Son dernier match remonte au 20 février 2021. Trois minutes sous les couleurs de Pau face au RCT (29-33). La saison précédente, Hugo Bonneval était justement à Toulon où il avait traversé une année noire parce quasi blanche (deux matches), par la faute d'une désinsertion de l'ischio de la jambe gauche. Sur la pelouse du Hameau, l'ex-arrière international (32 ans, 12 sélections), champion de France avec le Stade Français en 2015, prend un pète au genou gauche opéré une première fois en 2014, puis de nouveau en 2015, 2017 et 2020. Le coup de grâce sur une articulation qui l'a torturé lors des plus belles années de sa carrière. La semaine dernière, dans une brasserie de la Porte de Saint-Cloud, à Paris, Hugo a accepté de nous rencontrer, pendant deux heures. Souriant et apaisé, sans aigreur ni amertume, il a évoqué le long processus qui l'a conduit à mettre un terme à sa carrière de façon très prématurée.
« Deux ans après avoir joué pour la dernière fois, vous êtes finalement déclaré inapte à la pratique du rugby. Racontez-nous.
Ce jour-là, j'entre à la 70e minute et je ressors trois minutes plus tard. J'ai trop mal. Mentalement, je craque. Je me dis que c'est sans fin. Je n'ai plus de plaisir. Je tente une nouvelle arthroscopie, la cinquième, afin de nettoyer encore mon genou. Pour tenter de jouer une saison supplémentaire. Sauf que le chirurgien se rend compte que dans mon cartilage, sous ma rotule, j'ai un trou de la taille d'une pièce de deux euros. Il me faut une "mosaïque reconstructrice".
Cela consiste en quoi ?
Pour faire simple, il faut percer le cartilage, faire saigner le genou pour qu'ensuite, en coagulant, le sang bouche les trous... J'en reprends pour trois mois. Je suis en arrêt de travail. L'évolution n'est pas positive. Mon arrêt de travail est prolongé jusqu'au jour où je suis convoqué par un médecin expert de l'assurance maladie, fin 2021. Je m'y rends avec une petite valise de voyage dans laquelle j'ai tout mon dossier médical depuis 2014... (il sourit). Il n'a regardé que mes derniers examens. Quand il a vu que j'avais subi une mosaïque reconstructrice, il m'a dit : "C'est fini !" La pratique professionnelle du rugby m'est interdite. Il va demander un retrait de licence.
C'est un énorme coup de massue...
(il coupe) La sensation est terrible. Ce qui est horrible, c'est d'apprendre cette nouvelle par un médecin que je n'avais jamais vu de ma vie. Si Alexis Savigny, que j'ai connu à15 ans au Stade Français, m'avait dit : "Hugo, stop !", ça aurait été tout aussi choquant, mais je l'aurais sans doute mieux accepté. Là, le médecin me dit : "Votre genou est mort. Il faut arrêter les dégâts sinon vous finirez avec une prothèse." Au fond de moi, il y a une forme de soulagement quand même. Ma douleur est reconnue. Je n'ai pas menti. Ensuite, pendant un an, je suis entré dans un processus administratif pour faire reconnaître mon inaptitude à la pratique du rugby. C'est désormais officiel.
« Savoir que je n'ai plus la capacité de jouer au niveau qui était le mien m'aide à mieux accepter cette sentence.
L'avez-vous accepté ?
Oui. Je sais que je suis allé au bout du bout. Je n'en ai pas parlé, mais j'ai aussi des soucis à une hanche, à l'épaule gauche. Mon corps a souffert. Savoir que je n'ai plus la capacité de jouer au niveau qui était le mien m'aide à mieux accepter cette sentence. Je tiens à souligner qu'aucun docteur ou entraîneur, au Stade Français, à Toulon, à Pau ou en équipe de France ne m'a jamais forcé à jouer ou à me faire piquer. C'était à chaque fois ma décision.
Pourquoi n'avez-vous jamais lâché ?
La douleur au genou était ancrée dans mon subconscient. Ma première opération date de 2014, quand je me fais les croisés en Australie. Mes deux ménisques étaient aussi fendus. La suture du ménisque interne n'a jamais tenu totalement. Depuis, j'ai eu mal quotidiennement. Je n'ai jamais retrouvé la plénitude de mes moyens. Même quand je ne jouais pas, j'avais mal. Je montais un escalier, j'avais mal. Je prenais des anti-inflammatoires au moins deux fois par semaine, des corticoïdes minimum une fois par an. Je faisais des PRP (plasma riche en plaquettes), des infiltrations de gel. Mon genou craquait. Mes coéquipiers se marraient car ils m'entendaient arriver ! Mais j'avais 23 ans. Je ne pensais qu'à jouer. Je n'avais qu'une idée : retrouver mon niveau !
