'ancien troisième-ligne international toulonnais, Léon Loppy, est revenu sur des souvenirs marquants de sa carrière, de ses débuts à La Seyne-sur-Mer à un quart de finale épique à Tarbes, en passant par son rendez-vous manqué avec les Barbarians français.

 

 

« Quel est le partenaire qui vous a le plus marqué ?
Il y en a eu plusieurs à Toulon, mais tout au long de ma carrière, il y a eu Michel Périé (pilier gauche du RC Toulon, 3 sélections en 1996) et Marc de Rougemont (talonneur international toulonnais, 13 sélections entre 1995 et 1997). J'ai joué pratiquement toute ma carrière professionnelle avec Marc. Mes enfants l'appellent "Tonton Marco" et ses filles m'appellent "Tonton Léon". On n'habitait pas loin, on a vécu de grosses choses ensemble. J'ai un lien particulier avec lui. À Toulon, on est tous très proches mais j'ai joué la plus grande partie de ma carrière avec Marc.

 
 

Quel match garderez-vous toujours en mémoire ?
Le quart de finale contre Tarbes en 1992, à Narbonne. Il y avait 27-27 à la fin du temps réglementaire, puis 30-30 à la fin des prolongations, et on gagne au bénéfice des essais (deux à un). On a remonté douze points de retard alors qu'il ne restait que huit minutes à jouer. Les supporters toulonnais partaient même du stade et, avec douze points d'avance, l'entraîneur de Tarbes, Philippe Dintrans, a voulu faire tourner son effectif. Michel Périé avait du mal avec un pilier adverse (Alain Teulé) et quand il est sorti (remplacé par Philippe Capdevielle à la 55e), ça a renversé la vapeur, on a repris le dessus et on a marqué deux essais (par David Jaubert, 72 et 77e).

Vous avez évolué à Toulon, à Bègles, à Castres. Dans quel autre club auriez-vous aimé jouer ?
Au Stade Toulousain, par rapport à mon jeu. Je n'avais pas un jeu "à la Toulonnaise" : même si j'avais la mentalité, j'étais plutôt joueur. J'ai failli partir à Toulouse, d'ailleurs, quand j'étais jeune, avant d'aller à Toulon, mais c'était trop loin. J'avais déjà du mal à venir à Toulon parce que c'était loin par rapport à La Seyne-sur-Mer, alors Toulouse... J'ai mis trois ans pour venir à Toulon. La première année j'ai refusé, la deuxième année j'ai signé puis je me suis rétracté, et je suis venu la troisième année.

Quel est votre plus gros regret ?
Avec l'âge, je me dis que j'aurais dû être plus sérieux en sélection. J'ai passé six ans en équipe de France, j'ai fait des tournées en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud, mais je manquais d'ambition. Il y avait de grosses pointures devant moi et je jouais surtout pour mon club. Une année, en 1994, j'ai été sélectionné avec les Barbarians français pour l'inauguration du Stade Charléty, mais lors du match juste avant, en déconnant, j'ai traité l'arbitre de touche de "faisan". On m'a retiré ma licence. Serge Blanco et Bernard Lapasset (alors président de la FFR) m'ont prévenu et m'ont dit que je devais faire un choix entre jouer avec les Barbarians et être suspendu avec Toulon, ou l'inverse. J'ai choisi d'être suspendu avec les Barbarians pour jouer avec Toulon. Serge m'en a voulu un peu, mais le club, c'est ce qui me portait le plus.

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Léon Loppy lors de tournée de 1994 en Nouvelle-Zélande avec l'équipe de France. (D. Clément/L'Équipe)

Quel est le plus beau souvenir de votre carrière ?
Celui qui me marque le plus, c'est lorsque David Jaubert inscrit un essai en force contre Tarbes, à Narbonne. Je revois toujours cette image. Il avait marqué le même deux ou trois ans plus tôt, avec deux mecs sur le dos et il les avait défoncés. Sinon, entre nous à Toulon, on parle toujours de bagarres générales, c'est la mentalité toulonnaise. On m'a toujours dit : "Si les Toulonnais ont une porte ouverte et une porte fermée, ils vont choisir la porte fermée". Je crois que j'ai joué avec la plus belle équipe de trois-quarts : David Jaubert, Christophe Dominici, Franck Comba, Gérald Merceron, Yann Delaigue, Aubin Hueber, Jean-Christophe Repon... Tout le monde parle des avants toulonnais, mais les trois-quarts, c'était quelque chose. Ils étaient plus marioles que nous, ils se battaient plus que nous.

Justement, quelle bagarre a été la plus marquante ?
Beaucoup de gens font référence à la bagarre générale contre Bègles en 1991 à Mayol (victoire 18-9), mais c'est à Grenoble la plus grosse (lors de la saison 1990-1991). C'est la première fois que j'ai eu la rage. Les Grenoblois étaient solides, vraiment solides. Sans manquer de respect aux Béglais, ça n'avait rien à voir. C'était plus violent à Grenoble, on perd 9-3, mais ça a été un gros match, le plus violent que j'ai joué (d'un coup de poing, il brisera la mâchoire du deuxième-ligne isérois Stéphane Geraci).

Et votre pire souvenir ?
Je suis resté paralysé pendant cinq minutes à Chalon lors d'un match de la montée avec La Seyne-sur-Mer. J'avais pris un coup de pied dans le dos et je suis resté paralysé sur le terrain. On était sortis escortés par la police. Ça avait été dur à La Seyne, et on avait été reçus comme il se doit là-bas au match retour. Je m'en suis remis mais j'ai toujours une douleur dans le dos aujourd'hui.

