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Drame de Crepol


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#1 el landeno

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Posté 05 décembre 2023 - 06:42

À Romans-sur-Isère, le rugby pour se rassembler deux semaines après la mort de Thomas Plus de deux semaines après la mort de Thomas, ce jeune talonneur poignardé à la fin d'un bal à Crépol, son club drômois tente de surmonter l'épreuve, alors que la tension et l'émotion sont toujours vivaces.

Une minute d'applaudissements émus conclut le court discours du coprésident du Rugby Club Romanais Peagois (RCRP), Tristan Tardy, à la pause de ce derby de Fédérale 3, disputé dimanche après-midi, qui sera finalement perdu par les locaux (25-36) face au Bassin de Crussol. Cinq policiers surveillent la scène au bord du terrain du stade Guillermoz, à Romans-sur-Isère (Drôme), au cas où.

 
 
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L'hommage à Thomas, lors du match de dimanche au stade Marcel-Guillermoz, à Romans-sur-Isère (Drôme). (W.Dupuy/L'Equipe)

Dans la petite cahute fatiguée qui surplombe la tribune Philippe Saint-André, Tardy, qui joue également les speakers lors des matches à domicile de son équipe, vient de rendre un dernier hommage à un « enfant souriant et jovial, qui aimait par-dessus tout partager des moments de vie avec ses amis et coéquipiers ». Un jeune talonneur licencié en moins de 19 ans dont toute la France connaît désormais le prénom, Thomas, décédé à la suite d'un coup de couteau reçu au thorax à la fin d'un bal de village, le dimanche 19 novembre, vers 2 heures du matin, à Crépol.

Un petit village de 550 habitants planté dans la vallée de l'Herbasse, à 20 kilomètres au nord de Romans, dans la « Drôme des collines », secouée depuis plus de deux semaines par ce drame qui a rapidement mué en affaire nationale aux contours toxiques. « Les politiques prennent trop de place, laissez les parents faire leur deuil, ça a dû être horrible pour eux depuis quinze jours, confiait dimanche, après le match, Romain Malleval (32 ans), le capitaine du RCRP, également critique envers les médias. Je ne sais pas où ça va mener, j'espère que ça va s'apaiser. Il faut essayer de se rassembler plutôt que de diviser tout le monde, sinon on n'avancera pas. C'est une grande tristesse mais il ne faut pas aller vers la haine. Et que le coupable soit jugé avec une peine qui soit à la hauteur de ce qui a été commis. »

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Une banderole accompagnée d'une photo de Thomas a été déployée en tribunes. (W.Dupuy/L'Equipe)
 
 

Les « grands » ont donc rejoué ce week-end, vêtus d'un tee-shirt dédié à la victime, et pour les plus jeunes, l'entraînement a seulement repris mercredi dernier, avant un match, celui de « l'après », programmé samedi prochain. Une reprise effectuée sous surveillance bienveillante, avec l'accompagnement d'une association drômoise d'aide aux victimes et de soutien psychologique, Remaid.

Pour entamer un début de retour collectif à la normale, notamment après l'épreuve déchirante des obsèques, le 24 novembre, à l'église de Saint-Donat-sur-l'Herbasse, à 10 kilomètres de Crépol, lors desquelles les coéquipiers de Thomas avaient porté et accompagné son cercueil. « On a fait une heure de réunion avant l'entraînement avec deux groupes : ceux qui étaient présents au bal et ceux qui ne l'étaient pas, explique Alexandre Vignon, le responsable des moins de 19 ans. On voulait savoir comment ils allaient réagir, ils avaient passé beaucoup de temps ensemble pendant une semaine et demie mais sans avoir retrouvé le terrain. Ils ont pu échanger sur leur ressenti et il y a eu de tout : certains repliés sur eux-mêmes, d'autres qui pleurent, qui ont la haine, qui ont peur... Malheureusement, il faut qu'on vive avec ça, sans oublier, mais il faut aussi passer à autre chose. »

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L'hommage de ses coéquipiers à Thomas, lors du match de dimanche au stade Marcel-Guillermoz, à Romans-sur-Isère (Drôme). (W.Dupuy/L'Equipe)

« Il y aura un suivi tout au long de la saison, enchaîne le président du club, Tristan Tardy. Notre souci, c'est que les gamins reprennent le rugby, qu'ils avancent et qu'ils parviennent à vivre avec ce drame. Mais il faudra qu'ils réapprennent à avoir 16 ou 17 ans. Car mentalement, ils sont devenus des adultes en une soirée. »

Sur sa tombe, un ballon de rugby au milieu des roses

Thomas a été mis en terre dans le hameau où vivent ses parents, à cinq minutes en voiture de Crépol. Dans ce minuscule cimetière, sa tombe se remarque immédiatement : il n'y a pas encore de stèle gravée à son nom, mais des dizaines de roses multicolores recouvrent sa tombe et en débordent. Au centre, un ballon de rugby et parmi les gerbes, celle envoyée par la FFR.

Les parents tiennent un restaurant saisonnier, à Hauterives, à 20 km de là, dont la terrasse donne sur la merveille d'architecture onirique de la région, le « Palais idéal » de l'humble facteur Cheval. Thomas est né un 6 décembre, il allait fêter ses 17 ans. Mais les seules bougies qui l'honorent sont encore posées sur le goudron froid, en forme de coeur, devant la salle des fêtes de Crépol.