« Je venais de fêter mes 30 ans et j'avais la jambe gauche d'un vieillard.
Tout a empiré suite à votre blessure à l'ischio en septembre 2019...
Oui, je suis victime d'une désinsertion de mes trois muscles ischio-jambiers, le vendredi 13 septembre 2019 à l'entraînement. Je ressens une douleur atroce. Je suis opéré en urgence à Paris. Une boucherie ! Trois heures d'opération avec greffe osseuse. J'ai une incision de quatorze centimètres sous la fesse. Ensuite, pendant les trois mois de cicatrisation, tu ne peux rien faire. Je ne pouvais pas m'asseoir. À la moindre vibration, si je toussais par exemple, la douleur était horrible. J'avais une attelle sur toute la jambe. Quand on me l'a retirée, j'avais chopé de l'arthrose sur le genou et la hanche gauche. Je n'ai pas rejoué puisque la saison a été arrêtée en raison du Covid. Quand j'attaque à Pau la suivante, j'ai des douleurs à crever au genou, toujours, mais aussi à l'ischio. Je n'arrive pas à accélérer. Quand je faisais mes gammes athlétiques, je pouvais monter à 80 %. Dès que je visais les 100 %, c'était comme un coup de poignard dans la cuisse. Par exemple, je ne pouvais pas accélérer à plus de 31 km/h alors que je dépassais les 35 km/h en pleine possession de mes moyens. Je venais de fêter mes 30 ans et j'avais la jambe gauche d'un vieillard.
Hugo Bonneval, inapte à la pratique du rugby : « Je suis allé au bout du bout » Déclaré inapte à la pratique du rugby, l'ancien international Hugo Bonneval a interdiction de prendre une licence de joueur professionnel. Finalement soulagé après ces années de douleur, il se confie.
Son dernier match remonte au 20 février 2021. Trois minutes sous les couleurs de Pau face au RCT (29-33). La saison précédente, Hugo Bonneval était justement à Toulon où il avait traversé une année noire parce quasi blanche (deux matches), par la faute d'une désinsertion de l'ischio de la jambe gauche. Sur la pelouse du Hameau, l'ex-arrière international (32 ans, 12 sélections), champion de France avec le Stade Français en 2015, prend un pète au genou gauche opéré une première fois en 2014, puis de nouveau en 2015, 2017 et 2020. Le coup de grâce sur une articulation qui l'a torturé lors des plus belles années de sa carrière. La semaine dernière, dans une brasserie de la Porte de Saint-Cloud, à Paris, Hugo a accepté de nous rencontrer, pendant deux heures. Souriant et apaisé, sans aigreur ni amertume, il a évoqué le long processus qui l'a conduit à mettre un terme à sa carrière de façon très prématurée.
« Deux ans après avoir joué pour la dernière fois, vous êtes finalement déclaré inapte à la pratique du rugby. Racontez-nous.
Ce jour-là, j'entre à la 70e minute et je ressors trois minutes plus tard. J'ai trop mal. Mentalement, je craque. Je me dis que c'est sans fin. Je n'ai plus de plaisir. Je tente une nouvelle arthroscopie, la cinquième, afin de nettoyer encore mon genou. Pour tenter de jouer une saison supplémentaire. Sauf que le chirurgien se rend compte que dans mon cartilage, sous ma rotule, j'ai un trou de la taille d'une pièce de deux euros. Il me faut une "mosaïque reconstructrice".
Son dernier maillot, celui de la Section Paloise, qu'il n'aura porté que quelques mois. (F. Porcu/L'Équipe)
Cela consiste en quoi ?
Pour faire simple, il faut percer le cartilage, faire saigner le genou pour qu'ensuite, en coagulant, le sang bouche les trous... J'en reprends pour trois mois. Je suis en arrêt de travail. L'évolution n'est pas positive. Mon arrêt de travail est prolongé jusqu'au jour où je suis convoqué par un médecin expert de l'assurance maladie, fin 2021. Je m'y rends avec une petite valise de voyage dans laquelle j'ai tout mon dossier médical depuis 2014... (il sourit). Il n'a regardé que mes derniers examens. Quand il a vu que j'avais subi une mosaïque reconstructrice, il m'a dit : "C'est fini !" La pratique professionnelle du rugby m'est interdite. Il va demander un retrait de licence.
