Le monde du rugby adore les charnières françaises... Celle formée par Antoine Dupont et Romain Ntamack est considérée comme la meilleure de la planète, la plus efficace, et la plus spectaculaire. Et depuis le début de la Coupe du monde des moins de 20 ans, les observateurs, quand ils parviennent à détacher leur regard du phénomène Posolo Tuilagi s'émerveillent pour le duo composé de Baptiste Jauneau, le demi de mêlée de Clermont, et d'Hugo Reus, le demi d'ouverture de La Rochelle. Ils font tout bien, et ressemblent franchement à leurs jeunes aînés qui disputeront la vraie Coupe du monde, dans quelques semaines, en France.
Ce dimanche soir, au Cap (Afrique du Sud), le Clermontois et le Rochelais seront à nouveau titulaires face aux Anglais (à suivre en direct sur La chaîne L'Équipe) avec l'espoir de décrocher une place en finale, et de se rapprocher de l'objectif initial, un troisième titre d'affilée après ceux décrochés en 2018 et en 2019.
La dernière fois que les Bleuets ont affronté leurs meilleurs ennemis, c'était en mars, pour le Tournoi des Six Nations. Ils s'étaient imposés 42 à 7, à Bath (Angleterre). Jauneau et Reus avaient disputé ce Crunch d'adolescents : « C'était la première fois qu'on était associés, se souvient Jauneau, et très franchement, ça ne s'était pas super bien passé entre nous. On s'était même un peu embrouillés. » Les raisons de la discorde ? « On est assez différents, poursuit Jauneau. Moi, je peux être un peu fou, alors qu'Hugo respecte le cadre. Donc, on n'était pas d'accord sur certaines situations de jeu. »
Le plus important pour Reus, c'est la communication. « Oui, c'est vrai qu'on s'est pris la tête, mais gentiment. On a beaucoup parlé, dès la mi-temps, pour régler le problème. On le fait aussi lors des séances d'entraînement. Mais ce n'est pas grave de ne pas avoir le même point de vue, en revanche, il faut avancer et s'expliquer le plus rapidement pour ne pas créer de tensions. » Quand Jauneau a envie de faire exploser la défense adverse, Reus préfère parfois temporiser, ou, comme il le dit lui-même, « ralentir le jeu. »« Parfois c'est lui qui a raison, parfois c'est moi, raconte le demi de mêlée, mais je suis quelqu'un d'assez têtu. »
« J'aimerais avoir sa capacité à casser les plaquages, à rester debout, comme le fait Antoine Dupont. »
Hugo Reus, à propos de Baptiste Jauneau
Des tribunes, difficile d'imaginer que ces deux jeunes hommes ne sont pas toujours sur la même longueur d'onde et se prennent parfois le bec quand les portes des vestiaires se referment. Ils sont faciles, ne se trompent jamais et semblent vraiment respecter le cadre défini par le staff technique. « Personnellement, je ne suis pas trop sorti de ce cadre, reconnaît Jauneau qui a beaucoup marqué les esprits, cette saison, en Top 14, avec 24 rencontres disputées. La saison que je viens de passer m'a beaucoup apporté. Je ne sors plus de manière stupide, je maîtrise mieux les situations. »
Adepte des actions individuelles, des lignes brisées et des dribbles ravageurs, il possède des qualités qu'envie Reus. « J'aimerais avoir sa capacité à casser les plaquages, à rester debout, comme le fait Antoine Dupont. C'est très impressionnant. » Jauneau, lui, admire la propension de son jeune camarade (qui ne jouit pas de la même expérience en Top 14, avec seulement six matches disputés) à utiliser avec adresse ses pieds. Face aux Anglais, en mars dernier, Reus avait réussi quatre transformations et trois pénalités. En Afrique du Sud, il présente des statistiques impressionnantes avec une seule transformation ratée, contre le pays de Galles, alors qu'il venait d'entrer en jeu. « Et puis, il faut voir dans quelles conditions il a réussi, s'exclame admiratif Jauneau. Le vent, la pluie, le terrain boueux... »
Son jeu au pied, qu'il travaille environ 5 heures par semaine, sera utile pour venir à bout des Anglais, comme le seront les appuis de Jauneau, qui sont pour l'instant sagement restés dans leur boîte.