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La salle des fêtes de Crépol. (W.Dupuy/L'Equipe)

Les scellés de la gendarmerie sont toujours fixés sur la porte d'entrée : « Nature de l'infraction : homicide. » Devant la porte principale trône une pancarte en carton sur laquelle plusieurs messages ont été griffonnés : « Petites filles de la résistance du Vercors, ne jamais baisser la tête » ; « Vivre après le traumatisme » ou encore « Résiste contre la racaille ».

Une dernière allusion, sans détour, à une partie des auteurs présumés - ceux venus de Romans - de ce déferlement de violence à l'arme blanche, à l'issue duquel treize blessés ont également été dénombrés, dont trois grièvement. En visite à Crépol le 27 novembre, plus d'une semaine après le drame, Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, a pointé la responsabilité de l'extrême-droite dans le déroulage d'un discours crépusculaire, en pointant « la velléité, pour certains, d'opposer, de créer l'idée qu'il y aurait deux France vouées à s'opposer et à se faire la guerre : la France des cités et l'autre France ». Celle des rugbymen du terroir, par exemple.

Car plusieurs des jeunes mis en examen dans cette affaire (voir encadré) viennent de la Monnaie, un quartier populaire à l'est de Romans-sur-Isère. De nombreux habitants sont issus de l'immigration, notamment maghrébine et turque. Samedi, quelques dizaines d'entre eux, accompagnés de militants antiracistes ou de sympathisantes écoféministes, venus des alentours, ont maintenu un rassemblement - préalablement interdit par les autorités - sur la place du marché, pour dénoncer divers propos de la maire (LR) de Romans, Marie-Hélène Thoraval, sur cette tragédie et ses interprétations, au-delà du strict meurtre de Thomas.

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La commune de Saint-Donat-sur-L'Herbasse (Drôme), où se sont déroulées les obsèques de Thomas. (W.Dupuy/L'Equipe)

« Nous sommes aussi la France » ; « Unis contre ceux qui divisent » ; « Thoravale ta haine ! », pouvait-on notamment lire sur les pancartes ou banderoles. L'élue romanaise a parlé de « sauvages », concernant le « noyau dur » de délinquants de la Monnaie, en pointant également leurs parents. Elle évoque aussi une « dimension raciste » dans l'affrontement et l'attaque de Crépol (neuf témoins ou victimes, sur plus de cent auditions effectuées, disent avoir entendu des propos hostiles « aux Blancs »).

Une « dimension » que les parents de Thomas souhaitent voir prise en compte comme circonstance aggravante au meurtre de leur fils, a affirmé Thoraval à plusieurs reprises. De son côté, le procureur de Valence, Laurent de Caigny, a expliqué, le 25 novembre, que « le scénario même des passages à l'acte, les mobiles et l'identification de tous les auteurs des faits ne sauraient se résumer à des dénonciations sans preuve, des spéculations ou des interprétations hâtives ».

Cadre dans la fonction publique, ancien leader associatif à la Monnaie, Mehdi Dehdouh est une figure du quartier. Il se désole de ce climat vicié, de l'écartement identitaire. Il tente de faire le pont, car il a joué douze ans au RCRP, un club « à qui je n'ai même pas rendu tout ce qu'il m'a apporté », dit-il. Il serait bien allé au match, dimanche, mais « c'est dur les regards... », une façon de décrire une tension qui peine à retomber, ces mains tendues qui disparaissent. « Il est aussi à "nous'' Thomas, il n'est pas qu'à ''eux'', lance-t-il. Quelque part, c'est mon gamin aussi, je dis ça parce qu'il a joué au rugby comme moi, comme mes fils. Et parce qu'il s'appelle Thomas, comme un de mes amis. »

Un meurtre au couteau et deux principaux suspects
Neuf personnes de nationalité française (dont trois mineurs) ont été mises en examen, le 25 novembre, pour « meurtre en bande organisée », « tentative de meurtre » ou « violences volontaires commises en réunion » dans cette affaire aux intenses répercussions politiques. Six de ces suspects (dont deux mineurs) ont été placés en détention provisoire et les trois autres sont sous contrôle judiciaire.

Selon des éléments de l'enquête, auxquels nous avons eu accès, deux jeunes qui affichent une ressemblance - l'un est âgé de 22 ans, l'autre est un mineur de 17 ans - sont les principaux suspects dans le meurtre de Thomas, à Crépol. Le plus âgé, dont la carte de bus a été retrouvée sur les lieux du drame, serait impliqué dans la première altercation (il aurait subi un tirage de cheveux par un autre participant à la soirée) qui aurait déclenché cet engrenage d'ultraviolence fatale au jeune rugbyman à la fin du bal.
 
 


#2 l'exil

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Posté 05 décembre 2023 - 07:42

Merci pour ce partage



#3 bazooka

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Posté 05 décembre 2023 - 07:49

https://www.cybervul...s/#entry3238325

 

La maire de Romans qui a dénoncé une poignée de sauvages (un noyau dur) est aujourd'hui menacée de mort, par décapitation.

 

Tellement de monde a désormais compris ce qui se passe que les injonctions au silence et le menaces ne peuvent plus masquer la réalité.

 

Et ici même, on est bien obligé de constater de fait que tous les drames ne suscitent malheureusement pas le même "engouement".


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