C'est un énorme coup de massue...
(il coupe) La sensation est terrible. Ce qui est horrible, c'est d'apprendre cette nouvelle par un médecin que je n'avais jamais vu de ma vie. Si Alexis Savigny, que j'ai connu à15 ans au Stade Français, m'avait dit : "Hugo, stop !", ça aurait été tout aussi choquant, mais je l'aurais sans doute mieux accepté. Là, le médecin me dit : "Votre genou est mort. Il faut arrêter les dégâts sinon vous finirez avec une prothèse." Au fond de moi, il y a une forme de soulagement quand même. Ma douleur est reconnue. Je n'ai pas menti. Ensuite, pendant un an, je suis entré dans un processus administratif pour faire reconnaître mon inaptitude à la pratique du rugby. C'est désormais officiel.
« Savoir que je n'ai plus la capacité de jouer au niveau qui était le mien m'aide à mieux accepter cette sentence.
L'avez-vous accepté ?
Oui. Je sais que je suis allé au bout du bout. Je n'en ai pas parlé, mais j'ai aussi des soucis à une hanche, à l'épaule gauche. Mon corps a souffert. Savoir que je n'ai plus la capacité de jouer au niveau qui était le mien m'aide à mieux accepter cette sentence. Je tiens à souligner qu'aucun docteur ou entraîneur, au Stade Français, à Toulon, à Pau ou en équipe de France ne m'a jamais forcé à jouer ou à me faire piquer. C'était à chaque fois ma décision.
Pourquoi n'avez-vous jamais lâché ?
La douleur au genou était ancrée dans mon subconscient. Ma première opération date de 2014, quand je me fais les croisés en Australie. Mes deux ménisques étaient aussi fendus. La suture du ménisque interne n'a jamais tenu totalement. Depuis, j'ai eu mal quotidiennement. Je n'ai jamais retrouvé la plénitude de mes moyens. Même quand je ne jouais pas, j'avais mal. Je montais un escalier, j'avais mal. Je prenais des anti-inflammatoires au moins deux fois par semaine, des corticoïdes minimum une fois par an. Je faisais des PRP (plasma riche en plaquettes), des infiltrations de gel. Mon genou craquait. Mes coéquipiers se marraient car ils m'entendaient arriver ! Mais j'avais 23 ans. Je ne pensais qu'à jouer. Je n'avais qu'une idée : retrouver mon niveau !
« Je venais de fêter mes 30 ans et j'avais la jambe gauche d'un vieillard.
Tout a empiré suite à votre blessure à l'ischio en septembre 2019...
Oui, je suis victime d'une désinsertion de mes trois muscles ischio-jambiers, le vendredi 13 septembre 2019 à l'entraînement. Je ressens une douleur atroce. Je suis opéré en urgence à Paris. Une boucherie ! Trois heures d'opération avec greffe osseuse. J'ai une incision de quatorze centimètres sous la fesse. Ensuite, pendant les trois mois de cicatrisation, tu ne peux rien faire. Je ne pouvais pas m'asseoir. À la moindre vibration, si je toussais par exemple, la douleur était horrible. J'avais une attelle sur toute la jambe. Quand on me l'a retirée, j'avais chopé de l'arthrose sur le genou et la hanche gauche. Je n'ai pas rejoué puisque la saison a été arrêtée en raison du Covid. Quand j'attaque à Pau la suivante, j'ai des douleurs à crever au genou, toujours, mais aussi à l'ischio. Je n'arrive pas à accélérer. Quand je faisais mes gammes athlétiques, je pouvais monter à 80 %. Dès que je visais les 100 %, c'était comme un coup de poignard dans la cuisse. Par exemple, je ne pouvais pas accélérer à plus de 31 km/h alors que je dépassais les 35 km/h en pleine possession de mes moyens. Je venais de fêter mes 30 ans et j'avais la jambe gauche d'un vieillard
Hugo Bonneval a connu douze sélections en équipe de France, ici balle en main contre l'Italie lors du tournoi 2018. (F. Porcu/L'Équipe)
Qu'avez-vous fait pour tenir ?
