Longtemps, avant l’avènement du professionnalisme, l’AS Montferrand a été l’exemple du club de rugby où les joueurs étaient plutôt bien soignés grâce à la générosité de Michelin. S’il a connu ensuite quelques soubresauts, le club a réussi la transition entre le modèle amateur et le monde professionnel qui s’est imposé à tous il y a bientôt trente ans.
En août 1995, l’International Board, l’institution suprême du rugby mondial, sous la pression de l’hémisphère sud, gomme de ses statuts toute référence alors obligatoire à l’amateurisme. Le rugby devient un sport professionnel. Dans l’hémisphère nord, en France et donc à Clermont, ce changement provoque naturellement de fortes interrogations. Les dirigeants de l’ASM, face à cette ®évolution marquée notamment par l’arrivée des contrats (de travail) des joueurs, se posent la question fondamentale : "Doit-on suivre le mouvement ou prendre le risque de disparaître de l’élite du rugby ?"
Le pari du professionnalisme
Il y a 28 ans donc, l’ASM fait déjà partie des rares clubs à ne jamais avoir quitté cette élite qui va passer à l’époque de 60, 48 puis 24 et enfin à 20 clubs. Le championnat de France passera à 16 clubs en 2001 puis à la poule unique à 14 (Top 14) en 2005. Après mûres réflexions, l’ASM fait donc le pari du professionnalisme. Le club a même un représentant (Patrick Wolff, alors vice-président) dans les premiers cercles qui vont œuvrer pour la structuration de ce nouveau rugby qui aboutira notamment à la création de la LNR (ligue nationale de rugby). Fin des années 1990, l’AS Montferrand change aussi de statut juridique et passe en SAOS puis SASP (sociétés anonymes).
La barre des 10.000 spectateurs par match
Signe de l’évolution vers un club plus pro et moderne, la construction (en 1999) de la tribune Auvergne donne au stade Michelin une configuration adaptée à ce sport de plus en plus médiatisé et populaire. Au tout début des années 2000, l’ASM voit son affluence franchir la moyenne des 10.000 spectateurs par match.
Premier coup de grisou
Après deux finales jouées (en 1999 et 2001), un premier coup de grisou va secouer les finances du club. Après une valse d’entraîneurs (sous la présidence de Jean-Louis Jourdan), le club pense avoir trouvé le coach idéal. Tous les pouvoirs, et beaucoup de moyens, sont donnés à Alain Hyardet. Dès la fin de sa première saison, 2003-2004, l’ancien joueur (de l’ASM, de Castres et de Béziers) est en échec. Le budget est en déficit (environ 2,5 millions d’euros) et Jean-Louis Jourdan va taper à la porte de la manufacture.
Changement de gouvernance
Le gérant de l’époque, Édouard Michelin, efface l’ardoise, mais change la gouvernance. Avec des objectifs précis : ouverture du club sur le monde extérieur (économique et institutionnel), fin des aides exceptionnelles (hormis le partenariat annuel de 2,8 M€) de Michelin et, si possible, ramener enfin des titres à Clermont. S’ouvre alors l’ère René Fontès, relayé par Éric de Cromières (en 2013) puis Jean-Michel Guillon (2020) qui vient de passer la main (le 1er juin) à Jean-Claude Pats, cinquième président de l’ASM de l’ère professionnelle. Celui qui va devoir réinventer un modèle économique pour le rebond sportif que tout le peuple de la Yellow Army attend.
Christophe Buron