Pas d’état d’âme, pas d’amertume non plus. On n’ira pas jusqu’à dire que la réception de Toulon (ce dimanche à 21 h 05, au stade Michelin) est devenue un match lambda pour Anthony Belleau. Mais désormais, l’ancien ouvreur du RCT a entièrement tourné la page, ou plus précisément tous les chapitres de son passage dans la rade.
"Je suis désormais complètement Auvergnat, et ce, depuis le premier jour où je suis arrivé à Clermont", confesse l’intéressé qui a signé un contrat de trois ans avec l'ASM l'été dernier.
Pourtant, à 26 ans maintenant, il ne veut pas et ne peut pas non plus effacer aussi facilement les huit années passées au RCT où le jeune joueur venu d’Agen est passé professionnel après avoir fréquenté son centre de formation.
"C’est un club où j’ai tout vécu, avec beaucoup de très bons moments, mais aussi des plus difficiles. J’ai côtoyé de très grands joueurs à tous les postes. J’ai joué le titre mais aussi vécu des saisons plus compliquées où l’on s’est retrouvé relégable à la mi-saison."
Avec Toulon, il a connu beaucoup d’entraîneurs (Diego Dominguez, Mike Ford, Richard Cockerill, Fabien Galthié ou Patrice Collazo). "Chaque coach que j’ai eu là-bas a apporté sa pierre à ma carrière, que ce soit chez les jeunes ou en pros. En fait, j’ai aussi tout connu en termes de staff. Des entraîneurs étrangers, des Français, des staffs étoffés, plus réduits aussi, des changements en cours de saison aussi."
À Toulon, Anthony Belleau a aussi connu le XV de France avec une dernière sélection contre l’Irlande en mars 2019. "Huit années, ce n’est pas rien. Cela représente plus de la moitié de ma carrière professionnelle. J’ai eu la chance de vivre quelque chose de riche autant dans les bons que dans les mauvais moments. Cela m’a servi et cela m’a aidé à me construire."
Sa blessure à un genou (rupture du ligament croisé antérieur) le 7 septembre 2020, contre La Rochelle aura constitué un tournant. "Cela m’a permis de prendre le temps de faire le point sur cette première partie de carrière et de prendre du recul. J’ai profité de ma convalescence pour faire un bilan."
La saison suivante, alors qu’il était dans sa dernière année de contrat et qu’il était aussi un peu dans l’ombre de Louis Carbonel qui venait d’éclore au plus niveau, il décidait de rompre les ponts et d’ailleurs voir ailleurs.
"Je me suis dit que c’était le moment de voir autre chose car même si j’adorais ma vie là-bas, je prenais un peu moins de plaisir. En venant à Clermont, je désirais relever un nouveau défi. Je suis sorti de ma zone de confort. Cela m’a fait du bien. Je suis pleinement heureux à Clermont. J’ai découvert de nouvelles têtes, un nouveau mode de fonctionnement, une nouvelle culture. C’est très enrichissant sur le plan sportif, mais aussi sur le plan humain, qui est très important pour moi. Je n’ai aucun regret. Cela m’a fait du bien."
Ce dimanche, il retrouvera quelques-uns de ses anciens coéquipiers. Mais Anthony Belleau sait surtout ce qui attend l’ASM.
"Je sais aussi combien les matchs à Clermont sont particuliers pour le RCT. C'était toujours des dates que l’on cochait. Ces rencontres constituent toujours des moments références de la saison. Je sais à quoi m’attendre (dimanche). Les Toulonnais viendront avec la volonté de ramener des points. De plus, prédit l’ouvreur, grâce à ses dernières victoires, c’est une équipe qui a retrouvé de la confiance. Elle compte des facteurs X devant et derrière et de gros-porteurs de balles." Les Clermontois sont prévenus.
Didier Cros (La Montagne - 23/02/2022)