Je prenais un anti-inflammatoire tous les matins avant de partir à l'entraînement et des gouttes de CBD tous les soirs avant de me coucher. J'ai fait ça pendant huit mois. Je voulais jouer, retrouver ce plaisir d'être sur un terrain. Au fond de moi, je me disais que ça allait revenir. Pour le genou, j'avais réussi à masquer la douleur, à retrouver un niveau de performance, à être de nouveau sélectionné en équipe de France. J'ai cru que ce serait pareil avec mes ischios. Sauf qu'à la fin, la douleur était tellement intense que je préférais rester en salle, à faire du wattbike que jouer à toucher avec les copains. La douleur me rendait dingue. J'ai compris que la fin était proche. Jusqu'au jour où mon genou a subi le pète de trop.
Hugo Bonneval en bref
32 ans, arrière ou ailier, 1,85 m.
Clubs successifs : Stade Français (2009-2017), Toulon (2017-2020), Pau (2020-2021).
Palmarès : Championnat de France 2015, Challenge européen 2017.
Équipe de France : 12 sélections de 2014 à 2018, 20 points (4 essais).
Est-ce que tout ça a joué sur votre vie hors rugby ?
Bien entendu. Je rentrais à la maison, j'étais exécrable. Sortir en famille, faire un tour de poussette, j'avais mal. Me mettre accroupi pour donner le bain aux enfants, impossible aussi. J'avais juste envie de me foutre dans une poubelle de glace et de ne parler à personne ! Aujourd'hui, c'est un poids en moins. Je revis. »
Les commotions, un problème de plus en plus fréquent au handball Les cas de commotion cérébrale subis par Nikola Karabatic et Cléopatre Darleux cette saison remettent en lumière une réalité dans ce sport, de plus en plus physique.
« Quand le bruit te gêne, tu te demandes à quel moment tu vas pouvoir juste être dans une pièce avec tes enfants. » Confidence de Nikola Karabatic. « J'avais l'impression de devenir folle. » Foi de Cléopatre Darleux. Cette saison, l'arrière du PSG et la gardienne de Brest ont été victimes d'une commotion cérébrale avec leur club. En octobre pour l'un, en décembre pour l'autre. Si le Parisien a pu reprendre et disputer le Mondial avec les Bleus en janvier (*), la Française a fini par s'arrêter mi-février, pour au moins trois mois.
« Pendant quatre semaines, j'ai été out. C'est un épisode qui m'a fait un petit peu peur et m'a fait pas mal réfléchir », expliquait encore Karabatic, fin décembre. « Car ça n'a pas été sur un seul coup, mais une accumulation de chocs au visage. Tu n'as pas la cause, comme quand tu tombes dans les pommes. Là, tu es un peu plus dans le flou », ajoutait l'arrière de 38 ans. « J'étais très sensible au bruit, j'avais des troubles visuels, j'étais très fatigué. Je n'avais jamais eu ces symptômes dans ma carrière. C'est assez déstabilisant. C'est assez dur de juger quand on est apte à rependre », disait encore l'international. C'est toute la complexité de ce mal, « qui peut être sournois et discret », estime Frédérique Barthélémy, médecin fédéral.
Les commotions peuvent aussi bien toucher les gardiens que les joueurs de champ. Les chocs à la tête ne sont pas les seuls déclencheurs, comme le confirme le docteur Chermann, neurologue.
«98 fois sur 100, un scanner ne sert à rien car une commotion est un microtraumatisme. D'où la nécessité d'attendre quarante-huit heures, durée pendant laquelle le cerveau est vulnérable.»
Frédérique Barthélémy, médecin fédéral
Après un mois de repos, Karabatic a pu retrouver les terrains. « Le PSG est un des clubs les plus au fait car un de leurs kinés vient du football américain, il est plus sensibilisé. Les commotions cérébrales sont toujours bien gérées au PSG, qui a aussi une proximité avec le docteur Chermann », souligne Barthélémy, présidente de la commission médicale de la Ligue pro masculine de 2012 à 2021 et à l'origine de la mise en place du protocole « commotion cérébrale », avec Gérard Juin, son pendant chez les féminines. Ils ont dû batailler pour convaincre en interne que « ça existe aussi dans le hand ». « Sans le rugby et le docteur Chermann, qui a mis cela sur la place publique, on n'en serait pas là », salue Barthélémy.
C'est vers ce spécialiste reconnu que Darleux a fini par se tourner. « Il m'a dit de m'arrêter tout de suite. Je n'aurais pas dû continuer », nous confiait l'internationale, en fin de semaine dernière. À 33 ans, elle assure : « J'ai déjà pris plein de ballons au visage, mais je n'avais jamais fait de grosses commotions comme ça. » Elle décrit les symptômes : « Maux de tête, irritabilité, gêne à la lumière, au bruit, aux écrans, la fatigue. »
Après un mois de repos, la championne olympique a repris la compétition avant de se rendre à l'évidence en cessant toute activité sportive. « En sport, on a l'habitude de serrer les dents. Je pensais que ça allait passer, mais non », confie Darleux.
