Si pas déjà publié, voici l'article de Morgan en entier.
Morgan Parra, l’emblématique numéro 9 de l’ASM va retrouver, ce samedi (21 h 05), le Stade Michelin pour la première fois depuis son départ de Clermont. Dans la peau d’un coach heureux et surtout, leader du Top 14.
Complètement focus sur la fin de saison de son club et sur les échéances à venir, Morgan Parra a évité de trop évoquer le match de ce samedi (21 h 05), au Michelin, qui attend le Stade Français. Mais il s’est ouvert avec franchise sur son rôle dans le staff parisien, la place de leaders de ses joueurs, mais aussi sur la situation compliquée de l’ASM Clermont.
Tout roule pour le Stade Français, non ?
« Le week-end dernier n’a pas été simple. On ne cache pas que la pièce est tombée du bon côté à la fin du match face à Bayonne (victoire des Parisiens, 28-24, NDLR). On était mené 24-7. On prend le fait que ça tourne en notre faveur sur un fait de match, mais on n’a rien lâché non plus. L’équipe a affiché une sacrée force de caractère. »
Vous vous pincez le matin en vous levant de voir que le Stade Français est leader avec 10 points d’avance sur le 3e ?
« Non parce que les joueurs se sont gagnés les choses et méritent d’être à cette place. En revanche, on sait qu’on a encore beaucoup de travail et de choses à faire évoluer, dans pas mal de secteurs. Cela dit, aujourd’hui, il y a quelque chose qui vit dans ce groupe, qui a permis d’aller gagner à l’extérieur comme on a pu le faire (6 matchs gagnés en déplacement, NDLR). »
Qu’est-ce qui fait la force de ce Stade Français cette saison ?
« Je pense que l’on n’a pas de stars dans l’équipe, de joueurs qui sortent du lot, hormis peut-être Léo Barré qui maintenant a fait l’équipe de France ou Sekou Macalou, capable de faire un exploit sur une action. »
« On a des joueurs, comment dire, étonnants. Qui travaillent, qui veulent jouer ensemble, se faire mal, créer des choses. Par moments ce n’est pas beau, ce n’est pas le meilleur rugby, cependant, ce qui est sûr, c'est qu’ils aiment jouer les uns pour les autres. On a un bon état d’esprit. »
L’arrivée du nouveau staff a donc été bénéfique pour votre club ?
« La méthodologie mise en place par Karim (Ghezal) et la structuration sur le staff de Laurent (Labit) sont des choses importantes. Cela a mis un peu de temps, les joueurs n’ont pas compris tout de suite cette vision, c’était beaucoup de changements pour eux. Mais aujourd’hui, ils sont pleinement contents. Sur les structures des semaines d’entraînement notamment, car les joueurs y viennent à fond. Cela reste court et intense et je trouve ça très bien. »
Après dix mois passés dans le staff, vous sentez-vous plus attiré par le jeu ou le management ?
« Non, aujourd’hui ce qui est important pour moi est de continuer à travailler en tant que technicien sur mon poste, à savoir l’attaque et le jeu. J’essaie de faire évoluer et grandir les joueurs parce qu’au Stade Français, jusque-là, on était plutôt sur un rugby stéréotypé basé sur les avants. On veut changer un peu cette culture. Et j’ai la chance d’avoir connu à Clermont un club qui était basé sur la culture du jeu et de l’attaque. Je m’en sers beaucoup. Donc, mon objectif est de rester focus sur cette évolution à apporter au jeu du Stade Français. »
Et vous sentez déjà une progression ?
« Les joueurs ne sont pas encore assez excités par le jeu. Je pense que l’on a une grosse marge de progression. Alors bien sûr les joueurs travaillent et évoluent pour changer un peu le style de notre rugby. Quant à mon rôle, j’apprends beaucoup de Karim (Ghezal) et de Laurent (Labit). »
Manager les hommes viendra plus tard alors ?
« Aujourd’hui, je ne sais pas. Chaque chose en son temps. Cela étant, on ne peut jamais dire ce qui va se passer. Tout le monde me dit : "tu aimes ce que tu fais, bien sûr, tu avais signé au Stade Français avec la perspective d’entraîner"… Non, non, j’avais signé pour jouer deux ans. »
« C'est Karim, l’année dernière, qui m’a proposé le truc. Et je peux dire que je me régale en ayant la chance d’avoir un entraîneur et manager qui me laissent beaucoup de place. »
Qu’avez-vous le plus appris depuis votre passage dans le staff ?
« En fait, pour revenir à la question du management, je me rends compte que j’en fais aussi un peu. Parce que dans mon secteur, j’ai appris qu’il fallait vraiment rabâcher et répéter les choses aux joueurs en tenant compte de leurs différences, de leurs visions qui ne sont pas les mêmes, pour les amener tous ensemble dans notre projet. J’ai appris que l’entraîneur était la locomotive en fait et qu’un staff doit être soudé pour avoir le même objectif. Ça, c’est très important. »
Que vous inspire ce Top 14 cette saison ?
« Toujours plus dur et de plus en plus relevé. On voit bien qu’à cinq journées de la fin, rien n’est figé. Ni pour le top 6, ni pour la 13e place, car je pense que la 14e, ça va être compliqué pour Oyonnax. Par contre, la 13e, c’est fou quoi… Pour moi, c'est aussi un Top 14 bizarre avec des équipes qui vont s’imposer deux ou trois fois, performer à l’extérieur et puis derrière vont perdre à la maison. Il y a des vérités sur quelques matchs, et après plus rien. »
« La situation difficile de l’ASM me fait mal au cœur »
Un mot pour finir sur l’ASM. Avez-vous eu un peu mal pour votre ancien club dimanche soir après sa défaite à Bordeaux ?
« Autant j’avais eu mal pour eux après le match aller face à l’UBB (défaite des Auvergnats 35-40, NDLR) qu’ils méritaient de gagner au Michelin. Là, il n’y a pas eu photo. Les Bordelais ont quand même maîtrisé la rencontre. Non, c’est la position de l’ASM qui me fait mal. J’ai passé 13 ans à Clermont, quasiment toute ma vie de joueur, je connais ce public de passionnés et de connaisseurs. On a bien vu en Challenge Cup qu’il vibrait encore, qu’il était présent même si le stade n’était pas plein. Aujourd’hui, quand je vois la situation difficile dans laquelle est le club, c’est ça qui me fait le plus mal au cœur. »
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