Est-ce qu'il y a une consigne que vous n'avez jamais comprise ?
Ce n'est pas une consigne, mais j'ai toujours été attiré par le ballon, comme aspiré. Et, de temps en temps, je le volais à Yann Delaigue (rires). Depuis, tous les trois-quarts de l'époque me chambrent, ils disent que je jouais en numéro dix. C'est vrai que je n'arrivais pas à me retenir. Yann m'engueule encore aujourd'hui...

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Le Toulonnais Léon Loppy bloqué par le flanker perpignanais Marc Liévremont. (A. De Martignac/L'Équipe)

Quel entraîneur vous a le plus marqué ?
Michel Carbonel, le frère d'Alain et l'oncle de Louis (actuel demi d'ouverture de Toulon). C'est mon mentor. Il était mon entraîneur quand j'étais tout gamin à La Seyne-sur-Mer et c'est lui qui m'a le plus canalisé, notamment sur le racisme. C'était dur pour moi, je prenais les insultes pour du racisme, il devait y en avoir un peu, mais la plupart du temps, c'était pour me faire dégoupiller et me faire sortir du match. Mais quand tu es minot et que tu sors des quartiers, tu ne le comprends pas. Michel a pris le temps pour m'aider à comprendre. Ensuite, c'est grâce à lui que je suis parti à Toulon. Sans lui je n'y serai pas allé. Il m'emmenait par la peau du cul à la musculation, cinq heures par jours, tous les jours, pour que je prenne dix kilos en un an car quand je suis arrivé à Toulon, je pesais tout juste 80 kilos. Nous, les jeunes, on l'admirait. Il était contre la violence et il avait une équipe de bagarreurs. Il nous a laissé "carte blanche" une seule fois : c'était la folie, une bagarre énorme.

Quelle troisième mi-temps a été la plus arrosée ?
Il y en a eu beaucoup avec les Toulonnais. Mais celle après la finale de 1992 (victoire 19-14 face à Biarritz)... On a fait une énorme troisième mi-temps dans Paris. On a même oublié le bouclier de Brennus quelque part, c'est le patron d'un bar qui nous l'a ramené. On est revenus à Toulon par la mer et on a fait trois jours de fête. J'ai atterri dans une fontaine à Méounes et je suis rentré chez mes beaux-parents comme ça, je puais.

Y a-t-il une anecdote que vous n'avez jamais racontée ?
Il y en a une, où j'ai morflé. On faisait un décrassage tous les lendemains de matches et, un jour, je courais avec Manu Diaz. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, quand il est passé devant moi, je lui ai fait un croc-en-jambe. Il est tombé, il s'est étalé et il m'a couru après. S'il me rattrapait, il me tuait. Mais moi, j'avais fini mon tour alors qu'il en avait encore pour une vingtaine de minutes, donc je suis rentré me doucher et j'ai oublié Manu. J'étais en train de m'habiller lorsqu'il est arrivé et il m'a roué de coups jusqu'à m'en casser les côtes. Si Alain Carbonel n'était pas intervenu, il me tuait. Il était fou, ce Manu (rires). Un jour, il avait eu une vraie tête de cochon dans son casier, avec du persil dans les oreilles et dans le nez. Le lendemain, il a pris les affaires de tout le monde et il a tout jeté dans le jacuzzi. Personne n'a parlé, pas un mot. Pourtant, il avait écrit des courriers de menaces sur tous les casiers, mais personne ne s'est dénoncé. On se doute du coupable, Manu a des doutes, mais on n'a jamais su la vérité et on ne sait toujours pas. »

Sa vie d'Ex
Troisième-ligne international (1 sélection en 1993), Léon Loppy (56 ans) a disputé la majeure partie de sa carrière au Rugby Club Toulonnais avant de porter les maillots de Castres, Bègles et Aix-en-Provence. Il a été champion de France avec le RCT en 1992 et finaliste du Bouclier européen avec Castres, cinq ans plus tard, après avoir disputé des tournées face à l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande et l'Australie avec les Bleus et les Barbarians français.

Après plusieurs années comme entraîneur, notamment avec des jeunes, il a fait son retour dans sa ville de naissance et son club formateur, l'US Seynoise, en 2020, pour aider ses petits-cousins Jérémie et Gaël Fickou en tant que directeur sportif : « Ainsi, la boucle est bouclée », sourit-il.
 
 

 

Concernant LOPPY, j'ai toujours en mémoire sa colère incroyable contre son équipe après la défaite contre l'ASM en quart à LYON en 1994...Ce jour là, le pack de TOULON avait concassé l'ASM il faut le reconnaître mais TOULON s'était littéralement sabordé tout seul, en manquant un nombre incroyable d'occasions...LOPPY qui avait marqué de mémoire le seul essai toulonnais était furieux contre son équipe...Il gueulait en quittant le terrain, mais à sa décharge pas de propos déplacés contre l'adversaire ni l'arbitre...


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#105 Bougnat et Breton

Bougnat et Breton

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Posted 26 June 2022 - 10:41 AM

Les valeurs du pognon.

Après entre tuer un coéquipier pour un croc en jambe ou se rouler par terre, je sais pas quoi choisir.

Je voudrais bien que tu me cites un "tué" sur un terrain à l'époque ou la police se faisait en autogestion.

 

A part Georges Magendie je ne vois pas et lui ce n'est pas sur une mandoline mais sur une mêlée écroulée.

 

Alors , les histoires qui voudraient que les mecs finissaient estropiés ou morts ......................






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