À défaut de rejoindre les Bleues, en stage à Créteil (Val-de-Marne), elle était en partance pour Lyon : « Pour une semaine intensive à la clinique Neurovision, avec un orthoptiste. » Elle raconte les circonstances de sa commotion : « J'ai pris un ballon dans la tête en match. J'étais sonnée. Je suis sortie parce que j'avais trop mal. Je n'avais qu'une envie : revenir (sur le terrain). Mais après, j'avais vraiment des maux de tête. »
Vincent Gérard, gardien des Bleus et président du syndicat des joueurs, s'attache à informer ses collègues : « On est désormais meilleurs dans notre sport car on a pris conscience de ça. On ne dit plus elle ou il fait du cinéma. »
Si le protocole de match semble rodé, la gestion de l'après est d'autant moins évidente « que les gens ne mesurent pas la gravité d'une commotion car on ne la voit pas », explique Barthélémy. « 98 fois sur 100, un scanner ne sert à rien car une commotion est un microtraumatisme. D'où la nécessité d'attendre quarante-huit heures pour confirmer une commotion, durée pendant laquelle le cerveau demeure vulnérable. C'est le délai maximal d'apparition de nouveaux symptômes. »
«Il n'y a pas assez de neurologues et plein de médecins n'ont pas le temps.»
Jean-Jacques Crignon, président Jean-Jacques Crignon, président de la commission médicale de la Ligue masculine
La visite imposée chez un spécialiste quarante-huit heures après l'incident ne semble pas si évidente à respecter, selon Jean-Jacques Crignon, président de la commission médicale de la Ligue masculine : « Il n'y a pas assez de neurologues et plein de médecins n'ont pas le temps. » Barthélémy ajoute : « Jusqu'à il y a six mois, on demandait qu'un neurologue voie le joueur pour que ce soit bien fait et sans pression éventuelle d'un président, d'un entraîneur, du joueur aussi. Quelqu'un de neutre, un peu comme fait le rugby, mais on ne trouve pas de neurologues ou ils sont moins formés que nous. »
La France est loin d'être le mauvais élève de la planète hand. « Il n'y a pas de commission médicale à la Fédération européenne et le protocole de la Fédération internationale (IHF), calqué sur le nôtre, est très peu appliqué », remarque Barthélémy « Si ça ne vient pas des joueurs, ça ne bougera pas. Un médecin a beaucoup moins de poids qu'un joueur », poursuit l'une des membres de ladite commission de l'IHF de 2013 à 2017.
D'où la nécessité d'informer encore et toujours l'ensemble des acteurs. De les protéger aussi via l'arbitrage. Cette saison, la règle du carton rouge a évolué : à celle déjà existante d'une disqualification du tireur pour avoir touché la tête du gardien lors d'un penalty ou coup franc, s'est ajoutée celle dans le cas où aucun joueur ne se trouve entre le tireur et le gardien. Si le shoot touche la tête du gardien, le tireur écope d'une exclusion de deux minutes.
Même si les gardiens ne sont pas les plus touchés, dixit Crignon : « En vingt-cinq ans de médecine du hand, les plus grosses commotions ont concerné les joueurs de champ. Un tir, un déséquilibre, le joueur retombe très lourdement, la tête sur le sol. » Ce sport est de plus en plus physique, violent. Crignon : « Le morphotype, chez les femmes comme chez les hommes, a évolué. Avant, le pivot était un petit machin. Maintenant, ce sont des armoires à glace. » Le jeu rapide, de plus en plus fréquent, participe aussi à ça. « Il favorise les déséquilibres dans les périodes de tir », poursuit Crignon. Ce dernier a comptabilisé « au 21 février, trois cas qui ont entraîné une non-reprise du jeu sur les 25 suspicions de commotions, après 15 journées de 1re et 2e divisions masculines. »
Le secret médical n'aide pas à avoir des données complètes. « Je militerais pour que ce soit anonyme pour avoir un vrai suivi, les chiffres, et pouvoir adapter le protocole et l'arbitrage », estime Gérard. Sa collègue des buts Darleux appuie : « C'est important d'en parler parce qu'on ne se rend pas compte. J'espère que mon cas va aider. »
(*) Victime d'une phlébite à la jambe droite, révélée le 15 janvier, Nikola Karabatic est absent des terrains pendant trois mois.